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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 11 janvier 2011


Une pragmatique de la désinsertion en psychanalyse
Laura Sokolowsky
- Membre de l'ECF

Dans le langage commun et administratif, la désinsertion sociale correspond à la situation d’un individu qui a rompu plus ou moins brutalement ses attaches avec sa famille, son travail, ses amis. Cette notion met l’accent sur le vécu de celui qui s’exclut. Du point de vue sociologique, on étudie alors ce phénomène de déclassement social, la façon dont quelqu’un peut devenir Rmiste ou SDF.
La désinsertion n’est donc pas sans lien avec l’exclusion. L’exclusion est le nom de ce qui n’a pas de nom : c’est le nom d’un réel. Cette notion est apparue dans le contexte précis de la montée du chômage, au cours des années 70. Elle correspond à l’émergence d’une nouvelle pauvreté, plus exactement, à la réapparition de la pauvreté dans les grands centres urbains.
Ce terme, qui signifie « être fermé dehors », est une notion négative qui recouvre le monde des sans abri, sans travail, sans domicile, sans famille, sans attaches. La rupture avec l’Autre apparaît accomplie. Rejeté à la marge de la société, l’exclu subsiste grâce à la charité publique. Il déploie des stratégies de survie. Ce phénomène est-il réversible ? C’est une question. Peut-on l’endiguer ? Peut-on intervenir avant que cette rupture, ce lâchage complet avec le social ne s’accomplisse ? L’exclusion serait dès lors le dernier degré de la désinsertion sociale qui renverrait, elle, à l’idée d’un processus, d’une progression, d’une transformation.
Comment se déprend-on du social ? Est-il indifférent, du point de vue psychanalytique, que cette déprise soit ancienne ou bien récente ? Existe-t-il plusieurs types de déprises, impliquant diverses modalités de se réinsérer dans le lien social ? Les personnes qui s’adressent à nous ont-elles l’idée qu’elles y sont pour quelque chose ?
En psychanalyse, nous nous réglons sur d’autres paramètres que l’évaluation de la capacité à tenir ou non un travail dans le système salarial actuel. Nous tenons compte de la position subjective, c’est-à-dire, fondamentalement, du choix du sujet qui décide ou non de se déprendre de l’Autre. Il convient de ne pas confondre la désinsertion telle que peut l'envisager la psychanalyse et la précarité au sens économique du terme, au sens de pauvreté, du manque de ressources financières. Il s'agit là d'un point décisif.

Je me réfère ici au terme employé par Lacan dans son commentaire de 1953 sur l’Homme aux loups. Paradoxalement, ce célèbre patient de Freud n’était pas un homme pauvre, bien au contraire. Au départ, lorsqu'il fit appel à Freud, l'Homme aux loups avait une position de riche. Cette fortune avait grandement participé à sa désinsertion dans la société. Une partie du drame de ce patient était sa désinsertion comme riche, en tant que riche. Très précocement, en effet, l'Homme aux loups fut séparé de tout ce qui, sur le plan social, pouvait constituer pour lui un modèle. A la suite de Freud, Lacan fit valoir que l'Homme aux loups était désinséré car sans modèle social, qu'il était isolé par sa position de riche. Son isolement était corrélé à la défaillance de l'idéal-du-moi.
Par ailleurs, Freud indiquait que son patient se sentait séparé de l’univers par un voile. Ce voile ne se déchirait qu’à un seul moment quand, sous l’influence du lavement, le contenu intestinal sortait de l’intestin. Alors, il se sentait de nouveau bien portant et normal. Dans les rêves de l'Homme aux loups, en effet, il est question d'une femme qui se dévoile, à laquelle lui-même arracherait le voile, dénudant son corps. Le symptôme du vidage brutal du contenu intestinal, où le voile se déchirait brutalement, correspondait à la satisfaction d'un fantasme d'accouchement, de procréation anale, indiquait Freud. Ce fantasme de féminisation isolait ce sujet du monde. Cette position féminine dans l'inconscient était aussi responsable de sa désinsertion.

Le rapport du sujet à la jouissance oriente ainsi l’abord psychanalytique de la désinsertion.  Le sujet peut s’être séparé d’une jouissance insupportable localisée dans l’Autre, dans un mouvement d’autodéfense. Il a démissionné, il a divorcé, déménagé, changé de pays. Il s’est dépris du social pour se protéger.
Mais, la déprise peut aussi correspondre au laisser en plan, au lâchage par l’Autre. Ici, le sujet se laisse tomber, il n’oppose plus de résistance à la jouissance mortifère, à la pulsion de mort. La déprise n’a pas une fonction protectrice et l’autodestruction domine. Le recours massif aux toxiques et à l’alcool se rencontre davantage dans ce type de cas.
La déprise peut encore se manifester au moment où un événement social et un événement subjectif coïncident. Par exemple, un licenciement survient alors que le sujet a perdu l’appui d’un partenaire. Il faut avoir les deux conditions simultanées. Le sujet n’arrive alors plus à rebondir. L’isolement et le mutisme sont les marques distinctives de la déprise.

En psychanalyse, la définition de ce que serait une insertion réussie selon les normes sociales n’est guère utilisable. Les modalités de reprise sont, en effet, diverses : il peut s’agir d’un raccrochage par le branchement sur l’inconscient et le rêve, de la restauration partielle d’une invention signifiante protégeant le sujet d’une persécution fondamentale, d’un rebranchement centré sur une séparation d’avec l’objet. Il convient de mentionner aussi la récurrence de l’isolement et de la prévalence de ce que Lacan définissait comme l'appui sur l’ego dans le séminaire qu'il consacra au sinthome. Si nous croyons savoir à l’avance ce qui convient au sujet en matière d’insertion, nous rejoignons dès lors le bataillon de ceux qui s’efforcent de normaliser le sujet. C’est une erreur non seulement éthique, mais aussi clinique, dans la mesure où les sujets qui s’adressent à la psychanalyse ne s’aliènent pas dans les signifiants maîtres contemporains. Les idéaux de réussite professionnelle, d’accumulation de capital, de rentabilité ne sont pas parvenus, en effet, à les captiver.

Bibliographie :


Freud S., Cinq psychanalyses, PUF, Paris, 2007.
Furtos J. et al, Les cliniques de la précarité. Contexte social, psychopathologie et dispositifs, Masson, Paris, 2008.
Lacan J., Le séminaire, Livre XXIII, Le sinthome, Seuil, Paris, 2005.
Oberholzer K., Entretiens avec l'homme aux loups. Une psychanalyse et ses suites, Gallimard, Paris, 1981.
Rilke R. M., Le livre de la pauvreté et de la mort, Actes Sud, Paris, 1982.
La place essentielle des documentalistes
28.12.2010

Pour le réseau Ascodocpsy, la documentation a un rôle crucial dans le management de l'information, nécessaire à l'ensemble des soignants et des cadres administratifs des établissements de santé.


Le réseau de documentation d'hôpitaux psychiatriques Ascodocpsy a célébré le 9 décembre 2010 le dixième anniversaire de sa constitution en groupement d'intérêt public (GIP). Il existe de façon informelle depuis 1993. Il rassemble 90 hôpitaux adhérents (majoritairement des centres hospitaliers spécialisés) comptant 100 centres de documentation ou services d'archives.

"On nous voit souvent comme des gestionnaires d'abonnements à des revues, notre travail est beaucoup plus riche que cela", remarque Nathalie Berriau, sa coordinatrice. "Nous faisons du management de l'information" qui sert aux médecins, aux soignants et aux cadres administratifs. Elle souligne l'importance du travail de veille en matière de littérature scientifique et de réglementation et de l'accès à l'information pour tous les professionnels. Le réseau a permis de développer les échanges entre les services et a constitué une base de données en psychiatrie francophone, SantéPsy. Il a aussi développé un logiciel libre (ascoweb) en partenariat notamment avec la banque de données en santé publique (BDSP) et l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).

Inquiétude sur les budgets documentation

Les documentalistes hospitalières en psychiatrie s'inquiètent d'une diminution de leur budget et d'un mouvement de déqualification des personnels affectés aux centres de documentation, alors que la documentation et la gestion de l'information sont des "éléments déterminants" au regard des exigences de qualité et d'évaluation attendues des établissements de santé.

Selon deux enquêtes menées en 2010 par Ascodocpsy, l'une auprès des documentalistes (107 répondants) et l'autre auprès des directions d'établissements (46 établissements répondants), les budgets des services de documentation sont globalement stables en volume. 55% des établissements déclarent reconduire le budget de la documentation d'une année sur l'autre, tandis que 21% déclarent un budget en baisse et pour 18% un budget en hausse. Mais, en raison des coûts croissants des abonnements aux revues spécialisées, les moyens sont plutôt en baisse.

Augmentation de la proportion des personnels non qualifiés

56% des documentalistes répondants déclarent avoir "une activité complémentaire aux tâches documentaires" (département d'information médicale/DIM, qualité, communication, culture, archives, Maison des usagers, gestion budgétaire) ou un mi-temps dans un autre service (cafétéria, reprographie, vaguemestre). Des charges de travail en plus sont attribuées sans attribution de personnels supplémentaires. Le recrutement des personnels non qualifiés est en nette augmentation puisque le personnel qualifié (diplôme de documentaliste ou validation des acquis de l'expérience VAE) représente 40% du personnel en 2010, contre 43 % en 2008. Inversement, la proportion de personnel non qualifié est passée de 28% en 2008 à 36% en 2010.

La tendance à la non-qualification inquiète les documentalistes. Des personnels non qualifiés peuvent être formés à l'utilisation d'outils de documentation -le réseau assure d'ailleurs cette formation, mais "ils ne peuvent pas créer de nouveaux outils de documentation", comme le thésaurus d'Ascodocpsy. "Il faut que les établissements pensent à la suite".

Documentation : un rôle dans la stratégie des établissements

Nathalie Berriau estime que les documentalistes "ont leur place dans les réunions de direction" pour "caler leur recherche sur les orientations stratégiques de l'établissement". Il faut "expliquer, faire connaître et convaincre les établissements de la nécessité de recruter des documentalistes professionnels et qu'ils puissent intégrer les réunions de direction". Elle fait remarquer que la version 2010 du manuel de certification des établissements de santé "met en avant la place de l'information et de la documentation" et souligne que les professionnels doivent avoir accès à des ressources documentaires. Ascodocpsy a décidé de solliciter la Haute autorité de santé (HAS) pour intégrer sa conception de la fonction Info-Doc dans le prochain manuel de certification.

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La psychiatrie pour enfants et adolescents manque toujours de moyens
29.12.2010

En 2005, ils évoquaient leurs consultations saturées, les délais d’attente de trois mois à parfois près d’un an infligés aux patients pour une première consultation, la difficulté de leur garantir un suivi psychologique régulier, la pénurie des lits d’hospitalisation…Aujourd’hui, cinq ans après leurs premiers états généraux et le cri d’alarme et de colère lancé aux pouvoirs publics, les pédopsychiatres de Seine-Saint-Denis font un nouvel état des lieux.

« Des choses ont été faites depuis 2005, reconnaissent-ils. Il y a eu des investissements, 3,5millions d’euros dans le secteur hospitalier, 8 millions dans le médico-social… Des efforts ont notamment été faits pour le développement des centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel, pour celui de l’hospitalisation des adolescents et pour l’hospitalisation de jour. Mais en cinq ans, 90 postes seulement ont été créés, quand nous avions chiffré les besoins à 300…Et aucune nouvelle mesure n’a été annoncée en 2010. »

71 jours d’attente avant un premier rendez-vous

« Mener une psychothérapie avec des enfants ne doit pas être un luxe », souligne le professeur Marie-Rose Moro, chef du service psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne, fondatrice de la maison des adolescents Casita de Bobigny, et désormais à la tête de la Maison de Solenn de l’hôpital Cochin à Paris. «Une société qui ne prend pas soin de ses enfants est vouée à la faillite. Or, la pédopsychiatrie fait partie de ces politiques et curseurs sociaux auquel le conseil général est vigilant », s’engage son président (PS), Claude Bartolone, en s’associant au collectif Pédopsy 93.
Car en Seine-Saint-Denis, les besoins explosent, en même temps que grimpe toujours la courbe démographique du département . Quinze mille patients (bébés, enfants et adolescents) ont fréquenté l’an dernier des consultations de pédopsychiatrie, dont 4 800 nouveaux, accueillis dans 46 lieux. Or, comme il y a cinq ans, les professionnels pointent l’une des grandes carences du département : les délais d’attente. « Plus de 13 % des patients sont en liste d’attente, souligne ainsi le docteur Welniarz, responsable du pôle 93 de l’établissement spécialisé de Ville-Evrard. Au 1er juin, pour l’accueil des bébés et enfants, nous avions 1 867 patients en attente, et un délai moyen est de 71 jours, mais qui peut atteindre 172 jours. »Quant aux adolescents, les professionnels estiment qu’un tiers des nouvelles demandes de consultation ne peut être reçu. C’était déjà le cas il y a cinq ans.

Quelle place pour la psychiatrie ?
Jean-Claude Comorassamy
Saint-Leu
13/12/10

« La psychiatrie est un des secteurs primordiaux de la santé publique dans notre pays », a toujours affirmé Mme Roselyne Bachelot, après avoir rappelé que la psychiatrie « c’est 73 000 lits, 63 000 infirmiers, plus de 13 000 médecins ».

Aujourd’hui, l’Agence régionale de santé (ARS) a eu pour chantier de redéfinir des Territoires santé pertinents dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Cela lui donne mission de (re) construire un système de soins plus cohérent, plus coordonné. Qui réponde mieux aux attentes et aux besoins des usagers, que nul ne peut contester.

Mais on doit aussi s’interroger sur la place de la psychiatrie dans ces nouveaux territoires ou de sa place dans le cadre d’un regroupement hospitalier ! Pourquoi cette inquiétude soudaine, me direz-vous ? Chacun sait que notre psychiatrie date d’un peu plus de deux siècles. Que Saint-Paul a été le berceau de la psychiatrie et que c’est fin 1977 que l’hôpital psychiatrie de Saint-Paul a perdu son entité régionale.

A cette date, deux des secteurs de Saint-Paul ont été transférés et intégrés à l’hôpital général de Saint-Pierre.

C’est le premier vécu d’un hôpital général « englobant » des services psychiatries à La Réunion. De mon regard d’observateur et à partir de mon propre éclairage, je peux dire que l’hôpital général semble beaucoup plus « privilégié » que la psychiatrie. A partir de là, je pense que la question mérite réflexion puisqu’un territoire a été défini pour l’Ouest. Qu’un rattachement dans un dispositif intégré est prévu pour les deux hôpitaux (..)

Nous ne voulons pas en tant qu’usager, demain, être noyés dans un concept de santé et de territoire où la psychiatrie n’a plus sa place. Nous voulons bâtir sur des soubassements solides, pour ne pas dire demain que notre psychiatrie a été « maltraitée » budgétairement ou non « respectée » dans son histoire. D’où cette question, quelle place pour la psychiatrie dans ces nouveaux territoires ?

Critique
"Abel" : portrait sensible d'une famille sans père
11.01.11

C'est un drôle de petit garçon. On dirait qu'il a lu le poème de Rudyard Kipling en commençant par la fin, qu'il sera un homme sans se soucier de remplir toutes les conditions que pose la vie. A 9 ans, Abel (Christopher Ruiz-Esparza) sort de l'hôpital où il était suivi en psychiatrie pour un mutisme tenace. Dans une grande maison, perdue en une vague banlieue, il retrouve sa mère, Cecilia (Karina Gidi), sa grande soeur, Selena (Geraldine Alejandra), et son petit frère, Paul (Gerardo Ruiz-Esparza).

Les familiers du jeu des sept familles auront à peine eu le temps de noter l'absence d'un père qu'Abel retrouve la parole et se met à dire la loi dans la maisonnée. Au cinéma, il est facile de faire peur avec des enfants. Abel inquiète comme aucun autre. Il n'a pas besoin de tourner la tête à 360 degrés ou de pousser sa soeur du haut d'une falaise, il lui suffit de prendre une place qui n'est pas la sienne, celle du père.

Parce que sa mère est trop heureuse d'entendre à nouveau la voix de son fils, la famille tolère ce délire qui s'installe peu à peu dans la vie quotidienne. Pour son premier long-métrage, l'acteur Diego Luna( Y tu mama tambien, Harvey Milk, etc.) a inventé cette histoire étrange qui est aussi bien une fable évoquant un pays à la dérive que la chronique intime d'une enfance.

Le scénario, que Luna a cosigné avec Augusto Mendoza, envisage avec obstination toutes les conséquences de la conduite d'Abel. Il en est de comiques, quand il jauge le petit ami de Selena. D'autres suscitent délibérément le malaise, lorsqu'il veut partager le lit conjugal avec sa mère. Il n'est pas seulement question ici de mécanique, d'absurdité. La folie du petit garçon agit aussi comme un révélateur sur les autres personnages, tous traités avec attention et respect.

L'absence du père


La mère, en premier lieu. Elevant seule ses trois enfants, courtisée par le médecin qui suit Abel, Diego Luna en fait une femme forte et désirable, qui se débat dans le chaos provoqué par l'absence du père. Sur la raison de cette dernière, le doute pèse assez longtemps, jusqu'à ce qu'Anselmo (José Maria Yazpik) fasse son apparition, au volant d'un pick-up, qu'il est censé avoir acheté au nord du Rio Bravo.

Ce n'est pas tout à fait un méchant, c'est quand même contre cette figure de père défaillant que se construit le film. L'interprète lui prête une veulerie doublée de violence, qui en fait un peu une figure de proue du machisme local. Sa mollesse incertaine s'oppose à la résolution de marbre de son petit garçon, dont la présence impressionne.

La mise en scène de Diego Luna met en valeur les tensions, utilisant à peine le potentiel comique des situations (mais assez pour que l'on rie de temps en temps), se concentrant sur les émotions et - surtout - les souffrances de sa petite famille. La crise finale utilise l'un des procédés les plus ordinaires lorsqu'il s'agit de raconter des histoires d'enfants : la mise en danger des petits personnages.

Mais, en sortant longuement de cette belle et triste maison pour se promener dans les espaces incertains d'une grande ville du Mexique, Diego Luna donne à son film une nouvelle ampleur au moment où l'asphyxie le menaçait.

Toujours sur le fil entre l'affabulation perverse et le réalisme, Abel se tient à l'écart des deux influences qui dominent aujourd'hui le cinéma mexicain, Robert Bresson (Carlos Reygadas, Amat Escalante, Fernando Eimbcke) et Hollywood (Alejandro Gonzalez Iñarritu, Alfonso Cuaron). Entre les deux, Diego Luna a commencé à tracer un chemin prometteur.

Voir la bande-annonce ici

Film mexicain de Diego Luna avec Christopher et Gerardo Ruiz-Esparza, Karina Gidi, José-Maria Yazpik. (1 h 23.)
Thomas Sotinel
DNA   Frissons et jonquilles

« Schizophrénie, claustrophobie et paranoïa... et autres petites joies de l'existence ». Pour sa 18e édition, le Festival du film fantastique de Gérardmer propose d'explorer cette thématique « qui pourrait incarner le reflet de nos angoisses les plus profondes ». Nouveauté pour les ogres de cinéma : des nuits blanches du fantastique au cinéma du casino, soit des projections 24h/24 du jeudi matin au dimanche soir. Deux Zombie walk dans les rues sont programmées les 29 et 30 janvier. C'est aussi ...
La psychiatrie regarde vers l'aval

Une unité d'hospitalisation vient d'être transférée de Cadillac à Lormont. Plus de proximité pour préparer l'avenir.
 En septembre dernier, à quelques dizaines de mètres de l'arrêt de tram Buttinière et de l'avenue Carnot, à un jet de pierre de la clinique des Quatre pavillons, entouré d'immeubles d'habitation, s'est ouvert le Centre psychothérapeutique (CP) de Lormont. Un centre de soins dans l'ancien château des Gravières, parfaitement intégré dans la cité, connecté à son environnement.

« L'ouverture de ce centre psychothérapeutique à Lormont confirme notre volonté de proximité, d'abord dans la prise en charge des patients, mais également avec tout ce qui fait la vie d'une cité : sa population, ses associations, ses activités », explique Jacques Laffore, directeur du Centre hospitalier (CH) de Cadillac, dont dépend la nouvelle structure lormontaise.

Décentralisation


Le CH de Cadillac, établissement public spécialisé dans la prise en charge de la maladie mentale, c'est la maison mère. À Cadillac même, à 40 km au sud de Bordeaux, en bord de Garonne, se trouve l'hôpital historique. Mais la maison mère, au fil des ans et des politiques de rapprochement avec les patients, a fait des petits. Pas moins de 50 structures de soins ambulatoires et d'unités d'hospitalisation délocalisées, de la pointe d'Ambès à Bazas, de La Réole à Belin-Béliet. Il s'agit de toujours plus décentraliser, par secteur de 70 000 habitants. L'ouverture récente du CP de Lormont en est l'exemple-type. Une ouverture qui a d'ailleurs entraîné la fermeture d'une unité à Cadillac.

Doté de 30 lits de psychiatrie générale adulte, le centre comprend une aile ouverte pour les hospitalisations libres et une aile fermée pour les cas les plus aigus, dans le cadre d'une hospitalisation sous contrainte. Et les 30 lits sont occupés… « C'est un secteur qui ne manque jamais d'activités », dit en souriant Jacques Laffore.

Des activités, les patients lormontais n'en manqueront pas. Le bâtiment tout neuf abrite deux salles pour les ateliers création, le sport, la relaxation. Ces ateliers se pratiquent avec les infirmiers, les éducateurs et les psychologues, mais aussi avec des artistes et des professeurs de sport qui viennent de l'extérieur et qui emmènent régulièrement les patients hors les murs. Un partenariat avec le Rocher de Palmer va bientôt se concrétiser (lire aussi ci-dessous).

Par ici la sortie


Le but est de « préparer la réintégration des patients dans la cité et la société, en respectant leur citoyenneté et en développant leurs capacités d'expression », précise le docteur Frédéric Ducos. Ce retour à la cité - au sens de « ville » et de « collectivité » - Nicolas le souhaite et s'y prépare. Ce patient de 41 ans, présent depuis l'ouverture en septembre, considère sa chambre un peu vide, aux tons blanc, gris clair et bleu ardoise, comme « un lieu de vie, un lieu de transition avant un studio indépendant ».

L'après-hospitalisation… Tout aussi importante que l'hospitalisation en elle-même. « Non, la psychiatrie publique n'est pas un secteur sinistré. Oui, les besoins sont toujours là, très importants. Mais le plus urgent, c'est d'apporter des solutions en aval de l'hospitalisation : maisons d'accueil spécialisées, foyers, bailleurs plus confiants vis-à-vis des patients », souligne avec force Jacques Laffore.

De Cadillac à Lormont, de la chambre d'hôpital au studio indépendant, décidément, l'aval, c'est l'avenir.
Dépendance : la guerre des cliniques est lancée
09 janvier 2011

La réforme annoncée par Nicolas Sarkozy ouvre un marché juteux
Chantier prioritaire du gouvernement, la réforme de la dépendance ouvre un marché énorme.

C'est le nouveau "chantier prioritaire" de Nicolas Sarkozy, et même si l'on ne connaît pas encore le financement de la réforme, une chose est sûre : la prise en charge de la dépendance des personnes âgées (12% de la population en 2030) ouvre un marché énorme pour les établissements de santé. Les grandes manœuvres ont-elles commencé à Marseille pour se tailler la part du gâteau ?

C'est ce que soupçonnent les salariés des cliniques les Trois Lucs et Mon Repos (psychiatrie), La Provençale et Valmante (rééducation cardiologique) qui ont découvert, presque par inadvertance, que leurs établissements changeaient de propriétaire au 1er janvier. "On nous a annoncé le 6 décembre, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire que ces 4 établissements rachetés en 2007-2008 par Clinea-Orpea étaient repris en location-gérance par une filiale du groupe, la société Massilia Gestion Santé", rapporte Jocelyn Duval, déléguée CGT, qui essaie d'obtenir plus d'informations sur cette opération. En vain.

"Nous ignorons tout de ce repreneur, qui ne figure même pas au registre du commerce. Nous ne savons pas s'il est solvable, ni ce qu'il veut faire de ces 481 lits et de ses 422 salariés." La direction parisienne du groupe que nous avons contactée hier a beau affirmer que "cette location-gérance ne change rien au projet d'établissements des cliniques", les salariés voient poindre une reconversion de l'activité de leurs établissements. "Tout laisse penser que ces 4 cliniques vont être réorientées vers les soins de suite, beaucoup plus rentables, et qui nécessitent moins de personnel qualifié que la psychiatrie et la cardiologie", estime la CGT.

Opinion étayée par des projets de reconversion déjà à l'ordre du jour, comme le transfert de 50 lits de psychiatrie en soins de suite à Mon Repos, ou celui de 42 lits de cardiologue de Valmante sur la clinique Bouchard. Que va devenir le personnel et comment seront assurés les besoins en psychiatrie et en cardiologie? Inquiets, les salariés des 4 établissements ont signé massivement une pétition réclamant le gel des opérations.

L'ARS, qui assure ne pas connaître le projet du repreneur, rappelle qu'elle n'a "pas de droit de regard sur l'achat ou la vente d'établissements". Quant au type d'activité pratiqué, "il faudra qu'il réponde au schéma régional d'organisation sanitaire (SROS)". Un document dont la partie relative aux soins de suite vient tout juste d'être élaborée.

dimanche 9 janvier 2011

Paris Tribune

20 janvier 2011 : Séminaire "Hôpitaux psychiatriques et prisons pendant la seconde guerre mondiale"

Des travaux sur la psychiatrie, dans le 6e arrondissement de Paris.

Suite du séminaire de recherche "Justice et psychiatrie, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours".


Dans le cadre du projet de recherche collectif ANR "Sciences, savoirs et exécutions des peines 1911-2011", le séminaire de recherche "Justice et psychiatrie, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours", organisé par les chercheurs Hélène Ballanger, chercheure au Centre d'histoire de Sciences Po, et Marc Renneville, chercheur associé au Centre Alexandre-Koyré se poursuit en 2011.
Proposé par le groupe "Corpus justice" du centre d’histoire de Sciences Po dans le cadre du programme de recherche "Sciencepeine" "Sciences, savoirs et exécutions des peines 1911-2011" (financement ANR), le séminaire de recherches est ouvert aux étudiants de master (Sciences Po et EHESS) et à toute personne intéressée.

"L’expertise psychiatrique, l’irresponsabilité pénale des malades mentaux, la prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiques, l’articulation du soin et de la peine, la possibilité d’une criminologie sont autant de questions mises en débat dans notre société. Elles sont aujourd’hui au cœur des politiques pénales occidentales et fortement médiatisées. Alors que la genèse de cette configuration médico-judiciaire au XIXe fait l’objet d’une historiographie fournie, il existe encore peu de travaux sur la période récente. Ce séminaire entend contribuer à combler cette lacune en croisant l’apport de nouvelles recherches avec les pratiques et les mémoires des acteurs de cette histoire."-

- "Hôpitaux psychiatriques et prisons pendant la seconde guerre mondiale".
Intervenantes : Isabelle von Bueltzingsloewen (Université de Lyon 2) et (sous réserve), Corinne Jaladieu (Musée virtuel de la Résistance).
Jeudi 20 janvier 2011 de 14h à 17h au Centre d'histoire de Sciences Po, 56 rue Jacob 75006 Paris.

Suite du programme en 2011 :

- "La psychiatrie en réformes : la psychothérapie institutionnelle et la sectorisation".
Intervenant : Nicolas Henckes (Centre M. Halbwachs, CNRS).
Jeudi 10 février 2011.

- "La genèse du secteur de psychiatrie en milieu pénitentiaire (1945-1994)."
Jeudi 17 mars 2011.

- "Pratiques de l’expertise psychiatrique pénale. Des années trente à nos jours."
Jeudi 7 avril 2011.

- Journée d’étude thématique comprenant une table-ronde praticiens /chercheurs.
Octobre 2011 : Biographies professionnelles et histoire de la psychiatrie en milieu pénitentiaire.

Contact mail :- Hélène Renneville.- Marc Renneville Marc Renneville.

Dimanche 9 janvier 2011
Psychiatrie : contre l'installation de juges d'application des soins

Non à l’instauration de juges d’application des soins !
Par Collectif des 39


La décision du Conseil Constitutionnel a eu un effet de sidération et de confusion sur les soignants en psychiatrie pour la raison qu'elle soulève un paradoxe qui n'est certes pas nouveau, mais qui était tant bien que mal traité au cas par cas jusqu'à présent dans la confiance relative aussi bien envers la justice qu'envers les psychiatres.

Cette décision a immédiatement comme corollaire que les placements sont avant tout des privations de liberté.

Là il nous faut réfléchir ensemble à la différence qu'il y a entre protection sociale discutable et qui doit être discutée et privation de liberté qui serait de fait reconnue par le contrôle judiciaire.

Cette décision veut dire que l'acte de protection sociale par HO et l’acte de protection d'une personne par HDT ne seraient plus assumés par la civilisation, mais par un "état objectivable dans son écart par rapport à une norme" puisque ce serait le trouble en lui-même, expertise à l'appui, qui orienterait la vérité judiciaire chargée de relier nature du trouble et privation de liberté.

Les personnes atteintes de troubles mentaux seraient ainsi, au nom du contradictoire, condamnées ou relaxées, en ce qui concerne leur placement. L'hôpital psychiatrique fonctionnerait alors comme un lieu de privation de liberté c'est-à-dire une prison et la folie comme une faute punissable!

Avec les mesures d’HO ou d’HDT, nous ne privons pas les patients de liberté, nous les écartons de la société pour nous protéger de leurs actes ou pour les protéger d’eux-mêmes et cela doit rester l'absolue exception.

Qu'une personne ainsi placée considère qu'on la prive de liberté c'est son droit le plus strict, et elle doit pouvoir obtenir un droit de recours juridictionnel qui doit lui être offert quel que soit son état, et cela, sans délai, c'est un principe de séparation du soin et du droit qui ne doit souffrir aucune exception.

Nous ne pouvons qu'être inquiets par la prise en compte dans nos démocraties de la question posée par l'accueil et les soins à dispenser auprès des personnes présentant des troubles mentaux quand nous constatons que ces derniers sont essentiellement proposés à la discussion sous l'angle sécuritaire ou judiciaire.

L'idée de perfectionner la loi de 1990 focalise la réflexion sur le temps de la contrainte, alors qu'elle devrait principalement porter sur les traitements, les prises en charge, l'accueil de la folie. Cela risque d'amplifier ce qui s'est produit dans la suite de la loi de 1990 qui n'a en rien amélioré les pratiques psychiatriques. Bien au contraire elle n'a fait qu'augmenter pour une part sensible le nombre de recours au placement en même temps qu'elle a, par effet d'aspiration, diminué les investissements de prévention, de club thérapeutique, de suivi, avec l'accroissement scandaleux du nombre de patients mis en errance, SDF, ou se retrouvant en prison.

Toute la psychiatrie moderne depuis la symbolique de l'acte Pinelien libérant le fou de ses chaînes, très précisément la symbolique qui initie la soustraction de la conception de l’acte soignant d’une contrainte des corps, n’a cessé de s'en départir contre le retour cyclique d’une psychiatrie hygiéniste, dégénérescence incluse, visant à établir une Raison comme norme avec les procédures de rejet et de traitement obligatoire qui en découlent, contre une fiction politique de la Raison, politique partageable parce que discutable et qui doit en permanence s’enrichir par la confrontation à ses limites, en particulier, avec ce que la folie interroge en nous.

C’est en ce sens que nous refusons de faire des moments exceptionnels de la contrainte le noyau organisateur de la psychiatrie. Le recours judiciaire doit être du côté des patients et non du côté d’un perfectionnisme procédural qui ne ferait que déplacer la question de la folie vers une vérité judiciaire de son traitement.

C’est en ce sens que nous refusons de voir les pratiques soignantes organisées sous le modèle de l’enquête judiciaire et de la peine. La folie n’est pas en soi un délit ou un crime.

Nous refusons les centres de rétention de 72 heures construits sur le modèle de la garde à vue.

Nous refusons la mise en place d’un juge d’application des soins sur le modèle du juge d’application des peines.

Nous refusons les traitements ambulatoires obligatoires construits sur le modèle de la liberté conditionnelle.Bref nous refusons de participer à l'organisation « contrôlitaire du soin ».

Le Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe
Gayle Rubin


Extraits de la préface de David Halperin et Rostom Mesli
« Notre amie Gayle Rubin »

Gayle Rubin est une légende vivante des études sur la sexualité et de la queer theory. Le Marché aux femmes, qu’elle écrivit lorsqu’elle était étudiante de premier cycle, devint très vite l’article d’anthropologie sociale le plus cité ; on considère qu’il a fondé les champs de la théorie féministe et des études de genre, et qu’il est à la base de tous les travaux ultérieurs sur la construction sociale du genre. En fait, Rubin semble avoir été la première anthropologue féministe à employer le mot de « gender » dans un texte imprimé. À « Penser le sexe », autre article qu’elle écrivit dix ans plus tard, on attribue la fondation des études sur la sexualité, des études gaies et lesbiennes, et de la queer theory. Par la suite, Rubin publia une série d’articles qui l’ont confirmée dans son statut de représentante la plus éminente de ce qu’elle a elle-même appelé « une théorie radicale de la politique de la sexualité ».
Au cœur de cette théorie, l’idée que voici : ce qui, dans nos sociétés, passe pour la morale sexuelle dissimule l’opération sous-jacente d’un système illégitime de stratification sexuelle que l’on accepte sans l’interroger ; cette morale sexuelle recouvre une façon d’organiser la vie sexuelle en fonction d’une hiérarchie de privilèges et de prestige qui veut que certaines formes de comportement sexuel soient approuvées et promues comme allant de soi, tandis que les autres, aussi bien que les personnes qui les pratiquent, sont considérées comme problématiques, mauvaises, inacceptables, et sont non seulement critiquées, mais aussi persécutées, pénalisées et vouées à l’élimination au nom de l’hygiène morale et sociale.

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Psychiatrie : comment Mazurelle gère la sécurité
6 janvier 2011

À l'hôpital Mazurelle, les problèmes de violence sont souvent réglés en interne. De manière marginale, il est fait appel aux forces de l'ordre. Des conventions de bonnes pratiques ont été signées.

Un protocole de « bonnes pratiques » a été signé hier avec les gendarmes. L'occasion de découvrir comment l'hôpital gère les relations avec les forces de l'ordre : problèmes de violence, auditions...


Décembre 2004. À l'hôpital psychiatrique de Pau, une aide-soignante et une infirmière sont assassinées par un patient. Le fait divers, très médiatisé, met en lumière des carences dans la gestion de la santé mentale en France : les effectifs, le manque de psychiatres... En signant, hier, une convention de « bonnes pratiques » avec les gendarmes de Vendée, la directrice de l'hôpital Mazurelle, Corinne Williams-Sossler, a évidemment souligné qu'elle est une déclinaison locale de l'accord national de 2005. Les ministères de la Santé et de l'Intérieur avaient en effet souhaité davantage de concertation entre les hôpitaux psychiatriques et les forces de l'ordre.

Le rendez-vous est l'occasion de découvrir comment l'hôpital Mazurelle gère ces relations tout en étant « attaché à l'esprit de l'hôpital ouvert sur la cité ». La convention avec les gendarmes concerne essentiellement les points d'accueils répartis dans le département, mais aussi la Maison d'accueil de jour inaugurée cet été à Longeville-sur-Mer (40 places). « Évidemment, les pratiques ressembleront beaucoup à celles que nous avons mises en oeuvre avec le commissariat sur notre site de La Roche-sur-Yon », souligne Corinne Williams-Sossler.

Violences, hospitalisations d'office, auditions de patients ou de personnel, fugues, présence d'importuns auprès des patients... : les contacts avec les forces de l'ordre sont incontournables pour l'hôpital. « Heureusement, la plupart des problèmes de violence sont réglés en interne », insiste la direction. Les hospitalisations d'office sont aussi marginales : au nombre d'une quarantaine en 2009, elles représentent moins de 2 % des 2 250 hospitalisations adultes « complètes ». Le colonel Francis Brice souligne : « Nous avons été appelés récemment à Fontenay. Le personnel avait besoin qu'on lui prête main-forte. C'est loin d'être systématique : certains patients ont besoin de soins mais ne sont pas dangereux. »

« Garder l'hôpital ouvert »
Signé en 2007, l'accord avec les policiers a conduit à réévaluer les dispositifs de sécurité dans l'établissement et notamment à la maison d'accueil spécialisé (60 places). La directrice détaille : « Sur les conseils de la police, nous avons amélioré l'éclairage, posé des barrières, des détecteurs de présence, de la vidéosurveillance... Cela a donné lieu à d'importantes discussions avec le personnel : nous ne voulions pas recréer des murs alors que les chiffres, parmi les meilleurs de France, nous confortent dans notre choix d'ouverture. »

Des formations de prévention de la violence ont été mises en place, une ligne directe a été ouverte et des réunions de concertation forces de l'ordre/hôpital sont régulièrement organisées. En interne, l'organisation du renfort a également été revue : chaque unité de soins compte au minimum deux agents présents et, en cas de besoin, l'alerte permet de faire venir sept agents le jour, cinq la nuit. Le tout en gardant un minimum de deux agents par unité de soins... « Pas évident dans un contexte de réduction des effectifs », « sourit » Corinne William-Sossler.
Claire HAUBRY.
L'hôpital psy pour détenus est enfin vraiment sur les rails
27 décembre 2010


Il sera construit à Seclin, derrrière l'hôpital. Un projet longtemps retardé. Soixante lits seront ouverts à terme pour soigner les détenus souffrant de troubles psychiatriques. Ils sont nombreux.
FLORENCE TRAULLÉ

La loi remonte à 2002. Elle prévoyait la création d'UHSA (Unités hospitalières spécialement aménagées) pour prendre en charge les détenus souffrant de troubles psychiatriques. Huit ans plus tard, une seule unité existe en France, ouverte en juin à Lyon. Mi-décembre, le jury a retenu une équipe pour la réalisation de l'UHSA qui sera construit derrière l'hôpital de Seclin. « On est dans la phase finale du choix » , explique Christian Caplier, un des directeurs adjoints du CHRU de Lille, l'établissement qui aura la charge médicale des lieux. Début janvier, ça devrait être bouclé, le projet pressenti devant être finalisé. Ensuite, dépôt de la demande de permis de construire, soumission du projet aux Bâtiments de France, vu la proximité avec l'ancien hôpital de Seclin, un site classé, fouilles d'archéologie préventive... Christian Caplier mise sur une ouverture d'une première partie de l'UHSA avant Noël 2012. Enfin.
Il n'est que temps. Alain Jego, directeur régional de l'administration pénitentiaire, qui sera chargée de sécuriser les lieux, est partisan de ce type de nouvelles structures : « C'est une vraie nécessité. La prison est devenue un lieu asilaire pour des personnes malades et cela dépasse largement ses fonctions. » La bonne solution, ces nouveaux hôpitaux psychiatriques entièrement dédiés aux détenus ? « En tout cas, il faut essayer. On n'a pas le choix. » Lors d'une récente journée d'études sur le thème psychiatrie et justice, le sénateur nordiste Jean-René Lecerf, devenu spécialiste des questions carcérales, évaluait à « 10 % le nombre de personnes incarcérées qui sont dans un état psychiatrique tel que leur peine n'a strictement aucun sens pour eux ». Un constat que partage le professeur Pierre Thomas (lire ci-dessous) qui, en temps que responsable du SMPR (le service médico-psychologique régional, chargé des soins psychiatriques en prison) est le maître d'oeuvre du projet d'UHSA pour le volet médical.

Si Jean-René Lecerf dénonce les conditions actuellement déplorables dans lesquelles s'effectuent les soins psychiatriques en prison, il s'interroge sur le principe même des UHSA même si « c'est une avancée considérable pour les soins apportés aux malades lourds. Aujourd'hui, la seule option pour les soigner ailleurs qu'en détention, c'est l'hospitalisation d'office ». Problème : les hôpitaux psychiatriques ne sont plus adaptés à ces patients qui nécessitent une surveillance. Quelques UMD (unités pour malades difficiles) existent bien en France mais trop peu nombreuses. Et elles ont besoin de place pour des patients qui n'ont pas, majoritairement, eu de problèmes avec la justice. Résultat : dans les hôpitaux, « il arrive que des détenus hospitalisés soient attachés sur leurs lits. Ils n'ont alors qu'une envie : retourner au plus vite en prison ». Où les soins touchent très vite leurs limites. Un cercle vicieux.
Jean-René Lecerf, qui avoue que la découverte de l'univers carcéral aura été « le grand choc » de sa vie de parlementaire, se demande si la création des UHSA ne poussera pas « les jurés à envoyer en prison, avec bonne conscience, des personnes qui n'ont rien à y faire et qui doivent, d'abord et avant tout être soignées ». Pour lui, la vraie question est « d'éviter que ces gens entrent en prison ».
Quand il avait été question de créer l'UHSA régionale à Saint-André (le maire Olivier Henno s'y était violemment opposé), des psychiatres s'interrogeaient sur l'opportunité d'un tel lieu, résumé par certains à un « hôpital prison ». Le professeur Thomas assure que, désormais, « il n'y a plus de polémique » et, de toute façon, « vu la situation actuelle, lamentable, l'UHSA ne peut qu'être un plus. Tout le monde l'appelle de ses voeux ».
Restera à recruter les personnels médicaux. Si pour les psychiatres (quatre équivalents temps plein), ça ne devrait pas poser problème, Christian Caplier sait, d'avance, que trouver des infirmiers (une cinquantaine) « ne sera pas facile, d'autant que le CHR devra faire face en 2012 à de nombreux départs en retraite ».

Efficacité des interventions précoces, la thérapie familiale et la thérapie cognitivo-comportementale pour le traitement de psychose
Dans un récent numéro du British Journal of Pschiatry a été publiée une revue systématique d’essais cliniques de services d’interventions précoces, thérapie familiale et thérapie cognitivo-comportementale pour les personnes souffrant de psychose.

Selon les résultats, les interventions précoces réduisent le nombre d’admissions à l’hôpital, le taux de rechute et la sévérité des symptômes. La thérapie familiale de son côté réduit les taux de rechutes et d’admissions à l’hôpital. La thérapie cognitivo-comportementale quant à elle aide à réduire la sévérité des symptômes.

Pour plus d’information, consultez l’article disponible en accès libre :
Bird, V., Premkumar P., et al. (2010) Early intervention services, cognitive-behavioural therapy and family intervention in early psychosis: systematic review. British Journal of Psychiatry, 197:350-356. PDF

jeudi 6 janvier 2011

Le DSM 5 au milieu du gué
Publié le 31/12/2010

Concernant officiellement « le diagnostic et les statistiques » des troubles mentaux, le DSM est devenu un passage obligé de la littérature psychiatrique. Adulé outrageusement par certains, mais diabolisé par d’autres, comme stigmate exemplaire d’une Amérique triomphante et d’une mondialisation en forme de capitulation pour la « vieille Europe », détrônée jusque dans son pré carré intellectuel, tel l’héritage des aliénistes classiques, alors qu’on pouvait encore affirmer, au premier choc pétrolier, « n’avoir pas de pétrole mais des idées ! » The American Journal of Psychiatry évoque sa prochaine mouture, prévue pour 2013, le DSM-5.

Les révisions successives de ce célèbre manuel visent à intégrer les connaissances croissantes en psychiatrie, pour proposer des critères diagnostiques de plus en plus précis, en correspondance avec la psychopathologie « officielle », dans la mesure où des observateurs différents sont censés parvenir au même diagnostic en utilisant le DSM.
Cependant, cet objectif doit être recherché tout en conservant l’intérêt clinique des critères de diagnostic, à des fins d’utilisation pratique, fiable, et valable aussi bien pour les médecins (en vue d’une thérapeutique) que pour les chercheurs (dans une perspective épidémiologique et de prévention).

Pour les auteurs, il est donc essentiel que des essais développés sur le terrain viennent régulièrement conforter ces efforts d’analyse théorique, en replaçant les conceptions nosographiques dans le contexte des réalités cliniques. Entre autres considérations, la notion de fiabilité s’impose. Elle peut s’apprécier en statistiques par un paramètre, le kappa de Cohen [1], un test mesurant l’accord entre deux observateurs distincts lors d’une évaluation qualitative (comme il en existe notamment dans un contexte diagnostique). Selon les auteurs, cette quantification d’un accord mutuel entre évaluateurs apporte aussi une mesure sur la validité de la correspondance entre certains critères et un diagnostic. Cette démarche statistique illustre parfaitement le changement de paradigme entre la psychiatrie « ancienne » (basée sur une étude de cas humaniste, voire philosophique) et « nouvelle » (ambitionnant pour son corpus de références, le DSM, une rigueur empruntée aux sciences exactes). 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Kappa_de_Cohen
Dr Alain Cohen

Chmura Kraemer H et coll. : Moving toward DSM-5 : the field trials. Am J Psychiatry 2010 ; 167-10 : 1158–1160.
Retour vers le lithium
Publié le 30/12/2010   

La prévention des rechutes est le principal objectif dans les troubles bipolaires de type I (alternance d'épisodes maniaques et dépressifs). On dispose essentiellement pour ce faire de 3 armes thérapeutiques, le lithium, les anti-épileptiques au premier rang desquels se situent le valproate de sodium et les neuroleptiques de seconde génération.

Au fil des années, la part du lithium dans les prescriptions a très sensiblement diminué (des 3 quarts entre 1992 et 1999 aux Etats-Unis) tandis que celle du valproate était multipliée par près de 3. Ceci s’explique en partie par le fait que la plupart des recommandations privilégient aujourd’hui en première intention le valproate et conseillent le passage au valproate ou à une association lithium-valproate en cas de rechutes fréquentes sous lithium.

Cependant, malgré le long recul dont nous disposons avec ces médicaments, leurs indications en monothérapie ou en association ne sont pas étayées par des essais randomisés d’ampleurs et de durées suffisantes.

C’est pourquoi un groupe international indépendant a initié en 2001 l’étude BALANCE (pour Bipolar Affective disorder :Lithium/ANtiConvulsant Evaluation).

330 patients tolérant les deux traitements

Trois cent trente patients souffrant de trouble bipolaire de type I pour lesquels un traitement préventif des rechutes paraissait indiqué ont été inclus dans cet essai randomisé ouvert. La randomisation avait été précédée par une période de « run-in » de 4 à 8 semaines au cours de laquelle ont été sélectionnés des patients tolérant l’association lithium-valproate et observant correctement leur traitement (prise de plus de 70 % des médicaments prescrits). Ces malades ont alors été assignés au hasard à l’un des trois groupes suivants :

- lithium à une posologie permettant une concentration plasmatique entre 0,4 et 1 mmol/L (n=110),
- valproate à une posologie entre 750 et 1 250 mg/j (n=110),
- association lithium-valproate.

Le critère principal de jugement (validé par des observateurs ignorant le groupe auquel était assigné les patients) était la nécessité d’une intervention (modification thérapeutique ou hospitalisation) pour l’apparition d’un trouble de l’humeur (épisode maniaque ou dépressif). Le suivi a duré deux ans.

Une supériorité du lithium et de la bithérapie

Cinquante-quatre pour cent des patients sous l’association, 59 % des malades sous lithium seul et 69 % des sujets sous valproate ont nécessité une nouvelle intervention thérapeutique. Ceci correspond à une réduction significative du risque de rechute de 41 % avec la bithérapie par rapport au valproate seul (intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre -17 et -58 % ; p=0,0023) et de 29 % avec la monothérapie par lithium par rapport au valproate seul (IC95 entre - 49 % et 0 ; p=0,0472). En revanche la supériorité de l’association sur le valproate seul n’était pas significative (p=0,27). Une même tendance en faveur du lithium ou de la bithérapie a été constatée pour tous les sous groupes de patients (en fonction du nombre et de la nature des épisodes de troubles de l’humeur dans les antécédents) et lorsque l’analyse ne portait que sur les rechutes maniaques.

Des conséquences pratiques importantes


Même si, pour des raisons logistiques, cette étude n’a pas été conduite en double aveugle, pour ses auteurs elle permet de tirer certaines conclusions utiles en pratique clinique. Chez les patients qui tolèrent le valproate et le lithium, les traitements de première intention les plus efficaces sont le lithium ou la bithérapie lithium-valproate. En cas de rechutes fréquentes sous lithium, l’association au valproate pourrait être préférable au valproate seul.

Il faut par ailleurs souligner le fait qu’aucune des trois thérapeutiques testées ne donne, pour la majorité des patients, des résultats durables à moyen terme, puisque, même avec la bithérapie, plus de la moitié des malades ont nécessité une nouvelle intervention thérapeutique sur une période de 2 ans. Il reste donc à évaluer dans le cadre d’essais comparatifs d’autres molécules et d’autres associations.

Quant à la tolérance des schémas thérapeutiques testés, elle ne pouvait être valablement évaluée par BALANCE puisque les malades avaient été sélectionnés pour leur absence d’effets secondaires sous l’association.

Quelles que soient les limites de ce travail, il doit être salué comme une tentative remarquable d’éclairer le choix des cliniciens de façon objective.
Dr Nicolas Chabert
Psychose : racines sociales ou susceptibilités génétiques ?
Publié le 29/12/2010    

La composante génétique de la schizophrénie est bien documentée, de même que les facteurs de risque liés à la biographie de l’intéressé (comme le fait d’avoir eu une enfance défavorisée). Certes, des travaux récents tendent à impliquer des éléments socio-économiques émaillant l’enfance, dans le déterminisme ultérieur d’une schizophrénie. Mais dans la mesure où les conditions matérielles de la famille sont étroitement liées à la santé mentale des parents (dépendant elle-même parfois de facteurs de vulnérabilité génétique transmissibles à la descendance), il est donc très difficile de départager ces divers éléments endogènes (naturels, génétiques) ou exogènes (culturels, environnementaux). Émanant du prestigieux Institut Karolinska de Stockholm où sont décernés les Prix Nobel de Médecine, une étude suédoise observe, parmi plus de 13 000 enfants nés entre 1955 et 1984 et élevés par des parents adoptifs, une évolution vers une psychose non affective chez 230 d’entre eux (le diagnostic de schizophrénie étant porté près de quatre fois sur dix). On constate une augmentation du risque de psychose non affective parmi ces enfants adoptés, même en l’absence d’antécédents familiaux de psychose chez la famille biologique, lorsqu’elle est connue. Une telle vulnérabilité liée au seul contexte biographique (et non aux gènes) se rattache à plusieurs phénomènes socio-économiques dans la famille adoptive : chômage, famille monoparentale, logement en appartement (plutôt qu’en maison individuelle)... Confirmant qu’un statut socio-économique médiocre aggrave le risque de psychose, cette étude suggère aussi, estiment les auteurs, que cette sorte de « handicap social » augmente particulièrement ce risque chez les enfants ayant, de surcroît, une susceptibilité génétique dans ce domaine.
Dr Alain Cohen

Wicks S et coll. Social risk or genetic liability for psychosis ? A study of children born in Sweden and reared by adoptive parents. Am J Psychiatry 2010 ; 167(10) : 1240-1246.


 
Comment combattre la déprime après les fêtes ?
Par Anne Jeanblanc

Soulagement pour les uns ou, au contraire, dur moment à passer pour les autres, le retour au travail après les fêtes de fin d'année est diversement vécu. Dans le premier groupe, on trouve tous ceux pour qui les réveillons sont des passages imposés qui impliquent de se retrouver au milieu de parents peu unis et capables de se disputer à la moindre occasion. Y figurent aussi souvent les familles recomposées, obligées de multiplier les repas pour satisfaire tout le monde. Les autres quittent à regret cette période privilégiée de retrouvailles et de temps pour les échanges. D'autre part, les mois d'hiver sont particulièrement rudes pour tous ceux qui souffrent de dépression saisonnière.

"On connaît bien depuis très longtemps l'influence de la luminosité sur le moral des gens", explique le Dr Sylvie Angel, psychiatre à Paris. "Plus les jours raccourcissent, plus ils se sentent déprimés. Et il n'est pas nécessaire de se rendre dans un pays très ensoleillé et chaud pour aller mieux, il faut simplement bénéficier d'une bonne lumière, comme celle que l'on trouve aux sports d'hiver quand le ciel est clair." Ou comme en proposent les appareils de luminothérapie, dont le succès est croissant. Certains hôpitaux en sont équipés. Il existe aussi des lampes pour les particuliers et même des appareils permettant un "éveil lumineux" progressif. Une façon très physiologique de sortir des bras de Morphée.

Les femmes plus dépressives que les hommes


Selon les études, la dépression saisonnière toucherait une personne sur cinq, le plus souvent des femmes. Ces victimes de l'hiver sont assez faciles à identifier : tristes en permanence, parfois irritables, elles passent le plus de temps possible sous la couette et ont tendance à manger plus que d'habitude, notamment des sucreries. "Le stress aggrave encore la situation", poursuit la spécialiste. Or cet hiver précoce et neigeux, à l'origine de multiples complications au quotidien et donc de tensions répétées, a contribué au mal-être des individus déjà fragilisés par la dépression saisonnière.

C'est pourquoi il est fortement conseillé aux personnes qui ne vont pas bien de consulter un psychiatre, tout comme elles se rendent chez leur généraliste quand elles ont des problèmes physiques. "Une consultation précoce et unique peut être positive", affirme Sylvie Angel. "Faire le point avec un psy n'implique pas de commencer une psychothérapie plus ou moins longue, comme on en pratiquait il y a quelques décennies. Les thérapies brèves ont beaucoup progressé. Elles doivent permettre d'aider les patients tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Tout est lié. Il ne faut pas qu'une dépression hivernale - ou tout autre problème - finisse par poser des problèmes au travail, faire exploser le couple et retentisse sur les enfants, alors qu'une solution peut être trouvée en quelques entretiens." En psychiatrie aussi, la prévention est possible et nécessaire.

* Bien choisir sa psychothérapie, par Pierre et Sylvie Angel (éditions Larousse, avril 2010)

mercredi 5 janvier 2011

 Bobards et médicaments

 30.12.10
J'enrage d'entendre les responsables politiques de tous bords réclamer « la transparence » sur le circuit du médicament en France après le scandale du Mediator. J'enrage parce qu'ils nous font croire qu'ils découvrent seulement à l'aune de cette affaire que quelque chose ne tourne pas rond dans notre pays champion d'Europe de la consommation pharmaceutique. Incroyable cas d'école, le Mediator concentre tous les travers, depuis longtemps connus et analysés, du système.

Chaque scandale sanitaire s'accompagne de grandes déclarations d'intention et de demande de rapports qui finissent au fond d'un tiroir.

Prenons, par exemple, l'affaire du Vioxx. Accusé d'aggraver les risques cardio-vasculaires, cet anti-inflammatoire vedette du laboratoire américain Merck est retiré du marché mondial en septembre 2004. A juste titre, la mission d'information de la commission des affaires sociales du Sénat se penche alors sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Après sept mois de travaux et plus de quarante auditions, un rapport exhaustif est rendu public en juin 2006.

Que dit-il ? Que le circuit des produits pharmaceutiques remboursés par la Sécurité sociale « souffre d'un manque de transparence et d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique ». Qu'à « tous les niveaux », les laboratoires sont omniprésents : financement des agences sanitaires, formation continue des médecins, conflits d'intérêts des experts chargés d'évaluer les produits. Qu'il faudrait développer les études post-AMM (autorisation de mise sur le marché) afin de mieux repérer les éventuels effets indésirables d'un produit pharmaceutique lors de son utilisation « en vie réelle » (et pas seulement sur un échantillon réduit de personnes lors des essais cliniques). Que l'industrie pharmaceutique « s'est imposée comme le premier vecteur d'information des professionnels de santé ». Qu'il ne faut donc pas s'étonner que la France soit confrontée à « des problèmes de prescriptions inadaptées et de surconsommation médicamenteuse ». Que, dès leurs études et tout au long de leur carrière, les médecins évoluent dans un environnement où « l'absence de neutralité » est la règle. Que, dans les facultés de médecine, la pharmacologie est « le parent pauvre » des enseignements. Que les milliers de visiteurs médicaux qui vont promouvoir les produits de leur firme dans les cabinets de ville « influencent les comportements de prescription ». Que les laboratoires « noyautent » la presse médicale.

Bref, en 2006, ce rapport du Sénat dénonce tout ce que l'on s'étonne de découvrir aujourd'hui. Alors, en 2011, on fait quoi ?
Sandrine Blanchard
La revue "Prescrire" dénonce de nouveaux médicaments "à retirer du marché"
LEMONDE.FR avec AFP | 03.01.11

Il pourrait devenir le nouveau Mediator. Le buflomédil, un médicament vasodilatateur, c'est-à-dire qui permet de dilater les vaisseaux sanguins pour diminuer la pression artérielle, provoque des effets indésirables cardiaques et neurologiques parfois mortels.

Ce sont les conclusions de la revue médicale indépendante Prescrire, qui décortique régulièrement les bienfaits et les méfaits des médicaments, dans son numéro de janvier. Ce médicament, "commercialisé depuis plus de 20 ans en France" et "sans intérêt thérapeutique démontré", a ainsi "des effets indésirables, parfois mortels, en particulier en cas de doses élevées ou inadaptées à l'insuffisance rénale." "Il faut le retirer du marché", juge donc Prescrire.
 
SITUATIONS À RISQUES CONNUES DEPUIS 2006

"Un compte rendu de la Commission nationale de pharmacovigilance de l'Agence française du médicament (Afssaps) a révélé que plusieurs dizaines de cas d'effets indésirables graves avec ce médicament, dont plusieurs mortels, ont été notifiés entre 2007 et 2009", poursuit la revue, qui avait déjà joué un rôle d'alerte sur les dangers du Mediator, commercialisé depuis 1976 et finalement retiré du marché en novembre 2009.

En 2006 déjà, les effets indésirables, les situations à risques et l'absence de bénéfice clinique tangible du buflomédil étaient donc connus. "Plutôt que de retirer ce médicament du marché, les autorités ont décidé de retirer uniquement le dosage fort. La consommation de ce médicament a baissé de moitié entre 2006 et 2009, mais manifestement cela n'a pas suffi à mettre les patients à l'abri".

"Combien de victimes faut-il encore aux firmes concernées ou à l'Afssaps (agence des produits de santé) pour décider de retirer ce médicament du marché ?" conclut Prescrire.

DEUX AUTRES MÉDICAMENTS DANS LE COLLIMATEUR


Prescrire revient aussi notamment sur un anti-inflammatoire "pas plus efficace que de nombreux autres", le nimésulide (Nexen) "encore commercialisé malgré des hépatites graves", plus de 500 selon un rapport de la Commission d'autorisation de mise sur le marché européenne. Ce médicament a été retiré du marché en Finlande et en Espagne en 2002, et aussi notamment en Argentine, en Belgique, en Irlande, à Singapour.

Également dans le collimateur, la vinflunine (Javlor) un anticancéreux utilisé dans le traitement de certains cancers avancés de la vessie qui présente "une balance bénéfices-risques défavorable" (fréquents troubles sanguins, parfois mortels, troubles intestinaux, neurologiques, ou cardiaques). Prescrire dénonce le "prix très élevé" accepté par les pouvoirs publics pour ce médicament "à éviter".

dimanche 2 janvier 2011

Les Livres de Psychanalyse
Savoir inconscient et droits de l'homme

Revue INSISTANCE - Coordination : Alain DIDIER-WEILL - Paolo LOLLO








Décembre 2010
Éditions Erès – 25 €


À quelles conséquences prêtent la reconnaissance ou la nonr econnaissance de « l'homme » qui est annoncée dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ? À ceux qui considèrent que la croyance en « l'homme » universel contribue au désordre du monde, s'opposent ceux qui se trouvent poussés à affirmer que c'est, au contraire, sa négation qui induit le malaise de notre culture. Au delà de sa dimension d'universalité, l'expression « l'homme » évoque aussi un indéterminé qui, en posant l'existence d'un au-delà du déterminé, demande au philosophe, à l'homme politique, à l'artiste, au psychanalyste de se prononcer sur le sens qu'acquiert aujourd'hui pour eux le mot « liberté ». La psychanalyse maintient vivace le droit de l'homme à devenir ce qu'il n'est pas encore, en accentuant - au-delà des différents articles de la déclaration universelle - l'existence d'un article unique et absolu : droit de l'homme devenu parlant à se reconnaître et se faire reconnaître comme parlant : tout à la fois endetté et libéré par la parole.

Ont participé à ce numéro : Gerard ALBISSON - Fabienne ANKAOUA - Dominique BERTRAND - Pascale CHAMPAGNE - Jean CHARMOILLE - Danielle CHARMOILLE - Marco antonio COUTINHO JORGE - Eric DIDIER - Claire GILLIE-GUILBERT - Claude MAILLARD - Denise MAURANO - Colette MAURI - MITCHELEE - Jean NOEL - Baldine SAINT GIRONS - Charles SARFATI - France SCHOTT-BILLMANN - Frederic VINOT - Jean-michel VIVES - Alain ZAEPFFEL -

Les Livres de Psychanalyse

Répondre de la parole
Daniel Lemler

Janvier 2011
Erès – 23 €


« Mais où est passée l'humanité dans tout cela ? » Ce cri du coeur, poussé par une femme venant d'effectuer un long parcours en « FIV » dans un grand service parisien, introduit magistralement la question qui sera traitée dans cet ouvrage.

Alors que nombreux sont ceux qui déplorent la déshumanisation de notre société, l'auteur pose la question. « Quelle est ta part dans ce qui t'arrive ? », qui pourrait être le symbole de notre lutte contre la déshumanisation. Elle nous interpelle au lieu de notre subjectivité et nous invite à être hic et nunc, auteur de notre parole et d'en répondre.





Assemblée de Paris - L'homme, entre loups et rats
Association : APJL - Activité coordonnée par Pierre Bruno et Patricia León


Lieu : Centre Hospitalier Sainte -Anne, Amphithéâtre Morel, 1 rue Cabanis, 75014.
Métro Glacière. ENTREE LIBRE.

14 h – 16 h : Le cas : “L’homme, entre loups et rats” 16h30 – 18h : Questions affines
1-14H-16H : Le cas.
“L’homme, entre loups et rats”
-11 décembre : Pierre Bruno : L’homme, entre loups et rats.
-15 janvier : Gabrielle Gimpel-Devallet : Est-ce que la jouissance féminine primaire existe ?
-12 février : Marie-Jean Sauret : Y a t-il quelque chose de “raté” ou de “loupé” chez notre contemporain ?
-19 mars : Patricia León : Le souvenir déchiré.
-9 avril : Isabelle Morin :Entre morsure et regard.
-21 mai : Sophie Mendelsohn : L’animal chez Freud, une manière d’aborder le réel du symptôme ?
-25 juin : Véronique Sidoit : Quelle « petite femme » pour l’homme Kafka ?

2-16H30-18H : Questions affines
:
" Dans la partie dédiée aux "questions affines", les différents espaces de travail : "psychanalyse et institutions", "psychanalyse et médecine", "psychanalyse et poésie", "psychanalyse et politique" « clinique et topologie » continueront à nous présenter leurs avancées et propositions de recherche.

• Clinique et topologie. Responsable : Laure Thibaudeau.
• Psychanalyse et institutions. Responsable : Carlos Ramos.
• Psychanalyse et médecine. Responsable : Ramon Menendez.
• Psychanalyse et poésie. Responsable : Claudine Casanova.
• Psychanalyse et politique. Responsable : Véronique Sidoit

http://www.apjl.org/

 
Nouvelles Psychanalytiques

Colloque de Cerisy : Le langage, l’inconscient, le réel

Du 18 au 22 mai 2011 - Organisé par : Espace analytique et l’Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien




Commission d’organisation : Bernard Toboul, Alain Vanier et Vannina Micheli Retchman pour Espace analytique

Colette Soler, Marc Strauss et Sylvana Clastres pour l’EPFCL.

JEUDI

Matin :
Président : Bernard Nominé.
Christian Hoffmann : "Lorsque le réel mord sur sur la métapsychologie"
Bernard Toboul : Le principe de jouissance.
Colette Soler : « L’énigme du savoir réel »

Après-midi :
Président : Anita Izcovich
Elizabete Thamer : De l’impossible logique à l’ICSR.
André Michels : L’inconscient : de l’irrationnel au réel.
Paul-Laurent Assoun : De la réalité au réel : l’envers inconscient du semblant

Vendredi.
Matin
:
Président : Danièle Eleb
Patricia Dahan : La lettre et lalangue.
Jacques Adam : De lalangue et des arts.
Bernard Baas : « Poétique » de la psychanalyse.

Après midi :
Président : Catherine Vanier
Vannina Micheli Retchman : L’anorexique, l’objet a et le réel.
Marc Strauss : Une fin réelle ?
Michel Bousseyroux : L’ICSR : effets et conséquences sur la cure.

Samedi.
Matin
:
Président : Guy Sapriel
Patrick Landmann : Au-delà du roc de la castration
Sol Aparicio : L’heur de vivre avec son symptôme.
Jean-Richard Freymann : La clinique psychanalytique entre science et religion.

Après-midi :
Président : Claude Leger
Roland Chemama : Qu’est ce que peut « faire pièce » au discours capitaliste ?
Sidi Askofaré : Pouvoir de l’inconscient, politique de la psychanalyse.
Alain Vanier : Politique de la psychanalyse ?

Dimanche matin.
Discussion générale et débat clôture.
(Vannina Micheli Retchman, Bernard Toboul, Colette Soler, Alain Vanier, Sylvana Clastres et Marc Strauss)





A quoi reconnait-on une psychose ? Le séminaire 2010-2011 de Pierre-Henri Castel disponibles en mp3

http://pierrehenri.castel.free.fr/

Pierre-Henri Castel : “Le séminaire de cette année reviendra notamment sur Schreber, à partir de ma traduction des Paradoxes of Delusion : Schreber, Wittgenstein, and the Schizophrenic Mind, de Louis Sass, à paraître en janvier 2011. Comme les années précédentes, l’accent sera mis sur les critères, les enjeux psychanalytiques étant éclairés à partir de réflexions épistémologiques et historiques sur la notion de « psychose ». Le séminaire partira d'une analyse d'une nouvelle de Henry James, "The Altar of the Dead", qui aborde la question de la mélancolie.”

> à télécharger sur archive.org


La France condamnée pour manque de soins envers une détenue

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné, mardi 21 décembre, la France pour ne pas avoir permis à une détenue malade et anorexique de 48 ans d'être soignée dans un structure adaptée, en aménageant sa peine. Virginie Raffray Taddei, actuellement en détention à Roanne, a déposé à plusieurs reprises ces dernières années des demandes de suspension de peine et/ou de libération conditionnelle pour raisons médicales.

Les expertises ont mis en doute certaines des pathologies alléguées par Mme Raffray. Mais elles ont attesté qu'elle souffrait d'un asthme grave, d'une insuffisance respiratoire chronique, d'anorexie et du syndrome de Münchhausen, une forme d'hypocondrie extrême où le malade en vient à essayer de provoquer les symptômes des maladies dont il dit souffrir.

Après une grève de la faim en juillet 2008, la détenue est devenue anorexique. Elle pesait 34 kg pour 1,65 m selon un examen réalisé en mars 2009. Cette année-là, plusieurs expertises médicales ont préconisé une prise en charge de la patiente dans une structure adaptée. La justice française a pourtant rejeté les demandes de suspension de peine de Virginie Raffray. "La seule condition de la nécessité de soins ne suffit pas à ouvrir au condamné un droit à la libération conditionnelle, mesure qui exige de ce dernier qu'il manifeste 'des efforts sérieux de réadaptation sociale'", a expliqué la cour d'appel de Lyon, qui a jugé insuffisants les efforts de Mme Raffray, notamment pour indemniser les victimes de ses délits. Les autorités ont à plusieurs reprises fait valoir que Mme Raffrey instrumentalisait ses maladies pour pouvoir sortir de prison.

Mais pour la CEDH, "l'absence de prise en compte par les autorités nationales de la nécessité d'un suivi spécialisé dans une structure adaptée", le fait qu'elle ait au contraire été transférée à deux reprises, et la durée de la procédure, constituent une violation de l'article 3 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme, qui proscrit les "peines ou traitements inhumains". L'arrêt de la Cour, susceptible d'appel, n'a pas accordé de dommages à la requérante, qui n'en avait pas demandé.
ÉTATS-UNIS • Les villes se mobilisent pour reloger les sans-abri

Un plan ambitieux vise à installer 100 000 sans-abri dans des logements pérennes d'ici à mi-2013. Cette campagne s'appuie sur un vaste réseau d'associations et mise sur la coopération des municipalités.


En 6 mois la campagne "100 000 Toits" est présente presque partout aux États-Unis.

C'est l'histoire d'un plan pour qu'il n'y ait plus de SDF aux Etats-Unis. Non pas une vague "guerre au problème des sans-abri", mais une action méthodique pour éliminer un énorme problème social. Chaque jour, approximativement 700 000 personnes passent la nuit dehors dans tout le pays. Parmi elles, 120 000 sont des sans-abri "chroniques". Elles vivent souvent dans la rue depuis plusieurs années et souffrent de toxicomanie, handicaps mentaux et maladies graves comme le diabète, le cancer et des affections du cœur. Sans aide directe, beaucoup resteront à la rue jusqu'à la fin de leurs jours.

Devant cette situation, une initiative baptisée 100 000 Homes Campaign [Campagne pour 100 000 toits] s'est donnée pour objectif de placer 100 000 sans-abri chroniques dans des logements pérennes d'ici à mi-2013, en ciblant ceux qui sont le plus en danger de mort. En matière d'aide sociale, c'est l'équivalent de la course de la NASA pour envoyer l'homme sur la Lune. Cette campagne n'atteindra peut-être pas son but, mais elle est en train de changer la façon dont les villes abordent un problème souvent considéré plus comme une nuisance que comme une urgence de santé publique.

Cette campagne a été lancée en juillet dernier par une association new-yorkaise appelée Common Ground, avec l'aide de vingt autres organisations spécialisées dans l'aide aux sans-abri, les anciens combattants, les personnes atteintes de troubles mentaux, le logement et les soins de santé. Elles ont déjà été rejointes par 64 municipalités. Pour l'instant, 6 816 personnes ont trouvé un toit, et les organisateurs affirment que les choses s'accélèrent. New York, Denver, Wichita, Kansas et Norfolk, par exemple, ont fait baisser le nombre de personnes vivant dans la rue de 25 % à 64 %. Elles sont parvenues à ce résultat en orientant les sans-abri vers des logements où ils bénéficient de services de soutien – entre 85 % et 90 % d'entre eux en ont fait leur domicile.

"Aucun système n'avait jamais été expressément mis en place pour sortir les gens de la rue et leur donner un toit", explique Rosanne Haggerty, fondatrice de Common Ground. L'association a aidé 20 villes américaines, dont New York, La Nouvelle-Orléans et Denver, à diminuer leur population de SDF. "Le problème n'est pas si difficile que ça à régler, mais il manquait le tissu conjonctif." Le principal rôle de la campagne est d'aider les villes à apprendre comment créer ce tissu.

Mme Haggerty a elle-même dû en faire l'apprentissage à la fin des années 1990 lorsque Common Ground a ouvert le Times Square Hotel, qui était alors la plus grande résidence du pays, et qu'elle a vu que cela ne faisait pas baisser le nombre de sans-abri autour de Times Square. Alors, en 2003, elle a lancé un programme appelé Street to Home [De la rue à un toit] et recruté une diplômée de West Point, Becky Kanis, qui avait passé neuf ans dans l'armée. Ensemble, elles sont allées trouver chacune des 55 personnes qui vivaient dans la rue près de Times Square pour les convaincre d'accepter un hébergement.

Elles voulaient savoir comment les gens vivaient dans la rue, et elles ont été choquées lorsqu'elles ont vu comment ils y mouraient, souvent entre  40 et 60 ans. Common Ground a également appris que la population des sans-abri se composait de plusieurs sous-groupes. L'association a maintenant interrogé 14 000 sans-abri chroniques et déterminé que 20 % sont des anciens combattants, 10 % sont âgés de plus de 60 ans, 4 % sont séropositifs, 47 % sont atteints d'une maladie mentale et 5 % restent dans la rue parce qu'ils ont des animaux et n'arrivent pas à trouver de logement qui les accepte.

De nouvelles municipalités rejoignant la campagne chaque mois, Common Ground a défini une marche à suivre type. Une organisation locale joue le rôle de coordinatrice et rassemble les soutiens des politiques, des entreprises, des ONG, des fondations et des bénévoles. L'une des premières choses à faire est de recruter des bénévoles locaux et de les envoyer dans la rue évaluer la vulnérabilité des sans-abri, ce qu'ils font entre 4 heures et 6 heures du matin trois jours d'affilée.

On pourrait penser qu'il est difficile de trouver des gens disposés à sortir avant l'aube pour aller poser à des étrangers des questions personnelles concernant leur santé. Pas du tout. A Phoenix, 175 personnes se sont présentées. A San Diego, 250. A Omaha, 75. Et, à Chicago, plus de 150 dont le maire, Richard Daley. A Phoenix, une fois les interrogatoires terminés, les organisateurs ont demandé aux bénévoles s'ils souhaitaient donner de l'argent – à coups de 1 000 dollars – pour aider les sans-abri à emménager et à se meubler. En dix minutes, ils ont réuni 50 000 dollars. "Ce n'était pas une assemblée de philanthropes", raconte Becky Kanis. "C'était juste des bénévoles."

"Nous pensons que cette campagne va beaucoup plus loin que l'aide aux sans-abri", ajoute Rosanne Haggerty. "Nous nous inquiétons tous pour des gens près de chez nous qui ont du mal à s'en sortir actuellement. C'est une façon de faire avec nos voisins une chose qui aide les plus vulnérables d'entre nous de façon spectaculaire. Et je crois que le sentiment de pouvoir changer les habitudes est quelque chose que beaucoup de monde recherche en ce moment."