Série “Diana”, illustrations de Julia Geiser, Suisse
Parole des dieux, stigmates d’un cerveau malade ou effet psychotrope ? Les hallucinations sont beaucoup plus courantes qu’on ne le pense. Elles nous permettent de donner du sens au monde et sont peut-être la substance même de notre réalité, avancent certains neuroscientifiques.
Avinash Aujayeb avançait seul sur un immense glacier blanc du Karakoram, l’un des massifs montagneux qui bordent le plateau de l’Himalaya, surnommé “le toit du monde”. Il marchait depuis plusieurs heures mais le paysage silencieux ne lui offrait pas beaucoup d’indices attestant qu’il progressait. Soudain, tout se mit à bouger autour de lui. Un immense rocher couvert de glace lui semblait extrêmement proche à un moment et désespérément loin l’instant d’après. Le phénomène persistant, il se demanda si sa vue ne lui jouait pas des tours. Il n’était même pas sûr d’être toujours en vie.
Avinash Aujayeb, qui est médecin, évalua ses fonctions vitales. Tout semblait normal : il n’était pas déshydraté et n’avait pas le mal des montagnes. Pourtant la vaste étendue de glace continuait à se modifier sous ses yeux. Ce n’est que lorsqu’il rejoignit l’un de ses compagnons de trek qu’il réussit à se convaincre qu’il n’était pas mort.
Une association de psychiatres américains qualifie les lois belges et néerlandaises sur l'euthanasie d'" immorales ". Leur déclaration n'émeut guère la ministre de la Santé, Maggie De Block (Open VLD) : " Je ne vois pas ce que les Américains viennent faire dans ce débat. "
L'Association américaine de psychiatrie (AAP), l'une des associations professionnelles de psychiatres les plus influentes du monde, souhaite agir contre les lois sur l'euthanasie en Belgique, aux Pays-Bas, et "partout ailleurs où l'on aide des patients psychiatriques qui ne sont pas en stade terminal à se suicider, ou qui sont littéralement tués à coup d'injections mortelles, souvent par leurs propres psychiatres traitants."
Des sorcières aux tondues de la Libération, l’exposition «Présumées coupables», au musée des Archives nationales, à Paris, représente six siècles de procès, souvent sexistes, faits aux femmes.
C’est un test qui ne trompe pas. Quelles sont les femmes les plus célèbres de l’histoire de France ? «Jeanne d’Arc et Marie-Antoinette… et Charlotte Corday suit de très près», réplique Pierre Fournié, l’un des commissaires de l’exposition parisienne «Présumées coupables».
Des femmes jugées, condamnées et exécutées. Siècle après siècle, les romans, les journaux et le cinéma ont été hantés par la figure de la femme criminelle, traîtresse ou déchue, sorcière ou fille perdue. Elles ne représentent pourtant, aujourd’hui encore, que 5 % des criminels condamnés - une proportion à peu près stable depuis le Moyen Age, comme le relève l’historienne Claude Gauvard. Mais toujours, la suspecte est bien plus scandaleuse que l’homme délinquant : traditionnellement renvoyée à sa douceur maternante et à sa fonction de pacificatrice, «la femme est d’autant plus coupable qu’elle ne devrait pas l’être», écrit encore l’historienne, dans le livre publié à l’occasion de l’exposition (Présumées coupables aux éditions L’iconoclaste).
Celle-ci s’organise autour de cinq archétypes. La sorcière, l’empoisonneuse, l’infanticide, la pétroleuse, la tondue de la Libération. Cinq variantes d’une même peur : celle de la sexualité féminine et de la puissance/violence de ces femmes qui n’entrent pas dans le rôle qui leur est assigné. Crainte d’un grand charivari qui verrait le pouvoir des hommes défié. A travers 320 procès-verbaux d’interrogatoires, de condamnations à mort, de lettres de rémission adressées au roi pour obtenir son pardon, l’exposition retrace la ligne de vie (brisée) de petites sorcières anonymes.
Dans les vitrines, les PV d’interrogatoires de Jeanne d’Arc, de La Brinvilliers, de Violette Nozière, de Louise Michel ou un rapport de police sur Léonie Bathiat, alias Arletty, accusée d’avoir eu une liaison avec un officier allemand et d’avoir dénoncé un espion anglais… Dans tous ces documents, arides et faussement neutres, ce n’est pas la parole des femmes accusées qu’on entend, mais leurs mots retranscrits par des hommes : les démonologues, les policiers, les procureurs. «Du Moyen Age au XXe siècle, ce sont des hommes qui jugent les femmes, rapporte Pierre Fournié. Et ils leur posent des questions qu’on ne pose jamais aux hommes. Jamais un collabo n’a été interrogé sur ses relations sentimentales avec une Allemande…»
Pas question de transformer l’ancestrale coupable en éternelle victime : si ce sont des hommes qui condamnent les femmes, ce sont aussi, souvent, des femmes qui dénoncent d’autres femmes plus fragiles ou plus marginales : célibataires, rebelles ou pauvres, comme le rappelle Fanny Bugnon, commissaire de l’exposition. Dans les manuscrits qui rapportent la recherche de la «marque du diable» laissée sur la peau entièrement rasée des présumées sorcières ou dans les photos de cheveux qui tombent après la Libération, c’est toujours le corps de la femme trop libre, trop sexuelle, qui surgit. «Finalement, dit Claude Gauvard, c’est le corps de la femme qui est mis en jugement.»
Ce 13 décembre, la ministre des Affaires sociales et de la Santé a lancé une campagne d'information sur la fin de vie. Le premier volet vise à donner des clés aux professionnels de santé pour permettre d'engager le dialogue avec leurs patients. Un guide et des fiches pratiques sont à leur disposition.
Surpuissance d’internet, manipulation de la presse, manque de culture scientifique : les raisons pour lesquelles de prétendues alertes sanitaires, en dépit des dénégations de la majorité des scientifiques, connaissent tant de succès sont régulièrement énumérées.
Mais ces éléments, aussi importants soit-ils, ne sont pas seuls en cause. Notre esprit est façonné pour recevoir, traiter et accepter certaines informations plutôt que d’autres. Ces mécanismes sont décryptés pour nous par Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de Science et pseudo-sciences, la revue de l’Association française pour l’information scientifique, qui éclaire d’une manière précise et dépassionnée les raisons de nombreuses croyances actuelles.
Le Conseil national de l'ordre des sages-femmes a publié ce 6 décembre son livre blanc pour 2017. Intitulé "Innover pour la santé publique avec les sages-femmes", il regroupe douze propositions. Prévention dès le plus jeune âge, création d'états généraux pour la santé des femmes ou encore d'un observatoire européen de la profession sont évoquées.
C'est un appel aux candidats en vue de la campagne des élections de 2017. Le Conseil national de l'ordre des sages-femmes (CNOSF) a publié ce 6 décembre son livre blanc aux candidats, intitulé Innover pour la santé publique avec les sages-femmes. Il contient douze propositions destinées à promouvoir le rôle des sages-femmes dans la prise en charge et l'amélioration de la santé des femmes et de leurs enfants.
Comme chaque mardi, et depuis plusieurs mois déjà, c'est l'air un peu dépité que Kristina Kojan contemple la petite dizaine de jeunes hommes qui ont rejoint le baraquement no 7 de Grytan.
Cette fois encore, le språkcafé (café de langue) que l'Église suédoise anime dans ce camp de réfugiés de la province du Jämtland, au centre de la Suède, est quasi vide. Déçue, la responsable n'est cependant pas surprise : « Ce n'est que le symptôme de la démotivation ambiante, et de l'abattement général. Ils n'y croient plus. » En cette fin d'année 2016, tous les intervenants du camp, bénévoles comme gérants, sont inquiets. Le moral des quelque 190 demandeurs d'asile hébergés ici n'a en effet jamais semblé aussi bas depuis l'ouverture de Grytan il y a 4 ans.
Le professeur Christophe Lançon de Marseille lance une pétition pour demander aux candidats à l’élection présidentielle française de 2017 de publier leur programme pour la santé mentale.
En France, 2,4 millions de personnes sont aujourd’hui suivies par les services de psychiatrie (publics et privés) et près d’une personne sur cinq sera un jour atteinte d’une maladie psychique.
Mais rassurez-vous, la maladie psychique n’est pas une fatalité, on peut vivre avec, tout comme on peut se rétablir voire en guérir. Le diagnostic ne rime pas avec pronostic.
Il est cependant avéré qu’un accompagnement et un soutien particulier est nécessaire pour ces personnes qui un jour décrochent et qui ont le plus grand mal à réintégrer la société, la folie restant un sujet tabou et une source d’exclusion sociale.
Une passionnante correspondance entre Sigmund Freud et le psychiatre suisse Eugen Bleuler.
LE MONDE DES LIVRES | |Par Elisabeth Roudinesco (Historienne et collaboratrice du "Monde des livres")
Lettres 1904-1937 (« Ich bin zuversichtlich, wir erobern bald die Psychiatrie. » Briefwechsel 1904 - 1937, de Sigmund Freud et Eugen Bleuler, édité par Michael Schröter, traduit de l’allemand par Dorian Astor, Gallimard, « Connaissance de l’inconscient », 310 p.,.
Ce volume de correspondance réunit vingt-quatre lettres de Freud (1856-1939), cinquante-cinq d’Eugen Bleuler et cent quarante-sept pages de commentaires de divers auteurs. Il s’agit donc autant d’un échange épistolaire entre deux hommes que d’un colloque à propos de celui-ci.
Psychiatre de Suisse alémanique, hygiéniste de tradition paysanne et adepte d’un combat sans merci contre le fléau de l’alcoolisme, Eugen Bleuler (1857-1939) était un aliéniste original, inventeur entre 1906 et 1911 des concepts de schizophrénie et d’autisme, et directeur de la prestigieuse clinique du Burghölzli, située sur la colline boisée du quartier de Riesbach, à Zurich. Là étaient accueillis, au début du XXe siècle, de riches patients venus de toute l’Europe et atteints de troubles mentaux. Une sorte de sanatorium semblable à celui décrit par Thomas Mann dans La Montagne magique (1924).
Favoriser la prévention et l'accès au soins. Ce sont les premiers axes du projet pour la "santé des Françaises et des Français" présenté ce 12 décembre par Benoît Hamon. Le candidat à la primaire du Parti socialiste et de ses alliés propose aussi de réformer le temps de travail à l'hôpital. Une manière de lutter contre la souffrance au travail.
De la place des femmes à la question migratoire, les films pour enfants abordent les problématiques que traversent nos sociétés. Quelles sont les grandes évolutions du cinéma animé en la matière? Quelles nuances d'un pays à l'autre ?
Les Studios Disney devenus Walt Disney Pictures en 1983, un empire colossal qui a très largement influencé nos représentations de l’enfance depuis près d’un siècle et l’invention de la série Mickey Mouse à la fin des années 1920.
Disney, qui a racheté Pixar, l’autre géant américain de l’animation, en 2006, a beaucoup évolué. Avec la Reine de Neiges ou encore Vaiana, qui vient de sortir en salle, la « Walt Disney Company » longtemps jugée conservatrice crée – enfin ! - des personnages de femmes indépendantes qui rêvent d’aventure et non plus de prince charmant.
L'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) vient de mettre en ligne une méthode ainsi que des outils pour les acteurs souhaitant construire collectivement des parcours en psychiatrie et santé mentale. L'objectif de cette publication est de décrire une démarche de structuration des parcours à l'échelle d'un territoire, de mettre à disposition des outils opérationnels pour faciliter la réalisation de cette démarche et de permettre in fine son appropriation par tous les acteurs "désireux de faire évoluer les organisations dans une logique de parcours".
Laurence Rossignol a annoncé le 15 novembre dernier son plan d’action pour la petite enfance. La ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes a simplement omis d’évoquer les infirmiers puériculteurs. Cela parait d’autant plus étonnant que ce plan s’inscrit dans un contexte particulier pour les IPDE : rapport Giampino sur les modes d’accueil et la formation des professionnels, mouvement unitaire du 8 novembre… La profession souhaite enfin être reconnue à la hauteur de ses compétences. Encore faut-il qu’une volonté gouvernementale aille dans ce sens.
Dans son dernier rapport publié en avril 2015, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) affirme que 19 074 infirmiers puériculteurs exercent actuellement dans le système de santé. Il s’agit ainsi de la première spécialisation infirmière en matière d'effectifs, présents dans tous les secteurs médico-sociaux. En ce qui concerne les établissements d’accueil de jeunes enfants (EAJE), un autre rapport publié par la DREES indique que plus du tiers des directrices d’EAJE sont des infirmières puéricultrices. Ce rapport indique également que trois quarts des établissements n’ont pas de personnels formés à l’accueil des enfants en situation de handicap… Triste constat pour leur intégration, qui montre aussi l’intérêt d’un IPDE au sein de la structure, de par leur formation sanitaire et leur connaissance des difficultés que peuvent rencontrer ces enfants.
A l'occasion des Journées Francophones de la Recherche en Soins, les 1er et 2 décembre dernier, à Angers, Martine Quintard, infirmière anesthésistespécialisée en algologie et hypnose, a reçu le Prix Innovation pour son travail de recherche qui allie hypnose, kinésithérapie et MEOPA dans la prise en charge du Syndrome Douloureux Complexe. Elle nous présente ce projet qui vise à améliorer la qualité de vie des patients porteurs de ces douleurs rebelles.
Contexte et description de la recherche
Le Syndrome Douloureux Complexe (SDRC), anciennement algodystrophie, est une pathologie encore mal connue et redoutée du corps médical car son évolution se fait au prix de plusieurs mois à plusieurs années de douleur, d’œdème et de déficit moteur générant un handicap quotidien dont les conséquences psychiques, familiales, professionnelles et sociales peuvent être majeures. Les résultats d’essais thérapeutiques n’ayant pas à ce jour permis de démontrer l’efficacité à long terme des différentes molécules et interventions testées1, la recherche de nouveaux traitements est légitime.
Etre sérieux en utilisant un ton légèrement décalé, voire humoristique. Délivrer un message efficace qui prête à la réflexion en jouant sur les mots, pour dénoncer les maux… Didier Morisot, plus habitué à partager ses chroniques hospitalières déglinguées, nous livre son coup de gueule, façon uppercut, avec une question : pourquoi le monde de brutes arrive-t-il à franchir les portes de l’hôpital ?
Une de mes amies a eu récemment un accident. Un accident très bête. Cela dit, si vous m’en trouvez un d’intelligent, je suis preneur. Bref, elle a été shootée par une voiture en voulant rejoindre son mari et sa petite-fille qui jouaient au ballon. Et qui lui faisaient déjà des grands signes de bienvenue.
12 h 09’ 23’’ - Coucou mamie !
12 h 09’ 24’’ - Le choc : impact latéral sur les jambes, puis culbute sur le capot suivie d’un salto arrière en direction de l’asphalte. A savoir que l’asphalte est une matière brute de décoffrage, très rugueuse lorsqu’on se vautre dessus à l’insu de son plein gré. Je vous laisse deviner la surprise du public, son émotion, ainsi que l’inconfort ressenti par l’intéressée. Heureusement, nous sommes dans un pays où les gens sont soignés, et même bien soignés dans la plupart des cas.
Pour commencer, la dame a donc été prise en charge par les pompiers, des professionnels aux gestes sûrs, chaleureux et réconfortants. Si on a très mal aux jambes et à la poitrine, ça n’enlève pas la douleur, OK, mais ça fait quand même du bien. Fin du premier acte, début du deuxième : les urgences, un endroit rempli de professionnels aux gestes sûrs. Changement d’ambiance, pour tout dire. …La fatigue, peut-être, ou bien des problèmes familiaux ? Ou un contrôle fiscal inopiné ? Ou alors une sournoise crise d’hémorroïdes ? Bref, le comité d’accueil était mal gratté. Y’a des jours, comme ça.
Le dessin comme exutoire. La bande-dessinée pour exprimer, exorciser la maladie cancéreuse qui les a touchés dans leur chair ou dans celle d'un être cher. Prendre le crayon, mettre de la couleur pour raconter le pire. Rire de soi, de ses expériences douloureuses, les mettre en bulles, en cases, pour mieux se mettre en boîte ! Résister. Auteurs de BD, jeunes et bourrés de talents, ils nous offrent « leur histoire d'en rire » avec le cancer et dessinent le crabe, sans concession. Une lecture réjouissante qui parle à chacun avec une leçon à retenir : « on a déjà un truc grave à gérer alors le mieux, c'est d'en rire ! » Ce rire - franc ou jaune - , on l'a partagé avec eux, le 15 décembre au soir, à l'Institut Curie lors de la conférence « Dessine-moi un cancer ». Respect.
Peut-on rire de tout et avec tout le monde ? Ces jeunes auteurs de bande-dessinée nous ont prouvé que oui et que juxtaposer les mots « rire » et « cancer » était possible. Ce n'est bien entendu pas donné à tout le monde. Il faut autant de talent que d'intelligence et un esprit singulier qui a le don de croquer les scènes les plus tragiques pour en faire ressortir le côté incongru et drôle ; et ensuite avoir le courage de le partager… Ils ont donc mis en scène leur cancer, cet invité surprise qui est venu les cueillir, sans crier gare, dans l'insouciance de leur jeunesse, mettant autant d'entraves, de doutes et de douleur dans une vie jusque là sereine.
La conférence « Dessine-moi un cancer », à l'initiative de l'Institut Curie le 15 décembre au soir nous invitait à converser avec ces auteurs autour du cancer et de son vécu à travers le dessin.
Lili Sohn1, auteure de BD et illustratrice, au travers de son blog « Tchao Günther » et de ses trois albums « La guerre des tétons » nous a raconté son cancer du sein.
Alice Baguet2, graphiste illustratrice, a dessiné, à distance de son lymphome (lorsqu'elle avait 19 ans), le récit de son expérience dans « L'année du crabe ».
Benoît Desprez3, dessinateur, a lui aussi mis en bulles le cancer du sein de sa compagne au travers de l'album « Chauve(s) ».
Présentation de l'ouvrage : Porté par un souci constant de mieux comprendre les patients atteints de psychoses au long court, l'auteur tente d’en éclairer les mécanismes profonds en se référant aux études sociologiques et surtout psychanalytiques de diverses écoles. Le rôle des équipes infirmières, en contact plus étroit avec les patients que ne peut l’être les médecins, apparait un apport incontournable dans la cohérence théorique et la pratique des soins et du suivi des patients.