Ernesto
est l’enfant fou et génial de la Pluie d’été, publié par Duras en 1990. Ernesto
est en retard sur certaines choses, en avance sur d’autres. Il est «dans sa
bulle». Il refuse d’aller à l’école, «parce qu’on y apprend des choses qu’on ne
sait pas». Ernesto aurait pu bénéficier de consultations au centre
médico-psychologique (CMP) de son quartier. Les CMP font partie des secteurs de
pédopsychiatrie mis en place dans les années 70 : structures
extra-hospitalières, lieux d’accueil à taille humaine, loin de l’asile, ils
sont inscrits dans la ville. Les enfants et leurs parents y viennent plus
facilement qu’à l’hôpital, à la recherche d’une adresse pour parler des
angoisses, des traumatismes, des difficultés scolaires et autres cauchemars qui
peuvent compliquer la vie jusqu’à la rendre impossible. Le travail des équipes
de secteur se fait en partenariat avec les écoles spécialisées, les hôpitaux de
jour, les jardins d’enfants, dans un maillage local qui permet d’appréhender la
complexité d’un symptôme dans son contexte. La proximité avec le lieu
d’habitation de l’enfant et de sa famille permet ce travail d’orfèvre, sans
lequel bien des instituteurs ne tiendraient pas longtemps, sans lequel la
violence des adolescents serait encore plus vive.
À l'occasion du congrès psychiatrique de la francophonie, nous nous interrogeons sur le rôle de la psychiatrie chez les enfants et adolescents victimes de troubles de l'humeur, de l'anxiété ou des conduites alimentaires. Comment sont-ils pris en charge ? Les méthodes sont-elles efficaces et adaptées ?