La révolution inachevée du féminisme
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Qu'est-ce que le féminisme ? La définition a toujours posé problème. Le mot apparaît dans un contexte péjoratif (sous la plume d'Alexandre Dumas fils dans L'Homme-femme en 1872). Puis Hubertine Auclert (1848-1914) lui donne le sens de défense des droits des femmes.
Mais n'oublions pas que ce terme médical a d'abord désigné la féminisation pathologique des sujets masculins. Au-delà de l'égalité, le genre est en jeu : la transformation des codes de la féminité - et donc de la masculinité -, voire perspective d'un dépassement de cette différence, quand d'autres, au contraire, s'attachent à la "féminitude", ou en tout cas, à la valorisation du féminin.
La première vague se forme en France grâce aux libertés publiques nouvelles, sous la IIIe République.
LES ANNÉES PHARES DU MLF
Les droits politiques n'y excluent pas l'éducation des filles, la condition des travailleuses, la protection de la maternité, l'abolition de la prostitution, la réforme du mariage, l'évolution de la morale sexuelle, sans oublier la paix entre les peuples...
La cause régresse au mitan du XXe siècle, victime de la réaction antiféministe, elle-même liée à la crise économique et à la victoire idéologique des dictatures.
Le réveil est progressif dans les années 1950 et 1960, qui trouvent le féminisme "dépassé". Les Françaises ne sont-elles pas citoyennes depuis le 21 avril 1944 ? Cet hiver du féminisme prépare pourtant une montée de sève spectaculaire. Les bourgeons éclatent peu après Mai 68.
Les années phares du Mouvement de libération des femmes (MLF) forment une deuxième vague. De la sphère publique, on passe à la sphère privée et même intime : "Mon corps m'appartient !" Que de conquêtes essentielles !