Le lien entre inflammation et dépression semble un peu plus se confirmer. L’idée est née d’un constat : environ 50 % des patients atteints d’une maladie rare, la mastocytose, souffrent de symptômes dépressifs, comme l’a constaté le professeur Olivier Hermine (hôpital Necker, centre de références des mastocytoses, Institut Imagine), qui a codirigé ces travaux avec le professeur Raphaël Gaillard (centre hospitalier Sainte-Anne, Institut Pasteur).
La mastocytose se caractérise par la prolifération anormale de mastocytes, des cellules granuleuses impliquées dans les réactions allergiques ou inflammatoires. Cette pathologie se présente sous forme cutanée, en général bénigne, ou systémique – elle est dans ce cas plus grave, avec des atteintes osseuses, digestives, etc.
Menée par Sophie Georgin-Lavialle dans les hôpitaux parisiens Necker et Sainte-Anne et par les équipes de l’université Paris-Descartes, une étude publiée fin janvier dans la revueMolecular Psychiatry a porté sur 54 adultes atteints de la forme modérée de mastocytose, dont les deux tiers montraient des symptômes dépressifs, comparés à 54 adultes sains de même profil.
En mesurant les éventuels troubles dépressifs et en analysant leur sang, il a d’abord été montré que les patients présentaient des concentrations plus faibles de tryptophane et des taux plus élevés de dérivés neurotoxiques du tryptophane, tel l’acide quinolinique. Or, l’organisme métabolise le tryptophane en sérotonine, un neurotransmetteur dont les antidépresseurs actuels visent à augmenter la quantité dans le cerveau.