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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 3 juin 2022

Prisons: la contrôleure générale demande d’agir en «urgence» contre la surpopulation

 

par Chloé Pilorget-Rezzouk  publié le 2 juin 2022

Dans son rapport annuel publié ce jeudi, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot appelle une nouvelle fois à mettre en place une politique de régulation carcérale pour lutter contre la surpopulation et améliorer la réinsertion des détenus.

Cesser de faire de la prison la sanction référente, user des alternatives à la détention, développer le travail d’intérêt général… Et inscrire dans la loi la régulation carcérale, ce «système simple qui voit l’entrée de l’un en cellule compensée par la sortie – sous contrôle – d’un autre plus proche de sa fin de peine». Telles sont les préconisations, une nouvelle fois formulées, de Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté(CGLPL), pour lutter contre la surpopulation endémique des prisons françaises. «Agir en ce sens est une urgence», écrit l’ex-chroniqueuse judiciaire de Libération, puis du Canard enchaîné, dans son rapport annuel dévoilé ce jeudi matin. Un document de 315 pages, qui aborde aussi la crise de la psychiatrie ou la rétention administrative des étrangers, et s’appuie sur les visites de contrôle menées en 2021 dans 124 établissements de privation de liberté dont 29 pénitentiaires.

Intérimaires «mercenaires» à l’hôpital : «C’est le résultat de quinze ans de politiques néolibérales»

par Estelle Aubin   publié le 2 juin 2022

Martin Hirsch a fustigé lundi 30 mai ces soignants qui, à un poste stable, préfèrent être intérimaires et toucher plus d’argent en comblant les absences dans les hôpitaux. Mais pour le sociologue spécialiste des questions de santé Frédéric Pierru, il est logique qu’à force de maltraiter les soignants, ils deviennent moins loyaux.

L’hôpital public français se porte mal. C’est peu de le dire. Il craque de toutes parts. Partout, les infirmiers, médecins, directeurs d’hôpital se disent à bout de souffle, éreintés par des conditions de travail de plus en plus délicates. Nombre de soignants désertent les couloirs de l’hôpital. Pour combler le manque de personnel, la solution est toute trouvée par les chefs d’établissement : embaucher des intérimaires çà et là, au gré des besoins, et les payer plus cher. «1 500 euros par exemple pour une garde de week-end, contre 300 maximum pour un médecin expérimenté», dénonçait lundi Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) au micro de France Inter, avant de qualifier ces intérimaires de «mercenaires». Un phénomène hérité de «dizaines d’années de réformes néolibérales», qui «détériore la qualité des soins», déplore le sociologue Frédéric Pierru, chercheur au CNRS, à l’EHESP à Rennes, spécialiste des questions de santé.

« N’attendons pas que des catastrophes surviennent dans nos maternités »

Publié le 2 juin 2022


TRIBUNE

Collectif

Les risques de pénurie de personnels et les conditions de travail dans les maternités nécessitent des mesures d’urgence de la part des autorités, alerte, dans une tribune au « Monde », un collectif de professionnels de la périnatalité exerçant en Ile-de-France.

Les professionnels de santé de la périnatalité (sages-femmes, infirmières, gynécologues obstétriciens, auxiliaires de puériculture, pédiatres) sont extrêmement inquiets du risque que les pénuries de personnels font peser sur les femmes enceintes, les mères et leurs enfants. Aujourd’hui, et après avoir, à de multiples reprises, alerté nos tutelles ces dernières années, nous, chefs de service et membres de l’encadrement des maternités d’Ile-de-France, maternités universitaires et non universitaires participant au service public, voulons alerter sur cette situation extrêmement préoccupante.

Depuis des années, la périnatalité souffre des organisations et conditions de travail imposées par des tutelles loin du terrain. L’activité d’urgence qui constitue une part importante de cette médecine n’est pas reconnue comme telle et le personnel colmate, tant qu’il peut, sous l’œil de nos tutelles qui savent mais ne proposent rien de décisif. Maintenant, le bateau coule et toujours aucune proposition efficace ne nous est faite pour tenter d’éviter le naufrage.

En effet, la situation ne cesse de s’aggraver et le personnel soignant fuit ces conditions de travail. Ceux qui restent voient leurs conditions d’exercice devenir encore plus dures, le cercle vicieux est enclenché… Malgré nos alertes régulières auprès de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France et le ministère, ceux-ci ne semblent pas prendre la mesure de la gravité de la situation et l’urgence.

Repenser le modèle de nos maternités

La plupart des maternités d’Ile-de-France qui participent au service public vivent ces pénuries en dépit du soutien souvent apporté par les directions hospitalières. Dans certaines maternités, ce sont jusqu’à 30 % des postes de sages-femmes qui sont aujourd’hui vacants. Les maternités sont obligées de limiter certaines activités de consultation, faute de professionnels. Des unités de néonatalogie ont dû fermer, faute de pédiatres. Les plannings de garde ne sont pas remplis et ne pourront vraisemblablement pas l’être. Les prévisions pour les mois à venir sont alarmantes. Outre les habituelles fermetures de lits, ce sont des unités entières d’hospitalisation qui risquent de fermer avec la réduction de l’offre de soins qui va avec. Comment maintenir la qualité des soins quand les effectifs sont amputés à ce point ? Comment imaginer, dans pareille situation, que cela n’ait pas d’impact sur la sécurité des mères et des enfants ? Que peuvent les professionnels de santé lorsqu’ils ne sont plus assez nombreux pour accompagner le travail d’une femme enceinte ? Que dire à des parents lorsque la naissance d’un enfant né prématurément ne peut être organisée dans une maternité dotée d’une unité de néonatalogie en raison de fermetures de lits ?

Les professionnels de santé ne pourront pas – en plus d’assumer au quotidien une activité déjà disproportionnée par rapport aux moyens dont ils disposent aujourd’hui – être tenus responsables des accidents liés à la pénurie qui surviendront immanquablement. Nos autorités de tutelle devront prendre leurs responsabilités.

Mais n’attendons pas que des catastrophes surviennent. Il est urgent que des solutions à court terme soient trouvées pour permettre aux services de retrouver les effectifs de professionnels nécessaires pour couvrir les besoins médicaux des femmes enceintes et de leurs nouveau-nés. Il est tout aussi urgent de repenser le modèle de nos maternités pour qu’elles soient des lieux où les professionnels retrouvent le sens de leur métier et où femmes enceintes et nouveau-nés soient en sécurité.

Signataires : les chefs de service gynécologie-obstétrique non universitaires (Cegorif) et universitaires (Collégiale) des maternités d’Ile-de-France et les responsables sages-femmes.

Aly Abbara, Longjumeau ; Abdellatif Arsalane, Meaux ; Jean-Marc Ayoubi, hôpital Foch, Suresnes ; Pr Elie Azria, hôpital Saint-Joseph, Paris ; Joseph Bakar, Mantes-la-Jolie ; Denis Bardou, Saint-Maurice ; Joëlle Belaisch-Allart, Sèvres ; Abdel Hakim Bellache, Provins ;Alexandra Benachi, hôpital Antoine-Béclère, Clamart ; Pr Jean-Louis Benifla, hôpital Lariboisière, Paris ; Karen Bonnet-Chea,Fontainebleau ; Stéphane Bounan, centre hospitalier de Saint-Denis ; Laure-Marie Bontoux, Neuilly-sur-Seine ; Pr Lionel Carbillon, hôpital Jean-Verdier, Bondy ; Pr Pierre-François Ceccaldi, hôpital Beaujon, Clichy-sur-Seine ; Sandrine Colliaut-Espagne, hôpital Porte-de-l’Oise, Beaumont-sur-Oise ; Jessica Dahan-Saal, maternité Les Bluets, Paris ; Hélène Dauphin, Aulnay-sous-Bois ; Mohamed Derouich, Argenteuil ; Benoît De Sarcus, centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre ; François Devianne, groupe hospitalier d’Orsay ; Mahmoud Diab, Arpajon ; Pr Marc Dommergues, hôpital La Pitié-Salpêtrière, Paris ; Pr Arnaud Fauconnier, centre intercommunal Poissy-Saint-Germain ; Pr François Goffinet, maternité Port-Royal, Paris ; Pr Bassam Haddad, centre hospitalier intercommunal de Créteil ; Thierry Harvey, groupe hospitalier Les Diaconesses, Paris ; Thierry Jault, Melun ; Félicia Joinau-Zoulovits, groupe hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil ; Pr Gilles Kayem, hôpital Trousseau, Paris ; Pr Martin Koskas, hôpital Bichat, Paris ; Christine Louis-Sylvestre, Institut mutualiste Montsouris ; Pr Dominique Luton, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre ; Pr Laurent Mandelbrot, hôpital Louis-Mourier, Colombes ; Isabelle Matheron, centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges ; Sihem Mazouz, centre hospitalier de Rambouillet ; Ali Nabi, Coulommiers ; Bénédicte Paindaveine, Gonesse ; Pr Christophe Poncelet, centre hospitalier de Pontoise ; Bruno Renevier, centre intercommunal André-Grégoire, Montreuil ; Aude Ricbourg, centre hospitalier de Versailles ; Luc Rigonnot, hôpital Sud francilien, Corbeil-Essonnes ; Pr Olivier Sibony, hôpital Robert-Debré, Paris ; Kenza Snini, Etampes ; Pr Cyril Touboul, hôpital Tenon, Paris ; Caroline Trichot, Hôpital franco-britannique, Levallois-Perret ; Pr Yves Ville, hôpital Necker, Paris ; Vincent Villefranque, hôpital Simone-Veil, Eaubonne ; Sylvie Voyeme, hôpital de Meulan ; Estelle Wafo, centre hospitalier de Marne-la-Vallée-Jossigny.

jeudi 2 juin 2022

« Aux urgences, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été. Il y aura donc des morts »

Frédéric Adnet  Chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne

Publié le 1er juin 2022

TRIBUNE

Des unités engorgées et une « gestion déshumanisée » des ressources humaines ont pour conséquence la désertion des personnels hospitaliers, alerte, dans une tribune au « Monde », Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny.

L’hôpital public va mal, les services d’urgences vont très mal. Symptôme et conséquence d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de la Covid-19, les urgences sont au bord de la rupture. Par manque de personnels hospitaliers, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été.

Il y aura donc des morts… Toutes les études scientifiques le démontrent, l’engorgement aux urgences est un facteur associé à une surmortalité indue. Les urgences sont pourtant la vitrine et la porte d’entrée de l’hôpital. Le départ massif de soignants et de médecins a déstabilisé nos établissements, avec des fermetures de lits et de services, ce qui rend inévitable le goulet d’étranglement que constituent nos urgences.

Se remettre en configuration de crise Covid

Ce désamour profond, viscéral des personnels de l’hôpital résulte d’une gestion déshumanisée des ressources humaines, transformant l’administration de nos hôpitaux en management entrepreneurial, dont la seule boussole reste la rentabilité. Critère absurde, puisque nos recettes aggravent le déficit de l’Assurance-maladie, et donc les comptes de la nation, en s’appuyant sur la fameuse tarification à l’activité (T2A), aux effets mortifères. On arrive clairement au bout d’un cycle, appelant une réforme structurelle de fond, maintes fois annoncée par nos différents ministres, mais jamais réalisée ni même initiée.

Comment passer l’été sans trop de « casse » ? Avec les vacances de nos personnels hospitaliers, la situation va s’aggraver. Afin de limiter les dégâts, il faut donc, en urgence, se remettre en configuration de crise, exactement comme pour la crise due au Covid-19. Les agences régionales de santé et les directions hospitalières doivent réactiver nos fameuses cellules de crise, en instaurant des organisations de « bed management »(gestion de lits), par le recensement journalier, à l’échelle départementale, de tous les lits disponibles et l’information en temps réel des établissements en crise. Oui, ce « dispatching » pourrait être efficace, mais ne nous y trompons pas, affronter cette nouvelle crise imposera d’autres sacrifices pour un personnel en souffrance et épuisé. Le recours à de nouvelles déprogrammations pour libérer des lits redevient ainsi une option envisageable.

Comment en est-on arrivé là ? Dans mon service, je demande toujours aux infirmiers, aides-soignants, cadres de santé les raisons de leur départ. Deux types d’arguments : d’abord, le manque d’attractivité « factuel » de l’institution ; ensuite, le sentiment d’un manque de reconnaissance humaine. Manque d’attractivité : les difficultés de logement à cause de loyers hors-sol déconnectés des revenus de nos soignants, d’où des trajets plus longs et plus chers. Il faut prendre ce problème à bras-le-corps en réservant, en contractualisant avec les mairies, des logements abordables pour nos soignants.

Etre considéré comme un pion

D’autre part, les rémunérations, bien que revalorisées par le Ségur de la santé en 2021, sont toujours aussi peu attractives au vu de l’investissement et de la dureté du travail des soignants. Et la valorisation du travail de nuit et des gardes reste bien en deçà des attentes des personnels. Ces conditions de travail sont toujours alignées sur le moins-disant, au nom de l’efficacité, avec toujours plus de lits gérés par une seule infirmière, sans tenir compte des spécificités médicales ou de la lourdeur de la prise en charge. Et les médecins n’ont plus leur mot à dire.

« Epuisement, manque de reconnaissance salariale avec, souvent, une direction sourde… Autant de sacrifices sur l’autel de la rentabilité : on a détruit tout ce qui ne rapportait pas »

Sans compter la fameuse mutualisation des soignants, affublée souvent du doux mot de polycompétence, qui se traduit en fait par le déplacement brutal et souvent à la dernière minute des infirmiers d’un service vers un autre. En clair, pour combler les trous. Alors que ces mêmes soignants ne demandent qu’à valoriser leurs spécificités, leurs spécialités dans un domaine précis de la médecine où ils excellent, comme les infirmières de soins spécialisés en diabétologie, les services ultraspécialisés de neurovasculaire ou de chirurgie thoracique. Etre considéré comme un pion ajoute de la souffrance, voire de la maltraitance, au travail.

Enfin, il y a le reste, ces petits riens qui font toute la différence. Sentir que l’hôpital vous aime pourrait signifier des services où l’on se sent bien, où il existe de vraies salles de détente du personnel, des salles de garde décentes, des repas qui pourraient rester à un niveau atteint lors de la crise due au Covid-19, des services où il existe un esprit et une solidarité d’équipe dans des locaux rénovés et propres : un coup de pinceau peut changer bien des choses !

Mépris

N’oublions pas le télétravail, inaccessible aux soignants et actuellement glorifié par les proches ou des personnels administratifs, qui accentue le sentiment de pénibilité du travail posté. Les cadres de santé souffrent aussi, victimes d’une profession dévalorisée, malades d’une double polyvalence : il n’est pas rare, aujourd’hui, de voir des cadres de santé responsables de services de spécialités différentes et qui, en plus, sont responsables d’équipes de jour et de nuit. Epuisement, manque de reconnaissance salariale, avec, souvent, une direction sourde… Autant de sacrifices sur l’autel de la rentabilité : on a détruit tout ce qui ne rapportait pas.

Un symbole, anecdotique, mais significatif. Les personnels soignants paramédicaux, infirmiers, aides-soignants, agents hospitaliers sont affublés par les directions hospitalières d’un acronyme : PNM (personnel non médical), par opposition aux PM (personnel médical). Désigner la diversité de ces professions par le simple fait qu’ils ne sont pas médecins ? Comment nos têtes pensantes n’ont-elles pas perçu tout le dédain contenu dans ce terme ! Comment se sentir valorisé dans sa profession lorsque l’on vous nomme « non-médecin » ? Nomme-t-on les artisans des « non-ingénieurs » ? Ce mépris contribue à forger un état d’esprit qui concourt à la désertion massive et jamais vue des personnels hospitaliers que l’on constate aujourd’hui.

Et la relève ? On constate malheureusement que la plupart des élèves infirmiers hésitent de plus en plus à rejoindre l’hôpital, quand ils n’abandonnent pas tout bonnement leurs études.

Mais ne vous inquiétez pas, les services d’urgences continueront à assurer leur rôle, comme le faisait l’orchestre jouant à bord du Titanic

Frédéric Adnet est chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne de Bobigny et directeur médical du SAMU de la Seine-Saint-Denis.


Santé mentale et psychiatrie : une feuille de route régionale pour améliorer la situation des personnes vivant avec des troubles psychiques

 




31 mai 2022

L’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur a décliné dans son projet régional de santé 2018-2023 sa feuille de route régionale de la santé mentale, feuille de route qui s’inscrit en cohérence avec les objectifs de la stratégie nationale de santé.


Cholet. L’hôpital installera la psychiatrie adulte dans l’actuel hôtel de la CCI

 Sylvain AMIOTTE  Publié le 

Vendus par la CCI à un collectif d’entrepreneurs, l’hôtel Marie-Daubry et ses dépendances, situés rue Nationale à Cholet (Maine-et-Loire), accueilleront les activités ambulatoires de psychiatrie adulte de l’hôpital, à compter du premier trimestre 2023.

L’actuelle antenne choletaise de la Chambre de commerce et d’industrie accueillera prochainement les consultations et l’hôpital de jour de psychiatrie adulte du centre hospitalier.

Sa vente a été actée le 20 mai en assemblée générale de la CCI de Maine-et-Loire. Située au 34, rue Nationale, à Cholet (Maine-et-Loire), l’antenne de la Chambre de commerce est acquise pour 1,65 million d’euros par un collectif d’entrepreneurs locaux conduits par Guy-Claude Séchet.


Numérique Mails, WhatsApp, Twitter … le retour de l’écrit

par Fabien Benoît  publié le 1er juin 2022 

Pierre angulaire de la communication numérique, l’écrit rythme nos vies connectées parfois au point de les envahir. Derrière cette profusion de mots, se cache une refondation des échanges, de plus en plus privatisés et marchandisés. Décryptage.

C’est un sentiment diffus, une impression. Celle de passer ses journées à rédiger des courriels, à remplir des formulaires, à nourrir des correspondances diverses et variées, à tapoter sur l’écran de son smartphone, à alimenter des flots de textos, conversations WhatsApp et autres messages sur Facebook, Twitter ou le Bon Coin. «C’est une situation assez surprenante, constate la philosophe Valérie Charolles, autrice de Philosophie des écrans. Dans le monde de la caverne (Fayard, 2013) et Se libérer de la domination des chiffres (Fayard, paru le 2 mars). Quand sont apparus les écrans d’ordinateurs, on prophétisait la disparition de l’écrit, remplacé par la vidéo et les communications orales. Or, c’est tout l’inverse qui s’est produit, nous avons assisté à une démultiplication de l’écrit sous tout un tas de formes.»

Famille Changer de nom sera bientôt plus facile

Roselyne Poznanski Publié le : 22/05/2022 

Famille Changer de nom sera bientôt plus facile

La loi relative au choix du nom issu de la filiation entrera en vigueur le 1er juillet 2022. Toute personne majeure pourra changer de nom de famille, sans avoir à se justifier, et pourra ainsi porter celui qui ne lui a pas été attribué à la naissance. Explications.

Petite révolution au sein du Code civil : les personnes majeures qui souhaitent porter un nom différent du nom de famille qui leur a été attribué à la naissance vont bientôt pouvoir effectuer une demande en ce sens, facilement, sans avoir à se justifier, directement auprès de l'officier de l'état civil de leur lieu de résidence ou de naissance. Cette nouvelle procédure, rapide et gratuite, introduite par la loi n° 2022-301 du 2 mars 2022, va considérablement simplifier le changement de nom de famille dans certaines situations.

Grand entretien «Que nous disent les trans ? Que la binarité sexuelle ne fonctionne pas si bien que ça»

par Cécile Daumas    publié le 3 juin 2022

Une partie des psychanalystes estime que les demandes de transidentités sont une menace pour l’ordre sexuel. D’autres, comme Laurie Laufer, jugent que c’est à la psychanalyse d’écouter et d’innover.

Est-il possible d’échapper à son sexe de naissance ? Est-il envisageable qu’un enfant soit élevé par deux pères ou deux mères ? Peut-on concevoir le mariage de deux personnes de même sexe ? Depuis plus de quarante ans, ces demandes venues de la société civile divisent profondément le milieu de la psychanalyse. Des praticiens y voient au mieux des «effets de mode» au pire des perversions, redoutant une grave menace psychique pour ces enfants et ces jeunes adultes. Une autre génération de psys rappelle que la psychanalyse est au contraire une pratique qui évolue avec son temps comme Freud lui-même la concevait. Le psy n’est pas un expert en santé mentale, et la psychanalyse n’est ni de la psychiatrie ni une forme de normativité psychique.

mercredi 1 juin 2022

Les orthophonistes de Martinique expliquent aux aidants comment s’y prendre avec les personnes aphasiques

  

Ce samedi 4 juin 2022, le syndicat des orthophonistes de Martinique organise une conférence de sensibilisation à la CTM, à l’attention des aidants de personnes aphasiques. L’aphasie est une perte partielle ou totale de la capacité à s’exprimer ou à comprendre le langage écrit et parlé, par exemple à la suite d’un AVC (Accident Vasculaire Cérébrale).

Être aidant d’un proche aphasique (conjoint, parent, enfant…), "c’est vivre au quotidien avec une personne ayant perdu totalement ou partiellement le langage".  Toute personne peut devenir aphasique, quel que soit son âge, du jour au lendemain, à la suite d’une lésion cérébrale.  

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Paraphrénie : définition, symptômes, traitement

Merci à Marc Lebailly, psychanalyste et anthropologue Article mis à jour le 03/06/22

La paraphrénie est un trouble mental de l'adulte assez rare se traduisant par un délire chronique sans troubles cognitifs dans lequel le monde délirant se superpose au monde réel avec ou sans hallucinations. Pour envisager au mieux cette pathologie, Marc Lebailly, psychanalyste à Paris, revient sur ses caractéristiques.

Définition : c'est quoi la paraphrénie ? 

Pour la psychiatrie classique, la paraphrénie est une psychose chronique de l'adulte que l'on classe entre la psychose paranoïaque et la psychoseschizophrénique. Elle se caractérise par l'existence d'une production délirante importante juxtaposée à la réalité. "Le délirant garde longtemps intacte et disponible une image relativement saine de sa personnalité. Il peut prendre à l'égard de son délire une certaine distance. Il en reste le maître, ce qui lui laisse une certaine latitude d'adaptation à la vie sociale". La paraphrénie est un délire fantastique dans sa forme, ses formules magiques, sa projection dans l'espace et son mode d'expression. "Les caractères cliniques des délires et leur évolution dépendent plus d'un mode réactionnel d'une personnalité pleinement développée que d'un processus morbide en lui-même. Ils s'opposent en cela aux délires paranoïaques. On peut aussi situer la paraphrénie dans un système de transformation entre l'hystérie et la schizophrénie".

C'est quoi une paraphrénie confabulante ? 

La paraphrénie confabulante se développe sur un fonds de personnalité mythomaniaque. La paraphrénie confabulante correspond au délire d'imagination décrit en France par Ferdinand Dupré. Elle se rencontre dans les deux sexes avec une égale fréquence. Elle débute plus tôt que les autres paraphrénies, entre 20 et 40 ans. Le mensonge mythomaniaque est à la base de la fiction délirante du paraphrène.

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Le SOS des psychiatres lancé à la Première ministre

Par Elsa Mari   Le 30 mai 2022

EXCLUSIF. 75 soignants lancent un appel à Élisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !». Si rien n’est fait, disent-ils dans leur tribune que nous dévoilons, «un avenir très sombre nous attend».

Dans une tribune publiée dans Le Parisien, des soignants réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions. LP/Olivier Corsan
Dans une tribune publiée dans Le Parisien, des soignants réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions. LP/Olivier Corsan

Ils sont psychiatres, internes, psychologues, infirmiers… Et tous lancent un cri d’alerte à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, dans une tribune « Créons des postes pour éviter le naufrage ! ». L’équation ne fonctionne plus. D’un côté, la pandémie de Covid-19 crée un afflux, sans précédent, des malades aux urgences psychiatriques : crises suicidaires, bouffées délirantes, dépressions. « Surtout chez les jeunes, sans repères, angoissés par l’avenir. Quand on perd l’espoir, on met beaucoup de temps à le retrouver », prévient Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil (Val-de-Marne). De l’autre, « 15 % des lits sont fermés dans les hôpitaux de l’AP-HP, faute d’infirmières », poursuit ce chef de service.

Certes, ces difficultés ne sont pas nouvelles mais elles s’aggravent, les conséquences sont « dramatiques ». Comble de cette tension, un dimanche d’avril, dans un hôpital de région parisienne, 18 patients, tous dans un état très grave, se sont retrouvés à attendre, alors qu’ils devaient être hospitalisés, en urgence. Pour les « accueillir, les rassurer, les surveiller », ce jour-là, seuls un psychiatre et un infirmier étaient là.

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A bout de souffle Plus de 1400 infirmiers manquent au sein de l’AP-HP, Martin Hirsch sonne l’alarme

par Estelle Aubin  publié le 30 mai 2022 

Le directeur de l’AP-HP s’est montré inquiet ce lundi au micro de France Inter, alertant sur la pénurie de personnels. Précisément, 1400 infirmiers et infirmières manquent au sein des hôpitaux d’Ile-de-France.

Encore un chiffre alarmant venu du monde hospitalier. Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, affirme qu’il manquerait à l’appel 1 400 infirmiers et infirmières dans les hôpitaux franciliens. «On a 1 000 infirmiers de moins qu’il y a un an à la même époque. On avait initialement prévu de créer 400 postes supplémentaires, on n’a pas pu les ouvrir. Il nous manque donc 1 400 infirmières par rapport à ce que l’on aimerait avoir», a ainsi détaillé Martin Hirsch sur France Inter, lundi 30 mai.

Mixité Sarcelles ou la mort du vivre-ensemble

par Eve Szeftel  publié le 31 mai 2022

La journaliste Noémie Halioua signe, avec «les Uns contre les autres», une enquête sur le délitement du modèle républicain à travers l’exemple de Sarcelles où elle a grandi. 

«Ça intéresse quelqu’un, ce qui nous arrive ?» : en 2018, après l’agression d’un garçon juif de 8 ans par deux adolescents, Noémie Halioua est envoyée par le Figaro en reportage à Sarcelles (Val-d’Oise), qu’elle a quittée quinze ans plus tôt. Cette interrogation, formulée par une mère habitant le «quartier juif», lui fait l’effet d’un «trou dans le cœur». «Une fois la confiance installée, elle consentit à décrire l’enfer dans lequel elle vivait. Un quotidien rythmé par la terreur et l’insécurité, la crasse et l’impression de vivre dans un monde qui s’effondre un peu plus chaque jour, un monde qu’elle n’avait pas les moyens de fuir», écrit-elle dans les Uns contre les autres, son deuxième livre après l’Affaire Sarah Halimi (2018). Ce «nous», précise celle qui travaille aujourd’hui pour la chaîne israélienne i24News, n’est pas communautaire : il inclut plus largement les banlieusards, ces «prolos postmodernes» qu’on voit rarement à la télé et sur lesquels la trentenaire aujourd’hui en vue, qui éditorialise sur C News et trolle sur Twitter, a choisi de braquer le projecteur le temps de ce livre hybride, qui balance entre récit d’apprentissage et enquête sur la faillite du modèle républicain.

Coexistence démocratique élémentaire

Coexistence démocratique élémentaire dans le métro parisien ©AFP - Martin Bureau / AFP

La Suite dans les idées

Épisode du samedi 28 mai 2022 par Sylvain Bourmeau

Résumé

Comment se produit le lien social ? C'est à travers les interactions les plus ordinaires, dans la rue, les transports en commun, que se manifeste notre coexistence démocratique. Carole Gayet-Viaud l'a finement observé. Mathieu Lindon a, lui, inventé un opposant, un "artiste de la haine".

avec :

Carole Gayet-Viaud (Sociologue, chargée de recherche au CESDIP), Mathieu Lindon (écrivain et journaliste littéraire).

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