Le mépris des politiques pour les soutiers de la médecine
Pourquoi la médecine générale est-elle victime d'un tel désamour ? Parce que les jeunes médecins sont des fainéant(e)s) doublé(e)s) de jouisseurs impénitents ? Parce que « décidément tout se perd ma bonne dame » et "« y’a plus de valeurs » ? Ou parce que la sociologie a évolué et que la féminisation inéluctable de la profession change la donne ? Possible, certes… Mais la responsabilité de ce gâchis, la responsabilité première incombe aux politiques qui ont tout fait pour détruire le réseau de médecine de proximité que constituait la médecine générale.
L'attitude du politique n'est (et ne fut) que mépris, morgue et brutalité vis-à-vis de la médecine de soutiers qu'est la médecine générale, et ce dès les RMO en 1995. Des exemples : le recours à la réquisition systématique au début des années 2000 dans le mouvement de ras-le-bol de la prise en charge par les libéraux de la permanence des soins mission de service publique, mise sous tutelle des ARS de l'exercice libéral par la loi HPST, revalorisation 2011 des honoraires sous critères de performance sous tutelle de la CNAM…. Et, à côté, que d'envolées lyriques pour célébrer le rôle essentiel de la médecine générale, « cheville ouvrière de la médecine de proximité », dixit Roselyne Bachelot, accessoirement ministre et reconvertie dans la pitrerie audiovisuelle, mais en réalité ? Quoi de plus édifiant que l'organisation voulue par la même Roselyne Bachelot de la vaccination de la grippe A H1N1 dans les vaccinodromes parce que les médecins généralistes n'étaient pas fiables avant de revenir piteusement quelques mois plus tard les solliciter devant l'ampleur de la gabegie d'État…
Hormis les incantations et les discours martiaux, qu'ont fait les politiques pour améliorer l'exercice de la médecine générale ? Rien… Si, la rémunération sous férule de la CNAM, exercice organisé sous contrôle des ARS. Et, comme promesse, l'exercice en maison médicale pluridisciplinaire… La panacée, comme si on pouvait résoudre le problème des déserts médicaux avec des poutres et des parpaings.. Mais bon, c'est tendance !
Dr Hervé Gourio, Douarnenez (Finistère)
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