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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 28 décembre 2023

Les syndicats du CHS de Sevrey dénoncent "l'impossible rencontre avec le député de Chalon"


 








Publié le 23 Décembre 2023



Communiqué de presse

A l’occasion de la venue du député du Chalonnais à l’hôpital de Sevrey

La grève intersyndicale suite à la fermeture du pavillon Gentiane cet été visait à sensibiliser l'opinion aux raisons de la fermeture de 25 lits, consécutives aux 25 lits déjà fermés l’été d’avant. La fermeture d'unités concerne non seulement l'établissement de Sevrey, mais aussi la psychiatrie dans tous les établissements nationaux. Pendant ce temps, le Ministre de l’Intérieur pousse de hauts cris en dénonçant le « ratage psychiatrique ».

En ce qui concerne la situation médicale, il manque 30 % de psychiatres dans les établissements de santé mentale publics à l'échelle nationale. Les efforts déployés par la direction et la présidente de la CME locales pour recruter du personnel médical sont salués.
Par ailleurs, l'internat de psychiatrie est de moins en moins sollicité par les étudiants en médecine.

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Les Écrits bruts Le langage de la rupture Préface de Jean Dubuffet

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Éditions du Canoë

Tout vaut la peine si l'âme n'est pas petite
Fernando Pessoa

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Les Ecrits bruts & Le Langage de la rupture,
par Gérard-Georges Lemaire
Michel Thévoz, préface de Jean Dubuffet,
Editions du Canoë, 304 p.


C'est une excellente idée de la part de Colette Lambrichs d'avoir réuni ces deux ouvrages car, en fin de compte, ils n'en font qu'un. Si l'on fait exception des textes de Jean Dubuffet, qui a inventé l'idée de l'Art Brut, ils ont été les premiers à théoriser et même tout simplement à définir ce que pouvait recouvrir ce terme. 

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Comment se fabriquent les souvenirs ?

Edmund Husserl, juin 1932, Allemagne. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Keystone Portrait de Friedrich Nietzsche, 1895. Collection privée. ©Getty - Fine Art Images/Heritage Images

À propos de la série

Si nous chérissons certains souvenirs, d'autres peuvent au contraire être un véritable fardeau. De Husserl à Benjamin en passant par Nietzsche, les penseurs nous aident à comprendre notre rapport à ce passé hantant notre présent et pouvant nous guider vers l'avenir… 

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Comment les souvenirs s'impriment dans le cerveau

Lundi 25 décembre 2023

Provenant du podcast

Avec sciences

Les souvenirs font référence à la mémoire autobiographique. ©Getty - SetsukoN

En neurosciences, les souvenirs font référence à la mémoire épisodique ou autobiographique, celle qui stocke les événements que l'on vit. Mais la compréhension du fonctionnement de cette mémoire est rendue difficile par les très nombreux facteurs qui peuvent influer sur elle.

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mercredi 27 décembre 2023

Drame à Meaux : le passé psychiatrique du père interroge

27 déc. 2023

À Meaux, l'incompréhension et le chagrin après la découverte lundi soir de cinq cadavres dans un appartement : une femme de 35 ans et ses 4 enfants âgés de 10, 7, 4 ans, et 9 mois. L'autopsie des victimes est prévue ce mercredi. Le père de famille de 33 ans, principal suspect, est toujours en garde à vue. Il a été interpellé mardi matin à Sevran en Seine-Saint-Denis, mais n'a pas encore été interrogé par les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles


Marie Bonaparte, princesse à l’avant-garde du plaisir féminin

par Alexandra Schwartzbrod   publié le 27 décembre 2023 

Une biographie de Valérie Troisier raconte l’étonnante «Conquête du plaisir» de celle qui fut l’arrière-petite-nièce de Napoléon 1er, et dépeint le portrait d’une femme moderne avant l’heure.

La place du clitoris dans le plaisir féminin est un sujet qui, heureusement, ne choque plus personne aujourd’hui. On en parle désormais sans tabou, même si certain(e) s rougissent encore à cette évocation. Alors imaginons une princesse se lancer dans cette étude dès le début du siècle dernier, n’hésitant pas à calculer elle-même sur ses amies ou même parentes, à l’aide d’un compas, la distance entre leur clitoris et l’entrée de leur vagin. Pionnière en la matière, car elle se considère comme frigide et cherche à tout prix à y remédier, Marie Bonaparte, arrière-petite-nièce de Napoléon 1er, est en effet persuadée que plus la distance entre ces deux points est grande, moins le frottement est suffisant, au cours de la pénétration, pour provoquer l’orgasme chez la femme. Elle ira même jusqu’à subir plusieurs interventions chirurgicales pour rapprocher ces deux points qu’elle trouve trop éloignés chez elle. Cette entrée en matière un peu brutale est nécessaire pour comprendre l’incroyable destin de cette femme moderne avant l’heure et en total décalage avec son milieu.

Que faire avec les terroristes islamistes depuis le 7 octobre ? Par Léa Ghidalia-Schwartz, psychothérapeute – psychanalyste et Yves Lusson, intervenant en Thérapie sociale TST

 Tribune Juive

27 décembre 2023

Yves Lusson

Depuis le pogrom du 7 octobre 2023 en Israël, qu’il s’agisse de nos patients juifs, franco-israéliens, israéliens ou encore de certains de nos patients issus de la diversité culturelle française, qu’il s’agisse de nos proches avec qui nous échangeons dans le cadre de notre vie militante ou privée, ou encore d’un bon nombre d’invités et auditeurs intervenant sur les radios israéliennes ou françaises que nous écoutons quotidiennement, une même butée stoppe et ébranle leur réflexion sur la conjoncture. Cet achoppement revient à la question suivante : 

« Que faire avec les terroristes islamistes, en Israël comme ailleurs ? »

Le défi de trouver réponse à cette question est d’autant plus grand pour l’État hébreu qu’il n’est pas beaucoup aidé, ni par les autres pays occidentaux, ni par les institutions internationales, pour pouvoir combattre efficacement l’Islamisme, cette idéologie totalitaire qui se répand à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Israël se trouve en effet exposé en avant-garde, insuffisamment épaulé par les nations et en responsabilité de trouver des solutions au regard de la menace terroriste islamiste. 

Cette question pour l’heure sans réponse suffisamment rassurante, pour les Israéliens comme pour tous les citoyens du monde confrontés à la menace terroriste islamiste, confine dans un état d’angoisse. De fait, une violence subie sans perspective de dégagement atterre, tant lors de ses émergences meurtrières qu’entre ces émergences qui exposent à la répétition des attaques. 

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Violences envers les professionnels de santé : Tolérance zéro !



Publié le 

Le mardi 19 décembre 2023 une campagne de communication pour lutter contre les violences faites aux professionnels de santé a été lancé par la Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé. Une campagne choc assortie d’un slogan quelque peu maladroit vis-à-vis des malades...

Comme elle s’y était engagée en septembre dernier, à travers le plan national pour la sécurité des professionnels de santé, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, lance une campagne contre les violences aux soignants. Pour rappel, les données de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) mettent en avant près de 65 signalements de violences à l’encontre de professionnels de santé par jour. La meilleure manière de protéger les professionnels de santé est d’abord d’éviter que des situations de tension ne surviennent et donc d’agir en amont pour circonscrire au mieux l’irruption des violences. Les patients et les professionnels de santé doivent donc s’engager dans une démarche de tolérance zéro face aux violences et à leurs auteurs.

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Le CH Charles Perrens se dote d’une Unité régionale dépression et anxiété résistante

Publié le 

Le 14 décembre, le CH Charles Perrens a inauguré sa nouvelle Unité Régionale d’Aquitaine Dépression et Anxiété Résistante (RADAR). Ce dispositif innovant est à destiné, entre autres, aux soignants victimes d’épuisement professionnel.Communiqué.

La dépression majeure compte parmi les troubles psychiatriques les plus fréquents. Elle est souvent associée à d’autres affections, dont les troubles anxieux. Elle s’avère en général d’intensité sévère, alors responsable de perturbations importantes du fonctionnement social, familial et professionnel. Les rechutes constituent une de ses caractéristiques, pouvant nécessiter une prise en charge thérapeutique spécifique et adaptée.
C’est pourquoi le CH Charles Perrens a crée l’Unité RADAR, répondant à un besoin évident en santé mentale.

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Au plus près du délire

Auteur(s) : Pierre-Ludovic Lavoine, Leïla Boutenchouf

Expérience psychique subjective, avec sa propre logique, son langage et sa sémiologie, le délire est l’expression d’un puissant conflit interne vécu par le sujet. Le soignant doit être à l’écoute de la parole délirante, dans sa dimension signifiante. Une écoute qui se travaille car elle fait appel à la fois à des connaissances théoriques et à une recherche personnelle.

Ce livre est avant tout un outil d’accompagnement du soignant dans son périlleux chemin auprès du malade psychotique et délirant. Il a aussi la prétention naïve de désigner les pièges et embûches pour parvenir « au plus près du délire».

A vocation pédagogique, sa forme didactique cherche à en faire un ouvrage clinico-pratique, qui relègue au second plan les tableaux théoriques et diagnostics ainsi que les conduites à tenir et autres protocoles de soins, certes rigoureux, mais parfois très éloignés du malade. En matière de souffrance psychique, il n’y a pas de « prêt à penser », il existe seulement des rencontres qui rythment le quotidien.

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Perfomance La Fondation du rien vous pose des lapins pour votre bien

par Ève Beauvallet   publié le 19 décembre 2023

Obsédé par le rapport au temps contemporain poussant à l’hyperactivité et la surproductivité, l’artiste conceptuel clownesque Nicolas Heredia initie un projet international de salubrité publique : ne rien glander. Et vous apprend à le faire en toute beauté.

Il faut protéger l’ennui et la divagation comme des citadelles assaillies. Hier, le défenseur du temps vide le plus populaire était sûrement Gaston Lagaffe, qui dépensait une énergie inouïe à inventer les conditions de sa propre oisiveté. Nicolas Heredia, lui, ne peut jouir du même niveau de notoriété, mais s’y emploie avec fermeté en proposant avec sa Fondation du rien de pouvoir s’inscrire à un riche programme d’activités avec la certitude qu’elles seront annulées. Réservez donc en ligne votre créneau pour l’atelier «cuisine vietnamienne»«danse brésilienne» ou «running & philosophie», ayez en retour l’assurance de ne strictement rien foutre. Et les membres de cette curieuse société «désormais déployée à l’internationale» s’emploieront à ce que vous ne foutiez rien dans l’allégresse, à l’occasion du petit spectacle-conférence qui accompagne de temps à autre ce dispositif de marketing expérientiel über-disruptif dans la start-up nation.

Adoptions forcées En Belgique, un scandale d’enfants nés sous X au XXe siècle secoue l’Eglise catholique

par Laure Broulard, Correspondante à Bruxelles  publié le 24 décembre 2023

Un podcast publié à la mi-décembre révèle que des milliers d’enfants belges auraient été arrachés à leur mère et placés à l’adoption, avec la complicité de l’institution religieuse entre 1945 et 1980. Après des années de silence, la parole des victimes se libère.

Au téléphone, la voix de Debby Mattys se met tout d’un coup à vibrer de colère. «Vous vous imaginez, c’est l’Eglise. L’Eglise qui dit qu’il faut prendre soin de son prochain et qui a pourtant humilié et maltraité nos mères pendant des années», lâche-t-elle. Cette cinquantenaire fait partie des enfants belges qui ont été soustraits à leur mère et placés à l’adoption contre paiement entre les années 50 et les 80. Ils seraient 30 000, selon le média flamand Het Laastse Nieuws, qui a publié une enquête mi-décembre sur le sujet. Avec des témoignages glaçants : des femmes tombées enceintes hors mariage et placées chez des religieuses par leur famille pour cacher leur grossesse y racontent comment elles ont été influencées ou forcées à abandonner leurs bébés. Certaines ont été stérilisées de force ou abusées sexuellement.

La mère de Debby a été prise en charge à Huis Elizabeth, une institution tenue par des sœurs près d’Anvers, lorsqu’elle est tombée enceinte en 1967, à 18 ans. «Les conditions étaient effroyables. Les nonnes l’humiliaient, lui disaient qu’elle était une honte pour la société, qu’elle ne pouvait pas s’occuper d’un enfant. Elle a dû accoucher derrière un drap, afin qu’elle ne me voie pas naître. Et puis elle a pris le tramway toute seule pour rentrer chez elle, sans moi. Sa famille n’a plus jamais voulu en parler», raconte Debby. Cette histoire, elle l’a entendue en 2019 de la bouche de sa mère biologique qu’elle a pu rencontrer après des années de recherche. Et après avoir trouvé dans les papiers de ses parents adoptifs des factures liées à son adoption, pour environ 20 000 francs belges, soit environ 500 euros.

mardi 26 décembre 2023

Sophie Galabru : «En famille, l’amour n’apparaît qu’en laissant les êtres se séparer les uns des autres»

par Anastasia Vécrin   publié le 24 décembre 2023

Pour éviter que les réunions de famille de fin d’année ne tournent à «Festen», la philosophe donne des clés pour tenter de trouver la bonne distance avec nos proches. Elle rappelle qu’aimer, c’est accepter le temps et l’espace de l’autre en dehors du groupe.

«Famille, je vous hais !» la célèbre formule d’André Gide parle à tout le monde. Qui n’a pas connu un moment de crise dans sa vie familiale ? Etymologiquement, «la famille» désigne l’ensemble des personnes vivant sous le même toit. Mais existe-t-il un espace humain qui suscite autant de frustrations ? Est-ce parce qu’on exige de nos proches de l’affection, un lien authentique, comme l’a montré le sociologue François de Singly (1), qu’il y a toujours une part de déception ? On sait les ambivalences qui peuvent traverser la famille : liens d’amour et de désamour, de violence et de sécurité, de contraintes et de liberté.

Comment démêler la complexité de ces liens qui peuvent nous nourrir autant qu’ils nous abîment ? C’est ce que réussit la philosophe Sophie Galabru dans Faire famille. Une philosophie des liens (Allary Editions). Dans cet essai vivant, riche de ressources cinématographiques et de souvenirs intimes, la petite-fille de l’acteur Michel Galabru examine, des fondations à la recomposition, cette «machine à produire de l’appartenance».

Surtout, elle donne des clés pour s’émanciper de ces liens sans cesse retravaillés. «La famille est l’endroit où commence la lutte que chacun mène pour la liberté et l’amour de soi», rappelle la philosophe. Une lecture salutaire à l’heure des réunions de famille.

Vous appartenez à une famille célèbre. Comment qualifieriez-vous votre expérience familiale et en quoi a-t-elle inspiré cette réflexion ?

Par mon nom paternel, je suis tout de suite assimilée à un clan qui n’a pas été toujours facile à vivre, malgré la figure géniale et bienveillante de mon grand-père, en raison des éclatements, des conflits et des divorces, côté paternel. Du côté maternel, c’était tout à fait autre chose : une famille apparemment traditionnelle, attachée à des hiérarchies, au pouvoir des adultes sur les enfants, à l’autoritarisme et à la rigidité relationnelle. Autour de moi, la promesse du bonheur familial a été trahie par les épreuves de la vie.

Comment gérer un patient agressif : les conseils d’un expert pour désamorcer les conflits

Christophe Gattuso.  12 juin 2023

Paris, France – Confrontés à une montée de la violence en ville et à l’hôpital, les professionnels de santé sont souvent en recherche de stratégies pour préserver leur sécurité tout en assurant le soin. Lors du récent salon SantexpoYves Peiffer, psychologue et directeur de la pratique clinique et du développement à Crisis Prevention Institute, a présenté un panorama d’outils pour les aider à gérer les patients agressifs et désamorcer les situations conflictuelles.

Le décès le 23 mai d’une infirmière au CHU de Reims, poignardée par un patient souffrant de troubles mentaux, l’a cruellement rappelé : l’hôpital en tension doit faire face à un mal qui le ronge – l’expression de la violence.

Depuis sa création en 2005, l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS)rattaché au ministère de la Santé, recueille, sur la base du volontariat, les signalements des atteintes aux personnes et aux biens commis dans les établissements et en médecine de ville.

Ainsi, en 2021 près de 37 500 faits ou actes de niveaux de gravité différents ont été enregistrés qui ont donné lieu à plus de 19 000 signalements.

« Les relations entre les soignants et les patients et/ou leurs accompagnants peuvent dégénérer en peu de temps à la suite d’un différend, voire d’une simple incompréhension, détériorant ainsi le caractère équilibré de l’alliance thérapeutique et de la relation de confiance, ce qui affecte de facto la qualité des soins », analyse l’ONVS dans son dernier rapport publié en novembre 2022.

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Enquête Louis Althusser et Hélène Rytmann : le philosophe assassin et le féminicide occulté


 


par Johanna Luyssen   publié le 25 décembre 2023

En 1980, le philosophe tue son épouse dans les locaux de l’Ecole normale supérieure. La notoriété de l’assassin, ainsi que son état psychiatrique, ont largement éclipsé une partie de l’histoire : ce meurtre était un féminicide. Un livre publié cet automne revient sur cette affaire qui a agité la France des années 80.

«Althusser trop fort.» Longtemps, ce canular macabre a circulé dans le milieu intellectuel français. Plaisanterie d’initiés, blague de khâgneux, il désigne le cou d’une femme, Hélène Rytmann, étranglée par le philosophe Louis Althusser le 16 novembre 1980 à 7h55 dans leur appartement de fonction de l’Ecole normale supérieure, à Paris. Fait divers total, l’affaire a estourbi la France de l’époque : un philosophe marxiste, prophète en son pays, meurtrier de son épouse, au sein d’une des plus grandes écoles françaises. Mais en dépit de l’avalanche d’articles et de livres parus depuis quarante-trois ans, il a fallu attendre cet automne pour qu’un ouvrage le qualifie de féminicide.

Des circonstances du meurtre, on sait peu de choses. Althusser décrit lui-même l’épisode dans l’Avenir dure longtemps, publié après sa mort en 1990. Il parle de ce dimanche comme d’une «nuit impénétrable», où tout semble s’être déroulé sans lui, dans cet appartement du 45, rue d’Ulm (Ve arrondissement), aux «très vieux rideaux rouge “empire” lacérés par le temps et brûlés par le soleil». «Et soudain, je suis frappé de terreur, écrit-il. Ses yeux sont interminablement fixes et surtout voici qu’un bref bout de langue repose, insolite et paisible, entre ses dents et ses lèvres. […] Je sais que c’est une étranglée. Je me redresse et hurle : “J’ai étranglé Hélène !”»

« La psychiatrie ne peut pas être l’unique réponse politique à la question de la radicalisation »

Publié le 20 décembre 2023

Laure Westphal, psychologue, analyse, dans une tribune au « Monde », les ressorts qui poussent des individus à se radicaliser et appelle à mieux articuler les services judiciaires et psychiatriques.

Mohammed Mogouchkov était fiché « S » et avait été contrôlé la veille de son assaut contre Dominique Bernard, le 13 octobre à Arras. Armand Rajabpour-Miyandoab avait « psychiquement décompensé » [subi une rupture de l’équilibre psychique] après la fin de son injonction de soins lorsqu’il a tué, le 2 décembre, un touriste près de la tour Eiffel à Paris.

Plutôt que d’évoquer les ratages des services de renseignement et de la psychiatrie, rappelons que les premiers ne prédisent pas plus les actions violentes que la seconde ne le fait pour les passages à l’acte. La prévention n’est pas la prédiction. Comme nous y conduit aussi le procès qui a condamné, le 8 décembre, les complices de l’assassin de Samuel Paty [assassiné le 16 octobre 2020 à Eragny-sur-Oise (Val-d’Oise)], c’est une réflexion sur la récidive et sur notre modèle de société que nous devons engager.

Qu’est-ce qui amène des individus à se radicaliser et à faire justice à l’oumma, la communauté musulmane mythique, ou au Prophète ? En proie à des affres affectives, des crises identitaires ou une panne d’idéal, certains sont portés par un désir d’appartenance. En se convertissant, beaucoup d’entre eux, comme Armand Rajabpour-Miyandoab, réparent un défaut d’affiliation. Ils conjurent des difficultés d’intégration avec une identité religieuse sans frontière. Le problème surgit lorsque, avec l’islam radical, ils reconnaissent en eux un sentiment de préjudice qui leur offre une solution : le djihad.

Beaux livres Laurent Bihl, Gilles Picq et Benoît Collas font la tournée des cafés en France

par Jean-Didier Wagneur   publié le 8 décembre 2023

Trois ouvrages pour plonger dans l’histoire des cafés, bistrots, brasseries sur plusieurs siècles, à Paris ou en province.

Café, bistrot, rade, troquet mais aussi boui-boui, assommoir, caboulot, estaminet (on peut y fumer), divan, tapis-franc ou popine : son nom est légion. Chaque époque, chaque région a ses appellations et il y en a eu pour tout le monde, depuis ceux éclairés au gaz qui brillaient de mille feux sur le boulevard des Italiens, aux cafés des «pieds humides» où les oubliés de la vie pouvaient noyer leur mal-être debout en plein vent. Grâce à Laurent Bihl, le lecteur saura tout de ce patrimoine national aussi provincial que parisien. Outre une enquête de terrain chez tous les limonadiers qu’il a pu croiser – scientificité oblige – cet historien spécialiste du XIXe siècle a vu son projet prendre de l’ampleur. Au départ le simple désir de rééditer l’ouvrage que son père, Luc, avait publié jadis à l’Age d’homme. Mais très vite, le sujet devient dévorant, la documentation s’entasse et la réédition se transforme en une véritable somme. Café révolutionnaire, café républicain, café du peuple… tout est là, commenté et servi par de nombreux témoignages. Car la littérature sur les bistrots est souvent de nature anecdotique, c’est le lieu du récit de soi et d’une éloquence plus ou moins avinée, alternant blague ou sédition. On s’y livre au name-dropping : le critique y écrit ses articles au retour d’une générale, le journaliste transforme les potins et les brèves de comptoir en échos, les poètes y accumulent les soucoupes et les rimes. Ce sont aussi des dîners de lettres, Verlaine et son absinthe, Allais et ses plaisanteries… Lieu du coudoiement des politiques, des écrivains et des artistes, les cafés sont entrés dans les annales de la littérature en faisant oublier leurs fonctions et le fait qu’ils sont une production des temps et des gens. Aussi Laurent Bihl, comme le souligne Pascal Ory dans sa préface, complète cela d’une solide enquête écrite avec vivacité et parfois humour.

Lexique Guerre, se battre, héros… Pour les malades du cancer, ce vocabulaire induit «de la culpabilité alors qu’ils n’y sont pour rien»

par Margaux Gable   publié le 25 décembre 2023

La journaliste Clémentine Vergnaud, morte d’un cancer à 31 ans, refusait les termes guerriers utilisés pour désigner les malades. Le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan revient sur les conséquences psychologiques de ce champ lexical.

«Je ne suis pas une battante, j’ai juste pas le choix», martelait Clémentine Vergnaud dans son podcast Ma vie face au cancerDans ce quatrième épisode diffusé en mai, la journaliste de franceinfo – décédée samedi 23 décembre d’un cancer des voies biliaires à l’âge de 31 ans – remettait en question la nébuleuse de poncifs et de métaphores guerrières répétés par son entourage depuis l’annonce de sa maladie. «On m’écrit souvent que je suis forte […] et des tas de choses qui m’horripilent […]. Mais quand j’ai fait mes premiers traitements, je ne me battais pas. Je subissais», partageait-elle, balayant l’idée de«lutte» et préférant le «vivre avec».

Comme elle, nombre de patients et de praticiens s’opposent au vocabulaire belliqueux qui entoure les maladies cancéreuses. Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre, ancien responsable du département de psychologie clinique au Centre régional de lutte contre le cancer de Marseille et auteur du livre Le cancer est un combat. Même pas vrai,revient sur les conséquences de ce champ lexical pour les patients.