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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 15 août 2023

La Silicon Valley carbure aux substances psychédéliques… y compris au boulot

THE WALL STREET JOURNAL (NEW YORK)

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Le milieu de la tech aux États-Unis carbure aux drogues psychédéliques, raconte “The Wall Street Journal”. Des entrepreneurs vantent les bienfaits des “microdoses” pour la santé et la créativité, allant parfois jusqu’à encourager tacitement leurs employés. Un mouvement qui n’est pas sans lien avec les perspectives mirobolantes qu’offre le développement des substances hallucinogènes à des fins médicales.

Elon Musk prend de la kétamine. Sergueï Brin, cofondateur de Google, s’autorise parfois le plaisir de champignons hallucinogènes. Les cadres de la société de capital-risque Founders Fund, connue pour ses investissements dans SpaceX et Facebook, organisent des soirées psychédéliques.

La consommation régulière de stupéfiants n’est plus cantonnée aux soirées : elle est aujourd’hui répandue dans la vie en entreprise, ce qui pousse conseils d’administration et patrons à s’interroger sur leurs responsabilités vis-à-vis des équipes qui en consomment fréquemment. À l’avant-garde de cette tendance se trouvent les cadres et employés du milieu des nouvelles technologies, qui voient les composés hallucinogènes, en particulier la psilocybine, la kétamine et le LSD, comme le moyen de susciter des innovations révolutionnaires dans leur travail.

“Il y a des millions de personnes actuellement sous microdoses de substances psychédéliques,affirme Karl Goldfield, ancien consultant en vente et marketing à San Francisco, qui conseille de manière informelle ses amis et collègues de la Silicon Valley sur le dosage idéal pour atteindre la pleine conscience. C’est selon lui le “chemin le plus rapide pour ouvrir son esprit et voir avec lucidité, par soi-même, ce qui se passe”.

L’usage détourné de l’Ozempic fait encore tiquer

Paris, le jeudi 3 août 2023

Six mois après une première alerte, l’ANSM s’inquiète à nouveau de l’usage détourné de l’Ozempic (semaglutide) un analogue du GLP-1 destiné aux patients diabétiques mais utilisé pour perdre du poids.

L’Agence nationale du médicament (ANSM) continue sa croisade contre Tik Tok. En février dernier, le gendarme du médicament s’inquiétait du nombre toujours plus important de vidéos publiés sur le réseau social chinois dans lequel des influenceurs faisaient la promotion de l’Ozempic, un médicament normalement réservé au traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlée développé par le laboratoire danois Novo Nordisk.

En Guyane, la quête des descendants des victimes des zoos humains parisiens : « On a eu des morts, ils sont où ? »

Par   Publié le 07 août 2023

Les corps de huit Kaliña morts en 1892 et conservés dans les collections nationales pourraient être rendus à leur terre d’origine, alors que le gouvernement s’est engagé à faciliter les restitutions pour les outre-mer. 

Exhibition de « Caraïbes », en mars 1892 au Jardin d’acclimatation de Neuilly-sur-Seine, près de Paris.

Exhibition de « Caraïbes », en mars 1892 au Jardin d’acclimatation de Neuilly-sur-Seine, près de Paris.  

C’est une proposition de loi devenue consensuelle, mais toujours sensible, que le Sénat a adoptée, le 13 juin, en première lecture : le texte, porté par les parlementaires Catherine Morin-Desailly (Union centriste), Max Brisson (Les Républicains) et Pierre Ouzoulias (Groupe communiste républicain et citoyen), facilitera bientôt la restitution des restes humains étrangers conservés dans les collections nationales françaises.

Jusqu’alors, une loi d’espèce était nécessaire pour rendre, au cas par cas, tout objet inaliénable conservé dans les musées – ce fut le cas pour la tête maorie remise par la ville de Rouen à la Nouvelle-Zélande en 2011, ou pour la dépouille de l’esclave Saartjie Baartman, la « Vénus hottentote », restituée à l’Afrique du Sud par une loi de 2002.

Déserts médicaux : innover pour mieux soigner

Écrit par François Hauville    Publié le 

Le spot de télémédecine de Livarot permet de réaliser une consultation médicale à distance en présence d'une infirmière.

Le spot de télémédecine de Livarot permet de réaliser une consultation médicale à distance en présence d'une infirmière. • © PSLA - Livarot

En zone rurale comme en ville, les professionnels de santé tirent profit des nouvelles tendances et des technologies de pointe pour développer l’offre de soin.

Améliorer l’offre de soin, développer des actions de prévention ou encore maintenir des consultations en zone rurale : voilà le défi que les professionnels de santé doivent relever sans pour autant disposer des effectifs nécessaires. Qu’elles tirent profit des nouvelles technologies ou qu’elles s’inspirent des nouveaux usages, voici trois Normandes qui se mobilisent.

Tout l’été, découvrez des Normands qui se mobilisent pour maintenir une offre de santé sur tous les territoires. Des articles à retrouver chaque lundi sur notre site internet.

Danie Beurion : lutter contre la cécité des diabétiques.

Tous les patients qui souffrent de problèmes de vue vous le diront : trouver un rendez-vous chez un ophtalmologue relève souvent du parcours du combattant. Si, selon le Syndicat National des Ophtalmologistes (Snof), la France n’a pas à rougir de sa prise en charge des maladies des yeux, les chiffres sont sans appel : en 2022, en Normandie, le délai d’attente médian pour obtenir un rendez-vous était de 60 jours, selon le syndicat.

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lundi 14 août 2023

Bécherel, une cité de granit où le livre est roi

Par (Bécherel (Ille-et-Vilaine), envoyée spéciale)   Publié le 11 août 2023

Dans la commune d’Ille-et-Vilaine, on croise des librairies à chaque coin de rue. Ou presque. Qu’il soit neuf, ancien ou d’occasion, le livre y rythme le quotidien, au gré de rendez-vous festifs.

La librairie Neiges d’Antan, qui a rejoint le réseau Abraxas-Libris, à Bécherel (Ille-et-Vilaine).

La librairie Neiges d’Antan, qui a rejoint le réseau Abraxas-Libris, à Bécherel (Ille-et-Vilaine).  

Si vous cherchez le Bescherelle, à Bécherel, vous aurez toutes les chances de le trouver. La petite cité bretonne d’Ille-et-Vilaine n’a pourtant aucun lien avec le grammairien, Louis-Nicolas Bescherelle, qui a donné son nom au célèbre manuel de la langue française. En revanche, elle fourmille de librairies. Une quinzaine pour un bourg de 678 habitants !

Dans le joli centre ancien, 500 000 livres au bas mot attendent preneur derrière les devantures aux noms évocateurs – Ulysse à l’Ouest, Abraxas-Libris, Bitume et Papiers, L’Autre Sommeil, Librairie du Donjon, Les Tigres de papier… Spécialisées ou généralistes, toutes proposent majoritairement des ouvrages de seconde main, livres de poche comme éditions rares.

Au-delà du clitoris











Pour LSD Nedjma Bouakra ausculte le clitoris, cet organe trop longtemps occulté. A-t-il déjà existé un écart plus grand entre les savoirs objectifs et l’expérience subjective autour d’une partie de l’anatomie du corps humain ?


A-t-il déjà existé un écart plus grand entre les savoirs objectifs et l’expérience subjective autour d’une partie de l’anatomie du corps humain ? Le clitoris entretient une dispute scientifique, philosophique voire entre les deux sexes au travers des siècles.

Une série documentaire de Nedjma Bouakra, réalisée par Yvon Croizier, diffusée pour la première fois en septembre 2020.

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Les femmes pensent-elles autrement ?

Vendredi 6 janvier 2023

Provenant du podcast

Avec philosophie

Dessin d'une femme en train de penser dans la nature ©Radio France - stellalevi

Dessin d'une femme en train de penser dans la nature ©Radio France - stellalevi

En partenariat avec Philosophie Magazine, et à l'occasion de la publication le 5 janvier 2023 du volume 23 Penseuses pour 2023, Avec Philosophie se demande comment postuler l’existence d’une pensée spécifiquement féminine sans sombrer dans le sexisme, autrement dit sans essentialiser la femme.


Avec

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Exclusif : les professionnels de santé très largement favorables à l’interdiction des traitements hormonaux pour les mineurs transgenres


Paris, le mardi 1er août 2023

Selon notre sondage, 84 % de nos lecteurs sont favorables à un moratoire sur l’administration de traitements hormonaux pour les mineurs transgenres.

La question de la prise en charge et de l’intégration des personnes transgenres dans notre société est devenue ces dernières années une question majeure du débat public, recoupant des interrogations politiques, juridiques, philosophiques et bien sur médicales et éthiques. Les avis sont souvent passionnés, rendant la possibilité d’un débat apaisé malheureusement illusoire, d’autant plus quand la question concerne les enfants et les adolescents.

Ces médecins qui disent non aux arrêts maladie de complaisance pour les policiers


Marseille, le mardi 1er août 2023

 Dans une tribune publiée dans le journal La Croix, des médecins s’indignent que certains de leurs confrères accordent des arrêts maladie de complaisance à des policiers frondeurs.

Voilà désormais près de deux semaines que des centaines de policiers à travers la France et notamment dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes utilisent des arrêts maladie dits « de complaisance » pour cesser le travail et contourner l’interdiction qui leur est faite de se mettre en grève. Ce faisant, ils souhaitent protester contre le traitement judiciaire infligé à quatre de leurs collègues, accusés d’avoir violemment passé à tabac un jeune homme de 21 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier à Marseille au cours des émeutes urbaines qui touchaient notre pays. Les quatre fonctionnaires ont en effet été mis en examen et l’un d’eux placé en détention provisoire.

Reportage «Tous ces gamins qu’on laisse dormir à la rue, ça me tue» : près de Paris, l’auberge espagnole d’un prof pour accueillir des jeunes migrants isolés

par Emile Boutelier  publié le 14 août 2023  

Johannes, sexagénaire, héberge dix-sept mineurs dans un appartement de 60 mètres carrés. «Quand j’ai compris que derrière ses grands principes, la France laissait dormir des gamins de 13 ans dans les rues, je me suis dit que je ne pouvais plus fermer les yeux», raconte-t-il.

Hamidou, un Sierra Léonais de 15 ans, chéchia vert sur la tête et sweat-shirt «Paris est très magique», vient nous ouvrir. «Bienvenue dans la ruche», glisse-t-il dans un sourire timide, tandis qu’une moiteur inattendue nous saute à la gorge : dans le salon surchargé, il fait bien 5 °C de plus que dehors. A droite, un impressionnant cimetière de baskets, empilées sur plusieurs étages, occupe toute la longueur du mur – on comprend mieux l’odeur de chaussette. A gauche, trois ou quatre duvets sont dépliés sur des matelas, cernés par des cabas pleins à se rompre de vêtements et d’objets hétéroclites. 

dimanche 13 août 2023

Dégénéré «Les Avantages à voyager en train», le psy déraille

par Lelo Jimmy Batista   publié le 8 août 2023

Bien qu’un poil inégal, le film espagnol «les Avantages à voyager en train» sur un psychiatre qui raconte la vie de ses patients à une éditrice est impressionnant et furieusement réjouissant.

Les premiers mots de Moby Dick, «call me Ishmael», sont depuis longtemps l’objet d’intenses déchirements entre traducteurs.«Appelez-moi Ishmael», écrivait Henriette Guex-Rolle dans la version courante – simple, trop simple, manque tout le voile d’ombre, la promesse de l’insondable mystère. Le poète Armel Guerne avait opté pour une version plus littérale : «Appelons-moi Ishmael», plus évident mais un rien invraisemblable à l’oreille. Jean Giono, dans la traduction de Lucien Jacques et Joan Smith qu’il a revue pour Gallimard avait trouvé une parade habile : «Je m’appelle Ishmaël. Mettons.» Fuyant mais élégant. «Mettons». Deux syllabes qui suffisent à amorcer la suspension d’incrédulité, nécessaire à tout récit. Les Avantages de voyager en train ne s’embarrasse pas de tant de subtilité : il utilise directement «Imaginons».

Epais dossier

«Imaginons qu’une femme rentre chez elle et trouve son mari en train d’inspecter ses excréments avec un bâton.» «Imaginons qu’elle le fasse interner.» «Imaginons que le lendemain, elle prenne le train.»

Rue d’Ulm, à Paris, le « Grand Continent » prolonge l’aventure des grandes revues intellectuelles du XXᵉ siècle

Par    Publié le 10 août 2023

 REPORTAGE « Lieux de pensée » (4/6). Portée par de jeunes trentenaires, la revue en ligne consacrée à la géopolitique de l’Europe organise un séminaire tous les mardis, à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm.

Mieux vaut ne pas être en retard le mardi soir à l’Ecole normale supérieure. A 19 h 30, la salle Dussane est déjà remplie d’habitués et d’étudiants pressés d’assister au séminaire hebdomadaire du Grand Continent. Une revue en ligne qui réussit le pari de faire à nouveau aimer une Europe souvent méprisée pour sa technocratie et qui fait encore bâiller d’ennui. Un périodique numérique capable d’« articuler le temps du tweet au temps du livre », c’est-à-dire d’adapter la puissance de l’écrit à la fluidité des écrans, affirment Gilles Gressani et Mathéo Malik, respectivement directeur et rédacteur en chef du Grand Continent.

Soucieuse de prolonger l’aventure des grandes revues intellectuelles du XXe siècle, mais à l’ère digitale et à l’échelle continentale, cette nouvelle génération n’ignore pas que les lieux créent du lien. C’est ainsi que, depuis cinq ans, Le Grand Continent accueille rue d’Ulm, dans le 5e arrondissement de Paris, la fine fleur de la pensée géopolitique européenne. Une heure d’exposé conçu le plus souvent à partir d’un article, une « pièce de doctrine » discutée en compagnie de maîtres de cérémonie jeunes, élégants et informés : le dispositif est une habile façon de passer du texte à l’oralité et de souder une communauté.

Evelyne Heyer : là où il y a des gènes, il y a du plaisir

Vendredi 4 août 2023 (première diffusion le vendredi 14 octobre 2022)

Provenant du podcast

La Science, CQFD

"En anthropologie, on étudie l’Homme, et la génétique est l’outil." Evelyne Heyer ©Getty - Boris SV

Notre ADN recèle de secrets. Nos gènes sont semblables à une incroyable encyclopédie qui nous conte l’histoire de nos origines, de nos différences et aussi de nos ressemblances communes. Cette discipline a un nom : l’anthropologie génétique. La professeure Evelyne Heyer y a consacré ses recherches. 


Avec

  • Evelyne Heyer Professeure en anthropologie génétique au Muséum national d’Histoire naturelle


Enquête Enfants rapatriés de Syrie : «Mon petit-fils n’en finit plus de payer le choix funeste de son père»

par Luc Mathieu et Marie Piquemal   publié le 8 août 2023

Le retour des enfants de jihadistes, souvent nés en Syrie et traumatisés, est un casse-tête pour les départements concernés. La protection de l’enfance est débordée et les décisions prises par la justice sont appliquées trop lentement, voire incompréhensibles pour les familles.

L’enfant ne connaissait rien de la France. Né en Syrie, ayant grandi dans un camp syrien, il a été rapatrié début 2023, à l’âge de 5 ans, avec sa mère, incarcérée à sa descente de l’avion. Placé dans un foyer de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), il a été victime de violences sexuelles cet été. Il l’a raconté à sa mère lors d’une visite au parloir et lui a aussi dit que son agresseur le tapait régulièrement. Une enquête a été ouverte. L’enfant est toujours dans son foyer, où un autre adolescent, qui dormait dans sa chambre, l’a aussi agressé.«Je suis en rage, dit sa grand-mère paternelle. Mon petit-fils n’en finit plus de payer le choix funeste de son père qui a décidé de partir faire le jihad en Syrie. Il l’a payé en vivant plus de quatre ans dans un camp. Il le paie encore ici, en France. Comment est-ce possible ?»

"Rockeuses", une histoire du rock au féminin

Dimanche 9 août 2020

Tina Turner et Janis Joplin chantent ensemble dans un concert, en janvier 1970. ©Getty - Photo by Condé Nast via Getty Images

Tina Turner et Janis Joplin chantent ensemble dans un concert, en janvier 1970. ©Getty - Photo by Condé Nast via Getty Images


"Rockeuses" une thématique de l'émission "Opus", sur l'histoire du rock au féminin avec Marjorie Alessandrini et Corine Marienneau (du groupe "Téléphone"), 1ère diffusion le 23/04/1988.

Dans la galerie de photos des temps pionniers du rock'n'roll, rares sont les visages féminins, comme celui de Wanda Jackson, affichés à côté de ceux d'Elvis, de Gene Vincent, d'Eddie Cochran et Jerry Lee Lewis. D'une manière générale, le monde du rock'n'roll - qu'il soit psychédélique, hard, glam, punk ou grunge - est depuis resté majoritairement un territoire masculin même si quelques-unes - comme Janis JoplinMarianne FaithfullTina Turner ou Patti Smith – en ont marqué l'histoire.

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Rennes. Réseaux du silence de Traudi Malo : entre art et thérapie


Traudi Malo

Exposition de Traudi Malo, Usine à fabriquer des fous © Traudi Malo

traudi malo
© Traudi Malo 

L’amour de Tr Kaos, Traudi Malo de son nom de naissance, pour la peinture remonte à bien longtemps et ne s’est jamais éteint. Il la consume, avec son consentement, depuis des années. « Pleins de choses curieuses me prouvent que je suis faite pour la peinture », explique énigmatiquement l’artiste. Adolescente, elle était chargée de la réalisation des tableaux pour le dimanche à l’école religieuse où elle allait. « Mon père peignait, mais disait toujours “l’art ne donne pas de pain”. Il ne voulait pas que j’aille à l’école des beaux-arts. C’est grâce à une religieuse de l’école qui a harcelé mes parents tout un été pour qu’ils me laissent aller à cette école », se souvient l’artiste d’origine autrichienne. « Je me demandais pourquoi elle était obsédée par ça et j’ai appris qu’elle était elle-même sculptrice. » Après avoir étudié un an à l’école des beaux-arts de Vienne, Traudi Malo s’envole pour Paris au milieu des années 60, capitale française qui faisait rêver rien qu’en prononçant son nom.

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Faites des gosses ? Procréer hors du cadre hétérosexuel, c’est comme écrire une épopée sans modèle, par Wendy Delorme

par Wendy Delorme, Autrice   publié le 8 août 2023

Si l’autrice a eu des enfants en coparentalité dans une société qu’elle juge pourtant répressive et malgré son sentiment d’être à la marge des existences «normales» en tant que lesbienne, c’est parce qu’elle a encore foi dans ce qu’on appelle «l’avenir».

Les enfants, on en veut un peu, beaucoup, et parfois pas du tout. Aux combats des un·es pour construire leur famille hors du modèle patriarcal répond, chez d’autres, le refus de devenir parent pour des raisons familiales, politiques ou écologiques. Seule certitude : ces choix de parentalité ou pas changent nos partis pris et nos convictions, pour le meilleur et pour le pire. Libé se plonge dans ces histoires de familles pour mieux questionner les contradictions de cette injonction parfois ironique à avoir des bébés.

J’ai toujours voulu des enfants. J’en ai trois aujourd’hui. Chaque fois que j’utilise ma carte SNCF «famille nombreuse», j’ai le même sentiment d’incrédulité. Comme dit mon père, ce statut de «mère de famille nombreuse» était inattendu. Je souris en lui rappelant que c’est lui qui pourtant me répétait comme un mantra «Ne dépends jamais d’un homme !» ce qui ne m’a pas empêchée de faire trois enfants. Pas exactement «faire», puisque je ne les ai pas toustes conçu·es ni porté·es. Deux d’entre iels ne portent pas mon patronyme ni mon patrimoine génétique (on devrait dire «matronyme», «matrimoine»). Peu importe, les trois sont mes enfants.

Iels ne sont pas «à moi» en réalité. On n’appartient qu’à soi. Quatre adultes s’en occupent alternativement au fil de la semaine. Rien n’était pensé pour que ça existe, du point de vue légal et administratif. Procréer hors du cadre hétérosexuel, vivre la coparentalité en garde alternée, former une constellation différente de la configuration traditionnelle («un-papa-une-maman»), c’est comme écrire une épopée sans modèle préétabli. Inventer au fur et à mesure nos propres modalités.

Car la famille est initialement le lieu où beaucoup d’entre nous, membres des communautés LGBTQI, avons subi le rejet, quand ce n’est pas la violence. Faire famille revêt alors d’autres enjeux, au-delà de la loi qui, malgré des avancées (ouverture du mariage aux couples de même sexe, légalisation de la PMA pour les lesbiennes), reste inadaptée à la réalité des multiples façons d’aimer, de transmettre et de faire filiation. Concevoir un enfant en famille homoparentale ça se choisit, ça se décide, ça n’arrive pas par hasard.