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« Faites des bêtises, mais faites-les avec enthousiasme. » A cette citation de Colette que j’affectionne particulièrement, je rajouterai qu’en sciences il faut tout de même bien choisir ses bêtises ! Les manipulations de résultats en recherche clinique régulièrement dénoncées ces dernières années dans la presse biomédicale internationale relèvent plus de la fraude que de la bêtise, même si l’enthousiasme y était sans doute bien présent.
Pourtant les mauvaises manipulations ordinaires existent. Prenons l’exemple de domaines qui me sont familiers : les neurosciences cognitives, la neuro-imagerie ou encore la neuro-ingénierie. Des études récentes pointent du doigt le manque de fiabilité, allant dans certains cas jusqu’à la défaillance de la méthodologie et des résultats publiés. Une étude de la revue Nature Reviews in Neuroscience (Button et al. 2013) révèle que la majorité des résultats publiés en neurosciences ne seraient pas fiables, car ils ne respectent pas un critère, pourtant fondamental en recherche scientifique, celui de la reproduction des résultats. L’origine du problème est souvent la taille de l’échantillon, autrement dit un nombre de participants trop faible pour générer des résultats fiables et reproductibles (problème de puissance statistique).