Impossible de la voir, de la saisir, et pourtant, elle est si présente qu’on l’en oublierait presque... Claire Parnet et Pierre Boulay ont tenté de percer les mystères de la voix grâce aux témoignages de passants et de spécialistes. Un documentaire passionnant sur cet attribut essentiel de l'identité humaine.
La voix commence avec le cri que nous poussons à la naissance et évolue avec l'âge, même si nous avons parfois du mal à l’admettre. Claire Parnet et Pierre Boulay ont tenté de déterminer ses contours. Ils ont interviewé des passants pour savoir comment ils ressentaient leur propre voix, ainsi que celles de leurs semblables. Ils ont interrogé des spécialistes : orthophonistes, anthropologues, chanteurs, comédiens de doublage... Comment la voix fonctionne-t-elle ? Pourquoi se dérobe-t-elle parfois ? Comment se déploie-t-elle ? Comment est-elle perçue par les autres ?
Les psychiatres du Journal Français de Psychiatrie alarment sur le caractère trompeur d’une évaluation de la dépression qui, trop superficielle, s’en tiendrait uniquement aux symptômes dépressifs visibles, comme l’humeur. Dans l’éditorial de ce numéro 42, intitulé Psychose maniaco-dépressive ou troubles bipolaires ?, Jean-Marc Faucher parle de la « décorrélation fréquente entre mélancolie et degré de dépression ». Cela signifie qu’un patient peut très bien avoir un comportement normal, n’avoir pas l’air déprimé, tout en étant complètement désespéré et au bord du suicide. Il est en fait « mélancolique », ce terme étant utilisé dans un contexte psychiatrique pour désigner, non un vague sentiment, mais une atteinte profonde de la personne, qui se déconsidère très gravement. « Il est bien connu (…), poursuit l’éditorialiste, qu’un suicide peut survenir dans le contexte de ce qu’on appelle une queue de mélancolie, alors qu’aucun signe dépressif ne peut plus être relevé. (…) Il est possible (…) d’être leurré par un mélancolique non déprimé (…) ».
Décliner l'approche personnalisée en psychiatrie, tout en impliquant davantage les médecins traitants dans le suivi des patients bipolaires : tel est le double défi qu'entend relever la Fondation Fondamental. Elle s'appuie pour cela sur son modèle de centres experts, développé depuis 2010, aujourd'hui évalué dans le cadre d'une étude parue dans la revue « Bipolar Disorder », à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.
Le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) revient dans plusieurs motions récemment votées en assemblée générale sur la question de la formation initiale et continue des professionnels de la discipline. Il insiste sur "les menaces" qui pèsent sur la pédopsychiatrie et craint que la réforme actuelle de la formation n'aggrave encore la situation.
Face aux profils inédits des nouveaux combattants de l’islam, les outils psys sont déphasés. Le psychanalyste Fethi Benslama forge le concept de «psychomachie», état d’exception subjective alliant violence et geste épique. Pouvant mener jusqu’au sacrifice
De nouvelles études affinent les contours de la contribution de notre cousin à notre patrimoine héréditaire. Mais ils demeurent encore flous.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| |Par Hervé Morin
Avant de disparaître il y a 30 000 à 40 000 ans, l’homme de Neandertal a légué à nos ancêtres qui l’ont croisé en Eurasie une part de son patrimoine génétique, lors d’accouplements inter-espèces : environ 2 % de l’ADN des populations non africaines actuelles sont directement hérités d’Homo neandertalensis. De nouvelles études, publiées le 5 octobre dans The American Journal of Human Genetics et Science, tentent d’affiner notre connaissance de cet héritage.
Une nouvelle fois, c’est Svante Paabo (Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionnaire de Leipzig) et ses collègues qui sont aux avant-postes. Pionnier de l’étude de l’ADN ancien, Paabo a été à l’origine du décryptage en 2010 du premier génome néandertalien − composite de celui de trois individus. Son équipe a aussi décrit un génome d’une néandertalienne qui avait vécu il y a 122 000 ans dans l’Altaï (Sibérie). Elle présente cette fois dans Science celui d’une néandertalienne de 50 000 ans environ, dont les ossements ont été extraits de la grotte de Vindija, en Croatie − ce qui porte à six les génomes complets de représentants de cette espèce.
Intéressant débat sur l’écriture inclusive, appelée hier écriture épicène, comme on nous le rappelle ici. Ses promoteurs ont raison de rappeler que la façon de nommer les choses n’est pas anecdotique. Les inégalités subies par les femmes sont passées aussi par la mise au pas du langage. Je ne suis pas certain qu’utiliser le point milieu soit heureux. En revanche, féminiser les fonctions (La professeure, la députée etc.) est une idée intéressante. Il faut aussi en finir avec l’insupportable, « le masculin l’emporte sur le féminin ». Pourquoi ne pas privilégier la proximité du mot à accorder? On pourrait écrire: « les électeurs et électrices sont contentes que le vote blanc soit mieux pris en compte ».
On ne prétend pas avoir trouvé le moyen de réconcilier les deux camps, mais si besoin est, on propose une petite sensibilisation aux injustices linguistiques dont sont victimes les femmes.
– Un gars peut être bon ou brave, c’est-à-dire un mec sympa. Une garce même belle, restera une garce.
– Un courtisan est un proche du roi, une courtisane est trop proche du roi.
Philippe Denormandie. , Chirurgien orthopédique, directeur relations santé MNH Group
La féminisation de la médecine est bien une réalité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les femmes-médecins seront majoritaires d’ici cinq ans, représentant 70 % des étudiants sur les bancs des facultés de médecine. Les femmes exercent autant comme médecin généraliste que spécialiste, elles s’installent plus tôt que les hommes, préfèrent l’exercice en groupe et le salariat. Mais, au-delà de ces chiffres, il est indispensable de s’interroger sur l’impact de cette féminisation sur notre organisation de la santé.
Si la littérature scientifique française est assez pauvre sur le sujet, des travaux, notamment anglo-saxons, révèlent que des patients pris en charge par une femme médecin interniste auraient moins de risque de mortalité ou de ré-hospitalisation. Des échanges plus riches et plus globaux avec les patients, une meilleure qualité d’écoute, un plus grand respect des recommandations pourraient expliquer ses résultats.
La polémique enfle alors qu’un homme ayant eu une relation sexuelle avec une enfant de 11 ans est poursuivi pour « atteinte sexuelle » et non pour « viol ». Des pétitions et propositions de loi réclament la création d’une présomption de non-consentement entre un majeur et mineur.
LE MONDE| |Par Gaëlle Dupont
Existe-t-il un âge avant lequel un enfant ou un adolescent ne peut consentir de façon éclairée à un acte sexuel avec une personne majeure ? Oui, répondent des voix de plus en plus nombreuses. Plusieurs pétitions et pas moins de quatre propositions de loi émanant d’élus de toutes les tendances politiques réclament la création d’une présomption de non-consentement en cas de relation sexuelle entre un majeur et un mineur âgé de moins de 13 ou de 15 ans – les positions varient sur ce point.
En clair, il s’agirait alors automatiquement d’une agression sexuelle ou d’un viol en cas de pénétration, passible de vingt ans de réclusion criminelle. La garde des sceaux, Nicole Belloubet, a lancé des consultations à ce sujet. « Des pistes d’évolutions [de la législation] me seront soumises très prochainement », précise la ministre de la justice.
Aujourd’hui, pour qu’une agression sexuelle ou un viol soient caractérisés, il doit être démontré que l’auteur a agi en utilisant la contrainte, la violence, la menace ou la surprise. Sinon, le consentement des deux parties est supposé de façon implicite. Ceci sans considération de l’âge des protagonistes, et de l’emprise qu’un adulte peut exercer sur un enfant. Aujourd’hui, seuls les enfants de moins de 5 ans sont automatiquement considérés comme non consentants par la jurisprudence.
Mais depuis une quinzaine de jours a lieu une « prise de conscience brutale », résume la psychiatre Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, investie de longue date en faveur d’une réforme. Depuis que, le 25 septembre, Mediapart a relaté l’histoire de Sarah, 11 ans.
C'est un nouveau rebondissement dans la contestation de la mise en place de l'exercice partiel des professions de santé, transposition d'une directive européenne. La commission des affaires sociales du Sénat marque sa désapprobation ce 5 octobre, après examen de l'ordonnance adoptée à l'Assemblée, et se range derrière les professionnels concernés.
La commission des affaires sociales du Sénat a examiné le 5 octobre plusieurs projets de loi adoptés par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée. Parmi ces textes figure l'ordonnancedu 19 janvier 2017 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la santé. L'article 2 de ce texte porte sur la ratification de l'ordonnance sur la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la santé. Il s'agit en fait de la transposition d'unedirectiveeuropéenne datant du 20 novembre 2013.
Le "Jardin écosophique" du Dracar, conçu par Dominique Moser.
D. MOSER
Dominic Moser* est jardinier et architecte paysagiste. Au cours de sa trajectoire de vie, il a pu expérimenter certaines facettes de la psychiatrie genevoise en tant que «client», tient-il à préciser. Selon lui, les personnes stigmatisées pour des raisons psychiques ont un rôle à jouer au sein de la société, pour peu qu’elles ne soient pas maintenues à l’écart de la communauté par des «institutions de l’exclusion sociale» aujourd’hui dépassées.
En cas de discrimination, les plus faibles ont le droit de faire valoir leur citoyenneté. Les personnes souffrant ou ayant souffert d’une maladie psychique disposent des mêmes droits que celles en bonne santé mentale – excepté en cas de mise sous tutelle. Leur citoyenneté leur permet de privilégier de manière libre et autonome des systèmes existants dans la société afin d’y exercer leur rôle. Une personne exerçant dans le monde professionnel et bénéficiant d’une bonne santé mentale est punissable pénalement si elle en discrimine une autre ou si elle la stigmatise volontairement en raison d’un diagnostic psychiatrique. De plus, abuser illégalement de la faiblesse ou de la crédulité d’une personne en situation de faiblesse psychique relève également du droit pénal, donc du droit de la personne.
Jusqu’à présent, et depuis la nuit des temps, les ‘fous’ ont été rejetés, stigmatisés, discriminés… On les a mis dans des asiles pour que la société puisse vivre en paix parce que ces gens étaient considérés comme dangereux, ce qui est d’ailleurs toujours le cas", s’insurge Marie-Noëlle Besançon, psychiatre, psychothérapeute et fondatrice, en 1990, de l’association Les invités au festin (IAF), qui œuvre en faveur des personnes souffrant de solitude et d’exclusion liées à des troubles d’ordre psychologique ou/et à des difficultés d’intégration socio-professionnelle.
04/10/2017 Lucia, 82 ans, a été élue hier « présidente de la République de l’EHPAD Notre Maison » par des écoliers. Derrière cet étonnant scrutin, un projet intergénérationnel couronné par le Grand Prix de la Fondation de France.
[...] C’est là, à Nancy, que se déroulait hier, un scrutin pas comme les autres. Des écoliers de l’école Gebhart y ont en effet élu dans les règles de l’art une « présidente de la République Notre Maison ». Deux candidates de 82 ans et 76 ans, Lucia Picco et Marie-France Verseron, étaient en lice avec des équipes de ministres candidats âgés de 73 à 98 ans !
Cohabilité par l'Institut d'Etudes politiques de Strasbourg (IEP) & la Faculté de médecine de Strasbourg
Nouveau…
A partir de la rentrée 2017-2018, l’université de Strasbourg propose aux étudiants en médecine, sciences et en science politique une formation innovante dans le domaine des SHS en santé et des humanités médicales.
Le parcours Santé, environnement politique du Master Sciences politiques et sociales est organisé autour des nouvelles compétences requises pour mener des recherches de bon niveau autour des transformations contemporaines des savoirs, des pratiques et des règles dans les domaines de la santé et de l’environnement, en mobilisant droit, histoire, science politique, sociologie et études sociales des sciences.
L’histoire est celle d’un homme de 75 ans qui ressent d’étranges symptômes. Il a la sensation que ses membres et son sexe sont plus petits qu’ils ne le sont. Cette distorsion visuelle de la taille du corps est une des caractéristiques de ce que les neurologues appellent le « syndrome d’Alice aux pays des merveilles » (SAPM), un trouble caractérisé par une combinaison d’hallucinations visuelles, des anomalies de l’image corporelle et une distorsion de l’espace et du temps. Ce syndrome s’observe principalement dans des pathologies neurologiques, comme la migraine et l’épilepsie. Il a cependant été décrit dans de très rares cas d’infections, comme je l’ai relaté l’an dernier dans un billet de blog.
Le cas décrit dans le numéro d’octobre 2017 de la revue L’Encéphalepar des psychiatres toulousains concerne un patient septuagénaire qui a présenté un syndrome d’Alice aux pays des merveilles (SAPM). Celui-ci a précédé l’apparition d’une dépression sévère avec tristesse, anxiété et idées d’incurabilité et de ruine.
Cet épisode dépressif à caractère mélancolique est survenu en avril 2009. Un traitement antidépresseur est mis en route avec augmentation progressive des doses.
Constatant une absence d’efficacité, il est décidé d’ajouter un autre antidépresseur, puis d’y adjoindre un troisième médicament, un régulateur de l’humeur. Le traitement étant toujours inefficace, les médecins décident de réaliser une électroconvulsivothérapie (ECT ou électrochocs) en association avec le traitement médicamenteux antérieur. Après sept séances d’ECT, à raison de deux par semaine, le patient entre en rémission. Un traitement de consolidation est entrepris. Il dure six mois et consiste en l’administration de deux antidépresseurs et la réalisation d’une séance d’ECT une fois par mois.
Trois ans plus tard, en juin 2012, alors qu’il est toujours sous antidépresseur, le patient ressent à nouveau de curieux symptômes, ayant « l’impression que les choses sont à l’envers ». Au bout de 15 jours, un diagnostic est établi : le patient présente un nouvel épisode dépressif avec des éléments de tristesse, une difficulté dans la capacité à éprouver du plaisir (anhédonie), à passer à l’action (aboulie), une anorexie. Il est alors hospitalisé. Là encore, le traitement initial et de consolidation comporte antidépresseurs et séances d’ECT. Au bout de six mois, le traitement d’entretien se résume, comme lors du premier épisode dépressif, à la prise d’un seul antidépresseur.
En août 2015, le patient présente une fois encore des sensations de réductions de taille associées à des réductions de membre : « je rétrécis », « je m’enfonce dans le sol », symptômes qui correspondent à un syndrome d’Alice au pays des merveilles. Cette fois, une hospitalisation est décidée sans attendre afin de prendre en charge le plus rapidement possible ce patient qui fait une rechute de l’épisode dépressif. Il présente une tristesse de l’humeur, associée à une anorexie responsable d’une perte de poids de 5 kilos en 2 semaines, un ralentissement psychomoteur et une insomnie de fin de nuit. Ces symptômes sont associés à des idées délirantes de « ruine ». Le patient est de nouveau traité par antidépresseurs et séances d’ECT.