20/01/2015
Le Collectif féministe contre le viol diffuse sa nouvelle campagne « Proches » dès aujourd’hui sur les radios et à partir du 27 janvier sur les chaînes télévisées nationales. Le clip de 30 secondes, met en scène une fête entre amis, entre proches, à l’occasion de laquelle on apprend que le meilleur ami, le plus apprécié de tous est l’auteur du viol de l’une des femmes. « 86 000 femmes majeures ont été violées cette année, 86 % d’entre elles connaissent leur violeur », explique Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, Viols-Femmes-Informations. Cette campagne vise à dénoncer le viol induit par une personne proche de la victime. « Les victimes se rendent complices de l’agresseur lorsqu’elles se terrent dans le silence. C’est une double peine pour la victime qui souffre et une impunité garantie pour le violeur », poursuit Emmanuelle Piet.
Une sensation de perte de soi, de l’angoisse, des pensées intrusives
Il n’y a pas de profil « type » du violeur, parfois « ce sont des amis sympas, des amis cool, des personnes drôles mais qui ont des caractéristiques communes, notamment dans la stratégie qu’ils ont élaborée : le choix de leur victime, leur isolement, leur dévalorisation… », souligne Emmanuelle Piet.
Le travail du collectif est d’écouter la victime et de la mettre en relation avec un avocat, un médecin, un psychiatre pour l’aider à se reconstruire et faire valoir leur droit. Les victimes sont détruites physiquement et psychologiquement, elles ont une sensation de perte de soi, d’angoisse, des pensées intrusives… il s’agit de leur faire comprendre qu’elles ne sont pas fautives. « Une décontamination de la pensée s’impose », indique Emmanuelle Piet.
Honte et culpabilité
« La souffrance des victimes est majorée par la honte, la culpabilité, l’absence d’écoute et de compréhension auxquelles elles se heurtent, d’autant plus que le violeur est une personne de leur entourage dans 4 cas sur 5 », précise le Dr Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne du CFCV Viols-Femmes-Informations. Le collectif se bat également contre les stéréotypes, les idées reçues sur le viol et souhaite que cette violence soit jugée par les assises et non au tribunal correctionnel. Aujourd’hui, seulement 1 % des plaintes mènent à une condamnation.« C’est le plus gros travail, l’histoire n’est pas individuelle mais sociétale », conclut la présidente du collectif contre le viol.
Sophie Martos