Cinq traitements d'électrochocs auraient été effectués en 2016 au Québec sur des enfants de moins de 14 ans, malgré l'absence de consensus scientifique sur cette pratique utilisée depuis 1938 en psychiatrie.
La Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) refuse toutefois de confirmer l'utilisation de cette méthode déconseillée sur des mineurs.
Ces données apparaissent dans l'étude des crédits du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec pour l'année 2016.
Selon le comité citoyen contre cette pratique, Pare-Chocs, qui compile les données fournies par la RAMQ depuis 2003, ce serait la première fois que des médecins québécois aient traité des enfants de moins de 14 ans à l'aide de cette technique controversée.
Audition d’associations d’usagers en santé mentale par Mme Catalina Devandas–Aguilar, Rapporteure spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, mercredi 4 octobre 2017.
Communiqué.
Paris le 8 octobre 2017.
Les associations d’usagers en psychiatrie et mouvements qui suivent ont été auditionnées par Mme Catalina Devandas-Aguilar, Rapporteure spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, mercredi 4 octobre passé en fin d’après-midi : Advocacy France, Humapsy, le Collectif informel pour une prohibition absolue [des mesures de contrainte psychiatrique], le CRPA, et l’UNAFAM.
Les interventions en présence ont été accablantes pour le système psychiatrique français tel que nous le connaissons, tel que l’avons subi et vécu. Un témoignage particulièrement parlant et émouvant d’une personne handicapée partie prenante du Collectif informel pour une prohibition absolue, qui subit actuellement et depuis trois ans une mesure de contrainte aux soins psychiatriques ambulatoires sans consentement, a pu être entendu et pris en compte.
Catalina Devandas-Aguilar, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, est dans l'Hexagone du 3 au 13 octobre pour voir comment la France s'est emparée de la convention relative aux droits des personnes handicapées qu'elle a ratifiée en 2010. Dès le premier jour, elle a rencontré les associations réunies au CFHE.
Témoignage. Gaëlle Picault, 39 ans, accompagnatrice à la naissance et à la parentalité, a fait le choix d’accoucher de son troisième enfant à la maison.
LE MONDE| |Par Camille Bordenet
J’ai choisi d’accoucher seule chez moi parce que je voulais être pleinement actrice de la naissance de mon troisième enfant. Le fruit d’un cheminement entamé il y a une vingtaine d’années, lorsque j’ai commencé à m’interroger sur notre pratique de l’accouchement. Je suis moi-même née d’un accouchement traumatique, ce n’est donc pas pour rien si je me suis intéressée à cette question.
Comme dans un cocon
Quand je suis tombée enceinte de mon premier, il y a quatorze ans, j’avais à cœur que sa naissance soit un moment respecté. Une première mise au monde, ça a quelque chose d’initiatique. Je voulais pouvoir la savourer, dans une intimité qui me permette de me livrer complètement. L’hôpital ne m’y semblait pas propice. J’ai trouvé une alternative qui correspondait à mon désir d’un accouchement moins médicalisé dans une maison de naissance, une des seules qui existait en France à l’époque. Je n’oublierai jamais la gentillesse des sages-femmes, leur écoute. Je me sentais comme dans un cocon. Ce fut un accouchement serein, fluide, évident.
Ça n’a pas été le cas pour mon deuxième, deux ans plus tard. La maison de naissance avait fermé. J’ai alors réfléchi à la possibilité d’un accouchement assisté à domicile, mais avec le coût prohibitifdes primes d’assurance imposées aux sages-femmes libérales, c’était compliqué d’en trouver une qui soit couverte et prête à le faire. A défaut, je me suis donc tournée vers la clinique la plus proche. J’ai vite senti la différence : une grosse structure, le genre usine à bébés, trop impersonnelle et protocolaire pour moi.
Le jour de l’accouchement, il a fallu que je me batte pour faire respecter mes souhaits. Je leur en avais pourtant fait part en amont, dans un document que j’avais écrit : un « projet de naissance », un bon outil de dialogue, je trouve. Mais il n’avait, semble-t-il, pas été lu. J’ai répété, en essayant de ne pas braquer : je désirais pouvoir me déplacer librement, que mon intimité soit respectée avec peu de soignants dans la pièce et le minimum de touchers vaginaux ; je souhaitais, dans la mesure du possible, pouvoir prendre le temps de travailler, sans déclenchement ni accélération ; pas non plus de péridurale ni d’épisiotomie ; je voulais pouvoir choisir ma position pour accoucher, accroupie. Et pouvoir découvrir mon bébé, peau à peau, au calme, sans gestes de soin immédiats …
Elle réunit dans un même lieu, au cœur de l'hôpital Saint-Louis à Paris, professionnels du social, de santé et administratifs. La permanence d'accès aux soins (Pass) accueille chaque année plus de 4 000 patients. En grande précarité, ils viennent y chercher bien plus que du soin. Zoom sur une organisation innovante qui a trouvé son équilibre.
C'est un espace singulier dans les murs de l'hôpital. La permanence d'accès aux soins (Pass) de l'hôpital Saint-Louis à Paris, couramment appelée consultation Verlaine, est un lieu à part, où se mêlent médecine et social, écoute et dialogue. Dans le hall ce jour-là, plusieurs dizaines de patients dans l'attente. Ils sont de toutes nationalités, de toutes origines et attendent pour des pathologies multiples. Ils ont pourtant un point commun : ils viennent tous chercher à Saint-Louis bien plus que des soins.
La stigmatisation d’une partie de la population pour nourrir un discours sécuritaire est inacceptable du point de vue des psychiatres. Le besoin d’hospitalisation ne doit pas être assimilé à un internement préventif.
Le 20 septembre, Laurent Wauquiez, invité politique de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV et RMC, expliquait ses projets de «lutte contre le terrorisme» et proposait la stratégie suivante : «Je demande, sur le même régime que pour les fous, qu’il puisse y avoir un internement préventif des individus radicalisés les plus dangereux.» Un peu plus tôt, dans une des premières phrases de l’interview, usant de ce même qualificatif, Laurent Wauquiez résumait la situation géopolitique de la Corée du Nord de la façon suivante : «On a là-bas un fou qui potentiellement peut avoir l’arme nucléaire.» De façon troublante, c’est à peine si le naturel et la fluidité du discours font remarquer à tout un chacun l’irruption des «fous» dans le discours sécuritaire. Et c’est bien en cela que se situe la dangerosité du propos.
Une proposition de loi (PPL) cosignée par une quinzaine de députés LR et déposée le 3 octobre à l'Assemblée nationale entend porter "adaptation du secret professionnel aux évolutions de la radicalisation pour les professions médicales, sociales et éducatives". Les cosignataires — incluant un seul membre de la commission des affaires sociales, son vice-président, le député du Loiret Jean-Pierre Door — expliquent dans leurs motifs que ces professionnels "sont bien souvent en première ligne avec des individus radicalisés ou en passe de radicalisation". Et selon eux, en l’état du droit actuel, ces derniers "se trouvent démunis concernant sa signalisation et l’imprécision des dérogations au secret professionnel".
Interview du Dr Luc Faucher, chef de service, Institut Hospitalier de Psychanalyse, CH Sainte Anne, Paris
Deux éditoriaux, publiés dans le Canadian Journal of Psychiatry (1 et 2), qui pointaient l’incongruité de maintenir la psychanalyse dans le champ de la psychiatrie, avaient été vivement commentés et discutés par nos lecteurs.
Pour poursuivre le débat, le JIM s’est entretenu avec le docteur Luc Faucher qui est psychanalyste mais aussi psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, un des centres où s’est le plus développé la vision neurobiologique des troubles mentaux.
De la confrontation des « sciences dures » avec la psychanalyse jusqu’aux intenses polémiques sur la prise en charge de l’autisme, nous avons tenté, avec lui, d’esquisser les contours de la place actuelle de cette discipline, autant mis au pinacle par le passé que controversé aujourd’hui, dans une psychiatrie de plus en plus dominée par les neurosciences.
Le 5 septembre 2017, le quotidien La Provence titrait « Les barjots et les schizos », provoquant l'indignation très vive des associations. Selon une étude récemment menée sur le traitement médiatique de la schizophrénie, elle est souvent évoquée dans le cadre de faits divers ou pour dénoncer des comportements manipulateurs. Très loin de la réalité médicale… Alors certains ont décidé de parler. Lucie a décidé de parler…
Ted X, prise de parole
Elle a choisi un concept dans l'air du temps, le Ted X, inspiré des Ted, des conférences créées en 1984 dans la Silicon valley (USA) qui permettaient aux influenceurs de diffuser des idées qui en valaient la peine et de promouvoir l'innovation. Une fondation a ainsi vu le jour pour les valoriser. Le principe s'est ensuite élargi à tous types de témoignages, pourvu qu'ils façonnent un autre monde… Peu importe le sujet. Le format est rigoureux : un seul speaker, un thème, pas plus de 18 minutes. Certains Ted X rassemblent des millions de vues. Bill Clinton, comme d'autres personnalités, se sont emparés de ce concept percutant. Et des anonymes aussi, comme Lucie.
Depuis début octobre, les retouches apportées sur les corps des mannequins dans les publicités doivent être mentionnées. Une mesure symbolique au regard de l’ampleur du phénomène.
LE MONDE| |Par Gaëlle Dupont
Tout a commencé parce qu’au début des vacances d’été, Niven, 16 ans, se trouvait trop grosse. « Je pesais 52 kg pour 1,47 m, se souvient la jeune fille, qui témoigne sous pseudonyme. Partout dans la rue, il y a des images de filles minces. Je les enviais beaucoup. Je voulais leur ressembler. Je me regardais dans la glace et je me trouvais immonde. » Elle est allée sur des blogs « pro ana » (raccourci de pro anorexia) qui l’ont « motivée », et a perdu 7 kg en trois semaines.
Elle notait tout ce qu’elle mangeait, un morceau de pastèque, un petit bout d’omelette, avec les calories correspondantes. D’abord 700 par jour, puis 300, puis 47, puis 0 calorie, atteints en compensant le peu qu’elle avalait par des séances de sport. Un soir, elle a eu de la fièvre. C’est ce qui l’a sauvée. Le lendemain, la lycéenne commençait des recherches pour apprendre à maîtriser son poids en mangeant normalement. « J’ai frôlé la catastrophe, conclut-elle. Je ne regarde plus les images de filles très minces. Il suffit de pas grand-chose pour basculer. »
C’est pour lutter contre des comportements comparables que, depuis début octobre, la mention « photo retouchée » est obligatoire sur les publicités montrant des mannequins dont la silhouette a été affinée ou épaissie. La mesure s’ajoute à la tentative de limiter la maigreur des modèles, qui doivent depuis mai produire des certificats médicaux attestant de leur bonne santé. Il s’agit à la fois de les protéger et d’endiguer la prolifération d’images du corps potentiellement dangereuses.
Ce professeur américain à l’université de Chicago a montré comment des caractéristiques humaines « affectent les décisions individuelles et les orientations des marchés ».
Le Monde.fr avec AFP et Reuters|
Le prix Nobel d’économie a été attribué, lundi 9 octobre, à l’Américain Richard H. Thaler, de l’université de Chicago, pour ses travaux sur les mécanismes psychologiques et sociaux à l’œuvre dans les décisions des consommateurs ou des investisseurs.
Richard H. Thaler a montré comment certaines caractéristiques humaines, comme les limites de la rationalité et les préférences sociales, « affectent systématiquement les décisions individuelles et les orientations des marchés », a expliqué Göran Hansson, le secrétaire général de l’Académie royale des sciences de Suède qui décerne le prix.
Diplômé de l’université de Rochester (Etats-UNis), Richard H. Thaler a notamment théorisé le concept de « comptabilité mentale » expliquant la façon dont les individus « simplifient la prise de décision en matière financière, en créant des cases séparées dans leur tête, en se concentrant sur l’impact de chaque décision individuelle plutôt que sur l’effet global », selon l’académie, qui a poursuivi :
« Il a aussi montré combien l’aversion aux pertes peut expliquer pourquoi les individus accordent une plus grande valeur à une chose s’ils la possède que s’ils ne la possèdent pas », un phénomène appelé « l’aversion à la dépossession », a poursuivi l’académie.
Notre choix du soir. Un documentaire de « Zone interdite » porte un regard sensible sur les patients d’une unité psychiatrique (sur M6 à 21 heures).
LE MONDE| |Par Florence Rosier
Magazine sur M6 à 21 heures
C’est un film-choc qui nous plonge dans un univers occulte, un monde parallèle et clos : celui de l’internement psychiatrique. Nous voici immergés dans le quotidien des patients d’une « unité pour malades difficiles » (UMD), à Cadillac, en Gironde, l’une des dix UMD de France. Entre hôpital et prison, ce lieu accueille 86 hommes. Beaucoup ont commis des actes de violence ou de barbarie. Placés sur demande du préfet, tous « présentent pour autrui un danger tel que les soins, la surveillance et les mesures de sûreté nécessaires ne peuvent être mis en œuvre que dans une unité spécifique ».
« Ce qui frappe d’abord, en entrant ici, c’est le silence », témoigne un visiteur bénévole, qui consacre un peu de son temps à ces oubliés de la société. Le silence, mais aussi les murs imposants, les barbelés. Et toutes les serrures à ouvrir, les portes à franchir avant de pénétrer dans ce lieu, en marge de la société, qui suscite tous les fantasmes.
Parole aux patients
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un film pénètre au cœur d’une UMD. Mais c’est la première fois que la parole est donnée aux patients qui y sont enfermés. C’est le parti pris du documentaire d’Aymone de Chantérac, son originalité – et sa délicatesse : ces hommes aux parcours douloureux, aux actes souvent terribles, racontent leur histoire, leur maladie, leurs symptômes. Ils livrent aussi leurs espoirs et leurs manques.
Enfance cabossée, lourd passé psychiatrique, abus de substances… Dans cette cour des miracles, les regards, sombres et inquiétants, expriment la détresse et le désarroi. Les gestes sont ralentis, l’élocution souvent pâteuse – l’effet des médicaments. Certains témoignent à visage découvert. D’autres sont filmés par fragments : un œil, une bouche… «J’ai voulu montrer leur morcellement, lié à la maladie », dit la réalisatrice.
Gilles Lazimi, médecin généraliste, revient sur la première campagne vidéo sur les violences verbales faites aux enfants, qu’il a coordonnée.
LE MONDE| • Mis à jour le |Propos recueillis par Moina Fauchier-Delavigne
« T’es une moins que rien », « Tu as toujours été plus lent que ton frère », « Heureusement que tu es jolie ma chérie, ça t’aidera peut-être »… Cinq adultes apparaissent dans un clip vidéo, marqués à vie par « une petite phrase » entendue enfants. Le clip, intitulé Les mots qui font mal, est diffusé sur Internet depuis la mi-septembre et passera bientôt à la télévision. C’est la première campagne grand public lancée contre les violences verbales, pour sensibiliser les parents à l’impact des mots qu’ils utilisent. Gilles Lazimi, médecin généraliste et coordinateur de la campagne initiée par l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) et Stop VEO, Enfance sans violences, explique cette démarche et analyse comment la France avance lentement vers une éducation non violente.
Vous avez déjà mené plusieurs campagnes de sensibilisation contre les violences physiques faites aux enfants. Pourquoi lancer maintenant une campagne sur les violences verbales ?
Gilles Lazimi. On n’avait jamais parlé de ça, mais crier, hurler, se moquer d’un enfant, peut avoir des conséquences sur son développement. Nous voulions sensibiliser les parents sur les mots qu’ils disent. Les faire réfléchir et qu’ils se rappellent des phrases qui ont pu les toucher, quand eux étaient enfants.
L’idée n’est pas de culpabiliser. Aujourd’hui, 90 % des parents sont bienveillants, et pourtant la plupart utilisent encore des méthodes dépassées. Les mots qui blessent n’aident jamais à grandir.
Par ces témoignages d’adultes, on s’adresse d’abord aux parents. On a tendance à reproduire, consciemment ou non, ce que l’on a vécu enfant. On est parent avec l’enfant qu’on a été.
Samedi 7 octobre se déroulera à l'Espace Clément Marot, un colloque de spécialistes en psychanalyse, psychothérapie, psychologie... avec ouverture au public.
Le Dr Michel Grinfeder et Fabienne son épouse.
« Un des leviers de la psychanalyse aujourd’hui, c’est la créativité » déclare le Dr Michel Grinfeder, grand ordonnateur de ces Rencontres de Cahors avec son épouse Fabienne. S’adressant à des professionnels venus de toute la France, les Rencontres de Cahors, se tiendront de 9 h 30 à 19 h 30. Elles seront ouvertes au public, à partir de 18 h.
Il s'agit de décrire ici une petite découverte que nous avons faite, le Professeur Papiernik et moi-même, dans une consultation prénatale. Le mot "découverte" est peut-être ambitieux. Il s'agit d'un fait clinique d'observation dont nous avons reconnu l'importance, mais qui semble être toujours passé inaperçu avant nous dans les communautés médicale et psychanalytique (1).
Il s'agit du fait suivant : pour bien des femmes la date involontairement prévue pour la naissance sera une date non venue du hasard, mais commémorative d'un autre événement du passé et dont la réapparition comme date de naissance de l'enfant prend valeur de répétition. Ce fait, cette date d'accouchement ou de prévision d'accouchement, cette date commémorative, nous l'avons découverte dans un contexte précis : celui des grossesses survenant après antécédent obstétrical traumatique avec mort de l'enfant (2,3). Pour beaucoup de ces femmes malgré la contraception moderne, et malgré la programmation volontaire des naissances, la grossesse que nous avons à suivre annonce son terme pour une date correspondant, en date de calendrier, avec celle de l'issue tragique de la grossesse précédente. Un exemple : une femme a mis au monde un enfant mort-né un 3 septembre. Déprimée, elle décide d'en rester là et pratique une contraception par stérilet, efficace pendant 5 ans. Cinq années plus tard, elle a la surprise d'être enceinte malgré son stérilet et le calcul de son terme montre qu'elle va accoucher un 3 septembre, 5 ans plus tard, jour pour jour.
Dans un deuxième temps, nous avons communiqué notre petite découverte à nos collègues accoucheurs gynécologues, sages-femmes et il est apparu, grâce à l'expérience des uns et des autres, que, loin d'être réservé aux grossesses difficiles, dont nous avions la spécialité, ce phénomène : le calcul inconscient de la date prévue pour la naissance, avait un caractère plus général. Il s'y est ajouté que la date de la conception elle-même pouvait aussi être significative. Rapidement, la moisson des faits a été importante et la très grande fréquence de ce phénomène exclut la possibilité d'une simple coïncidence factuelle.
Le concept de schizophrénie se meurt. Attaqué depuis des décennies par les psychologues, il semble que ce soit les psychiatres – profession qui l’a pourtant longtemps soutenu – qui lui assènent le coup fatal. Et personne ne regrettera sa disparition.
Aujourd’hui, on considère qu’être diagnostiqué schizophrène réduit l’espérance de vie de près de 20 ans. Seulement une personne sur sept en guérit, un taux variable, cependant, en fonction des critères retenus. Malgré les progrès faramineux annoncés dans les traitements, cette proportion n’a pas augmenté au fil du temps, signe d’un problème de fond.
Une partie de ce problème se révèle être la notion de schizophrénie elle-même.
Les fondements sur lesquels repose l’idée que la schizophrénie est une maladie clairement définie ont en effet été sévèrement ébranlés.
On sait que les politiques de « désinstitutionalisation » ont conduit à une fermeture massive des lits en psychiatrie. On méditera, en France, sur l’exemple édifiant de l’hôpital psychiatrique de Maison-Blanche : construit à la fin du XIXème siècle et prévu pour accueillir « jusqu'à 3 200 malades » à son apogée, cet établissement disposait « en 1978 sur son site de Neuilly-sur-Marne d’une capacité de 2 400 lits. » Or il est désormais... livré aux promoteurs immobiliers ![1] Mais cette désinstitutionalisation prononcée semble avoir atteint ses limites et susciter un grave effet pervers : la remontée spectaculaire du risque suicidaire.