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jeudi 9 mai 2013

Comment regardons-nous le monde ?

La lecture de la semaine m’a été suggérée par une auditrice Alysse Hallali, que je remercie, elle provient de The Daily Dot et on la doit à James Elkins, professeur d’histoire de l’art à l’école d’art de Chicago. Son titre : “est-ce que Google nous fait voir l’art de trop près ?”
“L’Internet nous rend visible l’univers entier”, commence Elkins. “On peut examiner les galaxies les plus éloignées de l’univers, avec la meilleure résolution, en voyant exactement ce que les astronomes voient. On peut regarder en direct des images venant du plus profond de l’océan, des parties du monde jamais contemplées par aucun œil.
Cet accroissement immense, radical et incommensurable du nombre de choses que nous pouvons voir fait aussi de nous des experts assis. Est-ce un calmar vampire qui flotte ainsi dans les projecteurs du submersible ou une nouvelle espèce jamais recensée ? Qu’est-ce que cette ombre dans le colon du patient : une tumeur ou une boursoufflure bénigne ? Ce pixel flou sur la plaque astronomique est-il une énorme galaxie avec des millions de soleils ou un grain de poussière dans le télescope ?
Dans les faits, nous voyons aujourd’hui les choses de plus près que nous ne le devrions et que nous ne sommes censés les voir. C’est particulièrement vrai pour les œuvres d’art que nous téléchargeons en haute résolution – tellement haute que nous les voyons de plus près que l’artiste n’a jamais eu l’intention que les voyions.”
Le meilleur exemple de cela est le Google Art Project, explique Elkins. Comme le New York Timesle notait en 2011, le Google Art Project est un monumental work-in-progress. Chaque musée y contribue en envoyant des images haute-résolution d’œuvres d’art et Google apporte une machine spécialisée qui photographie certaines oeuvres dans une ultra-haute résolution proprement stupéfiante. Si vous visitez le site, vous ne saurez pas quelle œuvre de quelle collection a subi le traitement spécial, jusqu’au moment où vous zoomez dedans. Si vous continuez à cliquer, et que l’image s’agrandit, alors vous êtes tombé sur une image du Google Art Project.
Voici un exemple de cette vision que les images à ultra-haute résolution rendent possible. Si vous allez sur le site du Google Art Project et trouvez la toile de Georges Seurat “Un dimanche sur l’île de la Grande Jatte”, de l’Art Institute de Chicago, vous trouvez une version à taille de l’écran. Si vous cliquez pour zoomer vous verrez deux femmes au milieu du tableau, Seurat veut que nous les voyions allongées dans l’ombre d’un arbre. C’est plus ou moins ce que vous verriez si vous étiez à Chicago, debout devant la toile. Mais le Google Art Project vous permet de continuer à zoomer, jusqu’à ce que le visage de la femme se révèle une étrange mosaïque de couleurs.



Image : un dimanche sur l’île de la Grande Jatte de Georges Seurat.

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