Comment la psychanalyse évolue
Chahutés par différentes critiques, les analystes sont en train de modifier leurs pratiques.
Elle est comme une vieille dame qui aurait vécu le meilleur… Et le pire. D'abord adulée, notamment dans notre pays, ainsi qu'en Argentine, où elle s'est imposée dès le début du siècle dernier comme «la» méthode psychothérapeutique par excellence, elle a accusé ensuite de nombreux coups: qualifiée «d'escroquerie» par Lacan lui-même, vilipendée par les psychiatres cognitivistes dans Le Livre noir de la psychanalyse (Les Arènes, 2005), avant d'être traitée d'«affabulation freudienne» par le philosophe Michel Onfray, la psychanalyse est tombée de son piédestal. Mais sans doute ne faut-il pas l'enterrer trop vite. Ce pur produit du siècle dernier serait, si l'on en croit ses adeptes, en train de faire peau neuve.
«Nous devons désormais adapter notre pratique au XXIe siècle», résume Valérie Blanco, qui appartient à une nouvelle génération de psychanalystes lacaniens et a publié Dits de divan(L'Harmattan). Cette prise de conscience sur le terrain, c'est-à-dire dans la pratique même de leur métier, de nombreux confrères de Valérie Blanco la confirment. «Nous nous réunissons par petits groupes de praticiens pour évoquer toutes les évolutions que nous constatons dans notre pratique… Et celles que nous devons apporter», témoigne Jean-Michel Hirt, membre de l'APF (Association psychanalytique de France) qui incarne le courant freudien.
Quand les troubles narcissiques remplacent la culpabilité
Pourquoi une telle remise en cause? Elle est d'abord imposée par les patients eux-mêmes, dont les pathologies changent. «Nous voyons beaucoup moins de névroses classiques, observe Jean-Michel Hirt. Les patients contrits de culpabilité et d'obsessions se raréfient. Par contre, les troubles narcissiques et les addictions se multiplient.» Une mutation qui confronte les psychanalystes à de nouveaux mécanismes de défense de la part des analysants: «Là où il y avait du refoulement, il y a désormais du clivage et du déni, constate le psychanalyste. Heureusement, comme elle est une méthode dynamique, la psychanalyse sait s'adapter.»
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