A « contrecœur », avec un sentiment de « culpabilité », ou sans regret mais en se défendant d’être celui qui « trahit »… Il n’est jamais anodin de partir de l’hôpital public. « Je n’aurais jamais pensé le quitter un jour », semble encore s’étonner Mathieu Mattei, anesthésiste-réanimateur au CHRU de Nancy en chirurgie cardiaque, et en réanimation médicale. C’est un chemin que certains jugeront pourtant classique qu’il s’est résolu à emprunter. Praticien hospitalier depuis 2007, celui qui a également dirigé son service va rejoindre, à compter du 1er janvier 2023, la clinique Claude-Bernard, à Metz.
Les premières lueurs du jour commencent à peine à percer dans le ciel pollué de la ville de Jdeideh, en banlieue de Beyrouth, que les rideaux de l’appartement de Mart al-Rahy sont déjà ouverts. Depuis trois semaines, Mart, atteinte de nanisme, travaille comme cuisinière dans un restaurant. Malgré les horaires matinaux, c’est une chance pour cette quinquagénaire. «J’ai trouvé quelque chose à faire dans ma vie», s’exclame-t-elle, ses yeux brillant d’excitation.