Touraine brosse sa stratégie de santé, un « comité des sages » aux manettes
Parcours du patient, décloisonnement, prévention, travail en équipes pluriprofessionnelles, ... Marisol Touraine a esquissé, ce mercredi en conseil des ministres, les grands axes de la « stratégie nationale de santé » du gouvernement, promise par Jean-Marc Ayrault dans sa déclaration de politique générale. Mais sans détailler les mesures qu’elles comptaient mettre en œuvre ni leur calendrier d’application.
Il s’agit en fait de mettre en perspective et de concrétiser diverses priorités pour la plupart déjà connues qui visent à décloisonner le système de santé, encore trop organisé en tuyaux d’orgues, et surtout à relever le défi de l’explosion des patients âgés et chroniques, dans un contexte de déficits élevés et d’inégalités territoriales persistantes.
11% du PIB mais des pertes de chance.
« La France consacre au financement du système de santé plus de 11 % de sa richesse nationale, ratio qui la place parmi les premiers pays au monde, peut-on lire dans le compte rendu du conseil des ministres.Malgré cet engagement public de premier plan (...), le fonctionnement actuel de ce système (...) centré sur la prise en charge de pathologies aiguës se traduit par des pertes de chance pour les patients, par le découragement de certains professionnels et par une déperdition de moyens (...) ».
L’idée est donc de changer de paradigme en réorganisant le système de santé autour du « parcours de la personne, patient, personne âgée, personne handicapée ». Objectif : supprimer les ruptures dans la prise en charge, renforcer les parcours de soins en misant davantage sur les soins primaires de proximité et en « donnant sa juste place à l’hôpital »(en clair en limiter le recours).
Analyser les déterminants de santé.
Dans la même veine, l’exécutif veut sortir de la logique du « tout curatif » en agissant davantage sur les déterminants de santé eux-mêmes - éducation, logement, emploi mais aussi prévention, promotion de la santé et éducation thérapeutique.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a décidé de « promouvoir le travail en équipe » de soins. Des mesures ont déjà été votées en ce sens dans la loi de financement de la Sécu 2013 avec la généralisation des forfaits d’équipes pluriprofessionnelles (au sein de maison de santé ou pôle de santé), en échange de services identifiés - élargissement des plages horaires, accueil continu, objectifs de santé publique, prévention... Ce dispositif fera l’objet d’une négociation conventionnelle au premier trimestre. La question des systèmes d’information en santé devra être traitée (mais en l’absence de DMP opérationnel, cette priorité sonne comme un vœu pieux).
Volet recherche, complémentaire santé..
Concept un peu fourre-tout, la stratégie nationale de santé ambitionne également de définir les enjeux de la recherche clinique et de la recherche fondamentale, « le transfert de l’une vers l’autre et l’apport des technologies nouvelles dans le domaine de la santé ».
Enfin cette stratégie de santé examinera les conditions de la généralisation de la couverture
complémentaire à tous les Français « à l’horizon 2017 », un engagement de François Hollande (l’accord sur l’emploi pose des jalons en ce sens avec l’accès à une complémentaire santé collective pour les salariés).
Avant les arbitrages...un comité des sages !
La méthode pour mettre en œuvre cette stratégie nationale de santé à la sauce hollandaise ne déroge pas à la règle bien française. Un « comité des sages », composé de hautes personnalités du monde de la santé et de la recherche, sera prochainement mis sur pied et rendra compte de ses travaux devant les ministres concernés (Affaires sociales/Santé mais aussi Enseignement supérieur/recherche). Le pilotage administratif sera assuré par le nouveau secrétaire général des ministères chargés des affaires sociales, Denis Piveteau, officiellement nommé ce mercredi.
› CYRILLE DUPUIS
16/01/2013
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