Une mauvaise observance d’un traitement peut ruiner son intérêt tant pour le patient que, plus globalement, en matière de Santé publique où des impératifs économiques (favoriser les réductions des dépenses de santé) conduisent parfois à expérimenter des stratégies très originales pour parvenir à cette fin.
Dans une publication avancée en ligne, des praticiens britanniques évoquent ainsi l’incidence favorable d’une « modeste incitation financière » pour améliorer l’adhésion aux programmes de vaccination contre l’hépatite B chez des toxicomanes, «consommateurs de drogues injectables ». Bien que ces personnes constituent à ce titre un groupe à haut risque pour cette maladie infectieuse, leur participation aux programmes de vaccination s’avère généralement faible et les auteurs ont donc évalué l’effet d’une rétribution (en coupons de 5 à 15 livres sterling) sur la finalisation du calendrier vaccinal proposé.
L’étude a été réalisée entre mars 2011 et avril 2012 sur 210 participants (recevant un traitement de substitution aux opiacés) : selon une répartition aléatoire, 67 sujets ont été traités de façon habituelle (sans motivation financière à la clef), 78 ont reçu une incitation fixe (un coupon de 10 livres sterling à chacune des trois vaccinations prévues), et 65 une rétribution croissante (5 livres sterling à la première injection, 10 livres à la seconde, puis 15 à la troisième et dernière injection).
Les résultats montrent une efficacité significative de ces incitations monétaires sur l’observance du programme vaccinal et sur le « plein respect des rendez-vous de consultation pendant trois mois » : pour 45 % des toxicomanes recevant des coupons fixes de 10 livres, l’observance est bien supérieure (Odds ratio OR] = 12,1; intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] = [3,7–39] , p<0 14="" 15="" 5="" ces="" ceux="" coupons="" croissant="" d="" de="" des="" diff="" et="" i="" ic95="" la="" livres="" m="" me="" moiti="" montant="" nbsp="" p="" pour="" pr="" que="" recevant="" rences="" restent="" s="" style="box-sizing: border-box;" un="">significatives après des analyses statistiques de sensibilité.0>
Si ces résultats incitent à réfléchir du point de vue éthique (est-il légitime de donner ainsi une sorte de prime à la transgression toxicomaniaque ?), reconnaissons que celle-ci demeure symbolique, relativement au poids budgétaire des substances illicites, ou à celui des dépenses de santé. Et de façon pragmatique, une démarche est utile, quand elle peut contribuer à l’efficacité d’une politique (en l’occurrence la limitation de la propagation de l’hépatite B) : « Peu importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape la souris » résumait Deng Xiaoping… Comme le remarque A. Thomas McLellan (professeur de psychiatrie à l’Université de Pennsylvanie) dans son éditorial du Lancet, ces résultats suggèrent que « les incitations financières éventuelles pourraient être aussi importantes, voire plus, dans le marché de la prévention des maladies que dans les marchés commerciaux. »
Dr Alain Cohen
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