Logement social: "Nous allons vers l'échec"
http://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Actualite/Logement-social-Nous-allons-vers-l-echec-200732/
Un collectif de 31 associations a déposé mercredi une lettre au gouvernement afin de relancer la politique du logement. Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre, regrette un décalage entre les ambitions affichées en 2008 et les premiers résultats.
Pourquoi interpellez-vous le gouvernement ?
Nous soutenons les grands axes de la "refondation" de la politique du logement qui a été définie avec les associations. Mais au bout d'un an, les mesures prises laissent penser que nous allons vers l'échec. La logique souhaitée du "logement d'abord", qui consiste à éviter que les personnes mal-logées atterrissent en hébergement provisoire, n'a pas été enclenchée. En même temps, il n'y a pas non plus d'efforts pour l'hébergement d'urgence puisque la priorité est censée être donnée au logement permanent…
La loi sur le logement opposable n'a pas dopé l'offre ?
Très peu. Des milliers de personnes ont obtenu un avis favorable du comité de suivi mais attendent toujours une solution. La politique du logement social est affaiblie. Le 1% logement (participation des employeurs à l'effort de construction) est fragilisé. L’Etat se désengage dans le budget de l’Anah (fond d'aide au parc privé)… Tous les indicateurs sont au rouge.
Le gouvernement a tout de même promis de débloquer 110 millions pour les sans-abris ?
Ces 110 millions doivent au mieux nous rapprocher des dépenses de 2009… On ne peut pas refonder la politique du logement au rabais. Nous demandons donc des engagements conséquents, au niveau interministériel. Les problèmes de logement ont à voir avec la santé et la psychiatrie pour ce qui est des sans-abri, avec les migrants… Ce pourquoi nous avons interpellé le secrétaire d'Etat Benoist Apparu mais aussi François Fillon.
Outre les moyens, quelles sont vos réclamations ?
Entre autres, il faut mettre l'accent sur la prévention, car l'expérience montre que beaucoup d'expulsions peuvent être évitées si on suit les gens en amont, en échelonnant leurs paiements par exemple.
On apprend que les loyers des HLM ont augmenté au-delà du 1% recommandé par l'Etat en 2009. Etes-vous favorable à un gel des baux ?
Je crois qu'il faut être vigilant et adresser un signal fort aux bailleurs sociaux. Mais le gel n'est pas forcément une solution car il se solde généralement par un rattrapage rapide dans les années qui suivent. Il vaudrait mieux aider les locataires, via les APL notamment, qui ont perdu 12% de leur pouvoir solvabilisateur depuis 2001.
Que vous inspirent les logements de fonction des ministres ?
C'est insupportable. Il est temps de faire du ménage et de remettre tout à plat. Aujourd'hui, le pays compte 3 millions de mal-logés et 1,3 millions de demandes de logement social. Qui a besoin des aides de la collectivité en priorité? Je ne crois pas que les ministres soient concernés.
Certaines villes font de la résistance aux logements sociaux comme en témoigne votre classement. Comment réduire les inégalités sur le territoire ?
Malheureusement, les maires ont aujourd'hui le dernier mot sur le foncier, même si la loi autorise potentiellement les préfets à s'y substituer. Certains de ces maires agitent le chiffon rouge. Tout cela est très politique. C'est une question de courage. Aujourd'hui, nous avons besoin de beaucoup plus de logements. Il n'y a pas de raison que ce soient toujours les mêmes communes qui fassent des efforts. L'État devrait pouvoir imposer des constructions.
Alice Pouyat
leJDD.fr
http://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Actualite/Logement-social-Nous-allons-vers-l-echec-200732/
Un collectif de 31 associations a déposé mercredi une lettre au gouvernement afin de relancer la politique du logement. Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre, regrette un décalage entre les ambitions affichées en 2008 et les premiers résultats.
Pourquoi interpellez-vous le gouvernement ?
Nous soutenons les grands axes de la "refondation" de la politique du logement qui a été définie avec les associations. Mais au bout d'un an, les mesures prises laissent penser que nous allons vers l'échec. La logique souhaitée du "logement d'abord", qui consiste à éviter que les personnes mal-logées atterrissent en hébergement provisoire, n'a pas été enclenchée. En même temps, il n'y a pas non plus d'efforts pour l'hébergement d'urgence puisque la priorité est censée être donnée au logement permanent…
La loi sur le logement opposable n'a pas dopé l'offre ?
Très peu. Des milliers de personnes ont obtenu un avis favorable du comité de suivi mais attendent toujours une solution. La politique du logement social est affaiblie. Le 1% logement (participation des employeurs à l'effort de construction) est fragilisé. L’Etat se désengage dans le budget de l’Anah (fond d'aide au parc privé)… Tous les indicateurs sont au rouge.
Le gouvernement a tout de même promis de débloquer 110 millions pour les sans-abris ?
Ces 110 millions doivent au mieux nous rapprocher des dépenses de 2009… On ne peut pas refonder la politique du logement au rabais. Nous demandons donc des engagements conséquents, au niveau interministériel. Les problèmes de logement ont à voir avec la santé et la psychiatrie pour ce qui est des sans-abri, avec les migrants… Ce pourquoi nous avons interpellé le secrétaire d'Etat Benoist Apparu mais aussi François Fillon.
Outre les moyens, quelles sont vos réclamations ?
Entre autres, il faut mettre l'accent sur la prévention, car l'expérience montre que beaucoup d'expulsions peuvent être évitées si on suit les gens en amont, en échelonnant leurs paiements par exemple.
On apprend que les loyers des HLM ont augmenté au-delà du 1% recommandé par l'Etat en 2009. Etes-vous favorable à un gel des baux ?
Je crois qu'il faut être vigilant et adresser un signal fort aux bailleurs sociaux. Mais le gel n'est pas forcément une solution car il se solde généralement par un rattrapage rapide dans les années qui suivent. Il vaudrait mieux aider les locataires, via les APL notamment, qui ont perdu 12% de leur pouvoir solvabilisateur depuis 2001.
Que vous inspirent les logements de fonction des ministres ?
C'est insupportable. Il est temps de faire du ménage et de remettre tout à plat. Aujourd'hui, le pays compte 3 millions de mal-logés et 1,3 millions de demandes de logement social. Qui a besoin des aides de la collectivité en priorité? Je ne crois pas que les ministres soient concernés.
Certaines villes font de la résistance aux logements sociaux comme en témoigne votre classement. Comment réduire les inégalités sur le territoire ?
Malheureusement, les maires ont aujourd'hui le dernier mot sur le foncier, même si la loi autorise potentiellement les préfets à s'y substituer. Certains de ces maires agitent le chiffon rouge. Tout cela est très politique. C'est une question de courage. Aujourd'hui, nous avons besoin de beaucoup plus de logements. Il n'y a pas de raison que ce soient toujours les mêmes communes qui fassent des efforts. L'État devrait pouvoir imposer des constructions.
Alice Pouyat
leJDD.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire