Elégiaque et splendide, le premier film de la Franco-Sénégalaise Mati Diop suit le destin d’une jeune Dakaroise en lutte contre les pressions politiques, sociales et religieuses du pays, qui voit son amoureux secret s’embarquer pour un exil fatal.
Mama Sané, 19 ans, interprète Ada, l'héroïne d'«Atlantique» de Mati Diop. Photo Les Films du Bal
L’un des plus beaux films de l’année s’appelle Atlantique. Sans déterminant, car Atlantique se suffit à lui-même : il est énorme comme la promesse que ses flots recouvrent, comme ces rêves d’ailleurs que l’océan attise et engloutit. C’est un film à hauteur d’infini, élégiaque et mystérieux, que la mer aurait pu noyer de tout ce que désormais elle charrie, corps sans nom, tragique contemporain. «L’odyssée de Pénélope plutôt que celle d’Ulysse», expliquait la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop dans le reportage sur la sortie à Dakar de son film, auréolé du grand prix du jury du dernier Festival de Cannes, que nous avons publié dans nos colonnes samedi. Le palimpseste grec n’est pas choisi au hasard, il ramène à l’essentiel et à l’idée d’un récit-seuil qui lance durablement la manière de percevoir le monde, de conter les tribulations, la géométrie des rapports de forces, la couleur des paysages, la part de l’aventure et de l’attente.