Cerveau et maintien de l’ordre, comment améliorer l’information scientifique du grand public ?
Plusieurs articles parus dans la presse britannique ou sur le Web ont relayé les résultats d'une étude scientifique qui aurait expliqué les émeutes londoniennes d’août par des carences en une certaine substance chimique présente dans le cerveau humain. Des conclusions totalement infondées.
Consternés, les scientifiques à l'origine de cette recherche nous ont fait parvenir la tribune ci-dessous, publiée à l'origine dans le Guardian.
Par Petroc Sumner, Frédéric Boy et Christopher Chambers, chercheurs en neurosciences cognitives, School of Psychology, Cardiff University.
REUTERS/STEFAN WERMUTH
Avez-vous entendu dire que les émeutes dévastatrices à travers l'Angleterre1 étaient dues à une carence d’une substance chimique dans le cerveau ? Ou bien que nous allions bientôt être en mesure de réduire le nombre d’émeutes en utilisant un spray nasal contenant des extraits de cette substance ? De telles informations ont été diffusées, au cours des dernières semaines, dans des quotidiens grand public, donc, potentiellement lues par des millions de personnes.
Pourtant, ces allégations sont totalement infondées. Nous sommes l'équipe de scientifiques à l’origine des recherches sur lesquelles, justement, ces articles sont fondés. Si nous réagissons aujourd’hui, c’est parce que nous pensons que la prolifération de telles informations erronées ou mensongères est dangereuse. Non seulement elles désinforment le public, mais elles affaiblissent également le respect de celui-ci pour la science et ainsi son soutien pour l'utilisation des moyens, publics et privés, nécessaires à son financement.
Les recherches. Revenons maintenant aux faits et à leur chronologie. Notre équipe a fait une découverte potentiellement importante pour la compréhension des maladies mentales. Dans une certaine partie du cortex préfrontal (partie du cerveau situé à l’avant de la boite crânienne), la concentration d'un neurotransmetteur (une substance chimique permettant aux neurones de communiquer entre-eux) appelé GABA (ou acide gamma aminobutyrique) est proportionnelle à la façon dont nous déclarons pouvoir contrôler nos propres impulsions dans la vie, évaluée, par exemple, par une des échelles utilisée par les psychiatres du monde entier.