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lundi 7 juillet 2014

Isolement : « La solidarité, ça ne s'enseigne pas »

Le Monde.fr | Propos recueillis par 
Près d'une personne âgée sur quatre est seule, révèle, lundi 7 juillet, une enquête (PDF) de la Fondation de France. Philippe Pitaud, docteur en sociologie de la santé, directeur de l'institut de gérontologie sociale de Marseille et directeur de l'ouvrageSolitude et isolement des personnes âgées (Eres, 2010), commente ce phénomène.
Cette forte augmentation du nombre de personnes âgées isolées  (27 % en 2014 contre 16 % en 2010) vous surprend-elle ? 
Philippe Pitaud : Le phénomène est ancien. Mais la société française n'en a réellement pris conscience qu'en 2003, lors de l'épisode de la canicule. Une situation jusqu'alors latente est arrivée à la conscience d'une nation. Aujourd'hui encore, les responsables politiques en restent comme tétanisés.
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Les gens sont reliés à des tas de réseaux sociaux avec leurs écrans et leurs téléphones mais sont de plus en plus isolés. Nous sommes dans une société individualiste, très productrice de souffrance. Car la solitude, ce n'est pas simplement le fait d'être isolé, c'est d'abord avoir le sentiment de ne compter pour personne. Et ce, quel que soit l'âge.

Les écrans et les tablettes n'expliquent pourtant pas à eux seuls cette solitude croissante des personnes âgées...
Les personnes âgées sont victimes d'une société qui va beaucoup plus vite qu'autrefois. Si, dans la société pseudo-communicante dans laquelle nous nous trouvons, les jeunes peuvent se trouver en situation d'isolement et de souffrance, alors les personnes âgées, elles, vont se retrouver déconnectées... Dans un monde où les gens bougent davantage, le lien social se délite d'autant plus.
L'étude de la Fondation de France témoigne aussi de« l'affaiblissement des grands réseaux de proximité ». Quatre Français sur dix n'ont pas de contact avec leur famille au-delà de quelques rencontres annuelles (39 % en 2014 contre 33 % en 2010). Comment l'expliquez-vous ? 
Les jeunes partent de l'endroit où ils ont grandi pour chercher du travail, laissant leurs parents. D'ailleurs, on peut constater que les familles les plus pauvres restent davantage solidaires car les jeunes partent moins.
A Marseille, par exemple, les gens isolés ne se trouvent pas parmi les plus pauvres, mais parmi ceux qui habitent les quartiers« favorisés », où les enfants sont partis. A Marseille, une des villes les plus pauvres de France, il y a encore des solidarités de base très fortes.
Comment les politiques peuvent-ils répondre à cette hausse croissante des solitudes ? 

La solidarité immédiate, ça ne s'enseigne pas. On fait la Fête des voisins une fois par an, mais la Fête des voisins, ça devrait être toute l'année. La solidarité n'est pas quelque chose qu'on peut imposer d'au-dessus, ça vient du sentiment d'appartenance à un groupe social et de citoyenneté.

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