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jeudi 25 juillet 2019

Violences en milieu de santé : une hausse à prendre avec des pincettes

Par Eric Favereau — 

Le rapport de l'Observatoire national des violences en milieu de santé, dont les personnels soignants sont les principales victimes, pointe une augmentation des signalements. Mais ces chiffres, partiels, reflètent surtout une meilleure déclaration de ces actes.

Assiste-t-on à une montée en puissance inquiétante des incivilités et des violences dans les établissements de santé ? On serait tenté de le croire à la lecture rapide d’un rapport de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) du ministère de la Santé publié ce mardi. Selon ce travail de données collectées sur la base du volontariat, 23 360 signalements auraient été enregistrés en 2018 dans 426 établissements de santé, contre 22 048 en 2017.
Crachats, coups, injures, menaces, tout y passe. Des actes commis essentiellement contre des personnels soignants. Les services de psychiatrie restent les plus touchés, avec 18% des déclarations, devant les urgences (16%). Quant aux unités de soins de longue durée et établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ils concentrent 11% des faits signalés.

Les soignants en première ligne

La très grande majorité de ces signalements (80%) concerne des «atteintes aux personnes» (insultes, menaces, violences physiques…), 20% des atteintes «aux biens» (vols, dégradation de matériel…). Et ce sont donc les soignants qui sont en première ligne : parmi les quelque 33 400 victimes d’atteinte aux personnes recensées dans cette étude, 80% font partie du personnel, majoritairement des infirmiers ou aides-soignants. Les patients représentent quant à eux 10% des victimes, les agents de sécurité 5%. Les atteintes aux personnes impliquent dans la moitié des cas des violences physiques (strangulations, bousculades, crachats, coups), menaces avec armes ou agressions sexuelles, suivies par les insultes ou injures (32%), les menaces d’atteinte à l’intégrité physique (17%) et les violences avec arme (2%). Elles sont majoritairement imputées aux patients (71%) et aux accompagnateurs et visiteurs (19%), plus rarement aux personnels (3%). Les causes ? Elles sont le plus souvent liées à «un reproche relatif à la prise en charge du patient» (59%), loin devant le temps d’attente (13%) ou l’alcoolisation (11%).
Que peut-on en déduire ? Pour commencer, il faut garder à l’esprit que ces données sont limitées, non exhaustives. Seulement 7,35% des établissements ont répondu à cette enquête. «Ces chiffres doivent être analysés avec circonspection», précise le ministère de la Santé, qui note que «l’éventuelle augmentation de ces violences est liée en grande partie à une meilleure déclaration et ne reflète qu’une tendance».
La prudence, donc, s’impose. Il reste que les hôpitaux ont perdu, en partie, le côté «protecteur» et «hospitalier» qu’ils avaient auparavant. «Les violences du dehors, mais aussi les difficultés des services d’urgences ou de psychiatrie, peuvent expliquer ces tensions et ces agressions»,nous disait récemment un ancien directeur de CHU. Les grèves actuelles dans les services d’urgences ont d’ailleurs démarré sur ces questions. En tout cas, aux yeux du ministère, la réponse n’est pas que nationale. Les auteurs du rapport appellent les directeurs d’établissements «à mettre en œuvre des projets» locaux, et à mieux former les personnels «aux méthodes opérationnelles de prévention et de gestion de la violence», ou encore à faciliter les poursuites judiciaires.

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