Burn out des médecins : un modèle différent chez les hommes et les femmes
Publié le 27/04/2011 | |
Le phénomène existait-il déjà chez nos prédécesseurs ou est-il récent ? Toujours est-il que l’on ne peut plus parler des conditions de travail des professions médicales sans évoquer le syndrome d’épuisement professionnel autrement dit du burn out.
Les médecins généralistes semblent particulièrement touchés. Une étude réalisée en Hollande indiquait récemment qu’ils étaient, parmi toutes les personnes exerçant un emploi, les plus affectés par le burn out. D’autres travaux révèlent que la prévalence de celui-ci a augmenté chez eux de façon significative au cours des dix dernières années. L’organisation et les horaires de travail, les pressions auxquels ils sont soumis de la part des patients et des autorités de tutelle, les difficultés à concilier travail et famille sont autant d’explications avancées.
Mais une autre question apparaît, suscitée par la féminisation croissante de la profession : femmes et hommes sont-il égaux devant le burn out ? C’est ce qu’a voulu savoir une équipe hollandaise, en suivant 212 médecins généralistes, dont 128 hommes, interrogés à trois reprises, en 2002, 2004 et 2006. Le Malasch Burnout Inventory’s est utilisé comme échelle de mesure.
Il apparaît qu’environ 20 % des médecins interrogés sont victimes du burn out, tout en continuant à travailler. Une diminution de la prévalence est toutefois notée en 2004, ce que les auteurs rattachent à des changements dans l’organisation du système de gardes, mais qui n’est que provisoire, les indicateurs étant à nouveau à la hausse en 2006. Si le burn out touche aussi bien les médecins hommes que les femmes, le processus ne se déroule pas de la même façon dans les deux sexes.
Les femmes semblent d’abord affectées par l’épuisement émotionnel, vient ensuite la dépersonnalisation, cet état d’esprit qui leur fait adopter une attitude distante, négative, voire méprisante vis-à-vis des patients, et finalement une baisse du sentiment d’accomplissement. Cette évolution semble donc conforme au modèle décrit par Leiter et Maslach. Alors que les hommes manifestent d’abord la dépersonnalisation, qu’ils pourraient utiliser comme une barrière contre l’épuisement émotionnel qui n’apparaît qu’ensuite. Leur sentiment d’accomplissement personnel semble beaucoup moins affecté que celui des femmes.
Ces différences sont importantes à considérer et devraient avoir des implications théoriques, mais aussi pratiques pour la prévention et le dépistage précoce du burn out. Elles laissent entrevoir l’existence possible d’autres différences, peut-être culturelles, dont l’exploration ne manquera pas d’intérêt.
Dr Roseline Péluchon
Houke I et coll.: Development of burnout over time and the causal order of the three dimensions of burnout among male and female GPs. A three wave panel study.
BMC Public Health 2011, 11:240 doi:10.1186/1471-2458-11-240
BMC Public Health 2011, 11:240 doi:10.1186/1471-2458-11-240
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