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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 18 août 2010









Navigations thérapeutiques à bord de grands voiliers
13 Août 2010

« Bling-bling », notre génie de la communication, notre « Danube de la pensée » à nous, a proposé à Grenoble de mettre en tôle les parents des enfants mineurs délinquants !...

Je ne m’en suis pas encore remis tellement c’est puissant.

Il va rester dans l’histoire notre « Ô combien vénéré président [1] », car là, il a vraiment fait très fort.


J’ai vraiment  l’impression d’être un véritable « pygmée intellectuel » face à un « monument de la pensée », un « tsunami de la réflexion », un « empereur de l’analyse », que même les extraterrestres doivent nous envier.

Car une telle proposition n’a jamais été appliquée, nulle part, jamais, même dans les régimes les plus déments.

Quelle innovation !...

Ouah !...

J’y crois pas !... Moi, le … bouffon de service !...

Cette géniale idée est dans la droite ligne des initiatives ahurissantes de notre « Bling-bling » et sont indiscutablement le signe d’une pensée débridée, absolument sans limite.

Un génie je vous dis !...

Mais il n’est pas compris mon « Bling-bling » à moi…

Sniff…

D’ailleurs, il suffit de voir ce qu’écrivent les Psy dans La nuit sécuritaire :

« Le 2 décembre 2008, dans une enceinte psychiatrique hospitalière, se saisissant d’un crime pourtant très rare commis par un patient diagnostiqué comme schizophrène, le président Sarkozy a annoncé un plan pour la psychiatrie aux conséquences dévastatrices.

Dans ce discours, les fondements même de la psychiatrie ont été attaqués avec la plus grande brutalité, celle qui amadoue pour mieux exécuter.

Il aura suffi d’un fait divers dramatique pour relancer une politique de la peur dont le projet de centres de rétention de sûreté tout comme les soins sans consentement en ambulatoire sont le parachèvement.

En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant d’une façon calculée la maladie mentale à la délinquance, est justifié un plan de mesures sécuritaires inacceptables »… etc… La suite dans LA NUIT SECURITAIRE


Ces Psy alors !...

N’ont rien compris à la profondeur abyssale de la pensée de mon « Ô combien vénéré président » !...

Et le psychiatre Serge Hefez en remet une couche au sujet de notre « Bling-bling » :

« Les pervers narcissiques n’éprouvent aucun respect pour les autres, qu’ils considèrent comme des objets utiles à leurs besoins de pouvoir, d’autorité, ou servant leurs intérêts. Ils font des promesses qu’ils ne tiendront pas, sachant que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Pris en flagrant délit de mensonge, ils sont capables de nier avec un aplomb hors du commun... Charité bien ordonnée commençant toujours par soi-même, ils savent parfaitement et farouchement défendre leurs intérêts dont ils ont toujours une vision très claire. Ils essaient de profiter à chaque instant de toutes les opportunités, de toutes les personnes rencontrées, et ces personnes sont systématiquement instrumentalisées pour en tirer, autant que possible, avantage pour eux. Comme pour tous les narcissiques, tout leur est dû. Ils n’admettent aucune remise en cause et aucun reproche.

Les pervers narcissiques sont incapables d’aimer les autres. Dans leur immense majorité, ils n’ont aucune « humanité », aucun sentiment humain, aucun état d’âme, aucun affect. Ils sont froids et calculateurs, totalement indifférents à la souffrance d’autrui. Mais tout en étant, le plus souvent, incapables d’avoir des sentiments humains, ils simuleront le fait d’être emplis, en apparence, de bons sentiments et d’une sincère empathie pour autrui » …
lire la suite.

Lui non plus n’a vraiment rien compris aux propositions de notre « phare de la pensée » que toute la planète va bientôt nous envier.

Autant d’incompréhension me donne envie de mettre les voiles : j’ai vraiment besoin d’une navigation thérapeutique pour me restructurer.

A ce propos, les navigations thérapeutiques du Centre de soins en Milieu maritime des Sables-d’Olonne (CSMM), dépendant de l'Hôpital Mazurelle de la Roche-Sur-Yon, ont permis d’embarquer près de 1500 malades en 10 ans à bord d'un voilier de 12 mètres.

Cette thérapie est théorisée par plusieurs psychiatres, dont le Dr Pierre Pennec, et vous trouverez ci-dessous un extrait de « Pistes pour une théorisation et pour le développement d'une pratique » présenté lors des régates "VOILE EN TÊTE" de La Rochelle du 24 octobre 1997 :

« …la déstructuration du processus pathologique dont il s'agit ici, est une constante fondamentale de presque toutes les thérapies, aussi bien biologiques et organicistes que psychothérapiques, qu'elle qu'en soit la profondeur. On peut donc placer en hypothèse, que plus on élimine de facteurs environnementaux ayant participé à l'élaboration morbide, ou en ayant seulement témoigné, plus importante est la déstructuration.

Sur ces bases, il a été établi depuis 1962 en Vendée, que les régions naturelles les plus élémentaires étaient la haute mer, le désert, la haute montagne. L'expérimentation s'y est faite depuis cette date, en Mer. On trouve en ce milieu avec le maximum de prégnance, de spécificité, et de pureté, l'Air, l'Eau, le Temps et l'Espace. Tout s'y déroule en outre, au sein d'un groupe restreint permanent.

Les exigences, voire les contraintes de la vie à bord, sollicitent obligatoirement toutes les fonctions psychiques et physiques de la Vie de Relation. Elles nécessitent leur réorganisation, harmonieuse, dans toutes les dimensions de l'Être intégré (psychique, corporel, social, cosmique).

Ce sont peut-être ces caractéristiques dynamiques mais plus sûrement encore l'environnement qui font que le marin se distingue assez nettement du terrien. A cet égard, pour ce qui nous concerne, on insiste généralement sur la présence constante de l'autre dans les activités coopératives indispensables, qui stimulent grandement la socialité inhibée ou négativée du patient.

Une différence est à faire entre la simplicité extrême de la structure de l'environnement en haute mer et la proximité persistante des éléments de la vie habituelle dans la navigation côtière, en se souvenant que le maximum de dépouillement environnemental sollicite en réaction un maximum de fonctions physiologiques fondamentales.

La relativité du temps devient aussi très vite dans ce contexte, une évidence pour tous. Le cosmos s'impose comme seul recours pour l'évaluation de la durée. Mais outre cette temporalité sidérale, il faut intégrer aussi celle du bord, rythmée par les impératifs de la navigation (quarts) et de l'inévitable vie du groupe (repas, sommeil).

La durée optimale de l'épreuve thérapeutique interroge inévitablement dès les premières étapes de l'expérience. Plusieurs années de réflexion nous amènent à penser que l'unité utile de temps thérapeutique est le mois. Si l'on dispose de moins de temps tout reste possible cependant, il suffit alors d'adapter, peut être de répéter les croisières ou de prolonger le "rêve du voyage".

La temporalité maritime, marquée de ses particularités, n'est pas un temps suspendu dans le cours de la vie. La croisière nécessite une préparation avant l'embarquement, dans un sas institutionnel, à terre si possible, où se retrouvent tous les participants, soignants et soignés.

Au retour on ménage symétriquement un temps de restitution pour l'évaluation, les bilans individuels et collectifs, les projets, les suites du programme collectif, et de chaque programme individuel.

Nous avons pu noter, sans équivoque possible, que même après vingt ans, le groupe marin ainsi formé, perdure et se reconstitue spontanément. Chaque patient reste en effet très marqué par l'expérience vécue et parle à son propos de "bout du tunnel", de "temps de normalité", de "ciel bleu dans l'enfer". "Quand repartons-nous ?" devient un leitmotiv.

Il est souhaitable qu'il s'agisse toujours d'un "voyage de rêve", qui remplit spontanément l'imaginaire pendant le temps de préparation (images, sons, lectures, récits) et qui se retrouve à l'identique, ensuite, dans la réalité du concret.

Cette expérience, d'une grande intensité vécue, appelle la critique, voire l'autocritique de l'imaginaire délirant. Il y a là un support psychothérapique utilement exploitable pendant de nombreuses années.


A travers leurs multiples expériences, les équipes soignantes insistent toujours sur l'importance de points particuliers, notablement répétitifs, sinon constants :

- La responsabilisation : l'homme de barre sent peser sur lui la charge de la vie de tous les passagers, et retrouve un niveau de vigilance et d'attention depuis longtemps oublié.

A l'inverse de la situation thérapeutique habituelle, c'est, ici, le patient qui contrôle : le pouvoir change de camp.

On a même pu dire que dans les cas les plus remarquables d'implication du sujet dans la situation de navigation, la folie l'avait déshabité. Sans doute parce qu'elle n'a plus de sens alors, ni plus de place dans cette nouvelle économie existentielle. Le choix est clair dit-on souvent avec insistance : vivre, ou parler son délire…, ou barrer !!


- Le plaisir, en contrepoint de l'angoisse ou de la peur, se décline sous toutes ses formes pendant le voyage et surtout après. Il constitue un des piliers de la thérapeutique de restructuration. Nul ne le conteste dans le milieu maritime des soins qui rejette massivement le dolorisme comme philosophie fondatrice du soin et de la santé.

La mer et le bateau suscitent des déferlements fantasmatiques universels. Leur puissance, que vérifient les investissements démesurés, imaginatifs ou tangibles, ne peut laisser insensible le thérapeute toujours à la recherche d'une plus grande efficacité. En ces lieux sont accumulés les énergies des origines, archaïques, qui fondent le vivant tout entier et l'humain notamment.

Cette puissance, ainsi mobilisée, n'a guère d'équivalent pour se mesurer, s'opposer, se substituer aux monstruosités envahissantes de l'univers intérieur dans les déviations pathologiques de la réalité objectale… »


Oui, je sais, c’est long et compliqué et il n’y a que quelques cerveaux hypercultivés qui sont capables de comprendre ce type de développement – mais c’est le cas de notre « Bling-bling » national !...

D’ailleurs, je lui en parlerai  lorsque « Fifi le Premier » m’aura nommé ministre de la Défense lors du remaniement ministériel d’octobre prochain.

Mais si les navigations de l’Hôpital Mazurelle sont destinées à une population réellement spécifique, celle des personnes en souffrance mentale, elles ont permis de définir une pratique et une théorie qui permettent d’extrapoler ce type d’action à d’autres publics comme les jeunes marginalisés et les toxicomanes.

Et il y a fort à faire, car les besoins, tant en psychiatrie qu’en action sociale, sont importants.

Car c’est l’une de mes ambitions : apporter de nouvelles solutions à la crise de la jeunesse, à l’augmentation de la délinquance, par le développement de la navigation océanique, en équipage, à bord de grands voiliers.

Oui, je sais.

Ce ne sera jamais aussi efficace que d’envoyer les parents des mineurs délinquants en prison...

Ce qu’il est génial mon « Bling-bling » !...

Et les navigations thérapeutiques à bord de grands voiliers seront développées après 2012 lorsque je serai « Le » Président.

D’ailleurs, lorsque ce projet sera lancé il faudra garder une place pour notre ex « Ô combien vénéré président ».

Je lui montrerai la cambuse où je cache mon meilleur whisky.

Car cette manie de ne boire que de l’eau, ce n’est tout de même pas très normal.

Jean-Charles DUBOC

Euroclippers

[1] l’expression « Ô combien vénéré président » est une expression déposée par l’ignoble infréquentable en personne.



Inception, le rêve tourne au casse-tête
Par Jennifer Wunsch

Inception va-t-il écraser le mastodonte Avatar ? En trois semaines, le film de Christopher Nolan a déjà réuni 2,5 millions de spectateurs au cinéma. Avatar en a totalisé 10 millions lors des trois premiers mois d'exploitation du film. Le buzz a aussi lieu sur Internet. Inception rassemble déjà 1,2 million de fans sur le réseau social Facebook, soit seulement un million de passionnés de moins qu'Avatar. L'enjeu des débats sur Internet réside surtout dans le scénario du film, que l'on pourrait résumer en un mot : "irrésumable".

La Toile est le théâtre de toutes les interrogations des internautes, qui s'échinent à comprendre cette histoire dans laquelle s'imbriquent environ cinq univers différents, qui représentant chacun les couches de l'inconscient. Sur le forum ouvert par le site AlloCiné, "Inception, les interrogations et discussions autour du film", mille personnes épiloguent sur le(s) sens de ce thriller psychanalytique. Une synthèse des théories avancées par les contributeurs a même été publiée par AlloCiné, accompagnée d'une infographie schématisant les cinq niveaux du film et leurs intervenants. Une idée qu'avait déjà eue un internaute américain, dont le "guide visuel pour comprendre Inception" - en quatre niveaux celui-là - a été repris par de nombreux sites, comme Le Journal du Geek. Des dizaines de blogs se sont ouverts pour déchiffrer le film-phénomène : "Comprendre Inception, les différentes interprétations du film", "Si vous avez eu du mal à comprendre Inception", "Inception : analyse et explication"...

Sur le divan

Leonardo DiCaprio confiait, lors d'une interview au Point du 8 juillet, que se préparer à jouer dans Inception était comme "une séance de psychanalyse". La discipline se penche donc, elle aussi, sur le film, avec des blogs spécialisés qui tentent "Une psychanalyse d'Inception". L'un d'eux, "Héros contemporains et psychanalyse", propose un article "Inception, ou le rêve et ses mécanismes", qui conclut que "le film montre le rêve, non comme une voie vers l'inconscient, mais plus comme une réalité autre que le sujet se construit"... Même la musique du film est sujette à discussions sur la Toile. Un débat lancé par le compositeur de la bande originale lui-même, Hans Zimmer, qui explique sur le site du Los Angeles Times que la chanson de Piaf et ses distorsions "racontent, elles aussi, une histoire", vidéo à l'appui.

Les plates-formes de vidéos en ligne participent à cet emballement collectif. Les interviews du réalisateur Christopher Nolan ont été vues près de 200.000 fois sur YouTube, et les bandes-annonces vues près de 12 millions de fois. La rançon du succès ? Les séquences parodiques foisonnent. "Dora l'exploratrice dans Inception", les personnages de Pixar version Inception. D'autres proposent "Inception of the Dark Knight", qui mixe les images du Batman de Nolan et la bande-annonce d'Inception. Des blagueurs sont allés jusqu'à créer des vidéos mettant en scène des fins alternatives du film, qui permettront peut-être aux indécis de choisir leur camp : Team Dream vs Team Reality, l'autre débat qui alimente les discussions...

Starcraft, ou la deuxième topique freudienne ?

Starcraft est un jeu vidéo de STR (stratégie en temps réel), dont le premier opus est sorti en 1998, et le deuxième en juillet 2010.

Ce jeu de stratégie est devenu célèbre grâce à l’équilibre entre les trois races jouables (les terrans, les zergs et les protoss) à tel point qu’aujourd’hui, Starcraft est le premier sport national en Corée du Sud.

Dans ce jeu, l’histoire se déroule dans un futur lointain dans lequel ces trois espèces s’affrontent sans merci.

Les terrans, lointains descendant des terriens, sont issus de prisonniers cryogénisés afin de coloniser des planètes lointaines. Les terrans sont dirigés par la “Confédération” s’inscrivant dans un régime corrompu, sans éthique ni idéologie souhaitant principalement l’accumulation de richesses. Des rebelles se sont donc formés en opposition à ce régime. Ils se basent essentiellement sur des avancés technologiques dans le jeu.

Les protoss sont considérés comme une race extra-terrestre très ancienne et perpétuellement en conflit avec les Zergs. Cette race, très intelligente, se base essentiellement sur des capacités psychiques.

Enfin, les zergs sont des créatures peu développées mais très puissantes. Cette race a un fonctionnement de ruche: avec une mère et ses larves (pouvant devenir n’importe quel sujet). “L’Overmind” permettrait de gérer les zergs.

L’équilibre conflictuel entre ces races n’est pas sans rappeler, d’un point de vue dynamique, la seconde topique Freudienne entre le “ça”, le “surmoi” et le “moi”.

Les terrans semblent les plus disposés à l’identification chez le joueur : ils constituent la représentation de la personne avec ses propres conflits. Le moi étant au service du ça et du surmoi. Il se doit d’être médiateur entre les exigences pulsionnelles du ça (les zergs représentant de l’agressivité et de désirs archaïques) et les contraintes du surmoi (les protoss, race ancienne, ayant une sorte de contrôle “psionique” et des capacités psychiques : comme la pensée magique de l’enfant estimant que ses parents peuvent lire dans ses pensées).

Avant même l’arrivée des Terrans, Protoss et Zergs s’affrontaient dans une guerre fratricide (les Xel’Nagas auraient crée ces races dans le but de concevoir une espèce parfaite).

Les Terrans quant à eux, sont des êtres provenant de prisonniers Terriens, et contrairement aux autres races, ils ne sont pas fédérés. Il existe une sorte de conflictualité interne.

Le cheminement de la pulsion se retrouve ainsi : l’opposition entre principe de réalité et principe de plaisir se retrouve dans la conciliation entre le désir inconscient imposé par le ça et la contrainte imposé par le surmoi.

Le lieutenant Sarah Kerrigan, humaine au pouvoir psychique, est le personnage principale de ce jeu vidéo. Elle fait partie des rebelles mais est trahie par un dictateur qui la laisse entre les mains des zergs.

Dès cet instant, la conflictualité psychique ne s’inscrit plus dans le même rapport devenant quasi-psychotique : le ça devenant trop oppressant s’oppose en grand partie au moi (Les Terrans dirigés par un dictateur) et à sa réalité. Le surmoi n’étant présent qu’en second plan.

Starcraft 2 permet de rééquilibrer le conflit (ce qui va suivre évoquera des moments importants du scénario de ce jeu), étant donné que les Terrans réussissent à sauver Kerrigan, et symboliquement détruisent la dictature en place en tuant un de ses sbires.

Paris. Un intrus arrive à pénétrer dans l'Élysée
19 août 2010 à 10h33

Un intrus a pénétré à l'Élysée dans la nuit de dimanche à lundi. Il aurait réussi à se garer dans la cour du palais avant d'être arrêté par les gardes républicains et hospitalisé en psychiatrie.
Un homme a réussi à s'introduire dans l'enceinte de l'Élysée, dans la nuit de dimanche à lundi. Au volant d'une voiture portant un gyrophare, il s'est fait ouvrir les portes par les forces de l'ordre, "qui n'ont pas vérifié son identité", précise RTL. L'individu se serait garé dans la cour d'honneur du palais avant d'être arrêté par les gardes républicains. "C'est un incident banal qui n'a donné lieu à aucune conséquence en interne", a précisé un représentant de la Présidence, ce jeudi matin. à l'AFP. D'ailleurs Nicolas Sarkozy n'était pas là. Qu'est devenu l'intrus ? Déjà connu des services de police, selon RTL, il aurait été hospitalisé dans un établissement psychiatrique.



ACTUALITÉ CAMBRAI

Manifestation de scientologues devant l'hôpital de Cambrai

mercredi 11.08.2010

« Le directeur ne souhaite faire aucun commentaire à ce sujet », répondait-on - très courtoisement - hier midi, au centre hospitalier de Cambrai. Bon. ...


Et les médecins ? « Pas davantage ». OK...

Probant symbole, sans doute, qu'il ne faudrait pas prêter plus d'importance que ça à la manifestation programmée aujourd'hui, entre 15 h 30 et 16 h 30, avenue de Paris, sous les fenêtres de l'hôpital. Peut-être tout simplement parce qu'organisée par une association - la commission des citoyens pour les droits de l'homme (CCDH) - qui, sous cette appellation tout ce qu'il y a de plus respectable en apparence, entretient de discutables relations avec l'obscure et controversée Église de Scientologie...

Mais que viennent donc faire des scientologues devant les grilles de l'hôpital de Cambrai ? Fustiger, si l'on en croit un communiqué de presse balancé par fax à toutes le rédactions, « un projet de loi liberticide réformant les internements psychiatriques ». Cette loi, c'est celle présentée par Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, à propos des « droits et protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et des modalités de leur prise en charge ». Les membres de la CCDH pensent qu'elle va « favoriser l'internement en psychiatrie et la mise sous camisole chimique de n'importe quel citoyen ». Et encore qu'« un psychiatre à lui seul, sur la base de sa seule opinion, et sans accord de la famille, pourra interner n'importe quel citoyen contre son gré ». Et de regretter que cela intervienne dans un contexte déjà « alarmant », soulignant que « l'hôpital de Cambrai est d'ailleurs une belle illustration de manque de contrôle dans les hôpitaux, puisqu'en 2009, aucune visite n'a été effectuée par le préfet et le président du tribunal de grande instance, une seule par le procureur »...

Pour dire vrai, on a un peu de mal à comprendre les tenants et les aboutissants de ces observations. Et encore plus les motivations de cette CCDH. Puisque l'hôpital de Cambrai n'a pas souhaité répondre à nos questions, nous avons contacté un spécialiste des sectes. Lequel brocarde le discours « erroné » et « abreuvé de fantasmagories » des membres de la CCDH. « Ces gens considèrent que la psychiatrie, qu'ils diabolisent, constitue un danger pour la société et qu'elle afflige des traitements brutaux et destructifs, à coups de psychotropes, électrochocs et de camisole chimique, violant ainsi les droits de l'homme. C'est un discours qui peut trouver un écho, mais le souci est que la motivation des scientologues est davantage de se débarrasser coûte que coûte de la psychiatrie pour mieux occuper son terrain ».
Ouh là, ça devient compliqué tout ça. Est-ce que ça vaut vraiment la peine qu'on se prenne la tête...? •

H. Fé.
Lacan et le judaïsme, précédé de Les sources talmudiques de la psychanalyse de Gérard Haddad

Gérard Haddad a été brulé par Jacques Lacan – son aventure thérapeutique a été racontée dans Le jour où Lacan m'a adopté, un livre culte qui ne s'oublie pas. Passionné par le Judaïsme, grâce à Lacan, Haddad propose d'ambitieux livres traitant de la psychanalyse à la lumière de la question juive.

Ici, on retrouvera sa thèse de médecine et les liens possibles entre les Talmuds (recueils juridico-ontologiques) et la psychanalyse. C'est complexe, très complexe même, mais la thèse constitue une passionnante introduction à l'étude de la pensée juive.

Par la suite, on a le droit à de passionnants articles articulant les influences du Judaïsme sur la théorie de Lacan. Riche et remarquable d'intelligence. Certes, Haddad confesse lui-même ne pas pouvoir retracer la genèse juive de la pensée lacanienne – il erre et cherche désespérément à vérifier le philosémitisme de Lacan et l'originalité de Freud au regard d'une tradition judaïque dont la richesse ne finit pas de surprendre.




La psychiatrie publique de Nice déprime

Grande souffrance dans les services psychiatriques après la décision du préfet d’interdire les sorties d’essai.


En janvier dernier, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), un homme soigné pour une paranoïa au CHU de Nice poignarde son voisin alors qu’il est en sortie d’essai autorisée par son psychiatre. Aussitôt et selon la méthode Sarkozy où l’émotion prime sur la raison, le représentant local du gouvernement interdit toute sortie d’essai. Six mois après, conséquence de cette décision démagogique du préfet Lamy : une soixantaine de patients ont réintégré l’hôpital public et les entrants, notamment ceux qui sont en placement d’office ordonnés par… le préfet, vont rester hospitalisés parfois cinq mois durant sans pouvoir sortir. Des faits aggravés par un contexte de pénurie de lits puisque, selon Nicolas Deconinck, infirmier psy et militant CGT, « la psychiatrie publique dans les Alpes-Maritimes a perdu 50 % de ses lits en dix ans, soit 130 lits ». La conséquence est immédiate pour les patients qui, passagèrement dépressifs ou alcooliques, cherchent un placement libre en psychiatrie : on les envoie se faire voir ailleurs, c’est-à-dire dans une clinique privée. À l’hôpital Pasteur par exemple, les 24 lits de psychiatrie sont occupés par 8 personnes en placement à la demande de tiers et par 16 personnes en placement d’office et doivent y rester pour plusieurs semaines sans bouger.

Depuis le début de l’été la situation a encore empiré avec la fermeture de lits liée aux congés du personnel et aux mesures d’économies du CHU de Nice alors que, durant cette période, la population de cette ville touristique augmente considérablement. Le pire est sans doute vécu aux urgences psychiatriques de l’hôpital Saint-Roch en centre-ville. Christiane Cini, déléguée CGT, cite l’exemple de cette journée ordinaire de l’été actuel où l’on compte jusqu’à 19 patients (dont 12 hospitalisés à la demande d’un tiers) pour 10 lits ouverts seulement. « On en vient à faire dormir des gens dans les couloirs sur des brancards ou dans des fauteuils de salle d’attente », s’indigne-t-elle. La situation est également tendue dans les services de pédopsychiatrie, des enfants malades ayant dû être réorientés vers Marseille. La CGT tire également le signal d’alarme à Grasse où, certains jours, on a placé des malades en liste d’attente, et à Antibes où, à l’hôpital de jour, il ne reste que deux infirmiers psy, soit un effectif inférieur au minimum requis. Derrière ces chiffres, beaucoup de souffrances aggravées, autant chez les malades mentaux que parmi les blouses blanches.

C’est donc avec grande insistance que la CGT santé réitère sa demande d’ouverture de lits en psychiatrie (« Il en faudrait tout de suite une cinquantaine », estime Nicolas Deconinck) en espérant que le préfet « dégèle » enfin les sorties d’essai.

Philippe Jérôme
R. Crumb’s Depression GraphRobert Crumb always makes me depressed. That graph would be a straight line.







La carte du cerveau la plus détaillée à ce jour
 

Les chercheurs de chez IBM ont entrepris de dresser la carte la plus exhaustive possible d’une région toute proche mais très mal connue: notre cerveau.

On sait aller sur la Lune, compter les décimales de Pi jusqu’à plus soif et imprimer des objets en 3D, mais le cerveau reste un territoire mal connu. Les gars de chez IBM ont franchi un grand pas en cartographiant trois fois plus de connexions que dans toutes les études précédentes.

Leur carte décrit 6.602 connexions à longue distance entre 383 régions différentes du cerveau. Peut-être cela les aidera-t-il à comprendre le brouillard du lundi matin qui envahit régulièrement des portions significatives de vos autoroutes de l’information personnelles. [KurzweilAI]

 



 IBM scientists create most comprehensive map of the brain’s network

July 28, 2010 by Amara D. Angelica

"The Mandala of the Mind": The long-distance network of the Macaque monkey brain, spanning the cortex, thalamus, and basal ganglia, showing 6,602 long-distance connections between 383 brain regions. (PNAS)

The Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) published Tuesday a landmark paper entitled “Network architecture of the long-distance pathways in the macaque brain” (an open-access paper) by Dharmendra S. Modha (IBM Almaden) and Raghavendra Singh (IBM Research-India) with major implications for reverse-engineering the brain and developing a network of cognitive-computing chips.

“We have successfully uncovered and mapped the most comprehensive long-distance network of the Macaque monkey brain, which is essential for understanding the brain’s behavior, complexity, dynamics and computation,” Dr. Modha says. “We can now gain unprecedented insight into how information travels and is processed across the brain.

“We have collated a comprehensive, consistent, concise, coherent, and colossal network spanning the entire brain and grounded in anatomical tracing studies that is a stepping stone to both fundamental and applied research in neuroscience and cognitive computing.”

The scientists focused on the long-distance network of 383 brain regions and 6,602 long-distance brain connections that travel through the brain’s white matter, which are like the “interstate highways” between far-flung brain regions, he explained, while short-distance gray matter connections (based on neurons) constitute “local roads” within a brain region and its sub-structures. 

Their research builds upon a publicly available database called Collation of Connectivity data on the Macaque brain (CoCoMac), which compiles anatomical tracing data from over 400 scientific reports from neuroanatomists published over the last half-century.

“We studied four times the number of brain regions and have compiled nearly three times the number of connections when compared to the largest previous endeavor,” he pointed out. “Our data may open up entirely new ways of analyzing, understanding, and, eventually, imitating the network architecture of the brain, which according to Marian C. Diamond and Arnold B. Scheibel is “the most complex mass of protoplasm on earth—perhaps even in our galaxy.”

The center of higher cognition and consciousness ?



Core subnetwork (PNAS)

The brain network they found contains a “tightly integrated core that might be at the heart of higher cognition and even consciousness … and may be a key to the age-old question of how the mind arises from the brain.” The core spans parts of premotor cortex, prefrontal cortex, temporal lobe, parietal lobe, thalamus, basal ganglia, cingulate cortex, insula, and visual cortex.

Prefrontal cortex: integrator-distributor of information

By ranking brain regions (similar to how search engines rank web pages), they found evidence that the prefrontal cortex, while physically located in the front of the brain, is a functionally central part of the brain that might act as an integrator and distributor of information. Think of it as a switchboard.

As they stated in the PNAS paper, “The network opens the door to the application of large-scale network-theoretic analysis that has been so successful in understanding the Internet, metabolic networks, protein interaction networks, various social networks, and in searching the world-wide web. The network will be an indispensable foundation for clinical, systems, cognitive, and computational neurosciences as well as cognitive computing.”

The findings will also help them design the routing architecture for a network of cognitive computing chips, they suggest.

The research was sponsored by the Defense Advanced Research Projects Agency, Defense Sciences Office, Program: Systems of Neuromorphic Adaptive Plastic Scalable Electronics.

Dr. Modha presented the exciting findings of this study in a talk I attended at the Toward A Science Of Consciousness conference in Tucson in April, but he asked us to hold off on covering this until the formal paper appeared in a peer-reviewed journal.
 
A detailed Powerpoint slide show with voice narration (60 slides, ~52 minutes, ~50 MB) is downloadable here.
LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

Psychanalystes en devenir : les constructions d'une clinique

Anahit Dasseux Ter Mesropian, Ignacio Garate-Martinez, Laurence Joseph et al.

Parution : mai 2010
Éditeur : Encore marine
Prix : 19 €


En 1994, Maud Mannoni demandait à des psychanalystes engagés dans la pratique de témoigner dans un livre de leur passage à l'analyste (Devenir psychanalyste, les formations de l'inconscient, Denoël, Paris). Aujourd'hui, plus de quinze années après, les réductions statistiques d'une société néolibérale qui commercialise la vérité à l'aune de ce qui peut se mesurer, se peser, se compter, nous poussent à témoigner d'une autre manière de transmettre. Transmettre l'énigme de ce qui est unique, qui ne peut pas s'additionner à d'autres valeurs, qui ne peut pas se réduire à une vérité close. Transmettre, comme une poétique, les effets d'une rencontre qui transforme la souffrance en créativité, qui rend compte de ce qui a une valeur sans pour autant être évaluable.

Jacques Lacan et Maud Mannoni nous ont transmis la nécessité d'écouter les jeunes pour garder vivante en nous la passion pour la psychanalyse, de continuer d'apprendre des patients qui savent débusquer, dans leurs propres souffrances subjectives, les sources des inventions à venir.
Cinq psychanalystes s'y risquent, chacun dans son style. Ils y affirment leur passion pour l'inconscient, les prises et reprises de leur expérience, devenue récit, littérature, et qu'ils lisent en position d'analysant pour tenter de dire ou de repérer dans leur récit la présence du psychanalyste. Ils y affirment qu'il n'y a pas de psychanalyste en dehors de l'expérience même d'une cure, en dehors de la relation d'amour qu'instaure le transfert, dans la dissymétrie même de la rencontre.

Ces cinq psychanalystes s'autorisent à devenir auteurs du récit de leur acte, pour continuer de transmettre sa consistance. Ils montrent que celui-ci ne se conclut jamais, ne ferme pas la dimension de la rencontre à venir ; il demeure vivant et nous invite à inaugurer une ouverture : affirmer toujours qu'il y a de l'autre et l'écouter sans relâche, en nous, en lui, dans la certitude de ce qui est encore en devenir dans les mots et leurs intervalles
LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

Jésus était-il fou ?

Frédéric Joi

Parution : Juin 2010 – Edityeur : Max Milo – Prix : 16 €

La chance de Jésus, c'est d'être né avant Freud.
Car imaginons un instant que la grille de lecture de la psychanalyse soit appliquée au personnage décrit par les Evangiles. Que penser d'un quidam qui prétend à qui veut bien l'entendre : "Le Père est en moi et je suis dans le Père" ? Que diriez-vous si votre voisin venait frapper à votre porte pour vous informer que "celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle" ? Jésus était-il fou ? Se basant sur les Evangiles, l'auteur suit ce " fils de Dieu " autoproclamé dans ses actes et ses paroles et découvre qu'il peut être diagnostiqué comme mégaparanoïaque c'est-à-dire un paranoïaque produisant des projections mythiques.
Mais la difficulté augmente d'un cran lorsqu'on sait que Jésus a fasciné des foules toujours plus vastes, au fil d'innombrables générations. D'où ces autres questions : de quelle maladie psychique étaient frappés ceux qui l'ont cru ? Comment fut possible cet amour entre fous, entre un berger mégaparanoïaque et ceux qu'il appelait à juste titre ses moutons ?

Frédéric Joi est docteur en psychologie et agrégé de philosophie.
LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

Médecine, psychiatrie et psychanalyse - Pour une éthique commune

Sélim Abou, Chawki Azouri, Edouard Azouri, Alain Didier-Weill, Collectif

Paru le: 23/06/2010 - Éditeur : Campagne Première – Prix : 22 €

Les avancées de la médecine et des neurosciences ouvrent des perspectives de progrès mais, dans le même mouvement, elles favorisent l’idéologie scientiste, qui néglige le désarroi psychique du sujet.
De nos jours, l’impératif de l’efficacité, du mesurable et de la suppression des symptômes devient de plus en plus incompatible avec le temps nécessaire à l’écoute et tout ce qui ce joue, dont le transfert, dans la relation avec le patient. Le sujet qui souffre risque de disparaître derrière la technique, sa parole est confisquée ; plus que jamais la maladie prend la place du malade (et la souffrance se mesure aux degrés de douleur).
Les symptômes se réduisent à une liste de signes cliniques répertoriés, renvoyant à des prescriptions pharmaceutiques. Des médecins, des psychiatres et des psychanalystes s’insurgent contre cette « appropriation de l’humain » par les lois du marché et la politique des laboratoires. Au-delà de la différence de leurs pratiques, ils sont amenés à repenser les sources et la possibilité d’une éthique commune.
LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

L’Imposture dans le siècle

CLINIQUES MEDITERRANEENNES n°86

Parution : mai 2010 – Editeur : Erès – Prix : 25 €

“Que le sujet soit, de structure, en position d'imposture, n'implique pas qu'il assume toujours de la même façon cette position. Qu'il s'en arrange et en vive, le mène tout droit sur les rives de l'imposture dite « pathologique ». Ce qui éclaire certainement d'un jour nouveau le rapport de la science à l'imposture, la science en acceptant de jouer le rôle de garante de la vérité, ne peut que la mettre alors en position d'imposture structurelle. Position dont elle cherche ensuite à se démettre en en accusant « l'autre », par exemple sous couvert d'« évaluation ». Ce siècle naissant, s'il entend se donner la science pour religion, ne peut dès lors que faire le lit, et le succès annoncé, de l'imposture - précisément."

Coordination : Alain ABELHAUSER

Ont participé à ce numéro : Paul-laurent ASSOUN - Antoine BIOY - Mikael BONNANT - Marie-helene BUSSAC-GARAT - Marie-paule CHEVALERIAS -Guy CHOURAQUI - Lauriane COURBIN - Nathalie DE KERNIER - Bernard DUEZ - Roland GORI - Line mai GRANN - Stephane GUMPPER - Romuald HAMON - Lucien HOUNKPATIN - Lyasmine KESSACI - Laurie LAUFER - Sylvie LE POULICHET - Colette LHOMME-RIGAUD - Pascale MACARY-GARIPUY - Francois MARTY - Franck MATHIEU - Georgia PANDOULA-KAFCHITSAS - Avner PEREZ - Laure RAZON - Joelle ROSEMAN - Laura SOKOLOWSKY - Eric SOUTIF - Martine SPIESS - Nicolas TAJAN - Eric TOUBIANA - Berenice VANNESSON -
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Le Pain et les miettes. Entre tout et rien : essai de psychanalyse de l'homme actuel

Christian Godin
Parution : mars 2010 – Éditeur : Klincksieck – Collection : Hourvari – Prix : 17 €

Être, agir, pouvoir, voir, avoir, savoir, dire : l'existence humaine se distribue diversement selon ces sept verbes. Entre le désir du tout (le pain) et la fascination du rien (les miettes), en passant par le contentement du petit peu (la tranche), les vies postmodernes hésitent à se déterminer. Parce que l'inconscient ignore la contradiction (Freud), la psychanalyse reste l'un des meilleurs moyens pour comprendre ces désordres, qui sont ceux de notre monde, et aussi l'outil le plus efficace pour contrecarrer les effets des discours lénifiants de la philosophie et des sciences sociales d'ambiance, très en honneur aujourd'hui.

Entre littérature et histoire, psychologie et sociologie, le présent essai analyse quelques-uns des symptômes les plus significatifs, parce que contradictoires, de notre postmodernité : le tourisme et la crémation, le fétichisme et le vagabondage sexuel, le vide grenier et la fin du cadeau, le zapping et Facebook, la manie des intégrales et le best of, l'avidité sans bornes et l'abandon total...



Psychanalyse, société et politique 2
Numéro 205 - Revue trimestrielle

En librairie : 23.06.2011
COQ HERON -LE- (Revue) Directrice de la revue : Eva Brabant
17.00 €

Ce numéro qui fait suite au n° 201 continue à proposer un regard psychanalytique sur toute une série de problèmes et de phénomènes sociaux et politiques. Problèmes historiques, comme l'article d'André Bolzinger, « Freud et le Moyen Âge rhénan », ou celui de Wilfrid Bion sur « La guerre des nerfs » que nous présente Jacquelyne Poulain-Colombier. Ou problèmes du présent, comme celui d'Emanuel Berman : « Valeurs et transferts dans l'étude psychanalytique du terrorisme et la politique » ou « Malheur dans la civilisation » de Jacques Broda et Céline Fréchard. Ce numéro comporte également l'ébauche d'une bibliographie sélective sur ces sujets, établi par Jacques Letondal.
LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

Vous avez dit dépression ?
La clinique lacanienne Numéro 17 - revue semestrielle – 2010

Editons Erès – Prix : 25 €

Si le monde actuel connaît une forte augmentation des pathologies dépressives - ou dites dépressives - la question du statut que le psychanalyste leur donne n'est pas simple. Il peut en effet être tenté d'analyser ce phénomène « de l'extérieur », en dénonçant la généralisation d'un diagnostic qui en dirait plus long sur le discours médical contemporain que sur le sujet qui se dit déprimé. Il peut aussi distinguer de façon très marquée la mélancolie d'un côté, et de l'autre des troubles névrotiques de l'humeur, qui seraient nettement moins bien caractérisés. Mais il ne peut éviter cependant d'aller un peu plus loin : à supposer que la généralisation du diagnostic de dépression n'aille pas de soi, ce qu'il faut, pour le moins, c'est tenter de l'éclairer. Or dès lors qu'on tente de le faire on s'aperçoit selon les mots d'un des articles du dossier que « le dépressif est celui qui est le mieux à même de nous apprendre quelque chose de notre monde ».

Ont participé à ce numéro : Marika BERGES-BOUNES - Gorana BULAT-MANENTI - Isabelle FLOC'H - Helene GODEFROY - Francoise GOROG - Jean-jacques GOROG - Rosa GUITARD-PONT - Christian HOFFMANN - Christiane LACOTE-DESTRIBATS - Jean-pierre LEHMANN - Martine LERUDE - Gerard POMMIER - Jean-jacques TYSZLER - Bernard VANDERMERSCH - Alain VANIER -
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La dépression, affect central de la modernité

Cinzia CROSALI CORVI

Parution : mai 2010 – PU de Rennes – Prix : 20 €

L’époque moderne nous confronte à une multiplication grandissante des affects dépressifs. Plus les objets de consommation produits par la science circulent sur le marché en promettant le bonheur et plus il est difficile pour l’être parlant d’atteindre à la satisfaction de sa demande. Ce paradoxe caractérise notre modernité, qui se révèle productrice à la fois d’objets de plus en plus performants et de ce malaise inquiétant de la civilisation appelé : dépression.

Tout le monde peut à un moment donné de sa vie se dire déprimé. Pour la psychanalyse lacanienne, la dépression n’est pas une maladie biologique, elle n’est pas non plus un symptôme, mais un affect. Elle découle de la difficulté pour chaque sujet de mettre en résonance le signifiant avec la jouissance, de conjuguer le symbolique avec le réel. Elle signale un débranchement d’avec le discours, donc d’avec le lien social. La dépression a des liens étroits avec l’angoisse puisque l’état dépressif exprime le retrait du sujet face à l’angoisse et au surgissement de l’objet qui cause son désir. Désarrimé de l’objet, le sujet n’arrive plus à saturer sa jouissance par son symptôme. Seul un diagnostic différentiel des états dépressifs permet une pratique clinique tenant compte de la structure de chaque sujet.
La boussole de cette clinique de l’affect dépressif est « l’objet cause du désir », à distinguer de l’objet du désir. Loin d’un objectif de normalisation, le traitement psychanalytique des sujets, définis par le discours moderne comme « déprimés », valorise la potentialité de chacun vers des solutions inédites et particulières à chaque sujet.

Ce livre veut démontrer que, face aux protocoles standards d’évaluation de l’humeur qui définissent la dépression à partir de l’effet des antidépresseurs, privilégiant ainsi une causalité organique, la psychanalyse propose une clinique du cas par cas, une clinique pour laquelle la singularité des modes de vie (des modes de jouissance) d’un sujet, a la priorité sur les modalités de recaptation neuronale de la sérotonine.

Cinzia Crosali Corvi, née à Fidenza près de Parme, est psychologue clinicienne, psychanalyste et criminologue. Elle vit en France où elle exerce en tant que psychanalyste, associant sa pratique à une activité de recherche au sein de l’École de la Cause freudienne. Ce livre est le résultat d’une thèse de Doctorat en psychanalyse, réalisée en co-tutelle avec l’Université Paris-8 et l’Université de Bergame (Italie) sous la direction du professeur Pierres-Gilles Gueguen et du professeur Pietro Barbetta. Thèse soutenue à l’Université de Paris-VIII sous la présidence du professeur Jean-Claude Maleval.
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Œdipe mimétique

Mark Anspach

Éditions de l’Herne – Avril 2010 – 12,50 €

Préface et entretien de René Girard

Œdipe roi est le premier polar. Il faut trouver le meurtrier de Laïos. Œdipe accuse le prophète Tirésias : « C’est toi le coupable ». Tirésias répond du tac au tac : « Le coupable, c’est toi.
Et en plus, t’as couché avec ta mère ! » Bientôt tout le monde reprend le refrain : Le roi Œdipe est une ordure.

Et si tout le monde se trompait ? Pour René Girard, le mythe d’Œdipe a son origine lointaine dans le lynchage d’un bouc émissaire. Mark Anspach décèle dans le texte même de Sophocle des indices qui jettent un doute sur la culpabilité du protagoniste. Sa seule faute serait de se laisser emporter dans ses rapports mimétiques aux autres. Mais n’est-ce pas là une tendance qu’il partage avec le père de la psychanalyse ? L’auteur trouve dans la vie de Freud lui-même des éléments à l’appui d’une lecture mimétique.
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Anthropologie de la guerre

Sigmund Freud

Parution : juin 2010 – Éditions : Fayard – Prix : 20 €

Quel regard le père de la psychanalyse, mort quelques jours après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, a-t-il porté sur les soubresauts de la politique internationale qui ont émaillé le début du XXe siècle ?

Dans Considération actuelle sur la guerre et la mort (1915) et Malaise dans la civilisation(1930), puis dans une lettre à Albert Einstein Pourquoi la guerre ? (1932), Freud articule sa réflexion sur la guerre à une interrogation plus large sur les causes profondes des conflits, la pulsion de mort, la notion de civilisation et la transmission de l’ordre symbolique qu’elle suppose.

Ce dernier thème trouve un écho dans une postface d’Alain Badiou écrite pour les parents et les enfants que nous sommes. Le malaise de civilisation contemporain se manifeste dans le désarroi des jeunes générations, et des fils en particulier. Quelle initiation est possible dans un État démocratique souffrant d’un déficit de capacité symbolique ? Comment faire de nos fils des sujets ?

Cet ensemble de textes de Sigmund Freud, proposés ici en version originale et dans une nouvelle traduction, avec une présentation magistrale et un glossaire de l’allemand freudien, nous fait redécouvrir un Freud « politique » à la résonance singulièrement contemporaine.
Traduit de l’allemand par Marc Crépon et Marc de Launay
Introduction et appareil critique de Marc Crépon et Marc de Launay
LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

Quid pro quo n°5

Marie-Hélène Devoisin / Laurent Cornaz / Hyacintha Lofé










E.P.E.L. – Mai 2010

Marie-Hélène Devoisin, MLF : L'invention au XXe siècle d'une homologia parrêsia côté femmes,
pour Chaque une plurielle autant que mille, Générations MLF 1968-2008
Laurent Cornaz, Dupe d'un nom,
pour Jean-Claude Milner, L'Arrogance du présent, Regards sur la décennie 1965-1975
Hyacintha Lofé, Les objets, vous dis-je !,
pour Tobie Nathan, À qui j'appartiens ? Écrits sur la psychothérapie, sur la guerre et sur la paix

Le numéro 5 de la revue Quid pro quo vient de paraître. Il comporte trois petits livres. Le premier porte sur l’ouvrage collectif Génération MLF 1968-2008. Ce Mouvement passe, le plus souvent encore aujourd’hui, pour l’incarnation du féminisme. Croisant une version de la psychanalyse, la parrêsia antique dont Michel Foucault fit grand cas, et de multiples références, Marie-Hélène Devoisin montre dans un texte aux allures de Manifeste, qu’il n’en est rien.
Il y a quelques années de cela, le linguiste Jean-claude Milner se demandait tranquillement si il existait encore une vie intellectuelle en France. La réponse était dans la question. À l’occasion de son dernier livre, lecture peu commune de ce que fut l’aventure de la Gauche prolétarienne à laquelle il appartint, son signataire se demande si ce livre peut être tenu pour le dernier volet d’un triptyque, avec deux de ses livres antérieurs, Les Penchants criminels de l’Europe démocratique (2003) et Le Juif de savoirL’avenir… Une inattendue figure émerge de cette lecture critique.
De son côté, Hyacintha Lofé se saisit de la publication du livre de Tobie Nathan, À qui j’appartiens ? pour revisiter le parcours de T. Nathan au-delà de ces vingt dernières années, sa proximité puis finalement sa rupture d’avec la psychanalyse. Qu’en est-il de son prolongement de "l’éthnopsychiatrie" proposée par son maître Georges Devereux, avec qui finalement il rompit un samedi soir de 1981… Pour une Autre appartenance.
Ces trois essais montrent aussi, selon des voies multiples, comment la psychanalyse, si pressente aujourd’hui dans la culture, n’en réduit pas pour autant le malaise ; faisant l’objet de refus pas toujours bruyants.



 Autogestion et démocratie chez les scientifiques

Il est 23 heures : l'équipe de nuit vient de prendre la relève dans la salle de contrôle du détecteur Atlas. Un silence religieux plane dans la grande pièce climatisée, tapissée d'écrans géants, où une vingtaine de chercheurs s'affairent devant des batteries d'ordinateurs. Les gobelets de café s'accumulent sur les tables, les mines sont tendues. On recommande au visiteur de ne pas s'approcher de la console bardée de gros boutons rouges: pas question de toucher les commandes d'arrêt d'urgence du plus grand accélérateur de particules du monde...

Le Large Hadron Collider (LHC) vient de redémarrer, le 21 novembre, plus d'un an après l'explosion du circuit de refroidissement qui l'a paralysé dès son inauguration, en septembre 2008. Les scientifiques qui procèdent ce soir aux premières collisions ont des raisons de se montrer nerveux. Nicolas, un jeune étudiant de l'université de Marseille-Luminy, a l'air émerveillé d'un gamin déballant un cadeau de Noël. Invité par son directeur de thèse, c'est la première fois qu'il pénètre dans le coeur du système, réservé aux seuls initiés. "Imaginez: les grandes découvertes des dix prochaines années vont se produire ici. Tous les physiciens du monde rêveraient d'être à ma place!"

Nous voici dans la Mecque de la physique des particules, au Conseil européen pour la recherche nucléaire (Cern), situé à Genève, en Suisse. Vu de loin, l'endroit ressemble à un complexe industriel poussé en pleine campagne. Usines, hangars, immeubles de bureaux se déploient sur une centaine d'hectares entourés de murs de béton. Toutes les rues de cet étrange village portent les noms de grands physiciens: Einstein, Marie Curie... On y trouve une banque, un bureau de poste, une garderie et trois restaurants.








John Ellis, physicien et théoricien de la physique.

Près de 10 000 personnes, dont 8000 scientifiques venus du monde entier, travaillent ici à construire et à faire fonctionner la machine la plus complexe jamais élaborée par l'homme. Cet appareil pachydermique est constitué d'un tunnel circulaire de 27 kilomètres de circonférence, creusé à 100 mètres sous terre entre la Suisse et la France, dans lequel des faisceaux de protons poussés à une vitesse proche de celle de la lumière se percutent en produisant des gerbes de particules élémentaires. Quatre détecteurs installés sur le parcours de la boucle, baptisés Atlas, Alice, LHCb et CMS, sont chargés d'enregistrer la trace des collisions. Le tout forme un colossal instrument scientifique, sorte de mégamicroscope doublé d'une machine à remonter le temps, qui permet de voir la structure des atomes et de reconstituer les conditions qui régnaient dans l'Univers pendant les premières fractions de seconde qui ont suivi le big bang, voilà 14 milliards d'années. A pleine puissance, l'engin consomme 300 mégawatts d'électricité, autant qu'une ville de 200 000 habitants.
 
Mais, au-delà des vertiges techniques, le Cern a aussi donné naissance à une formidable aventure humaine. Le Large Hadron Collider est un instrument mis à la disposition de la communauté scientifique mondiale: chaque pays envoie ses propres chercheurs à Genève, pour des périodes de quelques jours à plusieurs années, payés par les institutions ou les universités dont ils dépendent chez eux. "L'équipe du détecteur Atlas dans laquelle je travaille rassemble 2000 chercheurs: c'est de la science à l'échelle industrielle", explique Henri Bachacou, 34 ans, physicien détaché du laboratoire du CEA-Saclay, en région parisienne.

Autogestion et démocratie chez les scientifiques

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les 8000 savants du centre fonctionnent en quasi-autogestion. Il n'y a pas de chef ici. Personne n'a le pouvoir de donner des ordres ou d'assigner telle personne à telle tâche. Chaque équipe élit un "porte-parole" censé coordonner l'ensemble, mais qui n'a en réalité aucun pouvoir formel. Toutes les décisions importantes sont prises en assemblée générale, à la majorité. De l'étudiant en thèse au professeur confirmé, tout le monde est traité sur un pied d'égalité.

La particule de dieu

Financée par les 20 États européens membres du Cern, ainsi que les États-Unis, la Russie, le Canada et le Japon, la construction du LHC a commencé il y a plus de dix ans et a coûté la bagatelle de 3 milliards d'euros.

Le tunnel, où les faisceaux de particules sont dirigés par d'énormes aimants supraconducteurs baignant dans l'hélium liquide, est considéré comme l'endroit le plus froid sur terre. Il y règne un vide dix fois plus poussé que sur la Lune, et la température dégagée par les collisions atteint plusieurs fois celle qui règne à la surface du Soleil.

Les physiciens espèrent découvrir, avec cet instrument de tous les superlatifs, une particule dont l'existence a été prédite depuis presque trente ans : le boson de Higgs. Surnommée la "particule de Dieu", cette pièce maîtresse, qui manque encore au modèle standard de la physique (et qui est censée donner leur masse à toutes les autres particules), permettrait aux physiciens de décrypter l'ensemble des forces régissant le comportement de la matière, de l'infiniment petit à l'infiniment grand.

"La science se fait par consensus, pas par la contrainte, explique Fabiola Gianotti, physicienne italienne de l'université de Milan, porte-parole chargée de coordonner le projet Atlas. Le Cern n'est pas une usine automobile, nous ne sommes pas tenus à l'efficacité économique, mais à la nécessité de faire avancer la science. Ce qui implique de favoriser au maximum la créativité. Bien sûr, il y a des conflits et des batailles d'ego, c'est parfois la pagaille, on s'engueule beaucoup, mais c'est toujours à propos de physique."

Les articles scientifiques publiés par le groupe sont signés par tous ses membres, dans l'ordre alphabétique. "C'est parfois injuste, car certains font l'essentiel du boulot pendant que d'autres se contentent de signer, mais c'est la règle." Ces publications à 2000 auteurs pourraient aussi poser un problème en cas de grande découverte justifiant un prix Nobel: celui de physique ne peut officiellement être attribué qu'à trois individus au maximum.

Le centre étant loin de Genève, beaucoup de chercheurs sont logés sur place. Il n'y a pas grand-chose à faire sinon travailler; les bureaux restent souvent allumés tard le soir. Une grande partie du temps se déroule en réunions. A chaque étage du bâtiment principal, on aperçoit des groupes de 20, 30 ou 50 chercheurs assis en rond, le nez sur leurs ordinateurs portables. De nombreux participants interviennent aussi parfois au téléphone depuis leur laboratoire à Londres ou à Chicago.

Une ambiance décontractée règne dans cette cité métissée où cohabitent 85 nationalités. A l'heure du déjeuner, une foule bigarrée se retrouve au coude-à-coude dans les cafétérias, des jeunes thésards aux vieux briscards, des chercheuses iraniennes en hijab aux physiciens afro-américains, suédois, japonais, turcs... Autour des tables, on discute dans un anglais de cuisine de la théorie des cordes, mais aussi des meilleures pistes de ski des environs ou des avantages du dernier MacBook.

Des recherches qui n'ont pas de finalité militaire

Ici, les physiciens israéliens travaillent en parfaite entente avec des Iraniens, les Indiens avec des Pakistanais, les Chinois avec des Taïwanais. Malgré leur qualificatif de "nucléaires", les recherches qui sont menées au Cern n'ont pas de finalité militaire et n'ont aucun rapport avec la fabrication de bombes atomiques. Ce qui explique l'attitude bon enfant des vigiles aux postes d'entrée et la rareté des caméras de surveillance. De nombreux bâtiments restent ouverts aux quatre vents, à l'exception de quelques zones "sensibles" dont les accès sont contrôlés par badge magnétique. En octobre dernier, l'arrestation d'un ancien chercheur du centre, un physicien d'origine algérienne, suspecté d'avoir eu des contacts avec Al-Qaeda, a suscité de nombreux commentaires, mais n'a entraîné aucun durcissement de la sécurité.

Les physiciens du Cern se classent eux-mêmes en plusieurs catégories: théoriciens, expérimentateurs, techniciens, chacun étant persuadé d'être au-dessus du panier. Les théoriciens travaillent le plus fréquemment seuls. Ils ressemblent souvent à la caricature du Pr Tournesol : débraillés, le cheveu en bataille et perdus dans la lune. Les expérimentateurs conçoivent les appareils destinés à valider les idées des théoriciens, et se prennent pour les architectes suprêmes. Puis viennent les techniciens des accélérateurs. Eux mettent les mains dans le cambouis, d'où leur tendance à croire que ce sont eux qui font réellement de la physique. Enfin, il existe une catégorie à part, celle des informaticiens qui élaborent les programmes indispensables au contrôle des machines et au traitement des résultats. "C'est le secteur le plus sexy et le moins salissant, persifle Henri Bachacou: tout le monde s'y précipite, alors que d'autres tâches, plus prosaïques, manquent de bras."








Le 30 novembre dernier, dans la salle de contrôle LHC,
les physicuens explosent de joie: après plus d'un an d'arrêt,
l'accélérateur vient de redémarrer.
AFP/Cern

Le 30 novembre dernier, dans la salle de contrôle LHC, les physicuens explosent de joie: après plus d'un an d'arrêt, l'accélérateur vient de redémarrer.

Les informaticiens du Cern ont pourtant changé la face du monde. C'est à eux que l'on doit l'invention de l'Internet. Le langage HTML et les liens hypertextes, qui constituent l'architecture du réseau mondial, ont été mis au point ici, entre 1989 et 1990, par un physicien britannique, Tim Berners-Lee. L'objectif était de permettre aux scientifiques de partager les données des expériences sur les ordinateurs des universités dispersés aux quatre coins du monde. On peut voir au musée du Cern une feuille de papier sur laquelle Berners-Lee avait schématisé le principe de sa trouvaille. Assorti d'un commentaire, rédigé par une main anonyme: "Vague, mais excitant."

Une masse colossale de données à stocker


Aujourd'hui, le centre est confronté à un autre défi informatique: la quantité colossale de données produites par le nouvel accélérateur. Le LHC, qui tourne encore au ralenti pour quelques mois, va dégager bientôt une masse colossale de données: 1 pétaoctet par an, l'équivalent d'une pile de 1 million de cédéroms, haute comme 5 fois la tour Eiffel. Pour gérer cette avalanche, les bidouilleurs du Cern ont conçu un nouveau système, baptisé "the Grid" (la grille), qui préfigure les réseaux intelligents de demain.

Tout - ou presque - reste à découvrir: les physiciens ne connaissent aujourd'hui que 5% de ce qui constitue l'Univers, les 95% restants, formés de "matière noire" et d'"énergie noire", demeurent encore un mystère. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les pensionnaires de la petite république genevoise ont du pain sur la planche.

vendredi 13 août 2010


LES LIVRES DE PSYCHANALYSE

LA LETTRE DE L'ENFANCE ET DE L'ADOLESCENCE (Revue du Grape) n°79

Editions Erès – Juillet 2010 – 16 €

L'origine latine du mot « fiction » est un verbe dont les définitions recouvrent tout autant l'acte de « manier », « caresser », « composer » ou encore « feindre ». Dans quelle mesure est-il nécessaire pour un sujet d'accompagner son histoire subjective de ces mouvements ? Que nous enseigne la clinique de l'enfance et de l'adolescence sur leur caractère nécessaire, tout à la fois symbolique et imaginaire, dans la construction subjective ? Nos pratiques peuvent-elles s'appuyer sur les « fictions » pour accompagner, éduquer, soigner ?

Coordination : Maryvonne BARRABAND (@) - Viviane DURANDOnt participé à ce numéro : Lucie BOUSQUET - Laurence CAMPET-DENISSE - Vincent CORNALBA - Armando COTE - Tristan GARCIA-FONS - Vanessa JULIEN - Karima LAZALI- Marc LEVIVIER - Anne LONCAN -Veronique MASSUY - Jose MOREL CINQ-MARS -Claudine OURGHANLIAN - Didier PILORGE - Ilaria PIRONE - Jean-bertrand PONTALIS -Myriam REVIAL - Alain VERGNIOUX -




Une circulaire pour accélérer le financement de 250 maisons de santé

Le gouvernement a passé la vitesse supérieure dans le déploiement de 250 maisons de santé pluridisciplinaires après le lancement en février d’un plan national par le président de la République.

Les ministères de l’Intérieur, de la Santé et de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire viennent en effet d’adresser une circulaire aux préfets et aux directeurs des agences régionales de santé (ARS) pour accélérer le financement de ces nouvelles structures censées apporter une solution aux problèmes de démographie médicale, notamment dans les territoires ruraux.

Ce document précise les financements dont les maisons de santé pourront bénéficier. Il est ainsi prévu que les maisons de santé puissent profiter de subsides pour « les études préalables et l’ingénierie, sous la responsabilité des ARS (50 000 euros maximum par projet) ainsi que pour les dépenses de fonctionnement dans le cadre de l’expérimentation des nouveaux modes de rémunération des professionnels ». Les promoteurs des structures pourront également solliciter des investissements auprès des Dotations globales d’équipement ou de développement rural ou encore du Fonds national d’aménagement et de développement du territoire sous l’égide des préfets.

La circulaire précise que l’État pourra prendre en charge jusqu’à 25 % du coût du projet, voire 35 % dans les territoires prioritaires identifiés par les schémas régionaux d’organisation des soins (SROS) qui seront établis en 2011.

Les maisons de santé devront respecter un cahier des charges national pour bénéficier des financements de l’État. Des conseils régionaux de sélections seront chargés de faire part avant le 30 octobre des projets sélectionnés et des objectifs fixés de 2010 à 2012.

Un « cadrage national » sera ensuite réalisé pour le déploiement des maisons de santé en 2011 et 2012, conclut la circulaire.

› CH. G.

Quotimed.com, le 30/07/2010





Plus de 40 % des jeunes handicapés se sentent discriminés

Une étude de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques)* révèle que plus de 40 % des jeunes handicapés estiment avoir subi au moins une fois une discrimination, soit huit fois plus souvent que les jeunes du même âge sans handicap.

Si insultes et moqueries sont ressenties presque à égalité par les jeunes sans handicap (90 %) ou avec (86 %), la mise à l’écart est déplorée par 62 % des handicapés, contre 35 % des non-handicapés. Le refus d’un droit toucherait 13 % des handicapés contre 1 % seulement des personnes valides.

Les troubles cognitifs (troubles du comportement, de l’apprentissage, du langage ou de la compréhension) entraînent des discriminations pour 31 % des 25-54 ans et 45 % des 10-24 ans.

Dans le cas des handicaps moteurs (paralysie, amputation, gêne dans les articulations...), les discriminations sont ressenties par 40 % des jeunes et 26 % des adultes. Pour les handicaps d’ordre sensoriel (cécité, surdité), le sentiment de discrimination est partagé par 33 % des jeunes et 19 % des adultes.

Parmi les 25-54 ans, les situations sont plus contrastées, si l’on compare les adultes qui travaillent à ceux qui sont au chômage. La moitié des chômeurs déclarent en effet avoir subi une discrimination ou ont le sentiment d’avoir subi une injustice liée à leur santé ou à leur handicap, contre un quart des actifs ayant un emploi.

Selon le dernier rapport de la HALDE (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), le handicap ou l’état de santé constituent la deuxième cause de discrimination (18,5 %), derrière l’origine (28,5 %).

› AU. B.

* « INSEE Première », n° 1308, juillet 2010.
Quotimed.com, le 30/07/2010



Chronique
La psychanalyse à la portée du plus grand nombre

C'est une petite tache d'encre qui en dit long. Pendant vingt-cinq ans, de 1970 à 1994, elle a orné chacune des 50 couvertures de la Nouvelle Revue de psychanalyse (NRP). Une sorte de test de Rorschach. A l'interprétation libre, donc. Dans son bureau perché en haut des escaliers en colimaçon de la maison Gallimard, Jean-Bertrand Pontalis s'amuse encore aujourd'hui de ce choix illustratif, qui, bien sûr, n'avait rien d'anodin. L'intellectuel, ancien élève de Sartre et collaborateur des Temps modernes, n'avait qu'une idée en tête lorsqu'il décida, en 1970, de se lancer dans l'aventure de la NRP : créer une revue libre où "chacun pouvait y voir ce qu'il voulait".

A la fin des années 1960, la guerre des clans fait rage en France au sein de la psychanalyse. Pour faire simple, c'est freudiens contre lacaniens. "J.-B." a beau être un ancien proche de Lacan, avec qui il a fait son analyse didactique, il ne supporte pas cette "allégeance à la parole d'un Maître", quel qu'il soit. Dans le premier numéro, "Incidences de la psychanalyse", qui paraît au printemps 1970, Pontalis expose son projet : "Ne pas rester entre soi", pourfendre les chapelles, et "s'ouvrir à des travaux d'auteurs étrangers, par leur pays, leur discipline, leur pensée singulière". La revue, qui sortira deux fois par an, ne sera donc ni l'organe officiel d'une institution, ni réservée aux seuls analystes.

Cette liberté se traduit d'abord par la présence, au sein du comité éditorial, de cinq analystes d'obédience différente - Didier Anzieu, André Green, Masud R. Khan, Guy Rosolato et Victor Smirnoff - mais aussi du philosophe et ethnologue Jean Pouillon, et de l'historien des idées et critique littéraire Jean Starobinski. J.-B. refuse aussi que ses auteurs jargonnent. Le vocabulaire technique est proscrit. "Une seule exigence, écrit-il : rendre sensible, sans l'effacer, l'animation de l'inconscient, rendre son travail intelligible, sans prétendre le maîtriser." Pas question de "sortir la grosse artillerie psychanalytique".

Ces principes se retrouvent dans le choix des titres des 50 volumes collectifs publiés, et tous centrés sur un thème. Le numéro 5 est ainsi intitulé "L'espace du rêve" pour éviter le terme "interprétation". De même celui (n° 13) consacré à la question du narcissisme se dénomme "Narcisses" : "Le narcissisme avait été théorisé en long et en large, explique l'analyste Michel Gribinski, qui fut pendant treize ans membre de l'équipe de rédaction de la revue. L'intitulé "Narcisses" permettait d'explorer les différents destins de ce concept cher à la pensée grecque, à la mythologie et à la philosophie."

J.-B. Pontalis semble particulièrement fier du titre du 33e numéro : "L'amour de la haine" qui rompait avec le traditionnel "amour et haine", grand classique de la littérature analytique. Un choix éditorial inspiré de la nouvelle de Joseph Conrad, Le Duel, qui raconte comment la vie de deux officiers napoléoniens s'organise autour de la haine qu'ils ont l'un pour l'autre.

Mis à part ceux à qui la psychanalyse fait trop peur, peu d'auteurs sollicités pour collaborer à la NRP refusent d'y apposer leur signature. Les historiens Georges Duby et Pierre Nora participent à "Mémoires", le numéro 15. Un bel exercice puisque le premier écrit sur "Mémoires sans historien" et le second est interrogé sur "Mémoire de l'historien, mémoire de l'histoire". Fasciné par les mots, J.-B. Pontalis demandera à son ami Georges Perec de collaborer au numéro 16 "Ecrire la psychanalyse", avec un article intitulé "Vues d'Italie".

La liste des invités - Claude Lanzmann, Roger Grenier, Jean Baudrillard... - est trop longue pour en faire une recension complète. Mais ce que l'on pouvait penser n'être au départ qu'un projet marginal au monde de la psychanalyse s'impose rapidement comme une référence. Au point d'y faire écrire des membres de la Société psychanalytique de Paris, la gardienne du temple freudien. "Les réunions du comité étaient un lieu passionnant de remue-méninges, se souvient Michel Gribinski. On brassait les idées, c'était drôle, c'était vif. Chacun y était tout entier soi-même et les désaccords quand il y en avait étaient vite oubliés." Même si la revue déroute parfois, les ventes atteignent au total 250 000 exemplaires, soit une diffusion moyenne de 5 000 numéros par titre. Le plus beau score revient au thème (n° 19) consacré à "L'enfant" (près de 8 000 ventes). Claude Gallimard, qui dirige alors la prestigieuse maison d'édition, est largement satisfait.

Pourtant, alors que la renommée de la revue et les ventes ne font qu'augmenter, J.-B. Pontalis décide de mettre fin à l'aventure. Le cinquantième numéro sera le dernier : il s'appelle "L'inachèvement". Pourquoi ce sabordage ? L'agrégé de philosophie s'en explique dans l'éditorial : "Je m'étais dit, dès le départ, que le jour où la force de l'habitude l'emporterait sur l'amour des commencements, il serait bon de marquer au moins un temps d'arrêt (...). Quelque chose n'est plus au rendez-vous. Quelque chose qui pourrait s'appeler le désir de fonder, à chaque fois, comme au premier jour."

Aujourd'hui, il reconnaît volontiers que cette décision regrettée par ses collaborateurs avait été dictée par "un peu d'égoïsme". "Au bout d'un certain temps, j'ai eu envie de passer à autre chose." J.-B. souhaitait notamment se consacrer davantage à la nouvelle collection "L'un et l'autre", qu'il dirigeait, depuis 1989, chez Gallimard. Mais dans nombre de bibliothèques, il reste comme un vide. Beaucoup de lecteurs n'ont pas compris cet arrêt brutal. Afin de les consoler, J.-B. terminait son éditorial par cet aphorisme : "Quand le train entre en gare, le voyage n'en est pas pour autant fini !"

Nouvelle Revue de psychanalyse. 1970-1994. Dirigée par Jean-Bertrand Pontalis.

Marie-Béatrice Baudet (La saga des revues)

mercredi 11 août 2010




Par Reuters, publié le 29/07/2010

Mères infanticides, malades mais responsables, selon des experts

Il est difficile de dresser un profil-type des mères infanticides, dont le nombre serait stable en France depuis les années 1970, mais dans la majorité des cas, elles sont ordinaires et conscientes de leurs actes, relèvent des spécialistes.

Seule une dizaine d'affaires sont portées à la connaissance de la justice chaque année, comme la découverte cette semaine des restes de huit nourrissons près de Douai (Nord), mais on en dénombre en réalité entre 60 et 80, selon le Dr Jacques Dayan, ancien expert après des tribunaux et spécialiste de la psychiatrie périnatale.

"Les médias braquent les projecteurs sur des cas extraordinaires mais la plupart des histoires ne concernent qu'un nouveau-né", explique à Reuters le médecin du CHU de Rennes.

Le nombre d'infanticides - on parle de "néonaticides" si les nouveau-nés sont tués dans la journée qui suit leur naissance - "est à peu près stable depuis que les avortements sont plus faciles", ajoute-t-il.

A Villers-au-Tertre, dans le Nord, une aide soignante de 47 ans a déclaré avoir accouché seule de ses huit enfants qu'elle a étouffés ensuite.

Mère de deux filles aujourd'hui âgées d'une vingtaine d'années, elle a expliqué aux policiers qu'elle était consciente de ses grossesses mais qu'elle ne voulait plus d'enfants.

Selon Sophie Marinopoulos, psychologue et auteur de "La Vie ordinaire d'une mère meurtrière", l'affaire de Villers-au-Tertre est sans aucun doute "le cas le plus grave en nombre" en France.

"BANALEMENT HUMAINES"

Dans les années 70, un couple de Corrèze a tué sept de ses enfants à la naissance. Plus récemment, Véronique Courjault a été condamnée pour le meurtre de trois de ses nouveau-nés et en mars dernier, Céline Lesage, 38 ans, a été reconnue coupable d'avoir tué six de ses enfants.

"Certains les ont présentées comme des serial-killers. Vu de loin, le nombre rend ces affaires monstrueuses mais de près, elle sont banalement humaines et fragiles", dit Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue qui a assisté au procès de Céline Lesage devant les assises de la Manche.

Comme une grande partie de ses collègues, il ne "croit pas au concept de déni de grossesse" mais parle du "déni d'investissement d'être mère": "elles tuent une chose plutôt que leur enfant".

"Psychiquement, en le tuant, elles empêchent leur enfant de naître. Elles gardent le pouvoir sur leur ventre", ajoute le Dr Dayan.

Médecins, psychologues et chercheurs estiment que les causes de ces passages à l'acte sont à rechercher dans le passé des mères - leur histoire familiale, leur rapport à leur corps - qui sont souvent inhibées, souffrent de problèmes névrotiques et ont des difficultés à établir le contact avec les autres.

Selon le Dr Dayan, 20% des mères infanticides seulement ont été prises dans un épisode délirant, une psychose puerpérale. Dans ces cas-là, les mères sont déclarées irresponsables et échappent à un procès mais pour les 80% restants, "ce sont des femmes ordinaires".

Pour la psychologue Odile Verschoot, qui a écrit "Ils ont tué leurs enfants", "le geste infanticide surgit d'un double désir : d'une part, le désir fou de garder en soi l'enfant que l'on craint de perdre et, d'autre part, en éliminant la descendance, celui de conserver sa place de 'nourrisson psychique' au sein de la famille initiale".

Puisqu'on n'arrive pas à concevoir qu'une femme 'normale' puisse tuer son enfant, la société a toujours été assez tolérante à leur égard, note Jacques Dayan.

Lorsque la peine de mort était encore en vigueur en France, elle n'était pas prévue dans le Code pénal pour les mères infanticides.

Véronique Courjault a été condamnée à huit ans de prison et Céline Lesage à quinze années de réclusion.