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jeudi 25 juillet 2019

"Une collaboration plus précoce entre les acteurs pour faciliter le repérage des besoins des patients""

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Par Julien Moschetti   24/07/2019


What’s up Doc a rencontré en exclu la semaine dernière le Pr Frank Bellivier, le tout premier délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie. Cette rencontre riche a déjà fait l’objet d’une Consult’. Nommé en avril dernier par Agnès Buzyn, le chef du département de psychiatrie et de médecine addictologique du groupe hospitalier Saint-Louis, Lariboisière et Fernand Widal à Paris dirigeait une équipe de recherche en neuropsychopharmacologie des troubles bipolaires et des addictions. L’homme de 55 ans est en charge du déploiement de la feuille de route santé mentale et psychiatrie, dont les axes majeurs d’action sont le repérage et la prise en charge précoces des troubles psychiques et la prévention du suicide. L’occasion d’évoquer sa méthode de travail, ses priorités, la pédopsychiatrie, le rapport récent de l’Académie de médecine ou lesinfirmiers de pratique avancée (IPA) en psychiatrie.

What’s up Doc. Quelles sont les priorités de votre feuille de route ?

Frank Bellivier. La feuille de route est très riche. Elle s’appuie sur trois piliers : la prévention, celle du suicide en particulier ; le développement d’une offre de soins diversifiée ; la réhabilitation, la réinsertion et la promotion des droits des patients. Plutôt que de les séparer, l’idée, c’est d’articuler la prévention, le soin et la réhabilitation dans les parcours des personnes. Pour entrer dans le détail, tout d’abord sur la prévention et le repérage précoce des états de souffrance psychique. Certains patients vont en effet évoluer vers le développement de pathologies dont les conduites suicidaires ou la coexistence d’addictions sont à la fois les premières manifestations et des modes de parcours. Nous savons que 50 % des patients porteurs d’une pathologie mentale vont à un moment ou un autre avoir une comorbidité addictive, ce qui aggrave le pronostic et le cours évolutif de la pathologie. Il faut donc plus de vigilance au sein de la communauté médicale vis à vis de ces premières manifestations. L’organisation des soins doit pouvoir détecter ces premières manifestations pour prévenir l’évolution vers la « phase d’état » de ces pathologies.
Le deuxième pilier de la feuille de route est le parcours de soins. Il faut améliorer l’articulation entre les différents acteurs qui doit se faire au plus près des besoins des patients, à un moment donné de leur parcours. Le monopole du sanitaire pour le soin, c’est très bien. Mais on peut aussi prendre le problème dans l’autre sens, en commençant très tôt la réinsertion et la réhabilitation ce qui faciliterait la poursuite des soins qui s’inscrivent dans la durée. Il faut aussi une collaboration beaucoup plus précoce entre tous les acteurs, pour qu’elle soit plus en ligne avec un repérage des besoins du patient. Ce parcours de soins diversifié donnera accès aux ressources dont le patient a besoin pour sa pathologie. Un patient porteur d’un trouble bipolaire avec comorbidité addictive et qui a un syndrome métabolique n’aura pas le même parcours de soins qu’une jeune fille de 17 ans qui a fait une première tentative de suicide sans diagnostic établi.
Troisième pilier enfin : la réhabilitation, la réinsertion et la promotion des droits des patients. Beaucoup de nouveaux outils apparaissent dans ce domaine (pair-aidance, groupes d’entraide mutuelle, programmes de réhabilitation psycho-sociale, remédiation cognitive, accès à l’emploi, accès au logement, promotion des droits…). Dans ce domaine, il s’agit à la fois d’un enjeu de déploiement de ces différents dispositifs, de lutte contre la stigmatisation, de formation et d’articulation des acteurs. Notre outil actuel d’intégration et d’articulation de ces différentes expertises dont les patients ont besoin, ce sont les projets territoriaux de santé mentale. L’organisation de ces parcours au sein des projets territoriaux doit permettre de prévenir la rechute, et donc la ré-hospitalisation, et donc les coûts…

WUD. Quels chantiers avez-vous lancé depuis votre prise en fonction en avril dernier ? Quelle est votre méthode de travail ?


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