Alcoolo-dépendance : 62 % des patients sous baclofène améliorés deux ans après
Le Dr Renaud de Beaurepaire, psychiatre chef de pôle secteur au groupe hospitalier Paul-Guiraud (Villejuif), publie dans la revue « Frontiers in psychiatry » la première étude statistique sur l’efficacité à long terme (deux ans) du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance. « À la suite de la publication du livre d’Olivier Ameisen où j’étais le seul médecin français mentionné dans cet ouvrage, de nombreuses personnes m’ont appelé. Cette étude rend compte de la prise en charge des 100 premiers patients que j’ai vus entre novembre 2008 et septembre 2009 et suivis pendant deux ans jusqu’en 2010-2011 », raconte au « Quotidien » le Dr de Beaurepaire. Ces patients avaient tous le même profil : « des buveurs solides en échec thérapeutique ». Contrairement aux essais en double aveugle contre placebo Bacloville etAlpadir, l’étude du Dr de Beaurepaire est observationnelle. « Cela a moins de valeur mais ce n’est pas inintéressant du tout car elle porte sur une prise en charge dans la vraie vie, en condition réelle de traitement », indique-t-il. Ses résultats s’avèrent éloquents : À partir de 3 mois et jusqu’à 24 mois, environ 50 % des patients sont totalement abstinents ou ayant retrouvé un niveau de consommation d’alcool « normal », conforme aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Effets secondaires bénins
En prenant en compte les patients ayant réussi à diminuer significativement leur consommation d’alcool sans toutefois réussir à la contrôler parfaitement, le Dr de Beaurepaire fait état de patients significativement améliorés de l’ordre de 84 % à 3 mois, 70 % à 6 mois, 63 % à un an et 62 % à 2 ans. La dose moyenne journalière de baclofène donnée quotidiennement à cette centaine de patients s’élève à 147 mg, avec une échelle comprise entre 20 et 330 mg. Quant aux effets secondaires mis en évidence, ils s’avèrent aussi nombreux que bénins. « Les effets du baclofène sont souvent très pénibles et difficiles à supporter – grosse somnolence avec vertiges, maux de tête, nausées – mais ce n’est jamais grave. Il n’y a aucune atteinte ni aucune lésion. Le lendemain, s’ils ne prennent plus de traitement, ils n’ont plus rien », déclare le Dr de Beaurepaire. Pour les personnes en situation d’échec dans l’utilisation du baclofène, trois causes principales sont identifiées : mauvaise observance, intolérance aux effets secondaires, manque de motivation réelle pour arrêter l’alcool. D’où l’importance de l’accompagnement pour limiter ces échecs : « Ceux qui guérissent avec le baclofène, il n’y a pas besoin d’accompagnement particulier. Mais pour ceux qui ont beaucoup de mal à arrêter, il est préférable que soit mis en place un accompagnement de type psychothérapie », souligne l’auteur de l’étude qui participe actuellement à l’essai Baclovillecoordonné par le Pr Philippe Jaury.
› DAVID BILHAUT
lequotidiendumedecin.fr 06/12/2012
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