Peut-on souffrir des tragédies vécues par nos ancêtres ? Comment le cerveau influence-t-il le comportement ? Les spermatozoïdes peuvent ils être modifiés par l'environnement et transmettre certains caractères acquis à travers les générations ? Les traumatismes vécus par les parents ou les grands-parents laissent-ils une trace à leur descendance ? C'est ce que suggèrent des travaux récents...
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Isabelle Mansuy, neurogénéticienne à l'université de Zürich et à l'école polytechnique fédérale de Zürich.
Ce n’est pas sans quelque étonnement, sans nous frotter un peu les yeux, que nous avons tous lu dans les journaux politiques une circulaire de M. le ministre de l’Intérieur adressée, paraît-il, individuellement à chacun de nous par voie préfectorale et nous enseignant la sérothérapie anti-diphtérique.
À ne considérer que la circulaire en soi, le procédé paraît tout à fait nouveau et digne d’attirer l’attention.
Nous voici, nous médecins, recevant des instructions de M. le ministre de l’Intérieur, bientôt peut-être, pourquoi pas, du directeur de la Sûreté générale par l’intermédiaire de la Préfecture. Sommes-nous devenus tous, et d’un seul coup, sans nous en douter fonctionnaires de l’État ou, plus modestement, employés préfectoraux ?
C’était une promesse de campagne, qui avait suscité nombre de critiques. La région Ile-de-France a adopté, jeudi 19 mai, la proposition portée par sa présidente Valérie Pécresse (Les Républicains, LR) de financer des tests salivaires de dépistage de drogue et des éthylotests pour les lycéens franciliens, pour lutter contre les addictions, « source de décrochage scolaire ». « Il y a un fléau en Ile-de-France, c’est le décrochage scolaire. A la racine de ce fléau, mettons des mots : des addictions, la drogue, l’alcool et les jeux vidéo, qui sont une autre forme d’addiction », avait répété Valérie Pécresse le 25 avril.
Malgré l’opposition de la gauche et l’abstention du Front national (FN), la région va demander à chaque établissement « d’établir un diagnostic sur la consommation des substances addictives » et d’identifier les éventuels trafics à proximité des lycées. Pour les chefs d’établissement qui le souhaiteront, les tests de dépistage seront « des outils de diagnostic », menés sous couvert du secret médical, et dont les résultats individuels ne seront pas transmis aux chefs d’établissement mais uniquement à la famille, ou au lycéen s’il est majeur.
Le président de l'ordre allemand des médecins, Frank Ulrich Montgommery, a jugé que la Lufthansa avait "failli" en ne contrôlant pas suffisamment Andreas Lubitz, le copilote qui a provoqué le crash de l'A320 de Germanwings en mars 2015. "Je trouve que la Lufthansa en tant qu'employeur et l'office fédéral du transport aérien en tant qu'organe de contrôle ont failli", a estimé le Dr Montgommery dans une interview au quotidien Hamburger Abendblatt.
Dr Ouango Jean-Gabriel est Professeur titulaire de psychiatrie adulte et de psychogériatrie à l’UFR/SDS de l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, au Burkina Faso. Dans cette interview, nous abordons avec lui, la problématique liée à la consommation de la drogue par les adolescents. Il s’agit principalement des causes et des conséquences du phénomène. Il donne au passage des conseils aux parents et aux malades.
Le Pays : Comment peut-on expliquer que des adolescents se mettent à consommer la drogue ?
Dr Ouango Jean-Gabriel : La maturation physique et psychologique de tout être humain traverse invariablement des étapes psychologiques, sociologiques et environnementaux qui organisent son fonctionnement interne, définissent son appartenance familiale et sociale, et façonnent son comportement extérieur. Le petit enfant apprend à choisir entre ce qui est permis et ce qui est interdit, tandis que l’enfant plus grand apprend à se conformer, malgré ses pulsions, aux lois sociales. L’adolescent, quant à lui, a accumulé suffisamment de connaissances du monde extérieur à lui pour comprendre, comparer et choisir un comportement qui tend à le définir et à asseoir une identité qui lui est propre. C’est une période difficile, complexe et vulnérable, comportant souvent le rejet d’une partie de l’idéal parental. L’adolescent cherche à être le plus proche possible d’une image psychologique à laquelle il veut s’identifier. D’où les comportements d’imitation : imitation d’un père idéalisé qui fume, boit de l’alcool ; imitation d’un ami leader qui parle bien, joue bien au football, plaît aux jeunes filles, dépense de l’argent dans les maquis, ou fume la cigarette, boit de l’alcool ou consomme de la drogue. Le plus souvent, il s’agit d’adolescents en difficulté avec leurs parents ou ayant des difficultés dans leur adaptation à l’école, à la maison ou dans le quartier. La drogue est alors un médicament pour combattre leur détresse, leur inadaptation à la vie. Mais c’est un mauvais médicament qui va entraîner des habitudes de consommation responsables de comportements déviants, et à l’extrême, provoquer la maladie psychiatrique. Classiquement, on incrimine donc des facteurs psychologiques (troubles de la personnalité), l’inadaptation de l’environnement (bandes de délinquants, proximité des produits, facilités financières d’accès aux produits), difficultés familiales, difficultés scolaires, traumatismes précoces (perte de parents, viols, etc.).
16 maternités françaises vont tenter, pour la première fois, de convaincre de futures mamans d'arrêter de fumer en leur offrant des bons d'achat. 400 femmes enceintes vont être recrutées. Des volontaires, majeures, qui doivent être enceintes de moins de quatre mois et demi et fumer un minimum de cinq cigarettes quotidiennes. "L'expérimentation a démarré le 7 avril et doit durer deux ans", a expliqué Ivan Berlin, médecin à l'Hôpital Pitié-Salpêtrièrequi dirige l'étude financée par l'Institut national du cancer. Les femmes rémunérées recevront en moyenne 300 euros. Et les médecins s'assureront de leur abstinence via des tests de contrôle biologiques.
La loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie parue le 2 février 2016 au Journal Officiel, va changer de nombreux aspects de la prise en charge infirmière.
Désormais, la sédation profonde et continue jusqu'au décès est autorisée pour les patientsatteints d'une affection grave et incurable. De même, l'alimentation et l'hydratation sont à présent considérés comme des soins, ce qui autorise l'équipe médicale à les interrompre en phase terminale, pour ne pas maintenir en vie une personne de façon prolongée.
Les directives anticipées des patients seront également plus contraignantes
Les représentants des syndicats d’infirmiers ont été entendus le 18 mai par les députés dans le cadre de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (MECSS) qui porte sur l’Hospitalisation à domicile (HAD). L’occasion pour les syndicalistes de ne pas mâcher leurs mots et dire ce qu’ils pensent de cette organisation des soins.
Méditation, alimentation, coaching… La course à l’épanouissement personnel et professionnel obsède, culpabilise et lasse.
Il est essentiel, voire obligatoire, de bien dormir (au moins sept heures, sur un matelas ni trop ferme ni trop spongieux). De manger équilibré (au moins cinq fruits et légumes par jour), si possible des petits plats faits maison, mais sans se lâcher sur le sel, le sucre ou les infâmes graisses. Au passage, penser à s’arroser généreusement le gosier de flotte, en fuyant comme le diable les apéros et autres pousse-café, trop propices aux viles tentations tabagiques. Dès que possible, se ruer à la salle de sport ou dans le premier coin de pelouse venu pour se dégourdir les pattes, rester en forme et être efficace au bureau. Ah, et pourquoi ne pas se laisser tenter par l’une de ces «thérapies feel good» chéries des magazines féminins ? La très en vogue «marche méditative» permet par exemple de se «recentrer sur le présent» en déambulant petons à l’air dans les herbes fraîches, le tout en se concentrant sur chacune des sensations. Bien sûr, le 11 juin, journée mondiale du bien-être, sera l’apothéose de la fête. A moins que ce ne soit le Salon zen de Paris, à l’automne ? Et surtout, rester positif en toutes circonstances. N’en jetez plus ! Enfer, tyrannie, horreur ! Pour Carl Cederström et André Spicer, ces injonctions au bien-être frisent la dictature, au risque de devenir contre-productives. Dans un livre édifiant et sarcastique paru l’an dernier en anglais et récemment traduit en France, les deux hommes, respectivement enseignant-chercheur à la Stockholm Business School et professeur à la Cass Business School de Londres, dénoncent même un«syndrome du bien-être», qui aurait explosé ces cinq dernières années.
CARL CEDERSTRÖM, ANDRÉ SPICER LE SYNDROME DU BIEN-ÊTRE L’Echappée, 176pp, 2016
D’emblée, ils précisent : évidemment, il n’y a aucun mal à être en bonne santé. Ce qui coince selon eux ? «S’occuper de son bien-être est devenu une obligation morale qui s’impose à chacun d’entre nous.» Il y aurait même une «logique à l’œuvre partout, dictant aussi bien notre façon de travailler et de vivre, que d’étudier et de faire l’amour.» Au secours, les gourous du bonheur prolifèrent, et ils pourraient bien faire des dégâts, avertissent les auteurs. C’est grave ? Diagnostic en trois points.
Fliqués, surprotégés, les enfants d’aujourd’hui ont à peine le droit d’aller acheter seuls une baguette de pain. Une culture du risque zéro qui les prive de liberté et les prépare mal aux aléas de la vie.
C’est un étrange phénomène qui se répand dans certains squares. Les bancs, initialement prévus pour que les parents discutent en retrait, se vident. Les adultes restent collés au toboggan ou à l’échelle de corde. « Tu veux que je te tienne ? » « Fais attention ! » Pas question de risquer une chute, malgré le rembourrage des sols. A la tombée du jour, le square ferme, et les enfants qui jouent encore seuls dans les rues ne sont pas « autonomes » mais « livrés à eux-mêmes », sous-entendu à moitié abandonnés.
Dans beaucoup de villes, si vous croisez un enfant à vélo, soyez assuré que les parents pédalent juste à côté. Le marmot qui achète seul une baguette de pain à la boulangerie tient presque de l’image d’Epinal.
Cela n’a rien à voir avec la façon dont leurs parents ont grandi. Lenore Skenazy le sait. Elle s’est fait connaître il y a huit ans, aux Etats-Unis, après avoir publié un article dans lequel elle racontait avoir laissé son fils de 9 ans prendre le métro seul. Des caméras sont allées attendre le gamin à l’école pour lui demander comment il avait fait. Plus récemment, elle a proposé aux New-Yorkais de la payer 250 dollars de l’heure pour qu’elle ne surveille pas leurs enfants (« je les emmènerai au square et j’irai boire un café au Starbucks »). Tout cela lui a valu le surnom d’« America’s Worst Mom », « pire mère de l’Amérique ». Un titre qui lui a permis d’animer pendant un an une émission de télé-réalité – « je devais convaincre des parents de laisser leur enfant de 10 ans monter sur un vélo. »
Les données sur le rôle du café et de la caféine[1] chez les sujets déprimés demeurent encore « controversées », rappellent des chercheurs de l’Université de Qingdao (Chine). Pour évaluer cette incidence éventuelle de la consommation de café sur un état dépressif, les auteurs ont examiné dans des bases de données (PubMed, Web of Science, China National Knowledge Infrastructure, et Wanfang Data) la littérature spécialisée sur ce thème (en anglais ou en chinois) parue entre janvier 1980 et mai 2015. L’ensemble de ces données recouvre ainsi onze publications concernant plus de 330 000 participants (pour les études sur le lien entre consommation de café et dépression) et près de 40 000 participants (pour les travaux sur les relations entre caféine et dépression).
Les auteurs constatent que la consommation de café (et celle de caféine) sont « associées de façon significative à une réduction du risque dépressif. »
L’Association nationale des infirmières et infirmiers licenciés d’Haïti (ANILH) se dit contre la grève des médecins résidents qui paralyse les hôpitaux publics depuis tantôt huit semaines. L’ANILH est la seule des regroupements de personnel de santé à fustiger le comportement des médecins résidents qui refusent de mettre en place une cellule d’urgence pouvant recevoir les cas les plus urgents dans les hôpitaux. « L’ANILH ne saurait supporter une grève de résidents qui ne mettent pas en place "une cellule d’urgence pour alléger les souffrances de la population et s’assurer de respecter les droits aux soins de qualité des clients ", a déclaré l’infirmière Lucile Charles, présidente de l’ANILH, lors d’une conférence de presse donnée ce mardi. Selon Me Lucile Charles, les médecins résidents désobéissent à leur code de déontologie, eux qui ont prêté serment de porter assistance aux personnes en danger. Ils sont en train de commettre un accroc à leurs propres principes. « Par rapport à notre code déontologique, on ne peut cautionner qu’un hôpital ferme ses portes pour ne pas recevoir les malades », a expliqué la présidente de l’ANILH traînant derrière elle 50 ans de carrière comme infirmière clinicienne. Si la grève des médecins a pris cette ampleur, c’est en partie la faute des autorités sanitaires, selon les responsables de l’Association nationale des infirmières et infirmiers licenciés d’Haïti. Si elles avaient pris leurs responsabilités, une cellule d’urgence aurait été mise en place.
La philosophie pratique est supposée répondre à des questions comme "comment bien vivre ?" ou "que dois-je faire ?". Ainsi, la philosophie pratique est supposée être efficace sur nos conduites et nous permettre de les réguler. Nous allons voir…
CC Sabrina Genovesi / Flickr
Isabelle Pariente-Butterlin, maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille.
COPY THIS URLEST-IL RÉELLEMENT POSSIBLE DE QUANTIFIER LE NIVEAU D’INFLUENCE DU CANNABIS SUR LA CONDUITE, AU MÊME TITRE QUE L’ALCOOL ? NON, À EN CROIRE L’AAA FOUNDATION FOR TRAFFIC SAFETY (L’ASSOCIATION AMÉRICAINE POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE), QUI PUBLIE UNE ÉTUDE AUX CONCLUSIONS SANS APPEL : ALORS QU’IL EST FACILE DE QUANTIFIER LE TAUX D’ALCOOL DANS LE SANG ET DE FIXER UN SEUIL DE DANGEROSITÉ POUR LA CONDUITE, APPLIQUER LA MÊME MÉTHODE DE MESURE AU CANNABIS« N’A AUCUN FONDEMENT SCIENTIFIQUE ».ALORS QUE LA MOITIÉ DES ETATS-UNIS PERMET AUJOURD’HUI DE CONSOMMER DE LA WEED À DES FINS MÉDICALES ET/OU RÉCRÉATIVES, LA NÉCESSITÉ D’UNE MÉTHODE FIABLE POUR IDENTIFIER LA CONDUITE SOUS INFLUENCE SE FAIT DE PLUS EN PLUS PRESSANTE.
Car aujourd’hui, des Etats comme le Colorado, le Montana ou l’Etat de Washington, qui ont partiellement ou totalement légalisé la substance, se sont contentés de lui appliquer le même seuil d’interdiction que celui de l’alcool, transposé au tetrahydrocannabinol (THC): cinq nanogrammes par millilitre de sang (5ng/ml). Au-delà de cette limite, la loi considère que le conducteur se trouve sous influence. Une limite « arbitraire et sans fondement scientifique », écrit l’AAA dans son étude, « qui pourrait autoriser des conducteurs dangereux à conduire tandis que d’autres seraient injustement accusé de conduite sous influence. »
Le législateur ne peut évidemment tout prévoir. En légiférant sur les accidents de travail, nos honorables députés ne se doutaient pas qu’un jour viendrait où, grâce à eux et au Pr Brissaud la langue s’enrichirait d’un vocable neuf.
Comment est venu au monde ce nouveau-né ? C’est, il y a quelques jours, à la quatrième chambre du tribunal civil que cette naissance a été enregistrée. Le « comparant » était un ouvrier qui, guéri des suites d’un accident (il était tombé d’une échelle et s’était fait des contusions sans gravité) avait repris son travail ; puis s’étant peu à peu persuadé à lui-même qu’il était encore malade, il avait réclamé de ce chef une indemnité à son patron qu’il rendait responsable, selon la loi.
Le Pr Brissaud, appelé à déposer comme expert, n’a pas craint de déclarer que cette préoccupation du sujet d’éprouver encore des douleurs imaginaires est devenue pour celui-ci le thème d’une méditation continuelle, obsédante et vraiment maladive. Il suffit de cet état mental si particulier pour entraîner la conviction qu’une maladie authentique s’est constituée de toutes pièces.
Un trouble mental qui n’a rien à voir avec l’hystérie traumatique
Comment définir cette maladie ? En l’absence d’un mot officiel consacré par un long usage, le Pr Brissaud a utilisé le barbarisme « sinistrose » pour préciser ce trouble mental, la « sinistrose » n’ayant rien à voir avec l’hystérie traumatique ou avec la neurasthénie traumatique, ni même avec la psycho-asthénie traumatique.
Trois études publiées dans « The Lancet » et dans « The Lancet Psychiatry » dressent un bilan de la situation des troubles mentaux en Inde et en Chine. Un point d'étape qui marque le lancement d'une Alliance pour la prise en charge de ces affections qui vont des troubles de l'humeur et troubles psychotiques (schizophrénie) à l'anxiété et aux addictions en passant par les maladies neurologiques (épilepsie) et aux démences.
La Chine et l'Inde comptent plus d'un tiers des personnes souffrant de maladies mentales dans le monde, mais seule une petite fraction d'entre elles reçoivent une aide médicale. Quelque 2,5 milliards de personnes vivent dans ces deux pays, soit 38 % de la population mondiale.
L'agence d'intérim Appel médical, filiale du groupe Randstad France, vient de publier son cinquième baromètre des évolutions de salaires de la santé de 2010 à 2015.
Cette étude est basée sur les salaires réels d'intérimaires, constatés sur plus de 500 000 contrats de mission. Les intérimaires sont payés au même niveau que les salariés titulaires, « ce qui garantit une bonne représentativité », explique l'agence. Les congés payés, indemnités de fin de mission et les primes n'ont pas été pris en compte.