Une exposition relate cette période de l’histoire où art et luttes sociales et politiques furent mêlés.
C’était inévitable : le cinquantenaire des événements de 1968 va être l’occasion de commémorations multiples. Une des premières à ouvrir le bal, comme elle le fit à l’époque, est l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. C’est en son sein que furent créées les fameuses affiches qui fleurissaient à l’époque sur les murs de la capitale et titillaient le pouvoir en place. Fameuses, mais mal connues : l’exposition « Images en lutte » le démontre en en faisant un accrochage presque exhaustif, du célèbre « La chienlit, c’est lui ! », avec une silhouette du général de Gaulle qui a tout de la marionnette, et d’autres, plus confidentielles. Voire inédites, puisque bon nombre de projets ne furent pas imprimés : un comité décidait chaque soir de celle qui passerait à l’atelier de sérigraphie qui, sous la houlette de Guy de Rougemont, exécutait les tirages durant la nuit. Les affiches refusées sont là, comme les autres. Leurs auteurs sont, pour l’essentiel et par leur volonté réitérée, anonymes.
Mais l’exposition va plus loin que cette simple évocation. De par sa tranche chronologique – 1968-1974 –, qui déjà peut surprendre. Ces dates se justifient, disent Philippe Artières et Eric de Chassey, les commissaires, par le lieu qui l’accueille : l’Ecole des Beaux-Arts a connu deux grandes descentes de police. La première en juin 1968 (à 4 heures du matin), pour évacuer « l’atelier populaire » qui produisait les affiches appelant aux luttes, la seconde en février 1974, date à laquelle les forces de l’ordre mirent fin aux assemblées générales hebdomadaires que les mouvements féministes et homosexuels y tenaient depuis 1971.