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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 12 juin 2010






LA PLACE DE L’HOSPITALISATION PRIVÉE EN EUROPE

Des envies de développement malgré la crise

Réunis à Paris à l’occasion du premier congrès européen de l’hospitalisation privée, les dirigeants du secteur ont fait le pari de la croissance malgré la crise. Partout les cliniques se regroupent, les financiers investissent, tandis que l’actionnariat médical marque le pas. La crise du recrutement médical est elle aussi européenne.

QUELS SONT les taux d’emprunt en vigueur dans tel et tel pays ? Et un scanner, ça coûte combien ? Les questions échangées dans les couloirs du congrès européen de l’hospitalisation privée reflètent l’état d’esprit du secteur : optimiste. Et entreprenant. En Allemagne, en Espagne, les rachats d’établissements, gelés pendant la crise, redémarrent.

La France est le pays d’Europe qui a le plus grand nombre de cliniques privées (en pourcentage du total de lits publics-privés – voir carte –, elle n’est plus en tête). C’est elle aussi, qui, la première, a vu arriver des groupes financiers prendre des parts de marché. La tendance gagne progressivement le reste de l’Europe. « Quand il s’agit de mettre des millions sur la table pour racheter un établissement, les banques font davantage confiance à des financiers qu’à un groupe de médecins, observe le Dr Paul Garassus, vice-président de la société française d’économie de la santé. En une décennie s’est jouée une véritable révolution. L’actionnariat médical, partout en Europe, est en recul. »

Il existe autant de paysages hospitaliers que d’États membres, en raison du principe de subsidiarité. Partout où s’ouvre une brèche, les groupes de cliniques se positionnent. En Allemagne, qui privatise certains hôpitaux publics, Rhön-Klinikum a repris plusieurs établissements dont un CHU. La chaîne a doublé son nombre de lits en dix ans. Wolfgang Pföhler, directeur général du groupe, a des projets pleins la tête. « Nous voulons développer notre secteur. Notre défi principal est de baisser les prix ». En Espagne, Capio prend en charge un territoire de santé entier avec un paiement à la capitation. « La première décision de Capio a été d’investir dans la prévention pour limiter les dépenses en soins à venir, raconte Paul Garassus. J’y vois la preuve que le mode de financement des établissements influence directement l’offre de soins. »

Batailles en vue.

L’hospitalisation privée européenne, pour poursuivre son essor, réclame une équité de traitement avec le secteur public. Elle s’est trouvé un slogan : le meilleur soin, au meilleur coût. Les batailles à mener varient selon les pays. Les cliniques françaises veulent obtenir une convergence tarifaire avec les hôpitaux. L’Europe de l’Est doit lutter contre la corruption. En Roumanie, l’hospitalisation privée en est à ses balbutiements. Sofia accueille le premier établissement, sur le sol européen, de la chaîne japonaise Tokuda. Les frontières s’estompent, et les investisseurs voient loin. « Mis à part Capio et Générale de santé, la plupart des groupes de cliniques européens étaient jusque-là strictement nationaux », rappelle le Dr Garassus, qui table sur de rapides évolutions : « Tous les groupes ont fait une étude de marché, et savent dans quels pays ils peuvent investir ». La France ne fait pas figure de favorite. « L’incertitude sur les tarifs hospitaliers empêche une visibilité à long terme. »

Autre tendance commune à toute l’Europe, le tapis rouge déroulé sous les pieds des médecins. Crèche, inscription à l’école, accompagnement de carrière pour le conjoint : les cliniques allemandes ne se contentent pas d’offrir leur plateau technique aux jeunes recrues. « La crise du recrutement est européenne, constate Paul Garassus, et les groupes privés font tout pour être attractifs et recruter de bons médecins. »

DELPHINE CHARDON

Voir la carte des lits privés dans l’Union européenne (pourcentages)

Le Quotidien du Médecin du : 31/05/2010

Éditions Hermann

Tracer / désirer
Le dessin d'enfant dans la cure psychanalytique
Sous la direction de Céline Masson

Descriptif

Les psychanalystes demandent fréquemment aux enfants, lors des séances, de dessiner. Les dessins constituent un support remarquable d’expression de l’inconscient : ils sont l’exposition graphique de la complexité psychique du jeune analysant. Ils reflètent en quelque sorte sa subjectivité, projetée – et sublimée – sur la surface du papier. Par ces représentations, les enfants parviennent à exprimer ce qu’ils ne parviendraient pas à dire, faute de mots pour le faire. Autant dire que les dessins d’enfant permettent l’ouverture d’un espace inédit où le désir se déploie, et où l’image inconsciente du corps se construit.Plus encore, les dessins participent pleinement de l’élaboration de la relation transférentielle. C’est pourquoi, lors d’une cure, l’acte même de dessiner prime sur le contenu du dessin. Il reviendra ensuite à l’analyste de traduire ces représentations, de les interpréter avec les mots que l’enfant emploie. Mais il faudra du temps à l’analyste pour apprendre à les lire, à les entendre, à les interpréter. Il devra s’efforcer de prêter l’oreille à un sens qui demande encore à être ouvert, à une énigme qui semble toujours résister à son déchiffrement. Car le dessin fait appel à la mémoire, en construction, du jeune patient et sa ligne trace, dans le mouvement du transfert, ce dont la parole a du mal à se saisir. En paraphrasant Paul Klee, on pourrait dire que les dessins d’enfant n’ont pas à reproduire le visible mais à rendre visible.

Avec les contributions de : ANNIE ANZIEU, ANGÉLIQUE CHRISTAKI, ANNE CIANI-HOLTZ, VÉRONIQUE DUFOUR, LAURENCE JOSEPH, MARYSE KLEIN-MÉLONIO, JOHANNA LASRY, CRISTINA LINDENMEYER, CÉLINE MASSON, CLAUDE SCHAUDER.






La caféine s’oppose au déclin cognitif de la neurodégénérescence


Des études épidémiologiques et des recherches fondamentales sur des modèles animaux suggèrent que la caféine pourrait être protectrice contre le déclin cognitif associé au vieillissement mais aussi à des démences ou à la maladie d’Alzheimer. Alexandre de Mendonça et coll. rappellent que « les premières études épidémiologiques ont d’abord révélé une association inverse entre une consommation chronique de caféine et l’incidence de la maladie de Parkinson ».

Ce qui a été conforté par les études sur des modèles animaux de maladie de Parkinson, montrant qu’une administration régulière de caféine prévient pour une part les déficits moteurs et la neurodégénérescence.

Par la suite, il y a eu d’autres travaux épidémiologiques qui ont montré qu’avec l’avancée en âge, que la caféine, consommée à doses modérées, prévient le déclin cognitif associé au vieillissement.

On observe aussi une réduction de l’incidence de la maladie d’Alzheimer. Là aussi, les résultats d’études animales ont conforté la notion, avec une prévention de la détérioration de la mémoire et une réduction de la production de la protéine bêta-amyloïde.

Dr B. V.

« Journal of Alzheimer’s Disease », 17 (2010) S1-S2.
Quotimed.com, le 19/05/2010

Et Nietzsche a pleuré


Il aura fallu du temps pour que la France découvre Irvin Yalom. Avec la traduction toute récente d'un de ses ouvrages publiés en 1992, Et Nietzsche a pleuré, c'est désormais chose faite, et il n'est donc plus d'excuse pour ne pas s'intéresser aux romans du psychiatre californien. Ce dernier livre ainsi mis à la portée du lecteur français encore rétif, on le sait bien, à la lecture en version originale, permet de se convaincre du talent de l'écrivain.
 
L'idée est intéressante, il s'agit d'imaginer une éventuelle rencontre entre Joseph Breuer et Friedrich Nietzsche. Quand ? En 1882. Où ? A Vienne. Le premier est un médecin viennois, excellent diagnosticien. Mais c'est aussi l'un des pères de la psychanalyse moderne, le premier médecin d'Anna O, hystérique, elle-même bien connue pour avoir été ensuite soignée par Freud, ami de la famille Breuer. Le second, naturellement, nul n'est besoin de le présenter.

Et c'est par la séduisante Lou Salomé, amour éphémère du philosophe, que les deux hommes furent amenés à se rencontrer. Celle-ci, au détour d'un café pris à Venise, réussit à convaincre Breuer de s'occuper du cas de son ancien amant. Celui-ci, éconduit, se porterait au plus mal. C'est donc d'un "médecin du désespoir" - l'expression est jolie - qu'il aurait besoin. Une cure par la parole.
 
Le stratagème se met en place, Nietzsche ne doit pas être au courant. Rancunier à l'endroit de la jeune Lou, il ne serait certainement pas enthousiaste à l'idée de consulter un médecin de cette sorte. Ses amis réussissent toutefois à le persuader de se rendre à Vienne pour consulter le Docteur Breuer, afin de frotter le cas de ses atroces migraines à l'excellent diagnostic de ce dernier. Et c'est là, progressivement, que se scelle le pacte entre les deux hommes. Nietzsche, non sans réticence, accepte de rester. Toutefois, c'est à un véritable échange que les deux hommes devront se livrer. Nietzsche s'occupe de Breuer, un Breuer supposé simuler. Breuer s'occupe de Nietzsche. Analyse - bien que le concept soit encore anachronique - réciproque.

L'allemand se prend au jeu, et la conversation entre les deux sommités est brillante. D'un semblant de patient, Breuer en devient un véritable, guérissant ainsi ses obsessions, tout pénétré qu'il est des préceptes philosophiques de Nietzsche. "Deviens qui tu es" résonne, les deux hommes se livrent. Yalom parvient à récréer les conditions de cette formidable émulation intellectuelle. Au surplus, et au détour d'une écriture agréable, ce roman est une invite à redécouvrir l'oeuvre du philosophe dont l'écrivain réussit le tour de force d'en mettre les éléments cardinaux à la portée du lecteur. Breuer versus Nietzsche, Nietzsche versus Breuer, des balbutiements de la psychothérapie à l'initiation philosophique, c'est assurément là un roman complet que livre Yalom.

Irvin Yalom, Et Nietzsche a pleuré, Galaade Editions, 2007, 416 pages, 24 €





http://unmondedesoeuvres.blogspot.com/2007/09/et-nietzsche-pleur.html






Possibilité du kangourou
Par EDOUARD LAUNET

«Comment sauteraient les kangourous si les lois du mouvement étaient un peu différentes ?» C’est l’incipit d’un ouvrage passionnant, la Théorie littéraire des mondes possibles, tout juste paru aux éditions du CNRS. Il s’agit des actes d’un séminaire organisé il y a quelques années à l’université Paris-VII au cours duquel des personnes a priori saines d’esprit se sont demandé si, pour étudier les œuvres littéraires, il n’y aurait pas des outils à aller piocher du côté de la logique mathématique, étant donné que la grille d’analyse structuraliste a fait son temps. Ceux qui ne sont pas familiers avec la sémantique de Kripke pourraient se heurter ça et là à des difficultés de lecture. Faut-il se laisser rebuter pour autant ?

D’abord, la proposition liminaire sur les kangourous est très stimulante. Certes, il ne sera plus une seule fois question de marsupiaux dans le reste de l’ouvrage (il s’agissait juste d’un exemple), mais c’est trop tard : la simple irruption du mot kangourou dans un texte de théorie littéraire a des propriétés stupéfiantes. Peut-être parce que ce mot dérive de gangurru, qui, selon la légende, signifie "Je ne te comprends pas" dans la langue de la tribu aborigène Guugu Yimidhirr. Donc supposons, comme on nous y invite, que les kangourous soient posés sur de toutes petites pattes riquiqui et que leurs membres supérieurs soient d’énormes battoirs. Ces pauvres bêtes se casseraient la figure en permanence, écrasant à chaque bond des familles entières d’ornithorynques. Imaginons en sus que, dans la banlieue d’Adélaïde, Madame Bovary exploite un élevage de ces kangourous lamentables et que, conséquemment, elle ne rêve que d’aller boire des bières à la grande ville. Nous commençons à tenir là un monde possible, pas nécessairement folichon, mais fait-on de la bonne littérature avec de bons sentiments ?

Ceci, et d’autres choses, permettent au chercheur Marc Escola d’affirmer que «définis à partir d’une représentation structurale d’actualisations sémantiques concrètes pour permettre la comparaison et la définition de règles de transformation, on peut mobiliser les possibles textuels tant pour analyser rhétoriquement, avec Eco, la dynamique de la lecture et les prévisions du lecteur que pour confronter, métatextuellement, le texte tel qu’il est à ce qu’il aurait pu être». Ce qui, pour quelques kangourous mal foutus, est tout de même beaucoup dire. Lors du séminaire, l’intervention d’Escola suscita chez sa collègue Sophie Rabau cette remarque judicieuse : «Quand Marc travaille sur le texte, il crée un M2. Or, je me demande si c’est un monde possible alternatif, ou le même monde corrigé ?» Ce à quoi l’intéressé répondit : «Je dirai que l’auteur d’une réécriture produirait un M2, un commentateur classique chercherait à décrire simplement M1, mais que je cherche plutôt à produire spéculativement un M1bis - dont le statut peut paraître problématique en regard du partage institutionnel entre texte, littérature "seconde", et métatexte.» Imaginons maintenant que le kangourou ait deux têtes et trois pattes.

mercredi 9 juin 2010





Parler psychisme dans le désert
08 Juin 2010
Par pleineaile
http://www.mediapart.fr/club/edition/contes-de-la-folie-ordinaire/article/080610/parler-psychisme-dans-le-desert

A force de lire attentivement les articles sur la psychiatrie, ici et ailleurs, de lire les commentaires les plus divers, de regarder les films et vidéos consacrés au sujet, je prends conscience de deux ou trois choses que je sais d'elle.

- Qu'on le veuille ou non, les aventures des théories et vaticinations sur la psyché et ses déroutes débordent largement le champ d'une spécialité médicale. La vie psychique de l'être humain interpelle, à l'asile mais aussi au travail, dans les relations sociales et leurs avatars judiciaires traités en "faits divers", dans les débats de société et les conflits, armés ou non, des disciplines variées, de l'éthologie à la politique en passant par l'anthropologie, la philosophie, et d'autres. Faut s'y faire! Les spécialistes ne suffisent pas à rendre compte de ce qu'est la maladie psychique...

- Qu'on le veuille ou non, l'organisation des soins et accompagnements aux patients ne peut se résumer à la délivrance (!) de soins si techniquement parfaits et appropriés qu'ils soient. Car la souffrance psychique convoque des contextualités extrêmes: la peur atavique de l'incompréhensible; la rupture inexplicable des liens relationnels; le désordre de pensées, de paroles et d'actes non conformes aux standards; le désir mêlé de compassion et de rejet, d'apitoiement et de pulsion répressive et de mise à l'écart...
L'organisation de la prise en compte des maladies psychiques renvoie donc aux instruments mêmes de l'organisation sociale dans son hétérogénéité et ses articulations nécessaires; ça avait été le propos des "inventeurs" de la psychiatrie à la française", autrement dit la politique du Secteur de Psychiatrie Générale, dans les années 1960.
Ringarde ou pas aux yeux des experts scientistes à la mode libéralo-simpliste, c'est la seule logique pensable: "administrer" le sort des malades au sein même de la société dont ils font partie, et dont parfois ils constituent les prophètes ou les "éclaireurs obscurs".

- Qu'on le veuille ou non, le système sanitaire actuel a délibéré de "foutre en l'air" cette politique saine, interrelationnelle avec toutes sortes de partenaires de la "cité", pluridisciplinaire, s'adossant bien entendu sur une clinique pointue, sur les outils thérapeutiques les plus divers (sans les ostracismes désormais posés sur des techniques largement éprouvées dans leur réalité quotidienne, par exemple les enveloppements humides, les psychothérapies d'inspiration analytique, et sans exclusive des écoles variées: behaviorisme, cybernétique sociale...), et sur des théorisations aussi variées que la psychanalyse, la sociologie, l'anthropologie ou les réflexions politiques marxistes, en passant par la participation croisées de tous les acteurs associatifs, familiaux, responsables locaux, réseaux citoyens, etc.

-Qu'on le veuille ou non, cette érosion d'un dispositif à mon sens assez génial dans sa forme théorique révèle en pratique plusieurs clés:

 *la négligence grave des psychiatres eux-mêmes, qui ont trop longtemps boudé l'application des directives de la fameuse circulaire de Mars 1960 mettant en place le Secteur, et dont beaucoup, par la suite, assujettis dans leur formation par les dogmes universitaires les plus riquiquis et les plus aveugles, centrés sur l'illusion du biologique exclusif, se sont laissés prendre de manière bien complaisante par les sirènes expertales, la simplification codifiée du jugement diagnostique, la réponse a-théorique, an-idéologique et in-humaine consistant à faire taire les symptômes, sans vouloir rien savoir du, je cite "contenu de la boîte noire".

*le mépris grandissant des organisateurs sociaux et politiques pour la singularité, la subjectivité, et surtout la dimension humaine de ce qu'ils ont à gérer. Ceci au nom d'une économie rationnelle de la politique de santé, terme qui en fait recouvre l'objectif envahissant tout l'espace de pensée collective de l'"Occident": la marchandisation de tout ce qui bouge ssur la planète. De vie et de mort, de santé ou de souffrance, de diversité et d'aspirations singulières, plus question: tous dans le rang, tous pareils, tous normalisés et tarifés

*la stupidité des modalités d'un "contrôle qualité" représenté par des procédures, des protocolisation des soins et actes d'accompagnement des malades, des certifications qui, pressurant de paperasses et d'idéologie de bazar les équipes de soignants, prétendent découper en tranches "évaluables" l'intervention des professionnels. Façon ISO 2009, comme pour le jambon et les missiles sol-air. Tout cela inspiré, si l'on ose dire ainsi, par le fantasme à la mode, mais délétère, du "risque zéro", celui qui nie que la vie soit en elle-même un risque, des risques à prendre et à assumer pour devenir des humains.

*La folie obsessionnelle qui s'est emparée de nos dirigeants et de leurs acolytes experts, de tout vouloir trier par catégories, tout mettre, je cite, en "groupes homogènes de malades" (entendez; de pathologies), afin paraît-il d'être plus efficaces. IL suffit d'avoir éprouvé les drames des transitivismes pathogènes et des pathologies potentialisées en miroir dans les institutions pour comprendre cette aberration mentale, prémisse probablement au retour du "grand renfermenent". Si, comme je l'ai suggéré plus haut, la prise en considération des situations de maladies psychiques doit se calquer sur l'organisation de la cité, c'est bien dans la diversité et dans l'hétérogénéité des personnes, mais aussi des pratiques et des disciplines, dans les entrelacs de positionnements transversaux au sein des collectifs, dans la multiplication des lieux et des relais, que se situe la restauration espérée des liens sociaux et existentiels des gens que nous avons à soigner.

*la maladie sécuritaire, qui en gonflant, avec la complicité de medias complaisants, des "passages à l'acte" indubitablement cruels, voire abominables (surtout par leur caractère incompréhensible au plus grand nombre, à l'opposé des crimes passionnels et crapuleux, des actes terroristes des actes de belligérance, qui eux choquent moins, pour si horribles qu'ils puissent être aussi, du fait que les chroniqueurs peuvent apposer des références à leurs narrations et commentaires), mobillisent des armées de contempteurs de tout ce qui bouge (encore?) dans le domaine de la psychiatrie, et ce de manière, comment dit-on en Méditerranée orientale? disproportionnée?

-Qu'on le veuille ou non, la diversité des écoles de pensées, des chapelles, des tenants de telle ou telle théorie, des "croyant à ce qu'ils font", le reste étant plus que sujet à caution voire méfiance, conduit à des confusions regrettables dans l'esprit des gens qui voudraient bien s'informer,ou même militer: "ces psys, ils ne sont jamais d'accord entre eux, qui croire?"
Même chez les professionnels qui vraiment réfléchissent consciencieusement à leur travail et à ses supports théorico-pratiques, il y a franchement bien trop de querelles de prestance, de présupposés indélébiles, de chipotages langagiers qui se compliquent en refus de travailler avec l'autre-différent. Bien entendu, vivant et travaillant dans le bain langagier de la souffrance humaine et dans le champ incertain du désir (le sien et celui de l'autre), on peut, on doit culturellement accepter les divergences de positions et de compréhension de la mouvante "matière" humaine.
Pourtant il est inadmissible que ces divergences prêtent à engendrer la confusion de ceux qui nous écoutent, de nos partenaires professionnels les plus divers, des patients et de leurs familles aux politiciens non distraits, en passant par tous les partenaires d'une psychiatrie pensée et pratiquée là où elle doit se faire, au sein du champ social au sein du territoire des hommes. La chose doit pouvoir s'entendre, j'en veux pour preuve les récents (hélas déjà trop lointains) Etats Généraux de la psychiatrie, à Motnpellier: là, toutes sortes de gens, aux cultures et pratiques professionnelles très variées, ont réussi en grande partie à surmonter les malentendus inhérant à nos statuts d'êtres parlants, a fortiori "supposés savoir"

Sur ce journal en ligne, quelques uns font effort pour exprimer à la fois des réalités et leur sentiment sur icelles. Ca ne peut suffire.

Aussi j'en appelle à la création d'un corps mixte de traducteurs de notre dialecte professionnel, d'historiens des pratiques de soins en psychiatrie, de formateurs capables de "dé-formater" les jeunes soignants et d'aider à l'éclairage des associations et groupements concernés par la psychiatrie, et enfin (anti)experts capables de parler aux élus de ce qui se passe vraiment dans notre monde qu'ils ignorent quasi totalement, de leur aveu même....

E che la nave va!!
JCD




Par Yves Gigou
Édition : Contes de la folie ordinaire
Communiqué du collectif des 39
contre la nuit sécuritaire


7 juin 2010

La psychiatrie à la télé : ceci n’est pas une fiction mais une anticipation !


Deux documentaires diffusés récemment montrent une certaine image des services de psychiatrie : patients traités de manière autoritaire ou négligente quand ils ne sont pas abandonnés et livrés à eux-mêmes, « soins » se résumant aux médicaments et aux électrochocs quand les patients sont calmes, aux injections, à la chambre d’isolement et à la contention quand ils sont agités ou seulement « désobéissants ». L’absence de réflexion semble généralisée. Un séjour en psychiatrie s’apparente à une maltraitance insupportable.

Ces documentaires ne sont pas une fiction, puisque les scènes filmées ont réellement eu lieu. Nous ne pouvons nier que ces situations surviennent parfois dans les services.
En revanche, ce concentré de scènes violentes est vraisemblablement une anticipation : quand la psychiatrie se voit régie par des principes essentiellement gestionnaires et sécuritaires - ce qui est le cas depuis plusieurs années et s’accentue avec les lois récentes et projets de loi en cours - le soin lui-même a toutes les raisons de se transformer en maltraitance.

En effet, ces documentaires fournissent une projection de ce qui pourrait constituer le quotidien de tous les services de psychiatrie dans un futur proche, lorsque seront définitivement appliqués les principes rentabilistes de la nouvelle organisation hospitalière, ainsi que les principes répressifs et sécuritaires du projet de loi réformant les hospitalisations sans consentement.

Ce travail journalistique, qui peut paraître orienté et extrême, semble toutefois avoir saisi l’essence de ce que devient un service de psychiatrie sans moyens, sans formation des soignants et dénué de réflexion sur le sens du métier. Or, le métier de professionnel dans le champ de la psychiatrie nécessite, plus qu’un autre, du sérieux et de la rigueur.

Ce sérieux et cette rigueur, qui consistent en une analyse approfondie et une mise en question permanente, à partir d’éléments cliniques, de nos pratiques psychiatriques, sont les grands absents de la politique actuelle de soin. Prônant une approche gestionnaire et sécuritaire, cette politique propose des réponses- recettes superficielles et démagogiques à coup d’enfermement, de sédation chimique ou physique, d’évaluation des pratiques sur la base de critères économiques.

Ces documentaires montrent très exactement ce que nous dénonçons : une psychiatrie honteuse et toxique dénuée d’analyse institutionnelle et d’humanité. Celle que les réformes actuelles favorisent, à leur insu, ou non. Plus que nos discours et nos argumentaires, ces images suscitent un malaise profond et une indignation salutaire.

Ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons mais, si nous n’y prenons garde collectivement, c’est la psychiatrie que nous aurons.
Nous souhaitons attirer l’attention des patients, des familles et de l’opinion publique sur le fait que les solutions simplistes proposées pour les soins psychiatriques (tri des patients par pathologies, multiplication des unités pour malades difficiles...) génèrent par elles-mêmes ce que ces documentaires nous ont montré.

Aussi, parce que nous savons qu’une autre psychiatrie est possible, a existé, existe encore actuellement, humaine et engagée, c’est d’une voix indignée et émue que nous nous écrions, face aux pratiques montrées dans ces documentaires : « ça suffit ! »

Pour faire vivre ce débat :
Deux forums du Collectif des 39- Contre la Nuit Sécuritaire auront lieu prochainement :
« À propos de l’obligation de soin »
 Vendredi 11 juin à 20h 92 Bd du Montparnasse, Paris

« Psychiatrie et démocratie »
Samedi 26 juin de 9h à 12h30 Mairie de Reims Place de l’Hôtel de Ville, Reims

www.collectifpsychiatrie.fr


Enfin, nous rappelons l’existence d’autres documentaires, tel celui de Philippe Borrel, Un Monde sans fous ?, diffusé sur FR5 en avril.

La Librairie d'Osons Penser et Agir
mardi 8 juin 2010






Un monde sans limite / Jean-Pierre LEBRUN









ISBN : 978-2-7492-1025-4
EAN : 9782749210254
368 pages
12.00 €
(1ère édition parue en 1997 dans la Collection Point Hors Ligne)


Jean-Pierre Lebrun est psychiatre et psychanalyste, agrégé de l’enseignement supérieur de l’Université Catholique de Louvain. Il a été président de l’Association freudienne de Belgique et de l’Association lacanienne internationale (ALI).

Il dirige la collection « Humus, subjectivité et lien social », aux éditions Ères. Il exerce à Namur en Belgique.

Présentation des éditions ERES
 Un monde sans limite, paru en 1997, a été l’une des premières tentatives de rendre compte de l’effet sur la subjectivité d’un social sous la houlette de la science et non plus de la religion. L’ouvrage se plaçait sous le couvert de Freud, lorsque ce dernier prenait la psychanalyse comme point d’appui pour aborder le social, mais aussi sous celui de Lacan, qui, dès le début de son œuvre, avait souhaité que le psychanalyste rejoigne la subjectivité de son époque.

Les questions soulevées par Un monde sans limite ont généré de nombreux débats, comme si elles constituaient en elles-mêmes le symptôme de la mutation profonde de société à laquelle nous assistions. Dans ce premier moment d’appréhension du phénomène, nous avions bien identifié les conséquences à l’œuvre du déclin de la fonction paternelle, sans pour autant distinguer clairement, à l’époque, fonction paternelle et fonction patriarcale.

Cette critique pertinente nous a contraint à poursuivre notre réflexion dans « Malaise dans la subjectivation » (dans Les désarrois nouveaux du sujet, érès, 2001) et à soutenir que c’était surtout l’exercice concret de la fonction paternelle qui était mis en difficulté, étant donné précisément le déclin, voire la péremption, du patriarcat. »
J-P. L.

Voici donc réunis ici les deux textes essentiels qui ont ouvert un champ entier pour la psychanalyse : ils rendent compte du travail en profondeur que Jean-Pierre Lebrun, psychanalyste à Namur (Belgique), mène depuis des années autour des conséquences de la mutation du lien social sur la subjectivité de chacun.

Le blog des littératures
http://blogs.mollat.com/litterature/2010/06/04/ignatio-garate-martinez-et-la-psychanalyse/

Psychanalystes en devenir

Les constructions d'une clinique
Anahit Dasseux ter mesropian, Ignacio Garate-Martinez, Laurence Joseph, Cosimo Santese, Candela Zurro
Ignacio Garate-Martinez (1953) écrivain et psychanalyste. Né à Burgos en Espagne, il est installé en France depuis 1971 où il pratique la psychanalyse à Paris et à Bordeaux.
Formé dans le sillon de Freud et de Lacan, il a construit son rapport à l'éthique de l'expérience psychanalytique à partir de l'héritage spirituel de Maud Mannoni et l'empreinte vivace de l’enseignement de Francesc Tosquelles, Octave Mannoni, Michel de Certeau, Xavier Audouard, Joël Dor.
Il participe à l'institution psychanalytique, d'abord dans un cartel de l'École freudienne de Paris (79-80), à la Cause freudienne ensuite (80-81), puis, après la dissolution de la Cause et la mort de Lacan, hors école, jusqu'en 1988 où il choisit de travailler avec Maud Mannoni au CFRP (il y passe son jury d'Association comme membre durant l'année 1992) et de la suivre dans la fondation d'Espace Analytique. C'est dans ce cadre qu'il anime des séminaires cliniques à Paris et Madrid, en Argentine et au Mexique. De 2000 à 2002, à la suite de Joël Dor, il est rédacteur en chef de la revue Figures de la Psychanalyse, Logos ◊ Ananké, nouvelle série.
En 2003, il fonde Espace Analytique d’Aquitaine et du Sud-Ouest, groupe local d’Espace Analytique dont il est le directeur.
En 2004 il crée pour les éditions érès la collection La clinique du transfert. En 2005 il crée la collection La parole en acte qu’il dirige pour les éditions Les Belles Lettres - Encre-Marine.

Derniers ouvrages parus chez Encre Marine : Guérir ou désirer ? Petits propos de psychanalyse vivante (2007) et L'histoire de Paulina Luz, héroïne du silence, 40 années d'internement moderne
(2008)




08/06/2010
Plusieurs milliers d’infirmiers anesthésistes ont bloqué la place de l’Étoile, à Paris

Entre 1.500 (police) et 5.000 (CGT) infirmiers anesthésistes ont manifesté ce mardi à Paris dans le cadre d’une journée de grève nationale pour réclamer notamment la reconnaissance de leur compétences et au niveau master (bac+5) de leur spécialité.

Rejoints par des infirmiers de bloc opératoire, les infirmiers anesthésistes, venus de toute la France et vêtus de leurs tenues de bloc (blouses bleues, chapeaux et masques), ont bloqué la place de l’Etoile et ont tourné autour de l’arc de Triomphe avant de rejoindre le ministère de la Santé, à l’appel de Sud, de la CGT et des collectifs organisés dans les hôpitaux.

Alors qu’une délégation de manifestants a été reçue au ministère, l’atmosphère s’est tendue avec les forces de l’ordre, qui ont procédé à des tirs de gaz lacrymogène. Quatre interpellations ont été effectuées, selon la police."« Aucune de nos revendications n’a été entendue et nous appelons à la reconduction du mouvement et à cesser les actes dans les blocs opératoires », a déclaré à l’AFP Sylvie Breuil, de l’UFMICT-CGT.Les 7.500 infirmiers anesthésistes en France suivent cinq ans d’études: trois en formation initiale pour le diplôme d’Etat puis après deux années d’exercice du métier, deux nouvelles années de formation.Le mouvement de protestation dure depuis le mois de mars. Lors de leur dernière journée de mobilisation, le 18 mai, les infirmiers anesthésistes avaient bloqué pendant plusieurs heures les voies de la gare Montparnasse.

››› VOIR LES PHOTOS DE LA MANIFESTATION
passiondulivre.com
http://www.passiondulivre.com/livre-89554-psychanalyse-n-18-cartels-segregation-anorexie-le-pere-et-ses-noms.htm

Psychanalyse, n° 18. Cartels, ségrégation, anorexie : le père et ses noms








Éditeur : Erès, Toulouse, France
Collection : Revue Psychanalyse
Prix : 20.00 € / 131.19 F
ISBN : 9782749212289
GENCOD : 9782749212289
Sorti le : 27/05/2010

La présentation de l'éditeur
«... la discrétion est incompatible avec un bon exposé d'analyse ; il faut être sans scrupules, s'exposer, se livrer en pâture, se trahir, se conduire comme un artiste qui achète des couleurs avec l'argent du ménage et brûle les meubles pour chauffer le modèle. Sans quelqu'une de ces actions criminelles, on ne peut rien accomplir correctement». Ces lignes sont de Freud, en réponse à un article de Pfister concernant un exposé de cas, qui sera publié en 1910. Elles peuvent prêter à un contresens, à cause du terme «discrétion». Cette discrétion qui ne doit pas avoir cours concerne non l'analysant, mais l'analyste. Cette conception de la clinique n'est pas la plus répandue, les analystes aseptisant souvent le récit de leur conduite en ne retenant que leur «vertu». Ceci explique peut-être la vindicte de certains contre les vignettes cliniques, et chez d'autres leur «I would prefer not to» portant sur la passe. Le courage que Freud eut pour publier l'interprétation de ses rêves est solidaire de son courage à avoir avancé et soutenu des thèses impensables d'avant... Freud d'ailleurs, dans ce passage même, prouve encore ce courage par une bévue : quand Bernard de Palissy brûle ses meubles, c'est pour découvrir le secret de l'émail et non pour «chauffer le modèle» ! Ô rêveries !

Ont participé à ce numéro : Balbino BAUTISTA - Therese CHARRIER - Claire HARMAND - Jean-pierre LEBLANC - Pascale MACARY-GARIPUY - Jean-louis MEURANT - Christine RAGOUCY - Massimo RECALCATI - Marie-claire TERRIER - Lina VELEZ - VOLUMARD-DEBRY -

Directeur de la revue : Laure Thibaudeau





03/06/2010
Le cri d’alarme des médecins de La Poste

« La Poste crée des "inaptes" physiques et psychologiques », s’alarme, sous la signature du Dr Jean-Paul Kaufmant, le Syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste, dans une lettre de 6 pages adressée au président du groupe Jean-Paul Bailly, avec copie aux ministres de tutelle, au président de l’Ordre et aux inspecteurs du travail. Les médecins alertent depuis plusieurs années, souligne le texte, sur la dégradation de la vie au travail, qui se traduit par des suicides ou des tentatives de suicide, un taux d’absentéisme pour maladie qui « atteint des seuils sans précédent », une très forte augmentation des accidents du travail et des maladies professionnelles, un mal-être qui touche tous les niveaux opérationnels de l’entreprise et des situations d’épuisement physique et psychique pour les agents de distribution.

Le syndicat, dont la lettre est mise en ligne sur le site du syndicat Sud, met en cause les nouvelles organisations du travail, les dépassements des horaires de travail, les non-remplacements des absents, la pression commerciale exercée sur les guichetiers, la quasi-impossibilité de reclassements professionnels, les pressions sur les agents jugés en surnombre pour les inciter à partir...

Le syndicat des médecins de prévention souligne aussi les problèmes des médecins du travail, qui n’ont que de faibles moyens d’action et dont « les avis sont niés ou bafoués ». Il estime que l’indépendance du médecin du travail n’est plus assurée, certains praticiens ayant « à supporter des pressions inadmissibles » de la part de dirigeants.

La Poste, qui emploie quelque 300 000 salariés, a entrepris depuis plusieurs années une grande restructuration pour se préparer à l’ouverture européenne du marché courrier à la concurrence. Une situation qui n’est pas sans évoquer celle de France Telecom : « Il faut engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait vite devenir un processus morbide, connu aujourd’hui par d’autres entreprises », souligne le syndicat des médecins de prévention.

Le constat est jugé « excessif » par le Dr Bernard Siano, chargé par La Poste de coordonner les 150 médecins du travail du groupe. La Poste n’a pas attendu ce courrier pour mettre en place une stratégie de prévention des risques psychosociaux, indique-t-il à l’AFP. Un dispositif d’évaluation du stress professionnel, doté d’un conseil scientifique présidé par le Pr William Dab, a été créé en septembre 2009, et devrait rendre un rapport dans les mois qui viennent. « Ce dispositif est centré sur les médecins du travail, qui en sont partie prenante et sont consultés par questionnaires », précise encore le Dr Siano.

R. C.
Quotimed.com




Le syndicats des médecins de La Poste sonne le tocsin
LEMONDE.FR | 03.06.10 |

Le syndicat professionnel des médecins de La Poste a adressé au président du groupe, Jean-Paul Bailly, un courrier dans lequel il s'alarme d'une forte "dégradation de la vie au travail" dans la société, suicides à la clé, selon une information dans Le Télégramme de jeudi. Dans le cadre de la réorganisation de l'entreprise publique, "les accidents du travail et les maladies professionnelles sont en très forte augmentation", relèvent les médecins du travail dans ce texte, dont copie a été adressée aux ministres du travail, de la santé et de l'économie.

"Des suicides ou des tentatives de suicide, dont on peut penser qu'ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle, surviennent dans toutes les régions, dans tous les métiers et aux différents niveaux de l'entreprise", selon les praticiens. En particulier, "les agents de distribution sont confrontés à des situations d'épuisement physique et psychique", relève le syndicat, en soulignant que "cela est lié aux nouvelles organisations du travail".

"ENRAYER UN PROCESSUS MORBIDE"

Le rapport fait état d'une explosion des congés non accordés et de pressions exercées sur certains salariés pour qu'ils quittent l'entreprise. Selon le syndicat de médecins, "il faut engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait vite devenir un processus morbide connu aujourd'hui par d'autres entreprises", comme France Télécom. "Nous avons loyalement alerté nos directions et notre filière de cette situation alarmante et sommes déçus par le peu de considération apportée, voire, plus grave, par le déni manifeste", soulignent les praticiens.

La directrice de la prévention de la santé et de la sécurité au travail de La Poste, Pascale Duchet-Suchaux, interrogée par Le Télégramme, a contesté ce rapport et l'a jugé "très catégorique". La Poste, qui emploie quelque trois cent mille salariés, a entrepris depuis plusieurs années une vaste restructuration interne pour se préparer à l'ouverture européenne du marché du courrier à la concurrence.




Vitré
Un même toit pour améliorer l'accueil psychiatrique
08 juin 2010

Un meilleur accès aux soins des personnes présentant des troubles mentaux : c'est l'objectif de cette nouvelle structure, dénommée La Valière, qui a été inaugurée hier soir.

Un objectif thérapeutique ambitieux

La Valière regroupe sous un même toit, depuis plusieurs mois déjà, un CMP (centre médico-psychologique), un CATTP (centre d'activités thérapeutiques à temps partiel) et un hôpital de jour. La nouvelle structure a ouvert ses portes en janvier 2010, 15, boulevard Denis-Papin, sur la zone de la Baratière.

Le CMP accueille en consultation toute personne adulte en souffrance psychologique ainsi que des patients ayant besoin d'un suivi après hospitalisation.

Au CATTP, des activités thérapeutiques sont proposées. Comme, par exemple, des ateliers de dessin ou de poterie qui aident à restaurer la confiance.
L'hôpital de jour, enfin, s'adresse à des patients après hospitalisation et avant leur retour chez eux. Ces trois structures dépendent directement du centre hospitalier Guillaume-Régnier à Rennes.

Favoriser le décloisonnement

Clotilde Tascon-Mennetrier, représentant Jean-Louis Tourenne, président du conseil général, s'est félicitée de l'ouverture du nouveau centre de soins qui « renforce l'ouverture sur la cité, la santé mentale ayant été longtemps taboue », et favorise« le décloisonnement » en rapprochant le secteur social de celui de la santé.

Bernard Garin, directeur du CH Guillaume-Régnier, a souligné, lui, la cohérence entre le découpage des secteurs psychiatriques sur le département (9 au total) et la nouvelle structure mise en place qui correspond approximativement aux limites du pays de Vitré en englobant le canton de Janzé (secteur G06).

Dans ce dispositif, « le CMP est un élément pivot de l'organisation de proximité », a observé Bernard Garin avant d'ajouter : « La Valière est une réalisation à la fois exemplaire et expérimentale. » Son modèle d'organisation devrait, en effet, être reproduit ailleurs. Le directeur a enfin salué « une belle réussite architecturale » en adressant un coup de chapeau à l'architecte, le cabinet Louvel.

Le Dr Pierrick Jago, chef du service de La Valière, a souligné que le centre, après quelques mois de fonctionnement, « donne satisfaction tant aux professionnels qui y travaillent qu'aux usagers ». Il a aussi insisté sur ces trois principes essentiels à ses yeux en matière de psychiatrie : « Continuité des soins, action de proximité, contextualité. »

Les chiffres clefs de La Valière

Fréquentation : en 2009, l'hôpital de jour a accueilli 32 patients pour 3 200 journées. Le CMP a totalisé 1 320 consultations médicales, 1 800 entretiens infirmiers, 1 670 consultations psychologues.

Les moyens humains : un cadre de santé, 8 infirmiers, 4 journées de consultations médicales (3 médecins), 3 journées de consultations psychologues (2 psychologues), une journée de permanence assistante sociale, un temps de secrétariat.

Coût des locaux : 1,3 million d'euros pour une surface des locaux de 500 m2.

Dominique GAYRAUD

dimanche 6 juin 2010





Bachelot et Accoyer déclenchent la guerre des psys
Par Gilbert Charles
02/06/201

Le décret qui fixe depuis quelques jours le statut des psychothérapeutes fait crier les psychologues à l'injustice.

Le ministère de la santé a réussi à liguer contre lui les deux principales associations de psychologues et enseignants en psychologie, qui jusque-là entretenaient entre elles des relations plutôt conflictuelles. Motif de cette union sacrée : le décret le décret d'application réglementant la profession de psychothérapeute, publié le 20 mai au Journal officiel. Destiné à lutter contre le charlatanisme et les "dérives sectaires" de certains psys, il prévoit que toute personne désirant exercer la fonction de psychothérapeute doit être inscrit sur un "registre national" et justifier d'une formation en psychopathologie clinique de 400 heures et d'un stage pratique d'au moins un mois.

Ces dispositions, issues d'un amendement déposé par Bernard Accoyer, l'actuel président de l'assemblée nationale, à la loi de santé publique votée en 2004, n'ont jamais été appliquées depuis, faute de décret. Très attendu par tous les professionnels de la santé mentale, le texte dont vient d'accoucher le ministère, après des années de tergiversations, est pourtant loin de satisfaire le Syndicat National des Psychologues et la Fédération française des psychologues et de psychologie, qui crient de concert à l'injustice. Un article en annexe donne en effet, selon eux, un avantage "exorbitant" aux psychiatres par rapport aux psychologues.

Ces derniers, titulaires pour la plupart d'un master en psychopathologie clinique, devront suivre un complément de formation de 150 heures, dont sont dispensés les psychiatres, qui reçoivent pourtant un enseignement pratiquement identique dans les facultés de médecine. "Cette mesure repose sur une conception purement médicale de la psychopathologie, en contradiction flagrante avec les traditions universitaires françaises", s'indigne Jacques Borgy, le Secrétaire général du SNP.

Un point de vue partagé par le psychiatre et psychanalyste Roland Gori: "Les psychologues sont bien plus au fait de la psychothérapie que les médecins issus des cursus de psychiatrie, où cette formation est au mieux négligée, au pire proscrite, estime-t-il. Le ministère semble céder à la tentation politique de mettre en place une psychothérapie d'État dominée par le psychiatre, supposé plus conservateur, traditionaliste et sécuritaire que le psychologue ou le psychanalyste".




La Désobéissance éthique, par Élisabeth Weissman

Le livre d’Élisabeth Weissman fait partie de ces ouvrages dont on redoute de poursuivre la lecture : chaque page annonce une horreur, une bonne raison de désespérer, même si, de ci delà, l’auteur nous concède une ou deux flammèches d’espoir.

Un livre de plus qui nous explique magistralement, avec rigueur et humanité, pourquoi et comment la classe dominante française met à mort l’État, les valeurs républicaines, la citoyenneté, la solidarité, la société au sens classique du terme.

Préfacé par ce grand résistant que fut, et demeure, Stéphane Hessel, La Désobéissance éthique nous introduit d’emblée dans le drame que connaissent trop de travailleurs français aujourd’hui : le suicide d’hommes et de femmes qui retournent contre eux la violence de leur existence en entreprise ou en usine. L’auteur rappelle la réaction spontanée des autorités face à ces actes, comme le mépris de Didier Lombard, P-DG de France Télécom, évoquant une « vague suicidaire ». Il ne leur suffit pas d’éviscérer les services publics : il leur faut stigmatiser ceux qu’ils broient.

Depuis, en gros, Chirac/Raffarin, les dirigeants français ont décidé d’appliquer au public les méthodes du privé. Comme le court terme et les gains de productivité sont privilégiés par rapport à l’intérêt général et aux investissements à long terme, mieux vaut amputer le pied d’un diabétique que de lui prodiguer des soins plus coûteux mais qui lui laisseront ses deux pieds.

Une seule solution : la résistance, dont la désobéissance est un des aspects. Weissman revient longuement sur l’action d’Alain Refalo et des collègues qui, à sa suite, ont refusé de ficher les élèves et d’accroître le fossé entre les gosses de riches et les gosses de pauvres. À l’inverse de Sarkozy qui est dans la « haine de l’autre », Refalo et les “désobéisseurs” (Weissman explique la différence entre les mots “ désobéisseur ” et “ désobéissant ”) sont dans la fraternité, la solidarité et le respect, simplement parce qu’ils estiment que les enfants doivent être protégés et non pas jetés dans la concurrence dès l’âge de trois ans. À l’État, bras armé du marché, Refalo oppose la désobéissance civile, l’action dans la non-violence qui « renvoie la violence à celui qui l’actionne. ». Pour lui, la répression est une reconnaissance. En le sanctionnant durement, « l’administration reconnaît que son action l’inquiète et admet qu’elle constitue une véritable menace. » Faut-il s’étonner que les parents d’élèves de la PEEP et SOS Éducation (une officine proche de Darcos) l’aient si durement critiqué ? On verra également des professeurs des écoles refuser les évaluations en CE1 et CM2 (150000 sur 700000 en CM2) car « la publication de résultats combinés à la suppression de la carte scolaire aurait pour conséquence la mise en concurrence des élèves, des parents et des enseignants. » Ces enseignants ont bien compris que l’évaluation (portant exclusivement, comme par hasard, sur les maths et le français) était un outil nécessaire à la privatisation de l’enseignement primaire. En outre, évaluer, c’est adapter l’individu au monde libéral, c’est « modeler un homme nouveau », un homme « réduit à lui-même », avec la concurrence « inscrite au plus profond de lui-même », qui pourra tout au long de sa vie s’adapter aux exigences du capitalisme. L’auteur revient sur la LRU, très familière aux lecteurs du Grand Soir, et l’évaluation dans l’université, qu’elle assimile, reprenant une analyse de Michel Saint-Jean, animateur de Sauvons l’Université, à « une police et une instrumentation à des fins strictement économiques et utilitaristes de la pensée scientifique. » De plus en plus sous pression, les enseignants sont les Français qui se suicident le plus (39 pour 100000 ; moyenne nationale : 17). Et ce n’est pas la financiarisation de leur travail, le paiement à l’acte incompatible avec l’esprit de la Fonction publique, qui risque de les rasséréner.

En 2004, le ministre de Robien met en place une “ Base élèves ” que l’inspecteur d’académie des Pyrénées-Orientales qualifiera de « plus grande source d’information sur l’immigration. » À partir de 2005, on cherche à dépister les “troubles de conduite” chez les enfants dès le plus jeune âge. Dans un rapport tristement célèbre de 2004, le député UMP Jacques-Alain Bénisti établit un parallèle entre le bilinguisme des enfants de migrants et le risque de délinquance : « Seuls les parents, et en particulier la mère, ont un contact avec leurs enfants. Si ces derniers sont d’origine étrangère, ils devront s’obliger à parler le français dans leur foyer pour habituer les enfants à n’avoir que cette langue pour s’exprimer ». Ce rapport qualifie même de « patois » les langues maternelles des enfants de migrants. En 2005, Bénisti reconnaît son erreur en précisant que le bilinguisme est une chance pour l’enfant.

La mauvaise foi, le déni, sont les meilleurs freins à la résistance. Pour bien comprendre ces conduites, Weissman fait appel à Sartre pour qui tout individu « peut tirer argument des circonstances pour expliquer pourquoi il n’a pas le courage de faire usage de sa liberté et de se comporter en homme libre. » Résistants et libres furent assurément les juges du tribunal d’Orléans qui, en 2006, relaxèrent des faucheurs d’OGM, considérant qu’ils avaient agi « au nom de l’intérêt général, pour le respect du droit à la santé, à l’environnement et en application du principe de précaution, valeurs générales qui sont plus importantes que la protection du droit de propriété. »

Sarkozy et les marchés s’en prennent également aux malades mentaux. Le chapitre consacré par l’auteur à l’enfermement est insoutenable. Les asiles doivent être rentables et les aliénés criminalisés. Cinquante ans d’effort pour humaniser la psychiatrie ont été balayés par Sarkozy en quelques semaines. En direct du Café du Commerce, notre kleiner Mann nous expliqua que les fous étaient des délinquants présumés potentiellement dangereux, alors qu’ils comptent parmi les citoyens les plus exposés à la violence. 70 millions d’euros seront consacrés à la “ sécurisation ” des asiles, mais on supprimera des centaines de poste de soignants. Voir à ce sujet : http://www.legrandsoir.info/L-hopital-psychiatrique-d-Auch-en-lutte.html

La Poste est désormais l’“ entreprise ” où le “ client ” est le plus plumé en France. Pour les agents, résister relève de l’héroïsme. Prendre en compte les clients économiquement faibles relève de la gageure. La politique de la direction est d’écœurer les usagers du service public en leur faisant croire que tout ira mieux lorsque La Poste sera entièrement privatisée (alors qu’on la renationalise outre-Manche). Même chose à EDF/GDF, dont les gros actionnaires sont proches de Sarkozy. Comme il faut rétribuer ces actionnaires, les investissements ont diminué de moitié ces dernières années. Il faut vendre au client ce dont il n’a pas besoin, le déréguler dès que possible. Alors saluons le courage des Robins des Bois qui rétablissent le courant chez des chômeurs. Ils risquent gros.

On n’insistera pas trop sur la politique du chiffre de Besson, fier en octobre 2009, d’avoir expulsé trois Afghans dans un vol conjoint franco-britannique, avec l’accord forcément tacite du bon docteur Kouchner. Du chiffre, les policiers en font aussi lorsque, au lieu de traquer des délinquants, ils se posent au coin d’une rue pour faire du contrôle routier. Les pandores pourraient eux aussi se révolter car 12000 postes ont été supprimés en cinq ans dans la Police nationale, de par la volonté du plus grand flic de France, au profit des polices municipales et privées.

Autre description hallucinante : celle du climat qui règne désormais à Pôle Emploi, ce monstre totalement inefficace résultant de la fusion des Assedic (de droit privé) et de l’ANPE (entreprise publique). Le chômeur est désormais stigmatisé car, comme l’avait subtilement formulé Raffarin en son temps, « La France ne doit pas être un parc de loisirs ! » Pôle Emploi a définitivement cassé le lien entre ses agents et les chômeurs, au profit des multinationales de l’intérim.

Le libéralisme s’attaque même aux arbres. Ayant perdu 40% de ses recettes publiques, l’Office National des Forêts doit trouver de nouveaux capitaux pour s’autofinancer. Alors, on coupe du bois à tour de bras au détriment de la biodiversité.

Reprenant la formule de Robert Castel, l’auteur explique comment nous sommes passés d’une société de marché à « une société devenue marché », dans laquelle, comme l’avait proclamé notre kleiner Mann, roi du lapsus, « l’homme n’est pas une marchandise comme les autres », postulant par là-même qu’il était une marchandise.

Pour l’auteur, les syndicats n’ont pas trouvé la parade à cette déferlante. Elle cite Laurence Théry, inspectrice du travail : « Le déplacement de la politique de contrôle du corps du taylorisme vers le psychique, de l’extériorité vers l’intériorité, rend ainsi problématiques les stratégies de contre-pouvoir et de résistance qui peuvent endiguer ce processus d’appropriation de l’individu par les forces du travail. » On le voit bien lorsque Sarkozy reçoit Thibault et Chérèque à sa table : voilà des gens de bonne compagnie, des “ partenaires ”. Désobéir n’est pas républicain pour les hiérarchies syndicales, c’est un acte individuel. Ces hiérarchies proposent des “ journées d’action ” qui s’égrènent sans que les luttes soient réellement fédérées, mieux : confédérées. Défendre les travailleurs face aux menées des Parisot, Kessler et Lagarde ne consiste plus simplement à défendre les salaires et les emplois. Les organisation syndicales doivent désormais s’intéresser à l’“ intime ” des travailleurs, à leur vécu subjectif. Elles doivent aussi prendre en compte des revendications politiques comme, par exemple, la renationalisation d’EDF. En outre, les syndicats peuvent-ils encore se vivre en “ partenaires sociaux ” alors que l’action militante est criminalisée, que des travailleurs isolés sont terrorisés.

Les travailleurs doivent également se réapproprier leur propre discours. Face à un kleiner Mann qui avilit la langue car il a rabaissé la fonction présidentielle, il ne faut plus accepter que la classe dirigeante « vide les mots de leur sens, les corrompent, les dépravent. » Il faut retrouver les valeurs de la Résistance (Weissman revient sur le comportement obscène du Président de la République au plateau des Glières) pour empêcher que Sarkozy ne « liquide son héritage social. »

Bernard GENSANE

La désobéissance éthique
Élisabeth Weissman
Code EAN / ISBN : 9782234063495
Date de parution : 04/2010
Copyright © Editions Stock, 2010




Congrès et journées

Comment soutient-on la psychanalyse laïque dans nos institutions ?
Du samedi 5 au dimanche 6 juin 2010
Inter associatif européen de Psychanalyse
4 place St- Germain 75006

« COMMENT SOUTIENT-ON LA PSYCHANALYSE LAÏQUE DANS NOS INSTITUTIONS ? »

Rencontre de I-AEP. Dates : samedi et dimanche 5 et 6 Juin 2010 de 9h30 à 13h et de 14h30 à 18h

Lieu : Hôtel de l’Industrie au 4 place St- Germain 75006 Paris Métro St-Germain Ligne 4 , parkings proches (salles Louis Lumière et des 3 consuls)

Argument : Kaïros, l’instant propice.

Comment soutient-on Kaïros : l’instant propice ?

Le séminaire bi-annuel qui devait avoir lieu les 5 et 6 juin prochains, à Copenhague, a été annulé du fait de la dissolution de l’association Psychoanalytisk Kreds qui devait l’assurer.

L’inter-associatif a mis à profit cette situation inédite en donnant lieu à l’expression de propositions diverses certes, mais convergeant vers le sentiment insistant que le moment était propice pour aborder certaines des questions de fond concernant l’inter-associatif et son mode de fonctionnement.

Le vide créé par cette situation “inédite” a lui aussi amené à envisager un fonctionnement différent pour l’organisation de ce séminaire, sous la forme d’ateliers dont les propositions pourraient à la fin de ces journées être prises en compte.

Des groupes de travail inter-associatifs se sont spontanément formés pour préparer ces ateliers, qui ont proposé que chacun se consacre au traitement des trois questions suivantes :

1) Comment traite-t-on le politique dans nos institutions ?

2) A quoi sert l’Inter ?

3) La psychanalyse peut-elle encore être profanatoire ?

Parmi tous les sujets qui seront abordés dans ces ateliers nous paraissent pouvoir être mises en relief les questions suivantes :

1°Comment soutient-on la “psychanalyse laïque ” dans nos associations ?

2°La modalité adoptée ou trouvée par chacune de nos associations pour adhérer à cette exigence freudienne peut-elle avoir des effets d’une association à l’autre ?

3°Comment échapper à la terminologie que nous impose le discours du maître, lorsqu’il vise à mettre au pas la psychanalyse, en l’intégrant au champ des psychothérapies ?

4° La psychanalyse peut-elle parvenir à réserver une part d’ombre inaliénable et innommable, afin que les sujets continuent d’avoir accès au réel de l’inconscient ?

5° De quelles façons l’acte analytique, quand il se manifeste, a-t-il des chances de porter à conséquences dans les institutions de la Cité ?

Ces questions, parmi bien d’autres, seront débattues et auront peut-être, nous l’espérons, des prolongements les 5 et 6 juin prochains.

***

UN DOCUMENT EST JOINT POUR LES TEXTES DES TROIS ATELIERS http://www.insistance.org/

Associations membres de l’I-AEP :

-Acte Psychanalytique -Analyse Freudienne -Association Lacanienne Internationale -Cartels Constituants de l’Analyse Freudienne -Cercle Freudien -École Belge de Psychanalyse - Belgische School voor Psychoanalyse -Errata -Espace Analytique -Gezelschap voor Psychoanalyse en Psychotherapie -Groupe Antillais de Recherche, d’Etudes et de Formation Psychanalytique -Groupe d’Études Psychanalytiques de Grenoble -Insistance -Invenciò Psicoanalìtica de Barcelone -Mouvement du Coût Freudien -Psychanalyse actuelle -Le Questionnement Psychanalytique -Séminaires Psychanalytiques de Paris -Société de Psychanalyse Freudienne

**Rappel : l’I-AEP s’est mis en place en 1990 et regroupent des associations de psychanalystes après la dissolution de l’Ecole Freudienne de Paris, en 1981, elle-même fondée en 1964 par J.LACAN. Ces associations se retrouvent régulièrement les 1ers week-end de juin et de décembre de chaque année, pour questionner les liens entre analystes, leurs modes de formation, de travail et de recherche se fondant sur leur pratique, l’œuvre de Freud et l’Enseignement de J.Lacan.



Critique
Que reste-t-il de Mai 68 ? Au moins un spectacle réussi !
03.06.10

Allez au Théâtre de la Bastille, à 19 h 30. Vous en sortirez avant 21 heures, la tête dans les nuages, après avoir vu Tout ce qui nous reste de la révolution, c'est Simon, un spectacle drôle, touchant et sincère, signé par un collectif qui porte bien son nom, L'Avantage du doute. Ce collectif est né de la rencontre entre les comédiens flamands de la compagnie tg STAN, et cinq comédiens français, qui ont travaillé ensemble, en 2005, et proposé un spectacle qui s'appelait justement L'Avantage du doute.

Après, les Français ont décidé de poursuivre l'expérience, en suivant les règles des Flamands : pas de metteur en scène, primauté du collectif, chacun assumant la responsabilité à toutes les étapes de la création et du jeu. Une nouvelle donne de la démocratie au théâtre, en somme.

Cette démarche s'accorde particulièrement bien à Tout ce qui nous reste de la révolution, c'est Simon, le premier spectacle de L'Avantage du doute, né des questions que se sont posées les comédiens en 2008, quand fut commémoré le quarantième anniversaire de Mai 68.

C'était quoi, 68 ? Et ça a donné quoi ? La plupart des membres du collectif sont bien trop jeunes pour avoir un lien direct avec l'événement. Ils l'ont appris dans les livres d'histoire, ou en ont entendu parler par leurs parents. Le monde dans lequel ils vivent n'a plus grand-chose à voir avec ce temps, qui leur paraît à la fois homérique, au sens ancien, enfoui et totalement polémique, parce qu'ils en sont les héritiers, malgré eux.

Impossible legs

Alors, ils attaquent, parce qu'ils se sentent mal. Largués sur une planète pourrie, livrés à la brutalité de la globalisation, piégés par la stature de leurs aînés, "héros" d'une révolution qui semble interdite à leur génération. C'était facile, pour vous, leur disent-ils. Mais nous ? Que nous reste-t-il ? Comment trouver une place ? Que faire de votre impossible legs et du pouvoir que vous vous accordez ? Toutes ces questions n'ont rien de nouveau, loin de là. Elles traversent la société depuis des années, nourrissent les travaux de sociologues, et prennent souvent dans les débats la forme de bons vieux clichés.

L'intérêt de L'Avantage du doute tient au fait qu'il repart de zéro. Les comédiens ont beaucoup travaillé, lu et parlé avec des gens. Et puis, ils avaient une chance : dans leur collectif, il y a Simon Bakhouche, qui pourrait être leur père. Il a 60 ans, l'âge d'avoir vécu Mai 68.

C'est lui qui donne le titre du spectacle. Lui qui se tient, avec sa calvitie et ses rides, au milieu de trois filles en pleine forme : Mélanie Bestel, Judith Davis et Claire Dumas. Simon sourit beaucoup, avec le recul tendre de celui qui ne veut pas s'imposer. Les filles y vont, comme on dit. En tout cas au début du spectacle, joué sans prétention et sans décor, sinon un canapé rouge.

L'air de rien, de multiples histoires se croisent et se répondent, dans la pièce, qui se nourrit du va-et-vient entre aujourd'hui et hier, naïveté et profondeur, ironie et colère. Sous son allure improvisée, la soirée est très construite, et honnête. Elle n'épargne personne. Les filles règlent leurs comptes entre elles, sur le mode : "Et toi, qu'est-ce que tu fais de ta vie ?", comme elles règlent celui des pères et mères, sur le mode : "Et vous, qu'est-ce que vous nous embêtez avec votre histoire ?"

Le plus beau, c'est l'émotion qui se dégage peu à peu et vous emmène, à travers le récit de Simon, dans un voyage en Italie, à la recherche de Fellini. Un voyage sans fin, à l'image du désir d'être et de comprendre qui fait le sel de Tout ce qui nous reste de la révolution...

Tout ce qui nous reste de la révolution, c'est Simon. Par le collectif L'Avantage du doute. Théâtre de la Bastille. 76, rue de la Roquette. Paris 11e. Mo Bastille. Tél. : 01-43-57-42-14. De 13 € à 22 €. Du mardi au samedi, à 19 h 30 ; dimanche 6, à 15 heures. Jusqu'au 12 juin. Durée : 1 heure 20. Sur le Web : Theatre-bastille.com.

Brigitte Salino



Le sujet postmoderne entre symptôme et jouissance

Si la psychanalyse n'a rien à regretter de l'effondrement du patriarcat dans nos sociétés occidentales, il lui incombe par contre d'en mesurer les effets sur le sujet contemporain. À l'ère postmoderne, le signifiant (du) père a-t-il encore un usage, s'il n'a plus d'avenir ? Telle est la question que pose ce livre et l'inventaire qu'il tente de faire à partir de la clinique la plus banale, voire celle de la banalité. S'interrogeant sur les changements survenus dans le registre de l'angoisse, la façon dont on appréhende l'enfant, les perversions ordinaires, les états-limites etc., Régnier Pirard aborde avec précision et rigueur les modifications que notre temps impose à la clinique et bien sûr, de ce fait, à la direction de la cure.

Plus d'informations : cliquez ici




Avignon
Ces artistes ont un talent fou
04 juin 2010

Au CHS de Montfavet, l'atelier de peinture Marie-Laurencin est ouvert à tous, malades ou pas.

Hôpital spécialisé de Montfavet. Un après-midi sur la terre, à l'atelier de peinture et de sculpture Marie-Laurencin. Virginie, tout sourire, face à son chevalet, spatule à la main, jette du rose, puis du bleu, sur un support immaculé. "Je commence, on verra bien ce que ça donnera", glisse-t-elle avec malice. Le docteur René Pandelon n'aurait pas mieux dit…... Pour le psychiatre, médecin coordonnateur des sept ateliers artistiques que compte l'hôpital, "on ne cherche pas à comprendre ce qu'ils ont voulu dire, on n'est pas dans l'interprétation". Le mot "beau" n'est pratiquement jamais prononcé, seul compte l'acte de créer.

Communiquer autrement que par la parole

"Ces ateliers font partie des soins et ils sont probablement les plus importants", confie le médecin sans sourciller. Avant de poursuivre sur l'intérêt des ateliers qui fonctionnent tous les après-midis: "ma longue pratique de la psychiatrie montre qu'il y a des effets sur les patients. Ils reprennent confiance. Car ce qui caractérise la psychose, c'est la difficulté d'établir les liens avec les autres, explique René Pandelon. Ils se retrouvent isolés, exclus, certains en arrivent au suicide. La création, c'est communiquer autrement qu'avec la parole. Ce qu'ils ne peuvent pas dire, ils le peignent". Pour le praticien, les médicaments qu'ils prennent n'agissent que sur l'expression du trouble, sur le délire, la tristesse mais pas sur le fond du problème. "Si l'on ne met pas quelque chose à la place, les gens vont mal et ces ateliers sont une voie privilégiée pour ça", assure-t-il. Ici, chacun acquiert le statut d'artiste. Certains ont même une vraie cote auprès du public, vendent des œuvres, exposent… et obtiennent ainsi quelques revenus qui viennent compenser la maigre allocation destinée aux adultes handicapés. "Ils existent ainsi en tant que personnes qui créent, les ateliers donnent une identité de créateur, note René Pandelon. Pour quelques-uns, c'est passer de l'idiot du village à l'artiste peintre. Ils accèdent à un statut qu'ils n'ont jamais eu". Plusieurs d'entre eux sont parvenus à en vivre, à créer leur propre atelier au fil d'années de pratique.

Un brassage qui fonctionne

Autre singularité de l'atelier Marie-Laurencin (et c'est un principe auquel tiennent les responsables): il est ouvert à tous, aux malades hospitalisés, à ceux suivis en externe, comme aux personnes qui n'ont aucune relation avec la psychiatrie. "Ce brassage et cette différence fonctionnent très bien, estime Mireille Aouillé, l'une des infirmières qui encadrent l'atelier. D'un point de vue artistique, les choses s'inversent". Quand certains "normaux" ont plus de difficultés que certains malades, ces derniers vont se faire conseillers et accompagnateurs. "Il peut même arriver qu'ils se voient en dehors de l'atelier pour se montrer leurs œuvres", poursuit Mireille Aouillé. Et ce bouillon de culture est en ébullition depuis 21 ans maintenant, avec des dizaines d'expos à son actif et beaucoup de drames évités, assurément. Car de l'avis de René Pandelon, "sans cet atelier, certains ne seraient plus en vie".

Florence ANTUNES


Saint-Girons. Quand le CHAC fait son théâtre spectacle
06/06/2010

Seize acteurs, patients et soignants de psychiatrie au CHAC, ont présenté sur la scène de Max-Linder, la pièce « Les pas perdus ». Le nombreux public présent a apprécié ce spectacle à sa juste valeur. Un spectacle sur lequel les acteurs travaillent depuis 2008, sous la direction de la comédienne et metteur en scène Malika Gessin. Il a obtenu la reconnaissance de l'Agence régionale d'hospitalisation et de la direction régionale de la culture Midi-Pyrénées dans le cadre des projets « Culture à l'hôpital ». De l'avis des acteurs interrogés, « ce sont des moments de rencontres et de plaisir, de détente, qui permettent d'oublier la maladie et de prendre confiance en soi ».





Exposition Art et psychanalyse,
Monaco,
6-16 septembre 2010


UN TRIPLE ÉVÉNEMENT ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE !

La parution, le 6 septembre, du livre :
« LES FORTERESSES PSYCHOPATHOLOGIQUES DU SUJET CRIMINEL », du psychanalyste et psychocriminologue parisien Steve Abadie-Rosier, fournit l’occasion d’organiser une exposition internationale de tableaux réalisés par la jeune artiste Virginie Soubeiroux. La couverture de cet ouvrage scientifique reproduit en effet « Le Sang de Nyx », toile spécialement réalisée à cette occasion par Virginie Soubeiroux.

Organisant la confrontation de l’Art et de la Psychanalyse, la galerie L’ENTREPÔT présente du 6 au 16 septembre 2010 une exposition de 20 toiles de Virginie Soubeiroux, artiste plasticienne de la génération montante, dont l’œuvre marque la quête d’un véritable art de vivre. Le travail de Virginie Soubeiroux transforme le monde matériel en idéalité et accède directement à l’âme, interrogeant la mémoire individuelle et collective par le dialogue des matériaux, des perceptions, des champs scientifiques et des techniques. Dans cette « herméneutique », un psychanalyste aussi atypique que Steve Abadie-Rosier ne pouvait que trouver quelques convergences avec sa propre discipline ― surtout quand, dans une partie de son œuvre, Virginie Soubeiroux explore les structures de la pensée.

Enfin, cette exposition donnera lieu à la publication dès le 6 septembre d’un ouvrage :

« ART ET PSYCHANALYSE – PSYCHÊ ET THANATOS DANS L’ŒUVRE DE VIRGINIE SOUBEIROUX – », cahier de 64 pages dans lequel Steve Abadie-Rosier livre sa lecture psychanalytique de 27 toiles de Virginie Soubeiroux, toutes reproduites en quadrichromie (éditions Les Neurones moteurs, Paris).

http://www.viadeo.com/fr/event/006zxvgnkt0x2e3/exposition-art-psychanalyse-vi...