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vivaient dans un établissement d’hébergement spécialisé.Photos Édouard Caupeil
Témoignages de résidents d’Ehpad, rarement placés de leur plein gré, qui souffrent également du manque de moyens humains empêchant les aide-soignants de faire du cas par cas.
C’est le paradoxe de ce mouvement des Ehpad. Alors que les salariés se plaignent à juste titre de leurs conditions d’exercice, de leur impuissance à faire correctement leur travail ou de leur solitude, on entend rarement la parole des premiers intéressés, les résidents. Eux parlent peu. Reclus, ils sont bien vieux, bien fatigués et, souvent, ils n’ont plus ni toute leur tête ni tout leur corps. Dans un Ehpad, les gens sont chez eux car c’est leur domicile légal, ils peuvent l’aménager comme ils l’entendent. Mais voulaient-ils quitter leur maison ? D’après les dernières enquêtes - qui remontent à plus de cinq ans -, près d’un tiers des résidents sont venus contre leur gré, un autre tiers sans qu’on leur ait demandé leur avis et un tiers seulement de leur propre volonté. Cette question de l’«institutionnalisation contrainte» est rarement abordée publiquement. «Parfois, quand ils arrivent, ils s’opposent ouvertement,nous raconte une directrice d’Ehpad, près de Paris. Mais je rassure les proches en leur disant qu’en quelques jours, ça va passer…»