La médecine pénitentiaire est d’actualité. Malheureusement, pourrait-on dire, car cela confirme la triste réalité du phénomène de surpeuplement carcéral, en Europe[1] et dans le monde. La presse psychiatrique anglo-saxonne illustre cette problématique dans deux articles complémentaires. The Resident’s Journal (le supplément pour les jeunes médecins de l’American Journal of Psychiatry) propose une réflexion sur « la vie et la mort derrière des barreaux » : avec l’augmentation simultanée de la population carcérale et de l’âge moyen des prisonniers aux États-Unis, les praticiens exerçant auprès des détenus se trouvent confrontés à une hausse des « affections chroniques et des maladies de fin de vie » chez des sujets condamnés à une peine de très longue durée.
C’est une prestation avant-gardiste, mais largement méconnue: depuis bientôt trois ans, Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) et infirmiers en psychiatrie interviennent en tandem pour des personnes présentant des signes somato-psychiatriques. La démarche est née d’une étroite collaboration entre le Département des urgences de l’Hôpital neuchâtelois (HNE) et le Centre d’urgences psychiatriques (CUP) qui partagent les mêmes locaux sur le site de Pourtalès, à Neuchâtel, depuis 2012.
«L’idée a germé en prenant le café avec mon homologue des urgences», se remémore le Dr Stéphane Saillant, médecin-chef du Département de psychiatrie générale et liaison du Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP). «Elle est arrivée dans la discussion parce que nous avions été interpellés par une remarque récurrente des infirmiers du Smur. Après certaines interventions compliquées, ils lançaient aux infirmiers en psychiatrie du CUP: c’est dommage que vous n’ayez pas été là!»