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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 5 juillet 2023

Biographe hospitalière, elle raconte l'histoire de personnes en fin de vie pour "laisser une trace"

Écrit par Noémie Gaschy   Publié le 

Écrire le livre de la vie avant la mort, c'est le métier de Stéphanie De Sousa. La biographe hospitalière propose à des malades de coucher leur histoire sur le papier. Une prestation gratuite, qui bénéficie également aux proches et aux soignants.

Elle se définit comme une passeuse de mots. Ceux que veulent bien lui confier les personnes qu'elle accompagne. Stéphanie De Sousa est biographe hospitalière en Alsace depuis début 2022. Elle relate dans des livres les mémoires de malades, pour laisser une trace de leur vie avant qu'il ne soit trop tard.

Le métier se développe, car la démarche fait ses preuves. Elle s'inscrit dans la continuité du parcours de soins. Se raconter apaise souvent les patients, les libère parfois. Une parenthèse de vie, au milieu de la maladie. "Certainsparlent uniquement de leur travail, d'autres de ce qu’ils aimeraient encore faire, c'est très important aussi. Certains veulent partager un dicton qui leur tient à cœur ou un conseil. J’écris ce qu’ils ont envie de me donner", explique Stéphanie De Sousa. 

La biographe intervient exclusivement sur proposition d'un soignant dans les unités de soins palliatifs, les établissements d'hébergement pour personnes âgées ou à domicile. Entre cinq et dix séances en moyenne, plus ou moins rapprochées selon l'urgence de la situation. Il y a les jours avec, et les jours sans. La quinquagénaire doit savoir s'adapter.

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Les promesses de l'intelligence artificielle en cas de dépression

 Martin Ducret   02/07/2023 

Et si l’intelligence artificielle pouvait aider les médecins à mieux prendre en charge la dépression ? Cela permettrait de mieux diagnostiquer cette maladie et de prévoir les traitements. Les précisions de Martin Ducret.

L'intelligence artificielle pour aider les médecins dans le traitement de la dépression, une maladie qui touche 1 personne sur 5, au cours de sa vie. (Ilustration d'une personne bipolaire) (STELLALEVI / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, nous parle aujourd'hui d'IA et de dépression. Et si l’intelligence artificielle pouvait aider les médecins dans leur diagnostic et la prise en charge de la dépression ? C’est l’espoir suscité par une récente étude française publiée dans la revue Scientific reports.

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D'«Orange mécanique» à «Tintin», une histoire (bien réelle) des thérapies aversives

Clément Guillet — Édité par Thomas Messias — 

Quand les médecins cherchaient à traiter les addictions et à «guérir» l'homosexualité à coups d'électricité et de médicaments émétiques.

Alex DeLarge (Malcolm McDowell) et la fameuse thérapie pratiquée dans Orange mécanique. | Capture d'écran Warner Bros. Entertainment via YouTube

Alex DeLarge (Malcolm McDowell) et la fameuse thérapie pratiquée dans Orange mécanique. | Capture d'écran Warner Bros. Entertainment via YouTube

En 1971, Orange mécanique fait scandale. En plongeant le spectateur dans l'univers de ce qu'il décrit comme «une jeunesse insatisfaite, dans l'incapacité de créer, qui éprouve le besoin de détruire», Stanley Kubrick obtient son plus grand succès public. Le film défraie la chronique par sa violence. Par crainte des effets de mimétisme, il finit par être retiré des écrans en Angleterre, où il sera interdit de projection pendant vingt-sept ans. En France, Orange mécanique ne sera diffusé pour la première fois à la télévision qu'en 1999.


Table ronde : « Psychiatrie : nouvelles approches ? » Mairie Saint-Martin-la-Pallu, 17 septembre 2023, Saint-Martin-la-Pallu.

Table ronde : « Psychiatrie : nouvelles approches ? » Mairie Saint-Martin-la-Pallu

Table ronde : « Psychiatrie : nouvelles approches ? » Dimanche 17 septembre, 15h00 Mairie Gratuit. Entrée libre. Dans la limite des places disponibles (environ 60).

Participez à la table ronde intitulée : « Psychiatrie : nouvelles approches ? ».
À travers de nombreux écrits, Michel Foucault a montré que nos représentations collectives de la folie ont considérablement varié au cours des siècles.
Ses travaux ont alimenté d’importants débats qui ont conduit à remettre en cause les notions de maladie mentale et d’internement ainsi que les modalités traditionnelles de prise en charge des patients.

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En détention : ce que surveiller veut dire

Samedi 1 juillet 2023

De nombreux surveillants dénoncent des conditions de travail dégradées dans les établissements pénitentiaires en France. ©Maxppp - Fred Dugit

La France connaît depuis des années une situation de surpopulation carcérale. Quels problèmes cette situation pose-t-elle au quotidien pour le personnel pénitentiaire ? Quels défis pour la réinsertion des détenus ? Suite et fin d'une série d'émissions sur la réalité des prisons françaises.


Avec

  • Bernard Bolze

Faudrait-il établir une perpétuelle réelle pour les crimes atroces, une forme de "peine capitale" comme le soutenait Julien Odoul, député de l’Yonne et porte-parole du Rassemblement National fin avril dernier ?

Si cette question des peines planchers et de la durée de la détention s’invite souvent dans le débat public, elle tend à être instrumentalisée politiquement sous couvert de sacraliser le statut de la victime.

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Drogue et faveurs sexuelles au sein de l'unité psychiatrique du CHU de Purpan, une enquête judiciaire ouverte

Écrit par Rémi Surrans   Publié le 

Après les témoignages de certains soignants qui dénonçaient la circulation de drogue entre patients pénitentiaires au sein de l'unité psychiatrique du CHU de Purpan, le parquet de Toulouse (Haute-Garonne) a ouvert une enquête judiciaire. Une réunion entre direction et personnel a également eu lieu, sans dénouement positif selon les syndicats.


mardi 4 juillet 2023

Psychiatrie : Faut-il être fou pour faire un film de fous ?

 

Après un long sommeil, le CADC a décidé d’ouvrir ses tiroirs, La dernière reine et La cinquième saison d’Ahmed Benkemla, puis Abou Leila de Amin Sidi Boumediène à la Cinémathèque d’Alger. Déstabilisant et stressant, comme une séquence intérieur-nuit des années terrorisme.  

Au milieu des immeubles fraîchement repeints en blanc de la rue Ben M’hidi, par ailleurs titre d’un film de Bachir Derraïs toujours bloqué et sur lequel on reviendra, la petite et célèbre Cinémathèque d’Alger poursuit son inlassable travail de cinéphilie. 

Cette fois c’est Abou Leïla, sorti en 2019 et produit par Thala, rapidement projeté puis disparu. Pour Amin Sidi Boumediène, scénariste et réalisateur de ce premier long métrage, il ne s’agit pas de parler du premier trauma suite à la guerre d’Algérie et qui a généré beaucoup de films, mais de la deuxième séquence post-traumatique des années terrorisme. 

L’Algérie, ayant réussi au passage ses deux crash-tests, l’externe en 1962 avec ses conséquences psychologiques et l’interne dans les années 90 avec d’autres effets psychiatriques, c’est sur ce dernier que s’attarde Abou Leïla dans une ambiance à la David Lynch, du sang, du sable et du pneu pour ce road movie vers le désert, qui roule sur les convenances cinématographiques. Nous sommes en 1994 et tout commence par un assassinat, la suite n’étant pas vraiment une suite mais une histoire qui tourne en boucle comme une obsession meurtrière, la non linéarité du film ayant déstabilisé de nombreux spectateurs. «On n’a rien compris à l’histoire», de l’avis presque général, ce qui n’a pas empêché chacun de suivre avec attention ce puzzle déchiré jusqu’à la fin. 

Dégradation de la santé mentale des salariés : l’inquiétante « épidémie » européenne qui gagne la France

 Forbes

Yann-Mäel Larher


Dans les entreprises, la santé mentale est au centre de tous les échanges. Depuis la Covid19, de nombreux acteurs s’inquiètent des conséquences psychologiques des évolutions du travail sur les populations, notamment chez les plus jeunes. Mais de quoi parlons nous exactement ? 

La « santé mentale », quèsaco ? 

La santé mentale définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté, est devenue une préoccupation croissante et ce, bien avant la pandémie du Covid-19. Rien que dans l’Union Européenne, selon la Commission, près de 84 millions de personnes sont déjà touchées par une détérioration de leur santé mentale au travail, entraînant une augmentation des cas de dépression, de burn-out et même de suicides dans les situations les plus graves. La crise sanitaire mondiale a exacerbé ces problèmes de manière significative. Les conditions de travail ont subi des changements profonds avec l’adoption généralisée du télétravail, la multiplication des outils informatiques, l’isolement social croissant et les incertitudes économiques… Ces facteurs combinés entraînent une hausse du stress, de l’anxiété et de l’épuisement professionnel. La crise du Covid-19 a mis en évidence l’urgence d’accorder une attention accrue à la santé mentale et de mettre en place des stratégies et des ressources visant à soutenir les individus dans leur épanouissement psychologique sur leur lieu de travail.

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Les personnes atteintes de maladie mentale sont moins susceptibles de participer à des programmes de dépistage du cancer

Ma Clinique : L'information médicale par des professionnels de la santé 

 29 juin 2023

Une nouvelle étude de l’Université d’Aarhus montre que beaucoup trop de personnes souffrant de troubles psychologiques n’acceptent pas les offres de dépistage du cancer colorectal. C’est un problème, étant donné la mortalité par cancer plus élevée chez les Danois atteints de maladie mentale.

Environ. 5 000 Danois sont touchés chaque année par un cancer colorectal. Comme la maladie touche particulièrement les personnes de plus de 50 ans, tous les Danois entre 50 et 74 ans se voient proposer un dépistage gratuit pour détecter précocement ce type de cancer. Mais loin d’être tout le monde accepte l’offre, et les Danois ayant des problèmes de santé mentale en particulier sont moins susceptibles d’accepter l’offre. Ce sont les résultats d’une étude du Département de médecine clinique de l’Université d’Aarhus, qui vient d’être publiée dans la prestigieuse revue La psychiatrie du Lancet.

L’étude est la première à étudier l’influence de la maladie mentale sur la participation à un programme national de dépistage basé sur la soumission d’échantillons de selles. Et Mette Kielsholm Thomsen, post-doctorante et chercheuse à l’origine de l’étude, s’inquiète des résultats.

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Harcèlement scolaire : "pour une fois ce n’est pas des adultes qui nous font la morale", on a suivi l'heure de sensibilisation obligatoire dans un collège

Écrit par Laurie Colinet   Publié le 

Un mois après le suicide de la petite Lindsay dans le Pas-de-Calais, le ministre de l'éducation a demandé aux académies d'organiser une heure de sensibilisation au harcèlement scolaire dans chaque collège. A Loos, près de Lille, ce sont les collégiens eux-mêmes qui interviennent.

"Aujourd’hui on est venu dans votre classe pour intervenir et pour vous sensibiliser au harcèlement", Alexandre, élève de quatrième, donne le ton. Pendant une heure, le jeune garçon et son camarade Lucas vont animer une séance de sensibilisation dans une classe de l'établissement Albert Debyere de Loos. Une demande du gouvernement pour chaque collège, un mois après le suicide de la petite Lindsay, dans le Pas-de-Calais et le combat de ses parents à l'origine de cette heure imposée par le ministère. 

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Le club des anxieux qui se soignent

 

Publié en ligne le 6 juillet 2023

La peur est l’émotion ressentie face au danger. Elle est indispensable à la survie de l’espèce humaine et de beaucoup d’animaux. L’anxiété est l’appréhension d’un danger potentiel ou d’une menace relativement abstraite. Elle constitue un système d’alarme également indispensable à la survie. Chez certaines personnes, ce système s’active trop rapidement ou trop intensément. On parle alors de « troubles anxieux ». Selon l’Inserm, 21 % des adultes sont touchés au cours de leur vie. La covid a augmenté ce nombre.

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Fécondation in vitro : « Les possibles risques sur la santé des enfants sont insuffisamment documentés »

Propos recueillis par  et   Publié le 02 juillet 2023

Dans un entretien au « Monde », le professeur Pierre Jouannet, membre de l’Académie de médecine, s’alarme du manque de données médicales sur cette population. Il regrette que l’Agence de biomédecine, créée en 2004 et dont c’était l’une des missions, n’ait pas correctement mené ce travail de collecte.

Le professeur Pierre Jouannet, à son domicile, à Paris, le 1ᵉʳ juillet 2023.

Quelle est la santé à moyen et long termes des enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) ? Quarante-cinq ans après la naissance du premier bébé-éprouvette, Louise Brown, le 25 juillet 1978, au Royaume-Uni, et alors que plus de huit millions de personnes ont été ainsi conçues dans le monde, la question est toujours posée. En France, 3 490 enfants sont nés en 2019 d’une FIV avec transfert immédiat, 7 292 d’une ICSI (injection d’un spermatozoïde directement dans un ovocyte) avec transfert immédiat, et 9 701 après transfert d’un embryon congelé. Le 21 mars, l’Académie de médecine a adopté un rapport sur ce thème.

Entretien avec Pierre Jouannet, l’un de ses rédacteurs, par ailleurs biologiste de la reproduction et professeur émérite à l’université Paris-Descartes.

Cul sec : un Président devrait-il faire ça ?

Paris, le mardi 20 juin 2023

Le Président de la République a saisi l’occasion des célébrations de la victoire du Stade Toulousain en finale du Top 14 pour boire, sous les regards des caméras, une bouteille de Corona cul sec dans les vestiaires de l'équipe gagnante, sous les encouragements des joueurs qui scandaient, gaillards, « glou glou glou ». 

Anonymes, politiques et médecins se sont emparés de cette vidéo pour commenter l'attitude du chef de l'État. Égale à elle-même, la députée écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé « la masculinité toxique dans le leadership politique », mais la plupart des remontrances se sont concentrées sur le « mauvais exemple » qu'Emmanuel Macron donne ici en matière de tempérance et de santé publique. 

Un cas typique de « situation d'émulation virile où on boit tous un peu beaucoup »

Le député et porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, Arthur Delaporte, s'indigne ainsi : « un président de la République ne devrait pas faire ça », après « 50 ans de politiques de santé publique contre la consommation excessive d'alcool, le binge drinking... le message passé n'est clairement pas le bon. » Rappelons que selon la Haute autorité de santé (HAS), le binge drinking (une cuite en bon français !) peut être défini comme la consommation d'au moins six verres d'alcool en une occasion (soit 60 g d'alcool pur, ce qui n'est pas le cas ici, une Corona contenant environ 13 g d'alcool pur). Il est donc incorrect d'affirmer que le président de la République a « binge drinké » dans les vestiaires du Stade Toulousain, étant donné qu'il n'a bu qu'une seule bière cul sec. 

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Quand la solitude devient "une sociose"

Samedi 1 juillet 2023

. ©Getty - Milamai

La solitude est aussi une question sociale. Depuis la pandémie, les liens sociaux se sont fragilisés. Et aujourd'hui, une étude paraît pour expliquer qu'il n'existe pas qu'une forme de solitude, mais plusieurs. 


Avec

  • Adrien Broche responsable des études politiques à l’institut Viavoice, co-auteur de "De la solitude choisie à la solitude subie. Enquête sur une « sociose »", pour la Fondation Jean Jaurès


Trouble schizo-affectif : quand la schizophrénie rencontre le trouble bipolaire

jPublié le 3 juillet 2023

Un demi-pour cent de la population vit avec un trouble schizo-affectif ; un composite entre la schizophrénie et le trouble bipolaire. Environ 30% des personnes prises en charge vont se rétablir complètement.


Le Centre Hospitalier Louis Constant Fléming de Saint Martin toujours dans la tourmente

  

©Hôpital de Saint Martin

A Saint-Martin, la situation de crise persiste au Centre Hospitalier Louis Constant Fleming. Une semaine après les sages-femmes, qui dénonçaient le manque de gynécologues, c’est au tour du service psychiatrie d’entrer en action

C’est la conséquence de l’agression d’une infirmière par un patient dans la journée de jeudi. Le personnel a fait valoir son droit de retrait, certains auraient pris un arrêt de travail. 

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"Usine à désespoir", "abattoir à vocations", des médecins dénoncent la situation dramatique de la psychiatrie à Toulouse

Publié le 

En novembre 2022, les psychiatres du CHU de Toulouse et de l'hôpital Marchant avaient manifesté pour dénoncer le manque de moyens.

En novembre 2022, les psychiatres du CHU de Toulouse et de l'hôpital Marchant avaient manifesté pour dénoncer le manque de moyens.

L'été 2023 s'annonce une nouvelle fois compliqué dans les services de la psychiatrie publique de Haute-Garonne. Devant un manque de moyens toujours criant, les professionnels de santé se sentent complètement abandonnés et craignent les conséquences pour leurs patients. 

"Il n'y a pas de plan". La phrase revient en boucle dans la bouche des psychiatres de Haute-Garonne qui s'attendent à un été difficile face au manque de moyens de leur filière. La filière n'arrive pas à recruter et continue de se vider de ses effectifs médicaux et non médicaux. 

"Ce sera pire que l'an dernier. C'est une usine à désespoir, un abattoir à vocations et ça laisse perplexe quand il n'y a aucune perspective", résume sans détour le Dr Pascal Marie, président de la communauté médicale d'établissement (CME) de l'hôpital Marchant de Toulouse.

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3 juillet, la psychiatrie en grève : « On ne peut pas regarder les choses s’effondrer »

 

Jennifer Simoes   

Ce lundi 3 juillet, plusieurs syndicats de la psychiatrie appellent à une grève nationale afin de dénoncer une politique de précarisation continue qui conduit à un effondrement du système de santé. Ils appellent à un sursaut politique et demandent un plan massif de revalorisation salariale et d’embauches afin de sauver la psychiatrie publique dont bénéficient en priorité les populations les plus défavorisées, les plus touchées par les difficultés d’accès aux soins.

Il y a plus d’un an, en septembre 2021, Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie avaient accouché d’une trentaine de mesures censées pallier au sous-investissement chronique dont souffre la discipline. Malgré cette marque de prise en compte politique et la promesse de créer 800 postes dans les centres médico-psychologiques, les personnels du secteur estiment que le président de la République – qui avait clôturé ces assises – n’a pas répondu à leurs attentes. Ils dénoncent des annonces « marketing » loin de pouvoir résoudre la désertification à l’œuvre au sein de la profession. 

« 800 postes, c’est si peu au regard de la pénurie de personnel paramédical que nous connaissons, affirme Charles Olivier Pons, président de l’Union syndicale de la psychiatrie (USP). Dans le Jura, nous assistons à une véritable hémorragie : des collègues partent en Suisse ou dans des cliniques psychiatriques privées », dénonce ce pédopsychiatre exerçant en centre médico-psychologique. Pour Jean-Pierre Salvarelli, psychiatre à l’hôpital de Saint-Cyr au Mont d’Or et membre du SPH (syndicat des psychiatres des hôpitaux), l’attrait du privé s’exerce surtout sur les médecins, moins sur les infirmières et aides-soignantes qui quittent les services pour se réorienter : « L’État essaie de montrer qu’il fait des efforts, avec le Ségur puis les Assises de la santé mentale, mais ce ne sont que des rustines. On annonce des créations de postes, bien en dessous des besoins, alors que nous ne parvenons pas à recruter. C’est comme donner une aspirine à quelqu’un qui est en réanimation. On se demande si le projet est de sauver le service public ou de l’enterrer définitivement. »

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ChatGPT : un dangereux séducteur

Serge Cannasse   29 juin 2023

La mise à disposition gratuite de ChatGPT peut facilement créer la tentation d’y avoir recours en cas de symptômes inquiétants, plutôt que de consulter un moteur de recherche classique (qui donne une masse considérable d’informations sans en vérifier la pertinence et la fiabilité) ou un médecin (qui n’est pas forcément accessible rapidement). Mais cet agent conversationnel est-il vraiment fiable ? Expert en médecine légale, Thomas Lefèvre (Université Sorbonne Paris Nord) répond à la question en partant d’un exemple très banal : association de céphalées, vomissements, fièvre et photophobie. ChatGPT répond qu’il s’agit vraisemblablement d’une migraine ou d’une grippe. Pas de chance ! Surtout pour le patient, il s’agissait d’une méningite.

Pour comprendre l’erreur du logiciel, il faut avoir à l’esprit quelques points. D’abord, son but n’est pas d’énoncer une vérité, mais de donner des réponses vraisemblables, qu’il a appris à formuler en se basant sur les milliards de données textuelles qui lui ont été fournies, sur les réponses énoncées auparavant et sur le travail des humains qui ont classé ces réponses par ordre de vraisemblance. Le problème est que nous avons tous tendance à choisir l’énoncé qui nous arrange plutôt que celui qui est exact. Dans l’exemple donné ici, le diagnostic de grippe est certes ennuyeux, mais plutôt rassurant, ce qui incite à s’en contenter.

À cela, le logiciel objectera spontanément qu’il n’est pas médecin et n’est donc pas en mesure de faire un diagnostic ou de remplacer une consultation médicale. En particulier, il ne peut pas effectuer un examen physique du patient, ni des analyses de laboratoire (ici, du liquide céphalo-rachidien après une ponction lombaire faite à l’hôpital). C’est exact, mais pour Thomas Lefèvre, il s’agit d’une réponse stéréotypée qui sert avant tout à couvrir ses propriétaires de tout risque médico-légal.

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