Par Gaëlle Picut
Aude Selly, responsable RH au sein d'un équipementier sportif, a, pendant des années, rempli sans faillir les multiples missions qui lui étaient assignées. Mais il y a deux ans, elle a commencé à prendre des anxiolytiques pour calmer son angoisse de ne pas y arriver et pour retrouver un sommeil devenu capricieux.
Cela a marché un temps puis, progressivement, elle a ressenti le besoin d'augmenter elle-même les doses, sans plus de surveillance médicale. « J'étais devenue addictive à la sensation de me sentir moins angoissée, raconte-t-elle. Cela a duré plusieurs mois, jusqu'au jour où toutes les plaquettes ont été vides. »
Quelques semaines plus tard, c'est le burn-out, la tentative de suicide et l'hospitalisation, qu'elle a racontés dans son livreQuand le travail vous tue (Maxima, 128 p., 14,80 €).
Aude Selly n'est pas un cas isolé. Le phénomène prend de l'ampleur de façon alarmante, selon les médecins qui témoignent.« A partir des années 2000, ces pratiques de dopage se sont développées et répandues dans l'ensemble du monde du travail », écrit Michel Hautefeuille, psychiatre, auteur de Dopage et vie quotidienne (Payot, 2009).