CRITIQUE La construction du moi
musulman, tiraillé entre la raison et la voix divine par le psychanalyste Fethi
Benslama.
Sans doute sait-on que Freud, dans
ses travaux sur la culture et le monothéisme, par exemple son Moïse, n’a pas
pris en compte l’islam, «écarté en une phrase assez expéditive, au titre de difficulté».
Cette difficulté tient-elle au fait que Dieu, dans le judaïsme et le
christianisme, intervient directement dans la procréation du fils, et est donc
Dieu-le-père, alors que dans la théologie et la spiritualité de l’islam, où est
interdit tout rapprochement entre le créateur et le procréateur, Dieu n’est pas
le père et son messager, le Prophète, n’est pas tenu pour le père des musulmans
? Si on ôte en effet la figure de Dieu-le-père, des pans entiers de la
psychanalyse freudienne ou lacanienne s’écroulent. En ce sens, l’islam, quant à
la construction de son univers psychique et de ses systèmes symboliques, semble
«opposer un défi à l’hypothèse freudienne».
A ce défi, Fethi Benslama,
psychanalyste, professeur de psychopathologie clinique, n’a pas cessé de
répondre, depuis ce jour lointain - il terminait ses études à Tunis - où il
subit comme un «effondrement joyeux» en lisant Tafsir al-Ahlam, la première
(1952) traduction en arabe, par Moustapha Safouan, de l’Interprétation des
rêves de Freud. Après la Psychanalyse à l’épreuve de l’islam (2002), il propose
aujourd’hui la Guerre des subjectivités en islam.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire