Matthieu M., un mineur condamné à la perpétuité : pourquoi ?
LE MONDE | Par Pascale Robert-Diard
Dès le lendemain du verdict qui a condamné Matthieu M. à la réclusion criminelle à perpétuité, ses deux avocates, Mes Isabelle Mimran et Joëlle Diez, ont annoncé que leur client faisait appel. En prononçant, vendredi 28 juin, la peine maximale encourue contre l'auteur d'un double viol et de l'assassinat d'Agnès Marin, la cour et les jurés de Haute-Loire sont allés au-delà des réquisitions prononcées par l'avocate générale Jeanne-Marie Vermeulin.
Sur la durée, la différence est symbolique puisque la représentante de l'accusation avait requis trente ans d'emprisonnement, assortis d'une injonction de soins et d'une mesure de rétention de sûreté contre Matthieu M. Cette disposition de la loi du 25 février 2008 permet de maintenir en détention un condamné à l'issue de sa peine s'il est jugé particulièrement dangereux en raison de troubles graves de la personnalité.
Mais pour la défense, ce verdict est doublement inacceptable sur le fond. D'une part, parce qu'il écarte l'excuse de minorité dont il aurait pu bénéficier – l'accusé était âgé de 17 ans et demi au moment du viol et de l'assassinat d'Agnès Marin – et qui fixait à vingt ans le maximum encouru. Matthieu M. devient ainsi le deuxième mineur condamné à la perpétuité après Patrick Dils, reconnu coupable en 1989 de deux meurtres d'enfants avant d'être acquitté en 2002.
D'autre part, parce qu'il exclut toute pathologie mentale dans la personnalité du condamné, alors que la défense plaide l'irresponsabilité pénale et que l'accusation a elle-même estimé, conformément aux conclusions d'un des deux collèges d'experts psychiatres, que le jeune homme souffrait au moment des faits d'une altération du discernement.