On peut choisir de ne pas être pauvre dans notre
société. N’est-ce pas là une affirmation dénuée de sens ? Pourtant, elle semble
faire consensus dans un imaginaire collectif souvent empreint d’idées fausses
(1).
Les pauvres sont suspectés d’être frauduleusement
pour quelque chose dans leur situation. Elles et ils cumulent et profitent des
avantages de leur précarité en percevant, sans honte, le revenu de solidarité
active (RSA) ou l’aide à l’acquisition d’une couverture maladie complémentaire
(ACS), et en bénéficiant, si facilement et sans dignité, de la couverture
maladie universelle (CMU). L’association de ces deux vocables, pourtant
antagonistes, «avantages, précarité» ne semble paradoxalement gêner que très peu
l’imagerie sociale ambiante, largement influencée par les médias. Peut-être
parce que l’on croit faussement aussi que ces «populations» ont leur propre
culture en dehors des cadres intégrateurs officiels. Culture dont les pauvres
seraient, qui plus est et par hérédité, fiers ou à l’autre extrême, rendus
«névrosés» à en croire même certaines études sociologiques (2). Et leurs
soi-disant valeurs spécifiques s’opposent «trop», socialement et même
psychiquement, à celles qui doivent a fortiori faire référence. Surtout, si en
plus d’être pauvres, ces enfants, femmes et hommes sont roms et/ou migrants.
Etre pauvre, c’est être classé socialement comme étant hiérarchiquement
inférieur et donc non prioritaire.