Lettre de Bangkok. Depuis environ un an, à Bangkok et dans les villes de Thaïlande, c’est la ruée sur les « poupées-esprits ». Ces luuk thep, mot thaï qui signifie « bébé ange », sont censées, après avoir été dûment bénies par des chamanes ou des moines bouddhistes, être animées par un esprit amical et bien luné qui apportera à son propriétaire richesse, bonheur et prospérité.
Etre le parent de cet ange à la physionomie irréellement humaine demande à peu près autant de travail que de s’occuper de son bébé, même si l’on n’a pas besoin de changer les couches de la poupée en plastique : on la baigne, la berce, la fait manger, on l’emmène se coucher.
« Mon enfant, c’est l’heure de se lever », murmure chaque matin à sa poupée Jirunya Supaorus, 27 ans. Depuis que sa luuk thep, baptisée Nong, est entrée dans sa vie, ses affaires se portent de mieux en mieux. Elle dit qu’elle a réussi à tripler son capital. Depuis, elle a totalement intégré Nong dans sa vie sociale, la transportant le week-end chez ses parents. Parfois, elle lui offre un massage thaï dans un salon… « Il y a des gens qui pensent que je suis folle, admet-elle, mais je m’en moque. Ils n’ont aucune idée à quel point cette poupée m’a aidée dans la vie. »