Manuel Valls et le ministre de la ville, Patrick Kanner, n’ont pas tort : l’apartheid urbain, social, économique, ethnique, ronge la ville française, et partant la nation tout entière. Et ils ont raison de rappeler que, si l’on peut s’interroger sur les résultats des politiques urbaines, menées depuis quatre décennies, la situation serait certainement pire sans elles. La constatation n’enlève rien à une analyse critique de l’action publique sur la ville.
Une première ligne de force est faite de réserve contre les idées reçues et aujourd’hui banalisées.
Puisque la mixité devient une incantation, il faut clarifier les idées. Quand on parle de mixité, on mélange plusieurs choses : mixité des couches sociales résidentielles et mixité fonctionnelle des activités et de l’habitat, confusion aussi des échelles, de l’immeuble, du quartier, de la ville.
Les processus eux-mêmes sont plus importants que les résultats. Si l’on ne peut que se féliciter que la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) de l’an 2000, fixant un seuil de 20% de logements sociaux dans les communes importantes, soit enfin appliquée, la société mélangée, où la diversité crée la richesse, reste un mythe, si les processus de promotion individuelle et collective ne sont plus assurés. La mixité est un aboutissement, pas un moyen de progrès.
Pour une priorité aux défis négligés : l’emploi, l’accessibilité, l’école
Si certaines notions doivent d’être démythifiées, d’autres, plus fondamentales, doivent être revalorisées. Il en est ainsi de l’emploi. Il aura été finalement le parent pauvre des politiques urbaines du dernier demi-siècle, d’abord en début de période, parce qu’il était abondant, et à partir des années quatre-vingt, parce qu’on s’est mépris sur la signification des évolutions économiques.