L’Office français de prévention du tabagisme (OFT) a dévoilé mercredi un « avis d’experts » destiné à aider les professionnels de santé à adapter la prise en charge de l’arrêt du tabac dans un contexte de développement de l’usage de la cigarette électronique.
Cette série de 77 constats et recommandations n’est « pas basée sur la science mais sur l’expérience pratique d’experts du sevrage tabagique qui ont fait entrer depuis longtemps la e-cigarette dans leur consultation », souligne le Dr Marion Adler, tabacologue qui fait partie des 10 experts ayant participé à l’élaboration de ce document depuis janvier dernier.
Cet avis de l’OFT est une manière de sortir du flou ambiant autour des cigarettes électroniques qui ne sont actuellement pas recommandées par la Haute Autorité de santé (HAS) dans le sevrage ou la réduction du tabagisme « en raison de l’insuffisance de données sur la preuve de leur efficacité et de leur innocuité », même si leur usage n’est pas non plus« déconseillé » par l’instance chez les fumeurs qui refusent « la substitution nicotinique recommandée ».
Seconde intention
À l’instar de la HAS, les experts de l’OFT insistent sur l’importance d’inclure la cigarette électronique dans une stratégie globale d’arrêt ou de réduction du tabac. « L’accompagnement (...) par les prises en charge validées – les thérapies comportementales et cognitives (TTC) et l’entretien motivationnel, les substituts nicotiniques et les médicaments de prescription – reste la référence (...) en 2014 (et) la prise en charge de première intention des fumeurs », indiquent les tabacologues en préambule de leur avis. Il faut dire que depuis 2013, l’avènement des cigarettes électroniques contribue grandement à bouleverser les chiffres du contrôle du tabagisme en France.
Chute des traitements classiques
Publié mardi soir par l’Observatoire français des drogues et destoxicomanies (OFDT), le dernier tableau de bord des indicateurs du tabac confirme l’effondrement des ventes de traitements d’arrêt du tabac sur les trois premiers mois de l’année (- 32,4 % par rapport à la périodejanvier-mars 2013, dont - 51,6 % pour les timbres transdermiques, - 18 % pour les formes orales, - 21,6 % pour Zyban de GSK ou - 39,4 % pour le Champix de Pfizer), ainsi que le recul du nombre de nouveaux patients en consultation de tabacologie (- 7 %). « C’est la première fois dans l’histoire de la surveillance de l’OFDT que l’on voit à la fois une baisse claire des ventes de cigarettes (- 8,9 %) associée à la diminution du recours de l’aide à l’arrêt du tabac », constate le Pr BertrandDautzenberg, président de l’OFT. « Que le tabagisme baisse, je m’en réjouis. Que les gens n’aillent plus voir les tabacologues, les médecins pour utiliser les traitements classiques, je trouve cela dommage et c’est pour cela que nous souhaitons aujourd’hui réconcilier les choses avec cet avis », ajoute-t-il.
Conseils pratiques
« Dans l’accompagnement thérapeutique, la cigarette électronique n’est envisageable que chez le fumeur qui ne veut pas ou n’a pas pu arrêter avec les traitements validés ou qui est demandeur de son utilisation, ou qui a déjà commencé à l’utiliser », considèrent les experts qui livrent dans leur avis de nombreux conseils sur le choix du type de cigarette électronique, des e-liquides, des précautions d’usage, ainsi que les conduites à tenir en fonction des types de patients rencontrés (vapoteurqui associe cigarette électronique et tabac, vapoteur exclusif, ex-fumeur et ex vapoteur, femmes enceintes, personne devant subir une intervention chirurgicale...).
Dans leur avis, les experts n’abordent pas le cas de l’usage de la cigarette électronique dans les établissements de santé pour certains patients hospitalisés en services de psychiatrie ou de soins palliatifs.« Un avis sur ce thème serait cependant nécessaire pour éclairer les décisions à prendre », estiment-ils, laissant sûrement le soin au gouvernement de trancher sur cette question à l’occasion de son futur plan de réduction du tabagisme qui doit être annoncé dans les prochaines semaines. Interrogée ce matin sur l’antenne de BFM TV, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a plaidé pour un élargissement des lieux interdits à la cigarette électronique sans trop entrer dans les détails.
Samuel Spadone
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