Un soir de juin 2008, Patrice Henry se coucha sur son canapé-lit non déplié, sous un drap, en tee-shirt et caleçon. Son appartement était bien rangé, et dans son frigo, il y avait des yaourts et du petit salé. Le programme télé daté du 7 au 13 juin était posé sur une table. C’est alors que cet ancien pilote de l’armée, âgé de 56 ans, est mort. Mais personne ne l’a su - même s’il avait une famille et des voisins. Grâce à l’air frais des Alpes, et à l’absence de lumière, son cadavre se momifia.
C’est dans cet état qu’on le trouva six ans plus tard. Une voisine finit par avertir les pompiers. Selon le Journal du dimanche (JDD) du 24 août, «sa peau était brunie et dure comme le cuir. Ses muscles se sont évaporés. Ses joues se sont creusées et ses yeux ont laissé place à deux cavités béantes […] il pesait une dizaine de kilos». Pendant ces six années de solitude, la momie entendit, à quelques reprises, la sonnette. C’étaient des ouvriers qui devaient faire des travaux sur son balcon, un huissier, son fils. Mais personne n’insista. Patrice Henry devait être ailleurs, se disaient-ils. Et aucun être humain ne fit le moindre effort pour savoir si cet «ailleurs» hypothétique existait. Malgré l’étrangeté de cette histoire, aucun média ne sut comment la traiter. Il n’y avait ni crime, ni coupable, ni immoralité, ni méchanceté. Il n’y avait ni misère, ni maladie, ni détresse, ni absence de compassion. Aucune circonstance qui permet aux journalistes de s’indigner et de pointer du doigt les responsables.
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