GRAND ANGLE
Cannabis médical, saga israélienne 1/3. Avec 11 000 patients autorisés à consommer de l’herbe, l’Etat hébreu est le deuxième prescripteur au monde de marijuana thérapeutique. Histoire en trois volets d’une pratique en plein essor dans un pays opposé à la légalisation de l’usage récréatif.
De chaque côté de l’avenue Ben-Gourion, qui descend droit vers la mer à l’exact aplomb du temple Bahaï et de ses jardins persans, des rennes tirent leur traîneau, tout en guirlandes lumineuses, sous le soleil de décembre. C’est là, dans l’un de ces cafés du quartier arabe chrétien de Haïfa, à l’ombre d’un immense père Noël gonflable, qu’on a retrouvé Barak Abutbul - blouson, cheveux courts - et sa sœur aînée, Sivan. Elle lui tiendra la main, parfois, lorsqu’il suspendra son récit, la gorge nouée.«Longtemps, je n’ai pas pu raconter», dit-il. Barak a 24 ans, des éclats de mortiers dans le bras gauche et un syndrome de stress post-traumatique. Il est l’un des 11 000 Israéliens détenteurs d’une autorisation de consommation de cannabis à titre médical.