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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 11 août 2010

Et si Sigmund Freud avait rencontré Homer Simpson ?


Mario, Peach et Bowser ou la triade oedipienne ?

Mario est un personnage de jeu vidéo crée dans les années 80.
C’est l’un des plus célèbres de la franchise Nintendo.









Dans les différents jeux où Mario est le personnage principal, le joueur retrouve la même trame scénaristique : Mario, amoureux de la princesse Peach se trouve avec elle dans une fête au château. Cependant , l’atroce Bowser arrive et kidnappe la princesse. Mario devra dans le jeu poursuivre Bowser à travers le monde afin de sauver Peach.

Tel l’enfant se trouvant dans la relation dyadique avec sa mère, l’intrusion du père est vécu comme persécutante par Mario. Le père fait passer la relation dyadique à une relation triadique et met en exergue le partage de  l’objet d’amour maternelle avec un autre.

Mario, pour vaincre le père (sous les traits de Bowser: un monstre avec une carapace de tortue recouverte de piquant et le visage d’un dragon), parcours le monde et affronte les dangers extérieurs afin de retrouver l’amour perdu. Bowser représente d’un côté une tortue, avec sa carapace permettant de se protéger et d’agresser, mais également le phallus à travers l’utilisation destructrice qu’il fait du feu qui sort de sa bouche.

Lors de ses aventures, Mario se voit confronter à des champignons, des plantes carnivores, des squelettes, des bombes… Cependant, ce qu’il affronte, peuvent également se retrouver sous forme d’alliés : les champignons qui veulent le tuer sont opposés aux champignons lui permettant de grandir. Les plantes carnivores souhaitant le manger se retrouvent face à des plantes lui accordant des pouvoirs de feu ou de glace. Ou encore, les reptiles tels que Bowser existent également sous forme bienveillante en Yoshi (servant de monture à Mario).

Mario est face à des objets clivés: il est face à une rivalité face au père, mais également à une identification, lui permettant d’évoluer et de tuer symboliquement le père.

A chaque fin de jeu, Mario tue le père et retrouve sa princesse.

Dans les derniers jeux, les enfants de Bowser font leur apparition. Mario est comme face à des frères avec qui il se doit de partager sa princesse. Luigi constitue un frère auquel il peut demander un soutien.



LE MONDE DES LIVRES
Petit Poucet deviendra gore

C'était avant l'invention de la psychanalyse et de l'inconscient collectif. Et bien avant le cinéma, la télévision, le déferlement des images et la surenchère de violence qui s'est abattue sur les écrans. Quand Charles Perrault a raconté l'histoire du Petit Poucet, en s'inspirant d'une tradition orale venue du fond des âges, il ne prenait pas de gants avec la sensibilité de ses lecteurs - lesquels, d'ailleurs, n'étaient pas censés être des enfants.

Les petits qu'on abandonne dans la forêt, les parents indignes, le cadet mal-aimé, l'ogre mangeur de chair fraîche, le père qui finit par assassiner ses propres filles, et même la ruse de Poucet qui, pour sauver sa peau, sacrifie les jeunes ogresses - on ne peut pas dire que les moeurs étaient bien civiles au royaume des fées et des bottes de sept lieues. Mais, enfin, tout n'était pas dit, exposé, détaillé comme sur une table de dissection.

Avec Brigitte Aubert, qui publie chez Fayard Noir Le Souffle de l'ogre (298 p., 17,90 €), fini les zones d'ombre, fini le mystère. Reprenant l'histoire du Petit Poucet, mais aussi d'autres contes, comme Blanche-Neige, cette auteure de polars s'est engagée dans une veine nettement plus lugubre. Poucet y porte un numéro : il s'appelle Sept et il est l'un des deux survivants d'une fratrie décimée par un père qui décapite ses enfants à la hache, on ne sait pourquoi. L'autre, c'est Un, l'aîné, presque aveugle et infirme, qui vit attaché à un piquet au fond de la cour (dans le conte original, c'était un "rousseau" que la mère aimait plus que les autres parce qu'elle-même "était un peu rousse"). L'ogre est bien là, tout comme les petites ogresses (dotées des "mêmes dents taillées en pointe que leur géniteur"), mais l'ambiance a changé. D'une violence inouïe, surtout dans les premières pages, le roman montre un ogre qui finit par empaler un enfant "sur le long manche de sa pioche", pendant que Sept n'en perd pas une miette. Un monstre en proie à des pulsions sexuelles, un "malade" ivre de sperme et de sang, qui éprouve du remords, mais pas bien longtemps. On sait l'interprétation que les psychanalystes, à commencer par Bruno Bettelheim, ont fait des contes de fées, de leur puissance fantasmatique et de leur charge érotique. Mais, en lisant ces aventures, on ne peut s'empêcher d'éprouver un malaise. Comme si la même frénésie d'images sanguinolentes (et souvent complaisantes) s'était propagée du cinéma vers la littérature. Laquelle ne gagne pas forcément à cette escalade, qui menace de la banaliser.

Il y a d'assez bonnes choses dans ce Souffle de l'ogre, en particulier l'humour, par exemple quand Sept rencontre Blanche-Neige au fond des bois : elle y vit seule, les sept nains s'étant fait massacrer par la reine. Quant à Blanche-Neige, elle n'a dû sa survie qu'à un arrangement d'ordre sexuel avec le garde-chasse chargé de la tuer. Mais cet humour lui-même n'est qu'un correctif assez attendu à la violence, une manière supplémentaire de tout expliciter qui fait regretter le pouvoir de suggestion des contes d'origine - et leur force.

Raphaëlle Rérolle
Article paru dans l'édition du 26.06.10

mercredi 21 juillet 2010

Seuls Au « Monde »
Par Gérard Huber Et Alain De Mijolla

2 juillet 2010 

Lire le journal, ce n’est plus seulement apprendre les nouvelles, ni même savoir ce que des professionnels de l’information en disent, mais découvrir comment il convient de se positionner vis-à-vis de cet « on-dit ». Que cet « on » ne soit pas neutre, qu’il ne soit pas réductible au « il y a », c’est également d’évidence, car, derrière lui, « il y a » des hommes et des femmes, des journalistes, qui engagent leur responsabilité d’auteur.

Or, se pourrait-il qu’il y ait des « news » et des « on-dit » à propos de la psychanalyse, et, plus particulièrement, de la pensée de Freud et de son héritage ? Assurément. Mais, nous nous risquons à le dire ; Le Monde, puisque c’est, ici, de ce journal qu’il s’agit, ne joue pas pleinement son rôle. Non seulement parce que les responsables du « Monde des Livres » et des « Débats » sélectionnent auteurs et ouvrages, ce qui, au demeurant, est inévitable, étant donné la place dont ils disposent, mais parce qu’ils le font au nom d’une conception obsolète de l’information qui prétend, par cette distanciation, « brechtienne » qui emprisonne le signifiant sous la table des signifiés, savoir de quoi il convient de parler, au prétexte que ce serait « d’actualité ».

Certes, Le Monde n’est pas une revue de recherche, mais, de même qu’il n’y a pas de curiosité, dans quelque domaine que ce soit, sans renoncement à un finalisme qui prétend être le bon discours de la causalité, de même il ne saurait y avoir de vie des idées sans renoncement à sa prédétermination, à son « promptage ».

Le fait que, récemment, les lecteurs du Monde (et d’autres journaux d’ailleurs) en soient venus à penser que l’actualité de la pensée freudienne était cadrée par les orageux échanges qui se sont développés entre Michel Onfray et Élisabeth Roudinesco en est un exemple patent. C’est ainsi que Le Monde, mais on pourrait en dire autant du Point ou du Nouvel Observateur, n’a pas accordé la moindre ligne à la recension des travaux du fondateur de la Société Internationale d’histoire de la psychanalyse en France, Alain de Mijolla, ni à celle des travaux du biographe français de Freud, Gérard Huber. Et, si nous prenons cette initiative de dire ce mot, nous pouvons, cependant, l’affirmer : nous ne sommes pas seuls au Monde à le dire.

Nous ne sommes pas des militants de la psychanalyse ni des épigones de Freud. En effet, nous ne cherchons pas à convaincre, encore moins à formater, car nous ne sommes pas mus par l’utopie du pédagogisme. Si nous croyons en une potentialité de fait, ce qui explique pourquoi nous sommes psychanalystes, d’ailleurs, nous ne prétendons nullement qu’il existe une égalité de fait immédiate devant la compréhension des choses de l’âme. Mais justement, de même que nous faisons confiance à nos patients, sans leur promettre quelque compréhension de soi qui se ferait par magie, de même nous pensons qu’un journal doit faire confiance à ses lecteurs et leur faciliter l’accès, pour ne pas dire leur ouvrir le chemin, de ce qui se joue, hic et nunc, en matière d’actualité du psychisme et de la pensée de Freud. Ouvrir le chemin, cela veut dire ne pas fermer la porte aux diverses opinions qui « dévieraient » d’un conformisme rédactionnel, quel qu’il soit.

Nous sommes respectueux des philosophies et psychothérapies qui, par d’autres cheminements que ceux de Freud, ont tenté d’atteindre le même objectif que lui, mais nous savons qu’il y a un avant et un après Freud, et qu’en matière de cet après, il est de la responsabilité de tous ceux qui font circuler les idées d’ouvrir leurs cadres traditionnels de référence, c’est-à-dire de s’enquérir auprès de tous de ce qui les déborde.

Gérard Huber est psychanalyste et biographe de Freud.
Alain de Mijolla est psychanalyste et historien de la psychanalyse.


(Cet article a été adressé au Monde le 23 juin 2010. Nous sommes, à présent, en attente d’une réponse de la Médiatrice du Courrier des Lecteurs).




Réduction des risques chez les usagers de drogues : une politique à revoir

A la demande du ministère de la Santé, un groupe d’experts de l’INSERM vient de rendre ses conclusions sur l’efficacité de la politique menée chez les usagers de drogues. Et formule une série de recommandations.


Vingt ans après sa mise en place en France, « la prévalence des hépatites C touchant près de 60 % des usagers, de nouvelles populations échappant aux dispositifs existants ainsi que la survenue de nouvelles pratiques à risque sont autant de paramètres imposant d’adapter la politique de réduction des risques (RDR) », conclut l’expertise de l’INSERM rendu publique aujourd’hui. Pour répondre à la demande adressée par la ministre de la Santé en 2008, un groupe de 14 experts constitué par l’INSERM a analysé près de 1 000 articles, auditionné plusieurs intervenants et organisé plusieurs rencontres-débats avec les associations et les représentants des usagers de drogue.

La politique de réduction des risques (accès élargi au matériel d’injection, aux traitements de substitution aux opiacés, au dépistage du VIH et aux traitements antirétroviraux) a permis de réduire « drastiquement » l’incidence de l’infection par le VIH et le nombre de décès liés à l’usage de drogues. Mais les résultats restent insuffisants sur l’infection par le VHC.

Le groupe d’experts formule une série de recommandations : « promouvoir la cohérence et l’articulation des différentes politiques publiques sanitaires, sociales et pénales pour rendre efficace toute stratégie de réduction des risques » ;« promouvoir une égalité d’accès aux dispositifs » pour l’ensemble des usagers de drogues ; « adapter le dispositif » à la spécificité des populations (notamment à l’émergence d’une nouvelle population de jeunes usagers de psychostimulants en milieu festif et dans les quartiers populaires et les banlieues et précaires vivant dans des squats collectifs) ; « adapter les outils et les approches à l’évolution des substances et nouvelles modalités de consommation » ; « élargir la palette des mesures et des approches », avec notamment les CIS (centres d’injection spécialisés) qui devront faire l’objet d’une étude préalable afin de déterminer s’ils répondent à des besoins spécifiques.

Parmi les autres mesures proposées, le groupe souhaite que les besoins des femmes soient reconnus avec des services qui prennent en compte leurs risques spécifiques ; elles représentent désormais un tiers des usagers d’opiacés au niveau européen. De même une politique RDR doit être définie en milieu pénitentiaire.

Le ministère de la Santé « va analyser les mesures qui ont démontré leur efficacité à l’étranger, apprécier si elles peuvent s’appliquer en France », a affirmé Roselyne Bachelot. Ces analyses « se feront en concertation avec les acteurs concernés, les associations, les professionnels de santé et les institutionnels. Les décisions seront alors prises », a-t-elle ajouté. De leur côté, Aides et Médecins du monde, demandent que les mesures soient rapidement mises en œuvre. « La réflexion ne doit plus empêcher l’action », soulignent-elles.

› Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Quotimed.com, le 02/07/2010





Des signatures génétiques chez les centenaires et supercentenaires

Quels sont les secrets des centenaires ? Une étude chez plus de 1 000 centenaires américains, dont une cinquantaine de supercentenaires (110 ans et plus), suggère que si l’environnement est important, des variants génétiques jouent également un rôle crucial et complexe pour pouvoir atteindre un très grand âge. Ceux-ci constituent un modèle du « bien vieillir », puisque la survenue d’une incapacité chez ces individus est généralement retardée après l’âge de 95 ans.


Une équipe de chercheurs américains a conduit la plus grande étude d’association génomique de centenaires qui ait été conduite à ce jour. Les chercheurs ont analysé l’ADN de 1 055 centenaires américains d’origine européenne et l’ont comparé à celui de 1 267 témoins. Ils ont examiné quels variants génétiques SNP sont associés à la longévité exceptionnelle. Ils ont ainsi pu construire un modèle génétique basé sur 150 variants SNP (Single Nucleotide Polymorphisms) qui peut prédire une longévité exceptionnelle avec une exactitude de 77 % (dans le groupe de réplication).

En analysant plus profondément ces données, les chercheurs ont découvert que 90 % des centenaires peuvent être classés en 19 groupes se distinguant par des combinaisons différentes de génotypes SNP, ou « signatures génétiques » de longévité exceptionnelle.

Ces groupes sont caractérisés par un enrichissement (à divers degrés) de variants associés à la longévité (VAL), et ils sont associés à des différences dans la prévalence et l’âge de survenue des maladies liées à la vieillesse.

Par exemple, certains groupes sont associés à l’âge le plus tardif de survenue d’une démence, tandis que d’autres groupes qui sont caractérisés par un enrichissement élevé en VAL sont associés à la survie la plus longue ; 4 groupes incluaient ainsi 46 % des supercentenaires (110 ans et plus).

Les chercheurs ont également cherché à savoir si l’absence des variants génétiques connus pour être associés à une maladie joue aussi un rôle important dans la longévité exceptionnelle. Mais le nombre de ces variants à risque ne diffère pas entre les centenaires et les témoins.

« Ces données préliminaires suggèrent que la longévité exceptionnelle pourrait résulter d’un enrichissement en variants associés à la longévité (VAL) qui s’oppose à l’effet des allèles à risque de maladie et contribue à la compression de la morbidité et/ou de l’incapacité vers la fin des vies très longues », notent les chercheurs.

› Dr V. N.
Sciencexpress, Seb

Quotimed.com, le 02/07/2010





Trois explications du monde de Tom Keve

Présentation de l'éditeur

Août 1909. Ferenczi accompagne Freud et Jung à New York à l’occasion d’une célèbre conférence à laquelle assiste Rutherford, le père de la physique moderne. Tel est le point de départ – réel – de ce roman aussi émouvant qu’érudit qui réinvente une passionnante aventure humaine et intellectuelle : la rencontre des penseurs qui vont bouleverser en profondeur les esprits.

Tom Keve réalise ainsi le rêve de Ferenczi et de Pauli de faire converger les sciences de la psyché et celles de la nature, dans une étourdissante fresque historique. De Budapest à Londres en passant par la yeshiva de Presbourg, Vienne, Copenhague, Jérusalem, un voyage dans l’effervescence de la Mitteleuropa dont les héros tourmentés sont Chatam Sofer et les grands rabbins d’Europe centrale, mais aussi Niels Bohr, Josef Breuer, Lou Andreas-Salomé…

Le Magazine Littéraire
Tom Keve : « Freud mérite mieux que toutes ces accusations »

 Albin Michel a créé une catégorie inédite pour la fresque de Tom Keve, celle du «document entre fiction et non-fiction». Une appellation qui ne devrait guère déplaire à son auteur, «physicien anglais d’origine hongroise». Mais que recèlent exactement ces 560 pages? La réponse est tout simplement contenue dans le titre. Tom Keve propose d’expliquer la marche du monde, à la manière d’un roman policier dont l’intrigue serait le débat d’idées, à travers la psychanalyse, la physique et… la kabbale!

L’ouvrage, qui s’étale du début du XIVe siècle aux années 1930, plonge au cœur de la Mitteleuropa – en passant par New York, Londres et Jérusalem – et débute en 1909 par le voyage de Sigmund Freud, Carl-Gustav Jung et Sandor Ferenczi à New York, où ces derniers rencontrent Ernest Rutherford, le père de la physique nucléaire. Ce rendez-vous marque le début de recherches croisées entre psychanalystes et physiciens, les premiers s’intéressant au fonctionnement de la psyché, les seconds (Albert Einstein, Niels Bohr, Wolfgang Pauli, etc.) à la structure de la matière ; ces recherches aboutiront à une théorie modifiant l’interprétation du monde : et si les sciences de la nature et celles de l’âme ne faisaient qu’une? Le point commun entre ces scientifiques est bien sûr la kabbale, une tradition du judaïsme qui a bercé leur enfance. Loin des débats qui bousculent en ce moment le freudisme, Trois explications apporte un regard singulier sur les origines de la psychanalyse et ses liens avec les autres sciences.

Votre livre a connu une trajectoire plutôt atypique. D'abord publié à compte d'auteur en Angleterre, il est repéré par un éditeur italien, puis par un éditeur français. Pourquoi, à votre avis, a-t-il eu davantage d'écho en Italie et en France ?
J’avais deux excellents agents littéraires en Angleterre et aux Etats-Unis. Tous deux adoraient le livre et étaient persuadés de signer un contrat avec d’importantes maisons d’édition. Bien qu’ils aient dépensé beaucoup d’énergie et aient suscité quelque intérêt, aucun des agents n’est parvenu à obtenir un contrat. Je ne suis pas certain de savoir pourquoi. L’une des raisons pourrait être qu’il faut lire l’ouvrage en entier pour vraiment l’apprécier. La simple lecture du titre ou du synopsis pourrait faire croire qu’il s’agit d’un livre trop ésotérique ou tout simplement écrit par un hurluberlu. Le livre avait également l’inconvénient de ne correspondre à aucune catégorie ou genre standard.
Tous les droits, dont la version anglaise, appartiennent désormais à Albin Michel et j’espère qu’ils trouveront un partenaire pour publier le livre en langue anglaise. La Hongrie, aussi, était intéressée par le roman, mais le problème était d’ordre financier. Le pays est petit et le marché pour ce type de livres l’est encore plus. L’on m’a fait comprendre que les personnes intéressées par mon ouvrage pouvaient le lire en anglais. J’ai été confronté à la même réaction en Israël. Néanmoins, force est de constater que, dans les faits, les lecteurs potentiels n’ont pas accès au livre dès lors que les libraires ne l’ont pas en stock. Quant à mon éditeur italien, il avait publié le livre dans le cadre d’une collection sur la psychanalyse et l’avait promu de la sorte, ce qui a bien évidemment limité les ventes aux seuls psychanalystes. Jusqu’à présent, seul Albin Michel a vu le potentiel du livre en tant que roman et a eu le courage d’investir de l’argent dans ce projet.

Vous êtes physicien de formation, mais d'où vous vient votre intérêt pour la psychanalyse et la Kabbale ? Qu'est-ce qui vous passionne dans la rencontre de ces trois disciplines ?
Il y a quelques années, j’ai traversé un épisode dépressif sévère et j’ai effectué une longue analyse. Bien que je fus en très mauvais état, j’étais très intéressé par ce qui se passait en moi, tant par le processus d’effondrement que par le processus de guérison. Il m’est alors apparu que ma guérison était plus ou moins liée aux différents courants qui m’animaient et qui animaient le monde qui m’entourait. C’est comme cela que j’ai commencé à m’intéresser à la psychanalyse et plus particulièrement au travail de Jung. J’ai lu nombre de ses travaux et j’ai été surpris de voir combien il me connaissait – bien qu’il fût décédé depuis de nombreuses années. J’ai ensuite découvert la relation qu’entretenait Jung avec le physicien Wolfgang Pauli. Ils étaient à la fois patient et docteur, amis et, plus important encore, des collaborateurs qui essayaient d’analyser et de comprendre le monde dans lequel ils vivaient. Cela m’a tout de suite fasciné et m’a donné l’espoir de parvenir moi-même à une synthèse entre les sciences de la nature et celles de la psyché.
Au cours de ma thérapie, mon analyste m’a demandé si je bénéficiais d’un quelconque support religieux, qu’il s’agisse d’un prêtre ou de textes sacrés. Je suis juif, mais non pratiquant, donc ma réponse a été négative. Mais en même temps, j’étais curieux d’en apprendre davantage sur la Kabbale. Je me suis dit : « C’est mon héritage et je ne connais rien à ce sujet ». J’ai donc lu quelques livres et j’ai immédiatement été frappé par les parallèles qui existaient avec la psychanalyse et notamment avec l’école jungienne. Ainsi, pendant une période donnée, je me documentais à la fois sur la physique quantique, la psychanalyse et la Kabbale. J’en ai parlé à mon fils qui m’a demandé s’il était possible de combiner les trois sujets en un seul et même livre. J’ai trouvé ce défi passionnant et c’est comme cela que le roman est né.

Pourquoi avoir fait le choix de la fiction alors que votre profession vous aurait plus naturellement conduit vers la voie de l'essai ?
Il est vrai que ma profession me conduirait davantage vers la direction de l’essai. Néanmoins, j’ai toujours eu l’ambition d’écrire de la fiction et peut-être même des pièces de théâtre. Peut-être voulais-je aussi rompre avec ma formation de physicien ? Toujours est-il que la fiction est débarrassée des limites imposées par l’essai. Dans une fiction, il est possible de laisser entendre plutôt que d’affirmer. Il m’est également loisible de défendre un argument et son contraire en même temps et de prendre parti. Grâce à la forme fictionnelle, j’ai pu diffuser mes idées à travers les dialogues de personnages éminents, ce qui est très gratifiant.

De même, pourquoi avoir choisi comme protagonistes des figures historiques - et donc réelles - telles que Freud, Ferenczi, Jung, Pauli, Rutherford et Einstein ? Leur célébrité et surtout la reconnaissance intellectuelle dont elles jouissent n'ont-elles pas été un frein à la création de vos personnages? Avez-vous éprouvé un sentiment de transgression ou de culpabilité à l'idée de montrer leurs faiblesses (doute, jalousie, dépression, alcoolisme, etc.) et donc de casser l'image du "père" ?
Le livre que j’ai commencé à écrire il y a quelques années était différent que l’ouvrage qui existe aujourd’hui. Je souhaitais mettre en scène une famille juive hongroise dans laquelle un fils devenait physicien et l’autre psychanalyste. Mais, je voulais que le contexte soit réaliste. Aussi, me suis-je documenté sur Ferenczi et Hevesy. Je les ai choisis car ils étaient Hongrois et proches de figures centrales telles que Bohr et Freud, sans être véritablement au centre des débats de l’époque. En effectuant mes recherches, j’ai pris conscience à quel point la réalité était proche de ce que je souhaitais écrire. J’ai donc mis les deux frères de côté et j’ai conservé les personnages réels.
Mettre en scène des personnes qui ont réellement existé ne m’a jamais freiné dans la création de mes personnages. C’est plutôt le contraire. Les personnages réels entraient parfaitement dans la structure que je m’étais fixé. Grâce à mes recherches, j’ai découvert des aspects de leur personnalité qui n’étaient pas connus du grand public. Après tout, les scientifiques ne s’intéressent pas vraiment à la vie privée de leurs collègues (sauf peut-être les analystes). Par exemple, Pauli gardait secret son intérêt pour le mysticisme et la passion de Ferenzci pour la télépathie, la psychokinésie et l’écriture automatique n’était pas de notoriété publique.
Je pense qu’il était important de montrer l’humanité de ces grands hommes, notamment leurs défauts et leurs problèmes. D’aucuns diront que les théories de ces derniers ne sont accessibles qu’aux génies, c’est exactement pour cela qu’il était essentiel de mettre en scène ces figures historiques de manière humaine pour rendre leur travail accessible à tous.
J’ai particulièrement apprécié le parallèle entre Freud et Rutherford en tant que pères de leur discipline respective. Cela m’amusait beaucoup que leurs disciples les appelassent tous deux « papa ». Des deux hommes, c’est la réputation de Rutherford qui a le mieux évolué. Personne n’accuse Rutherford d’avoir vu faux ou de ne pas être scientifique. Pourtant, il s’est parfois trompé. Mais, la science n’est qu’une succession de théories et d’idées et on ne peut pas nier l’influence décisive qu’il a eue sur la physique moderne. Freud a  incroyablement fait progresser sa discipline malgré les erreurs qu’il a pu commettre. Il mérite bien mieux que les accusations qui lui ont été adressées ces vingt-cinq dernières années. Je suis un disciple de Jung, mais sans Freud, le Jung que nous connaissons n’aurait jamais existé.

La structure de votre livre est étonnante. Saviez-vous dès le début que vous souhaitiez mettre en scène les débats d'idées qui animent les différents protagonistes à la manière d'une intrigue policière ? Ou cette forme s'est-elle imposée d'elle-même à mesure que vous écriviez ?
Oui, dès le début, je savais vers quoi j’avais envie de me diriger. Je savais qu’il y aurait beaucoup de dialogues, de discussions et de débats. Dans la mesure où le roman s’articule comme une « histoire des idées », les dialogues devaient y avoir une place de premier ordre car ils jouent un rôle très important dans la formulation des idées. Je souhaitais par ailleurs y ajouter des moments d’introspection et mettre en scène le processus même de la pensée pour montrer comment les différents champs d’études pouvaient s’interpénétrer. Néanmoins, la chronologie de l’ouvrage est le fruit du hasard. Le livre débute en 1909, à New York car, à l’époque, la seule période sur laquelle j’avais effectué assez de recherches était celle de la visite de Freud, Ferenczi et Jung à l’université Clark. Ce n’est qu’après que je me suis documenté sur Chatam Sofer. Je me suis ainsi rendu compte qu’il n’était pas nécessaire de suivre la chronologie des faits réels et qu’il était beaucoup plus intéressant de revenir en arrière puis de remonter le temps.
Les recherches ont été très vastes et ont continué pendant et même après la rédaction. Il s’agissait certainement de la part la plus agréable de la genèse du livre. Cela m’a permis de rencontrer des personnes très intéressantes et de me faire de nouveaux amis. J’ai par exemple correspondu avec la fille de Fritz Paneth, le fils d’Abraham Brill, deux neveux de Pauli, le frère de Neumann, les biographes de Bohr et Heisenberg et le professeur Casimir qui a assisté Bohr et Pauli. J’ai également lu une grande partie de la correspondance de mes personnages (en hongrois, allemand et anglais) et j’ai eu le sentiment de vraiment les connaître. Cela m’a permis d’écrire à leur sujet comme s’ils étaient de vieux amis.

Avez-vous suivi des débats qui ont lieu en ce moment en France autour de la psychanalyse et du freudisme ?
Oui, j’ai entendu que le livre de Michel Onfray a initié un débat sur la psychanalyse, mais je n’ai pas suivi la discussion. À mon avis, Freud, à travers son auto-analyse, son courage, son intelligence, ses connaissances mais aussi sa détermination, son opiniâtreté, son dévouement et ses qualités de leader, a ouvert un nouveau champ d’étude et de thérapeutique. Malgré le fait que ses théories (ou même la plupart de ses théories) ne soient plus valides, sa contribution est indéniable tant sur les plans clinique, théorique, psychologique que métapsychologique. Il a inspiré de nombreux disciples qui, à leur tour, ont continué son travail en le corrigeant, en l’améliorant ou en le contredisant. Il a même inspiré ses ennemis, dont Michel Onfray.
Je ne crois pas non plus que Freud vienne de nulle part. De nombreux livre sur l’interprétation des rêves ont été publiés avant le sien, dont ceux de Popper-Lynkeus et Mach. Je pense également qu’il existe un lien très fort entre la Kabbale et l’interprétation des rêves dans la tradition juive ; ce qui ne diminue cependant en rien le travail de Freud.
Comme je l’ai dit plus haut, je suis un grand admirateur de Jung. Dans Trois explications du monde, je lie Freud avec la physique du XIXe siècle et Jung avec celle du XXe siècle. Il s’agit de progression et de progrès. Du point de vue de la physique du XXe siècle, et donc du point de vue de la relativité d’Einstein et de la théorie du quantum de Bohr, Isaac Newton s’est complètement trompé. Mais la science est beaucoup plus généreuse que cela : elle nous dit qu’Einstein et Bohr sont plus près de la vérité que Newton, mais sans Newton, Einstein et Bohr n’auraient jamais existé.
Deux observations supplémentaires : la première est que la psychanalyse n’est pas une science même si Freud l’a ardemment souhaité. Elle n’est pas réfutable selon les critères de Popper. La seconde observation est la suivante : à ceux qui doutent de l’efficacité de l’analyse, je leur conseille de sonder les personnes qui ont suivi une telle cure. À mon avis, nous sommes des millions, moi y compris, à avoir été aidés par la psychanalyse.

jeudi 1 juillet 2010





Bachelot rappelle aux hôpitaux l’objectif déficit zéro en 2012

Intervenant dans le cadre d’une conférence sur l’économie de l’hôpital, organisée par « Les Échos » en partenariat avec « le Quotidien du Médecin », la ministre de la Santé a appelé les hôpitaux à « poursuivre l’effort de maîtrise des dépenses ». « L’objectif fixé par le président de la République d’un retour à l’équilibre des comptes des établissements de santé d’ici à 2012 reste plus que jamais d’actualité », a-t-elle notamment déclaré. Revenant sur l’actualité de ces derniers mois, Roselyne Bachelot a constaté que « les piliers de la réforme sont en place », citant notamment les agences régionales de santé, installées depuis le 1er avril. À ce jour, « près de 140 textes ont été publiés, dont les 8 ordonnances ». « Tous les textes (découlant de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, NDLR) ont été rédigés. Ils sont, dans leur quasi-totalité, soit en cours de publication, soit en cours d’examen par le Conseil d’État », a précisé la ministre de la Santé. À noter que le texte d’application instaurant un nouveau statut médical à l’hôpital, celui de clinicien hospitalier, n’est pas encore prêt. Sa parution pourrait être reportée au mois de septembre.
D. CH.

Quotimed.com, le 30/06/2010



Un lieu de psychiatrie citoyenne comme alternative à l’hôpital

Jérôme Bernatas

30.06.2010

Liberté, égalité, fraternité. Ces trois mots reprennent tout leur sens quand on pousse la porte des locaux des Invités au festin. Depuis le début du mois, cette association accueille en journée six adultes souffrant de troubles psychiques et d’isolement.

« Il s’agit d’individus qui se retrouvent à l’écart car ils ont des soucis au niveau relationnel, explique Catherine Doucet, la responsable du centre.

Ils trouvent ici un espace intermédiaire entre le lieu de soins et la société. » Les Invités au festin proposent en effet un concept révolutionnaire qui prend à revers les principes guidant la psychiatrie enFrance depuis des siècles.

Leur credo tient en une phrase : « On dit qu’ils sont fous et nous vivons avec eux. » « Nous offrons une autre possibilité de traitement et de vie, précise Marie-Noëlle Besançon, psychiatre et présidente fondatrice des Invités au festin. Le but consiste à ce que ces gens n’aillent plus à l’hôpital. »

Dans l’appartement fraîchement repeint en blanc et équipé de meubles aux couleurs acidulées, les membres se retrouvent autour de Catherine Doucet et de son équipe. Ces derniers leur proposent des activités qui leur permettent de reprendre pied au sein de la collectivité. « On s’appuie sur la partie saine des personnes, poursuit Catherine Doucet. Dans la salle d’accueil, ils se relaient pour tenir et gérer la buvette. Cela les responsabilise. On s’adresse au corps et à l’esprit, au sein d’ateliers tai-chi, arts plastiques, poterie, contes… »

Les inscrits peuvent y développer leurs qualités artistiques. Ils participent aussi activement à la vie de la communauté, rythmée par un déjeuner hebdomadaire et une sortie dominicale par mois. « On prépare le menu, on fait les courses, on cuisine et on mange ensemble, détaille Catherine Doucet. On retrouve la notion de partage. »

Depuis vingt ans, les Invités au festin essaiment la vision de Marie-Noëlle Besançon. « On traite chacun comme un citoyen ordinaire, déclare-t-elle. En les mettant dans un milieu normal, ces êtres redeviennent normaux, avalent moins de médicaments. » La thérapeute a développé cette façon d’appréhender les patients souffrant de maladies mentales en réaction à ce qui se pratique dans les établissements de santé français. « L’hôpital ne soigne pas, regrette-t-elle. On a supprimé beaucoup de lits et il manque du personnel. De plus, la France est le pays le plus discriminant au monde pour cette population. »

Ce constat a conduit Marie-Noëlle Besançon à faire appel à des bonnes volontés qui n’ont rien à voir avec le secteur médical. « Nous recrutons les intervenants pour leurs qualités humaines, leur empathie pour l’autre », précise Catherine Doucet, qui reçoit déjà l’appui de six bénévoles et examine une douzaine de candidatures. Avec la forte demande des familles désemparées devant le peu d’infrastructures existantes, les cinquante places disponibles dans l’antenne boulonnaise des Invités au festin risquent fort d’être rapidement attribuées.

Renseignements sur Internet (www.lesinvitesaufestin.fr).




Un généraliste sur dix en détresse psychologique

Si huit médecins généralistes sur dix se déclarent en bonne santé, dans l’enquête sur les pratiques et les conditions d’exercice, plus d’un sur dix est en détresse psychologique. Et un sur cinq a été confronté, au cours des douze mois précédents, à des violences ou agressions dans le cadre de sa profession. Une étude de la DREES*.

LE PANEL d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale réunit 1 900 généralistes de cinq régions (Basse-Normandie, Bretagne, Bourgogne, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire). La quatrième vague d’enquête, à l’automne 2008, a porté sur leur état de santé, leurs comportements à risque et leurs pratiques en matière de dépistage.
Huit médecins sur dix se déclarent en bonne santé, une proportion inférieure à celle des cadres et professions intellectuelles supérieures. En revanche, ils indiquent moins fréquemment des maladies chroniques (un sur trois, tout de même). Quant aux symptômes les plus fréquemment mentionnés, la fatigue vient en tête, dans une proportion presque deux fois plus élevée que celle des cadres et professions intellectuelles supérieures, suivie par le stress et les troubles du sommeil.
Plus d’un généraliste sur dix se dit en état de détresse psychologique, les femmes (19 %) plus souvent que les hommes. La proportion est supérieure à celle de la population active avant 45 ans, inférieure ensuite, comme si ceux qui avaient réussi à tenir jusque-là étaient les mieux adaptés aux contraintes de la profession.

Autoprescription.

Le recours aux psychotropes est, globalement, proche de celui de la population générale : au cours des 12 mois précédant l’enquête, 20 % ont pris des anxiolytiques ou des hypnotiques et 5 % des antidépresseurs (8 % des femmes). Dans 60 % des cas, le traitement antidépresseur a été autoprescrit, 84 % des praticiens interrogés étant leur propre médecin traitant. Les auteurs de l’étude, en relevant que 12 % prennent le traitement de manière irrégulière, soulignent que l’autoprescription n’est pas un phénomène anodin, en particulier dans ce cas. Des idées de suicide sont évoquées par 4 % des médecins de Basse-Normandie, contre 2 % de ceux des autres régions. Ce n’est pas la zone géographique qui est en cause, mais le mode d’exercice, les généralistes travaillant seuls étant plus susceptibles d’être tentés par le suicide.
L’exercice est souvent difficile : près d’un généraliste sur cinq déclare avoir subi des violences ou agressions dans le cadre de son exercice, dans l’année écoulée, les femmes plus souvent que les hommes (24 % contre 18 %). La proportion est la même chez les hommes et les femmes de moins de 35 ans (24 %) mais, l’expérience, peut-être, aidant, nettement moins élevée chez les hommes plus âgés (16 % chez les plus de 55 ans).

Moins de comportements à risques.

En ce qui concerne la prévention, les médecins donnent plutôt l’exemple. Avec 27 % des généralistes en surpoids et 7 % obèses, la surcharge pondérale est moins fréquente qu’en population générale. Il y a moins de fumeurs réguliers chez les médecins (18 %) que dans la population active et que chez les cadres. Et la consommation d’alcool à risque est moins fréquente.
Chez les femmes, la participation au dépistage des cancers du sein et de l’utérus est forte (83 % des 50 ans et plus ont réalisé une mammographie au cours des deux années écoulées, 79 % de l’ensemble ont fait un frottis). C’est moins bien pour le dépistage du cancer colo-rectal (un peu plus du tiers ont réalisé une recherche de sang occulte dans les selles).

RENÉE CARTON


* « Études et résultats », n° 731, juin 2010 - Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) des ministères du Travail, de la Santé et du Budget.


Quotimed.com, le 29/06/2010



Les étudiants infirmiers sont passés avec succès derrière la caméra

29.06.2010







Les étudiants ont travaillé sur
les préjugés en matière de psychiatrie
et le manque de prévention en cardiologie.
Ils ont été félicités.


SENSIBILISATION DE SANTÉ PUBLIQUE

Les étudiants en troisième année de l'IFSI (Institut de formation aux soins infirmiers) de Cambrai ...


ont présenté le fruit d'un travail mené dans le cadre d'un module optionnel. Il s'agissait de concevoir et de réaliser un court-métrage sur un thème de santé publique.

Deux groupes ont été constitués, et chacun s'est mis à cogiter, puis à mener les recherches nécessaires, à mettre en place un story-board... Et les étudiants de s'improviser même ensuite réalisateurs, comédiens et monteurs.

Le premier groupe avait choisi de travailler sur le thème de la psychiatrie. Les vingt-cinq élèves qui le composaient ont tenté de savoir quelle perception avait le grand public des problèmes de santé mentale. Un micro-trottoir leur a permis de constater la méconnaissance des Cambrésiens de la réalité de la psychiatrie. « La population stigmatise énormément les patients psychiatriques, ignore la possibilité et l'organisation de la réinsertion de ces patients et n'a pas conscience de la souffrance de l'entourage privé et professionnel », expliquent-ils.

Faire évoluer les mentalités


Suite à ce travail, les étudiants ont décidé de réaliser un court-métrage pour faire évoluer les mentalités sur la psychiatrie. Deux axes forts sont développés : la réinsertion familiale d'un patient hospitalisé en psychiatrie et l'insertion professionnelle d'un patient hospitalisé en psychiatrie.

Le second groupe (de vingt-deux élèves), quant à lui, a souhaité approfondir le module de cardiologie en se penchant sur l'infarctus du myocarde. Le travail a été long et fastidieux, mais le résultat est excellent.

Dans un premier temps, les étudiants ont mené une étude pour être en mesure de poser un premier diagnostic. Ils se sont basés sur des données épidémiologiques officielles, des conclusions tirées des questionnaires diffusés à la population et d'informations collectées auprès des médecins du centre hospitalier. Le diagnostic posé a été le suivant : l'infarctus du myocarde fait encore de nombreuses victimes par négligence des facteurs de risques et par la non prise de conscience des signes d'alerte.

À partir de ce constat, le groupe a choisi de développer une action qui porte sur l'intérêt d'une prise en charge précoce et une prise de conscience des facteurs de risques au quotidien au travers d'un spot de prévention et d'alerte visant à indiquer la conduite à tenir en cas d'infarctus du myocarde.

L'ensemble des travaux a été présenté récemment à divers organismes du Cambrésis : la CPAM, le centre hospitalier, le Rotary club... en espérant que ces supports de communication seront utilisés par ces organismes et associations.

Les étudiants ont été félicités par les dirigeants de l'école pour leurs travaux dignes de professionnels et pour leur dynamisme, témoin du professionnalisme et de qualité de l'IFSI.
LA DEPECHE.fr
«Dérive sécuritaire de la psychiatrie »
UMD Bon Sauveur

«Une Unité pour malades difficiles (UMD), c'est une prison, un bunker, un établissement de santé où les soins sont laissés de côté, oubliés. Les caméras sont partout et les patients munis de bracelets ». Telle est la définition que font d'une UMD deux représentants syndicaux (Sud), du Bon Sauveur : Anne-Marie Wild et Patrice Kalfa. « Nous ne sommes pas opposés à l'UMD, c'est une étape, un temps de rupture pour gérer une crise, il y en a toujours eu, mais les quatre qui sont en projets en France répondent essentiellement à un désir sécuritaire du Président de la République qui a exploité les faits divers tragiques de Grenoble et Pau (1). Les 40 millions débloqués sont destinés à augmenter la sécurité mais pas à améliorer les soins, ce que nous aurions préféré ». Les deux syndicalistes ajoutent : « En France 0,4 % des délits sont commis par des personnes en souffrances psychologiques, ce que l'on sait moins c'est que 12 % de malades psychologiques sont victimes de délits ».

Déploiement

Pour en revenir à l'UMD du Bon Sauveur, Anne-Marie Wild et Patrice Kalfa, craignent via le plan de retour à l'équilibre des comptes, « la fermeture de services comme c'est déjà le cas avec les 25 lits en moins à Saint-Luc, avec le centre d'accueil de la rue de la Rachoune ou avec l'unité d'entrée », et redoutent « un redéploiement du personnel » vers le nouvel établissement. « Dans notre métier poursuivent-ils, l'important c'est le soin, les patients que l'on reçoit y ont droit et en aucun cas l'enfermement ne peut être une solution. Il faut cependant s'attendre à ce qu'à l'avenir de plus en plus de gens soient considérés comme des malades difficiles or ce n'est pas dans les UMD que l'on apporte une réponse à la souffrance de ces personnes ». Et les deux syndicalistes de conclure : « Cette dérive sécuritaire en psychiatrie est grave car elle masque le manque de prise en charge du patient. Les économies imposées dans ce secteur de la santé vont faire des dégâts car on ne pourra pas continuer très longtemps à soigner des gens sans du personnel qualifié ».

À Grenoble, une personne souffrant de troubles psychiques avait tué une personne en pleine rue, à Pau, c'est un patient de l'hôpital psy qui avait tué deux infirmières.
Choisir la psychanalyse paroles de praticien
Jean-Pierre Winter


Résumé

À travers des témoignages et des récits de cas, le psychanalyste J.-P. Winter passe en revue tous les préjugés qui ont touché la psychanalyse depuis sa naissance jusqu'à nos jours et revient sur les principes fondateurs de la cure. Un ouvrage destiné aux réfractaires de tous âges qui sont tentés pourtant de franchir le pas et à ceux qui souhaitent comprendre l'engagement d'un proche dans une cure.

mercredi 30 juin 2010

LA SÉRIE de l’été : “Le psychanalyste” de Leslie Kaplan: épisode 1 et 2


Quand la télé (qu'on regarde si peu) recycle ses vieux programmes, le blog Les Synoptiques, lui, va vous faire partager un document rare pendant deux semaines!!

Introuvable, cette lecture, à multiple voix, d'une qualité exceptionnelle, du roman de Leslie Kaplan vous apportera un plaisir sans nom.
Il y a quelques années, l'auteure collabora avec France Culture afin de faire ressortir le mieux possible l'atmosphère du récit. Nous vous proposerons le “making off” à la fin de cette série.

L'art de ce roman - et c'est souvent l'enjeu de ces récits qui intègrent la psychanalyse - est de nous rendre palpable l'inconscient des personnages. Très vite, on se sent comme le psychanalyste qui écoute les histoire de ses patients avec une oreille qui spontanément interprète la vie des autres comme elle n'en avait pas jusqu'ici l'habitude.

Voici le résumé de la revue Le Matricule des anges n°29 :

Leslie Kaplan nous livre un roman à la fois grave et joyeux, où l’intelligence et le désir de connaissance libèrent l’humain.Loin de tout déterminisme.

Le Psychanalyste s’ouvre par une conférence sur Kafka, se prolonge par le meurtre d’un proxénète, se poursuit par de courtes séances de psychanalyse, nous fait visiter la banlieue, […] et surtout révèle combien la lecture de l’auteur de La Métamorphose peut changer une vie. Composé de courts chapitres, ce  roman de Leslie Kaplan prouve, s’il en était besoin, que l’intelligence et le plaisir vont de pair. Tout commence donc par cette conférence sur Kafka qui provoque la rencontre (amoureuse) de la narratrice avec Simon, le psychanalyste-conférencier, et la rencontre (conflictuelle) de ce dernier avec Eva, jeune révoltée qui vit en banlieue avec son amie et qui vient de découvrir l’écrivain praguois. Eva ne supporte pas qu’on vienne lui expliquer quoi que ce soit du haut d’une chaire, Simon ne supporte pas que cette jolie fille quitte ainsi la salle de conférence. D’autant que les journaux, peu après, parleront d’elle : elle a tué le proxénète de sa petite amie. Le roman va se construire autour du problème de l’identité : qui est Eva ? Qui sont, pour eux-mêmes, les patients de Simon ? Qui sont les gens qui vivent en banlieue (et parfois, pour le lecteur : qui est la narratrice ?). Chacun pourra probablement trouver les réponses à ces questions en lisant Kafka, dont la figure, avec celle de Freud ou d’Anna Arendt, plane sur tout le livre. Le Psychanalyste est un roman plein d’entrain, pétillant, intelligent et attentif. Mieux, c’est un livre qui éveille.

Cliquez sur les titres

Épisode 1

Épisode 2
LA DEPECHE.fr

Tarbes.
manifestation
 27/06/2010
Des hospitaliers inquiets reçus en préfecture

Ils n'étaient qu'une cinquantaine, rassemblés devant la préfecture, mais les quatre établissements hospitaliers du département étaient représentés, ainsi que l'action sociale et le comité des usagers. « Nous avons les mêmes problèmes et voulons expliquer au préfet les problèmes que rencontrent les établissements hospitaliers », indique Jean-Francis Dupuy, représentant le CH de Lannemezan.

Dans le cadre de l'activité de médecine chirurgie-obstétrique de Lannemezan, le personnel poursuit son combat « contre la fermeture du bloc opératoire, la nuit, qui risque de se produire incessamment », souligne J.-F. Dupuy.

En effet, « un groupe national réfléchit sur l'optimisation des petits blocs opératoires et cette optimisation ne passera que par la fermeture la nuit », dit-il. Concernant la seconde activité du CH Lannemezan, la psychiatrie, il compte lancer « un cri d'alarme » au préfet par rapport aux conditions de soins dans l'établissement. « Les moyens alloués à la psychiatrie dans notre établissement diminuent, ce qui entraîne des conditions d'hospitalisation et de soins difficiles », assure-t-il. De plus, « nous sommes confrontés à un plan d'équilibre » qui a généré la suppression de 70 empois, « ce qui correspond à quatre services en psychiatrie ; cela a obligé à faire des choix et on en arrive à des fermetures », ajoute J.-F. Dupuy.

Porte-parole de la coordination de l'action sociale CGT des Hautes-Pyrénées, il explique qu'une rencontre a eu lieu à Toulouse avec le directeur de l'agence régionale de santé : « Sur 35.000 associations en France il est prévu de passer à 3.500 », ce qui veut dire que « les petites associations sont menacées de disparaître et ce seront les usagers les plus en difficultés, personnes handicapées et ceux qui manquent de moyens, qui seront pénalisés », note-t-il.

Christian Dutrey, représentant CGT de l'hôpital de Tarbes, explique qu'« on s'est inscrit dans cette manifestation départementale pour dénoncer le principe de garrot qui étrangle les établissements, en particulier avec la T2A [Tarification à l'activité] ».

Selon lui, il est « important de garder les structures de proximité, c'est le seul moyen de sauver l'offre publique en Hautes-Pyrénées ».

Motion remise à Bruno Hourmat

Dans le cadre de cette journée départementale d'action, une motion a été remise à Bruno Hourmat, directeur du centre hospitalier de Bigorre et de Lourdes. « Elle a trait aux conditions de travail, d'emploi et de précarité contractuelle. On lui a demandé qu'au regard de l'austérité qu'on vit tous les jours, il nous renvoie l'ascenseur », indique Christian Dutrey. Réceptif à ces conditions de travail, « il s'est engagé à nous payer des heures supplémentaires et des récupérations pour celles qui ne sont pas payées », a-t-il précisé.

mardi 22 juin 2010

Le blues des Bleus : psychanalyse sur le terrain


La phrase de Robert Pires est un raccourci : « Domenech est manipulateur. Il te mange le cerveau ». Mais les mots de l’ancien Bleu traduisent la tendance. Joueurs, commentateurs, journalistes, tous, s’improvisent psychologues pour expliquer l’échec de l’équipe de France.

Le vocabulaire du divan a chassé celui de la pelouse : abattement, délabrement, moral dans les chaussettes.

Le collectif se résume à un seul état d’âme.

Sur la communication, Jean-Pierre Escalettes déclare : « Un footballeur « va » à la presse, comme on « va » chez le boucher ».

Aimé jacquet avait déjà habitué les joueurs à rester dans leur bulle pour se protéger des influences extérieures.

Aujourd’hui, les journaux sportifs parlent d’autisme.

Et ceux qui communiquent sont des félons. Patrice Evra, capitaine des bleus : « Pour moi, le problème, ce n’est pas Nicolas Anelka, c’est le traître qui est parmi nous ».

Les frictions internes s’appellent désormais psychodrame. A qui la faute ?
- Au gourou Domenech qui protège et qui lâche ? A son égard, Thierry Henri parle d’un manque de psychologie.
-A l’argent ? 288 250 euros par mois en moyenne, de quoi éloigner les joueurs des réalités et les transformer en enfants gâtés?

Mais la psychothérapie passe par l’aveu de l’impuissance et Roselyne Bachelot affirme avoir vu des larmes dans les yeux des bleus…

Ouf, la séance est terminée, le match peut commencer.

http://redigerweb.wordpress.com/2010/06/22/le-blues-des-bleus%E2%80%A6la-psychanalyse-sur-le-terrain/

Du 24/06/2010 au 08/06/2010
Narbonne.

Vent de folie en psychiatrie

théâtre

Au programme du Citron Givré ce jeudi 24 juin à 21 heures.

« Vent de folie en psychiatrie », une comédie délirante co-écrite par quatre élèves du cours de comédie du citron givré. François Boyer, Vincent Turchi, Dominique Barrot et Raphaël Lecoanet ont écrit, adapté et mis en scène. Si vous voulez savoir ce qui se passe dans la salle d'attente du grand professeur d'un hôpital psychiatrique, venez faire un tour au citron givré. Trois dates sont au programme, jeudi 24 juin et les jeudis 1er et 8 juillet. Informations et réservations au 04 68 91 64 77.

Tarif unique pour ce spectacle : 9 €.
Vernissage d'un premier album pour la fanfare de Perreux

Dans le cadre de la fête d'été du Centre neuchâtelois de psychiatrie, la fanfare 3D de l'Hôpital psychiatrique de Perreux a verni son premier album.

Cet ensemble insolite offre un repère aux résidents depuis 15 ans à l'Hôpital de Perreux.
«Nous avons commencé à répéter d'abord à 4 ou 5 musiciens sur l'initiative d'un résident qui voulait faire partie d'une fanfare et pour qui ce n'était pas possible», explique Jocelyne Genoud, directrice de la fanfare. Elle souligne également les vertus sociales, artistiques et thérapeutiques de la musique.

Actuellement la fanfare compte onze résidents et une dizaine de bénévoles.




550 hôpitaux psychiatriques seront reconstruits en Chine

550 hôpitaux psychiatriques et départements de psychiatrie des hôpitaux généraux seront reconstruits ou restructurés au cours des deux prochaines années pour accueillir un plus grand nombre de patients qui souffrent des maladies mentales graves et ne reçoivent aucun traitement, a rapporté lundi le site Xinhuanet.comhttp://xinhuanet.com/.

Yin Li, le vice-ministre de la Santé a constaté lors d'une conférence de travail sur la sécurité sociale et la stabilité une aggravation des incidents causés par des personnes atteintes de maladies mentales dans certaines régions. Il a ajouté que le pays éprouve le besoin de renforcer ses services médicaux ainsi que la prise en charge des malades. C'est pourquoi le gouvernement a décidé de créer 550 hôpitaux psychiatriques et des services de psychiatrie supplémentaires dans les hôpitaux généraux au cours des deux prochaines années.

La prise en charge des patients, l'établissement des hôpitaux psychiatriques, ainsi que l'accessibilité des frais médicaux et des services psychiatriques aux malades demeurent les priorités essentielles dans la prévention et le traitement des maladies mentales.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne





La vie n'est (plus) un préjudice

En France nul, désormais, «ne peut se prévaloir d'un préjudice du seul fait de sa naissance». C'est la fin de la jurisprudence Perruche.
Jean-Yves Nau [1]
22 Juin 2010

Elle alimentait depuis près de dix ans de violentes controverses dans des milieux très divers. C'est fini: la loi dite «anti-Perruche» est bel et bien conforme à la Constitution française. C'est ce qu'a décidé, vendredi 11 juin le Conseil constitutionnel. Les «Sages de la rue Montpensier» ont ainsi tranché un débat fondamental qui empruntait au droit, à la médecine et à l'éthique, sinon au religieux. Le Conseil était présidé par Jean-Louis Debré en présence de Jacques Barrot, Michel Charasse, Jacques Chirac, Renaud Denoix de Saint Marc, Jacqueline de Guillenchmidt ainsi qu'Hubert Haenel et Pierre Steinmetz. Pour résumer à l'essentiel: nul ne peut plus désormais, en France, se prévaloir d'un préjudice du seul fait d'avoir vu le jour.

Retour sur les principaux chapitres de cette affaire sans précédent et hautement «clivante».

Acte I : Le préjudice d'être né


Tout commence avec la naissance, en janvier 1983, de Nicolas Perruche. L'enfant souffre de graves troubles neurologiques et cardiologiques, conséquences d'une infection rubéoleuse contractée par sa mère durant la grossesse. Il apparaît très vite que le diagnostic de cette infection n'avait pas été porté du fait, notamment, d'erreurs commises par un laboratoire d'analyses biologiques. Or Mme Perruche fait alors valoir que si ces erreurs n'avaient pas été commises, elle aurait choisi d'avorter. Il y a donc, selon elle, un préjudice manifeste: en toute logique, son fils Nicolas ne devrait pas vivre. Il existe donc un préjudice d'être né. Ce cas de figure sans précédent est soumis quelque temps plus tard à la justice: en 1989 le couple Perruche attaque, au nom de leur enfant, le médecin, le laboratoire et leurs assureurs. C'est le début d'une longue histoire.

En 1992, un tribunal de grande instance juge le laboratoire et le médecin «responsables de l'état de santé de Nicolas Perruche et les condamne in solidum avec leurs assureurs» à l'indemnisation de Nicolas et de ses parents. Un an plus tard, la cour d'appel de Paris refuse d'admettre la réparation pour l'enfant tout en maintenant, bien évidemment, l'indemnisation des parents. Dans un arrêt du 26 mars 1996, la première chambre civile de la Cour de cassation prononce la cassation:

Attendu qu'en se déterminant ainsi, alors qu'il était constaté que les parents avaient marqué leur volonté, en cas de rubéole, de provoquer une interruption de grossesse et que les fautes commises les avaient faussement induits dans la croyance que la mère était immunisée, en sorte que ces fautes étaient génératrices du dommage subi par l'enfant du fait de la rubéole de sa mère, la cour d'appel a violé le texte susvisé.

L'affaire doit être rejugée. Elle l'est en 1999 par la cour d'appel d'Orléans qui estime alors, en substance, que le préjudice de Nicolas n'est pas dû aux fautes du laboratoire et du médecin, mais a bien été causé par l'infection rubéoleuse. Les parents forment un nouveau pourvoi en cassation. Il faut en finir. Ce sera, croit-on, chose faite avec le célèbre arrêt du 17 novembre 2000 de la Cour de cassation

(...) dès lors que les fautes commises par le médecin et le laboratoire dans l'exécution des contrats formés avec Mme Perruche avaient empêché celle-ci d'exercer son choix d'interrompre sa grossesse et ce afin d'éviter la naissance d'un enfant atteint d'un handicap, ce dernier peut demander la réparation du préjudice résultant de ce handicap et causé par les fautes retenues.

Acte II : La polémique

Cet arrêt fut aussitôt suivi de violents échanges et de multiples commentaires sur fond d'eugénisme. Pour la première fois en France, la jurisprudence consacrait sans équivoque le droit pour un enfant né handicapé d'être indemnisé de son propre préjudice. Affaire complexe. Si le médecin et le laboratoire n'avaient pas commis de fautes diagnostiques, Nicolas Perruche n'aurait pas vu le jour. La seule conséquence de cette faute était donc la venue au monde de cet enfant que l'on indemnisait personnellement à ce seul titre... En clair, la justice française considérait le seul fait de vivre (handicapé) comme un préjudice. Et cette décision s'inscrivait dans le contexte plus général du rejet croissant du handicap, du refus des aléas thérapeutiques et de la judiciarisation croissante des rapports entre les médecins et leurs patients.

On pouvait aussi aisément extrapoler, ce que firent notamment des associations de handicapés: il existait des vies qui ne méritaient pas d'être vécues. Découvrant cette nouvelle jurisprudence, les compagnies d'assurance concernées recalculèrent très vite à la hausse leurs primes suscitant l'ire des gynécologues-obstétriciens et des spécialistes du diagnostic prénatal: on passait d'une obligation de moyens à une obligation de résultat. Certains firent aussi observer que l'arrêt de la Cour de cassation pousserait les médecins à ne plus prendre aucun risque. Pour prévenir le risque grandissant de poursuite judiciaire et de condamnation, ils n'auront guère d'autre choix que de placer les futurs parents devant leurs nouvelles responsabilités, et, en cas de doute, de les inciter directement ou pas à choisir d'avorter. Comment en rester là?

Acte III : Toute vie vaut d'être vécue


Une première proposition de loi «anti-Perruche» fut proposée en 2001, reprise dans la loi Kouchner du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Cette disposition a trouvé depuis 2005 sa place dans le code de l'action sociale et des familles, à l'article L. 114-5 [3]:

Nul ne peut se prévaloir d'un préjudice du seul fait de sa naissance.
La personne née avec un handicap dû à une faute médicale peut obtenir la réparation de son préjudice lorsque l'acte fautif a provoqué directement le handicap ou l'a aggravé, ou n'a pas permis de prendre les mesures susceptibles de l'atténuer.
Lorsque la responsabilité d'un professionnel ou d'un établissement de santé est engagée vis-à-vis des parents d'un enfant né avec un handicap non décelé pendant la grossesse à la suite d'une faute caractérisée, les parents peuvent demander une indemnité au titre de leur seul préjudice. Ce préjudice ne saurait inclure les charges particulières découlant, tout au long de la vie de l'enfant, de ce handicap. La compensation de ce dernier relève de la solidarité nationale.

Il n'en reste pas moins que la loi «anti-Perruche» a été régulièrement remise en cause par certains couples concernés devant la Cour européenne des droits de l'homme. Mais pour le Conseil constitutionnel, la messe est dite. Ce dernier avait été saisi le 14 avril par un particulier parent d'un enfant souffrant de myopathie du fait d'une erreur diagnostique. Cette demande s'inscrivait dans le cadre des questions prioritaires de constitutionnalité que prévoit un nouvel article (61 alinéa 1 [4]) de la Constitution. La plaignante contestait plusieurs dispositions de la loi du 4 mars 2002. Selon Me Arnaud Lyon-Caen, avocat d'une famille touchée par le handicap, la loi anti-Perruche viole les «droits et libertés garantis par la Constitution» et s'oppose au principe de dignité humaine. La réponse des Sages n'a pas tardé: «Ces dispositions sont conformes à la Constitution.» [5]

En 2001, le Comité national d'éthique –saisi sur ce thème par Elisabeth Guigou, alors ministre de l'Emploi et de la solidarité– avait rendu un avis (pdf [6]) dans lequel on peut lire en conclusion:

La reconnaissance d'un droit de l'enfant à ne pas naître dans certaines conditions apparaîtrait hautement discutable sur le plan du droit, inutile pour assurer l'avenir matériel des personnes souffrant de handicaps congénitaux et redoutable sur le plan éthique. En effet, un tel droit risquerait de faire peser sur les parents, les professionnels du diagnostic prénatal et les obstétriciens, une pression normative d'essence eugénique.
Jean-Yves Nau

Source URL : http://www.slate.fr/story/23121/arret-perruche-toute-vie-vaut-detre-vecue

Links:
[1] http://www.slate.fr/source/jean-yves-nau
[2] http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000007041543&dateTexte=
[3] http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=D1EB8E4D1FE4AA7D3BF7DBF90A36DA4F.tpdjo04v_2?cidTexte=LEGITEXT000006074069&idArticle=LEGIARTI000006796463&dateTexte=&categorieLien=cid
[4] http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071194&idArticle=LEGIARTI000019239217&dateTexte=&categorieLien=cid
[5] http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2010/2010-2-qpc/decision-n-2010-2-qpc-du-11-juin-2010.48407.html
[6] http://www.ccne-ethique.fr/docs/fr/avis068.pdf
[7] http://www.flickr.com/photos/gabi_menashe/218574269/
[8] http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr

[2]. Réunie en assemblée plénière sous la présidence de Guy Canivet, la Cour casse le dernier arrêt donnant ainsi raison aux parents:










La justice confirme le caractère intransmissible du sperme

L’insémination post-mortem est interdite par la loi de bioéthique, et devrait le rester lors de la révision de cette dernière, comme le recommande la Mission de Jean Leonetti. Fabienne Justel voulait donc récupérer le sperme congelé de son mari, décédé d’un cancer en septembre 2008, pour pouvoir se faire inséminer à l’étranger. Elle a intenté une action en justice pour récupérer le sperme auprès du CECOS (Centre d’études et de conservation des œufs et du sperme) de Rennes.

En première instance, le tribunal de Rennes l’a déboutée en octobre dernier, rappelant que, selon la loi, « font obstacle à l’insémination ou au transfert des embryons le décès d’un des membres du couple, le dépôt d’une requête en divorce, la séparation de corps ou la cessation de la communauté de vie ».

En appel, en mai, l’avocate de Fabienne Justel avait plaidé que le contrat de conservation des paillettes conclu entre son mari et le CECOS faisait partie de l’actif net successoral et devait donc être restitué à son héritière. Le défenseur du CECOS avait évoqué de son côté « le caractère intransmissible du sperme aux héritiers ». La cour d’appel de Rennes a tranché ce mardi en confirmant le jugement du tribunal de grande instance.

R. C.
Quotimed.com,
le 22/06/2010

 
Sur la psychanalyse et sur sa fin
Notes de séminaires, Tours, 1996-1997
Bernard Casanova

Présentation de l'éditeur

Tour à tour incisif sur la "profession", acerbe sur les médias, moqueur des modes, Bernard Casanova confrontait ses auditeurs aux aspérités de cette pratique analytique qu’il avait fait sienne après celle de psychiatre des hôpitaux, un jour délaissée. Membre dès l’origine de l’École lacanienne de psychanalyse, il tint sans discontinuer séminaire à Tours, loin du ton magistral qu’il n’affectionnait guère.

Sont ici présentées les deux dernières années (1996-1997) de ce séminaire, accompagnées de quelques-uns des dessins qu’il crayonnait en séance. Bernard Casanova croise ici à de multiples reprises et sous des angles divers une préoccupation qui lui tenait à cœur : celle-là même de la psychanalyse envisagée depuis sa fin.




Expériences de la folie
Patrick CHEMLA (ed)

Co-Auteurs : Yacine AMHIS - Mathieu BELLAHSEN - Herve BOKOBZA - Loriane BRUNESSAUX - Coralie DA SILVA - Patrick FAUGERAS - Anne-line FOURNIER - Olivier GRIGNON - Emile LUMBROSO - Simone MOLINA - Jean OURY - Jean-claude POLACK - Christelle POURRIER - Laure THIERION -
©2010
Santé mentale (Hors collection) -

Faire « l'expérience de la folie » renvoie à l'énigme de l'Inconscient que l'invention freudienne a défriché mais qui nous revient toujours de façon inédite et bouleversante. Cela relance une traversée de ce qui, au plus intime de chacun, fait obstacle ou empêchement à la rencontre de la folie, à rebours de l'hygiénisme et de la prévention généralisée que notre société impose aujourd'hui dans l'espoir insensé d'en finir avec la maladie, mentale ou somatique, voire même avec la mort.

Renoncer au leurre séducteur d'un « savoir par avance », quand bien même il puiserait aux meilleures sources, est nécessaire pour privilégier « la parole vraie » et le geste nécessaire. Encore faut-il sans cesse subjectiver les théories analytiques pour fabriquer sa « boîte à outils conceptuels » qui se trouvera malmenée à chaque fois, et surtout prendre le risque de la rencontre. Les auteurs en témoignent chacun à leur manière.

Patrick Chemla est psychiatre, chef de service, psychanalyste.

Avec la participation de : Yacine Amhis, Mathieu Bellahsen, Loriane Brunessaux, Hervé Bokobza, Coralie Da Silva, Patrick Faugeras, Anne-Line Fournier, Olivier Grignon, Émile Lumbroso, Simone Molina, Jean Oury, Jean-Claude Polack, Christelle Pourrier, Laure Thiérion.

Mise en vente le 27 mai 2010



Un lieu, un temps pour accueillir la folie
Une expérience de communauté thérapeutique
Francois DE CONINCK - EQUIPE DU WOLVENDAEL


 « Là où la folie se perd, un lieu peut faire repaire...
Un repaire, oui, mais pas comme lieu d'écart, de retrait,
un repaire comme lieu d'ouverture,
mais aussi un lieu d'investissement sur la cité.
Un repaire, donc, qui, dans le fil du mouvement de la psychothérapie institutionnelle, vise l'ouverture au possible, l'ouverture de possibles. »

Ce livre est le récit d’une expérience de communauté thérapeutique (pour adultes le plus souvent psychotiques), s'inspirant de quelques principes essentiels de la psychothérapie institutionnelle. Il vise à en défendre la pertinence et l'actualité, à contre-courant de la psychiatrie actuelle, dominée par le savoir de la biologie et des techniques comportementales et cognitivistes. Sans récuser l'apport du savoir scientifique quand il est rigoureux, ce témoignage fait valoir que toute approche de la folie est vaine si elle ne donne pas réellement, c'est-à-dire au sein même du dispositif de soins, une place à d'autres dimensions humaines telles que l'incomplétude, le temps, la parole, l'inattendu, l'angoisse, le risque, la responsabilité, certaines transgressions...

François de Coninck, écrivain, a accompagné l’équipe thérapeutique du Wolvendael dans ce travail d’écriture.

lundi 21 juin 2010


MENTAL , REVUE INTERNATIONALE DE SANTÉ MENTALE ET PSYCHANALYSE APPLIQUÉE
No 24 - Avril 2010
Clinique et pragmatique de la désinsertion en psychanalyse
 
SOMMAIRE

 Éditorial: Vicente Palomera

Jacques-Alain Miller : Le salut par le déchet

I - Fondements psychanalytiques de la désinsertion
Philippe La Sagna : Sortir de l’isolement par l’ironie
Hebe Tizio : Le délire comme désinsertion du langage
Maurizio Mazottti : La désarticulation du corps dans la schizophrénie

II - Variétés cliniques de la désinsertion
Céline Menghi :  Sono solo
Jean-Louis Gault : Une nouvelle alliance avec la langue
Lucia D’Angelo : Le sentiment de la vie

III - Enseignements de la pratique dans les lieux alpha
Carlo Vigano : Le psychanalyste et l’illusion de l’insertion sociale
Jean-Claude Razavet : Débranchement successifs de l’Autre
Amanda Goya : Subjectiver la maladie
Eugenio Diaz : Le freelance
Nadine Laceur : De la permanence du travail interprétatif à la permanence d’un lien
Pilar Foz : L’invention d’un mode d’insertion dans l’Autre
Thomas Roïc : Un signe de socialisation
Thierry Van de Wijngaert : S’appliquer contre la volonté d’insertion
Natalie Wulfing : Du  sans domicile fixe au  logement permanent
Despina Andropoulou :Toxicomanie : un symptôme social de désinsertion subjective

IV - La pratique des réunions cliniques et la cartographie du réel
Présentation : Éric Laurent
Yasmine Grasser : Les embarras de la sexualité dans le discours globaliste
Dominique Holvoet : Leçons des pratiques de réunions cliniques au Courtil
Antonio Di Ciaccia : la pratique des réunions cliniques et la cartographie du réel
Manuel Fernandez Blanco : Réunion clinique et réel
Débat : Les régimes du savoir dans les réunions cliniques
 animé par Éric Laurent
avec P. Francesconi, G. Briole, J.-D. Matet, A. Stevens

V - Étude

Éric Guillot : De l’agressivité à la pulsion de mort

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