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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 16 septembre 2021

Pontorson. Un voyage à Venise et une exposition transforment ces patients de psychiatrie

Par Pascale Brassinne  Publié le 

Des patients en soins psychiatriques à l'hôpital de Pontorson (Manche) sont partis à Venise. Au retour, ils avaient promis une expo pour dire merci. Elle dit plus que cela...

Océane, Anthony, Laurence... en soin au centre hospitalier l'Estran de Pontorson (Manche) présentent une exposition à la salle des fêtes.
Océane, Anthony, Laurence… en soin au centre hospitalier l’Estran de Pontorson (Manche) présentent une exposition à la salle des fêtes. (©La Gazette de la Manche)

Ils voulaient voir Venise et ils ont vu Venise. Ce projet, conduit par des patients du centre hospitalier l’Estran avec leur infirmier Charles Ouzilleau, nous vous l’avions présenté en 2019 dans les colonnes de notre hebdomadaire, La Gazette de la Manche.

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L’anthropologue Didier Fassin et son bilan de santé publique

par Eric Favereau.   publié le 15 septembre 2021

Dans son essai «les Mondes de la santé publique», l’ancien médecin met en lumière les rouages complexes de cette discipline encore mal comprise, où la médecine côtoie la lutte contre les inégalités. Un domaine qui a pris une importance inédite lors de la crise sanitaire. 

«La santé publique, c’est comme un puzzle, chaque pièce n’existe que conjointement avec les pièces dans lesquelles elle s’emboîte», décortiquait Philippe Sansonetti en présentant Didier Fassin lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, le 16 janvier 2021. «C’est une discipline protéiforme, en perpétuelle recherche de sa définition», poursuivait-il. Comment le contredire ? Quel fourre-tout, en effet, que la santé publique ! On y trouve toutes les disciplines (médecine, sociologie, anthropologie, économie, urbanisme, etc.). Et elle fait parler. Depuis l’épidémie de Covid-19, tout le monde se targue d’en faire, tout le monde s’en réclame, mais au final, ce puzzle protéiforme n’affiche guère une image claire.

Rodez : l'hôpital de Sainte-Marie se dévoile samedi dans le cadre des journées du patrimoine

Rodez : l'hôpital de Sainte-Marie se dévoile samedi dans le cadre des journées du patrimoine 

Publié le 

L'hôpital Sainte-Marie réserve des trésors architecturaux fabuleux.

L'hôpital Sainte-Marie réserve des trésors architecturaux fabuleux.

L'hôpital Sainte-Marie fête cette année ses 90 ans. L'occasion de découvrir à la fois le patrimoine et l'histoire extraordinaire de cet établissement, dédié "aux aliénés mentaux" qui vivaient en totale autarcie. Par ailleurs, deux conférences retraceront l'évolution de la psychiatrie et de la santé mentale. 

Ce n'est pas tous les jours que l'on peut pousser les portes de l'hôpital  psychiatrique Sainte-Marie à Olemps (au lieu-dit Cayssiols) pour  une visite. Les journées du patrimoine sont donc un moment privilégié pour aller à la rencontre de cet établissement aussi  riche en histoire que  fabuleux par son aspect architectural. Cette année, le centre hospitalier  fête ses 90 ans. Une occasion  pour l'institution  d'ouvrir ses portes au public et partager ses richesses. Il faut savoir que l'hôpital, construit à partir de 1931, fait partie d'un des rares asiles pour "aliénés" à avoir été construit durant la période de l'entre-deux-guerres. De ce fait, l'institution médicale témoigne de cette période où le style art déco, combiné au béton armé a le vent en poupe.  Au cours de la visite, le public pourra découvrir  l'ancienne cuisine où l'on préparait des repas quotidiens pour 1200 personnes (l'hôpital avait été prévu pour 4000 malades). Si la cuisine est impressionnante par sa taille, c'est surtout le plafond de la rotonde, une verrière dans le style art déco qui tape dans l'œil. Le dôme circulaire a été imaginé par les architectes de façon à recueillir l'eau et les graisses. Une hotte avant-gardiste en somme. Le cœur nourricier de l'hôpital est situé dans un point central et stratégique, tout comme la chapelle.

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COVID : des médecins et scientifiques alertent sur le harcèlement et les menaces dont ils sont victimes

Aude Lecrubier   8 sept. 2021

Trop c’est trop. Plusieurs professionnels de santé et scientifiques* ont décidé de dénoncer publiquement la violence, les menaces de mort, la divulgation d’informations privées et les agressions physiques dont ils sont victimes depuis un an et demi en raison de leurs interventions sur le Covid-19.

Ils ont tenu une conférence de presse le 7 septembre, intitulée « Halte à la haine » où ils appellent une nouvelle fois les autorités de tutelle à réagir contre la multiplication des menaces à leur encontre.

« Faut-il qu'un drame se produise pour que des mesures soient prises ? », s’inquiètent-ils.

Ces derniers, au rang desquels le Pr Karine Lacombe, chef de service Maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Saint-Antoine à Paris ou le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste, Président du syndicat de médecins UFMLS, sont régulièrement pris pour cibles sur les réseaux sociaux, notamment, pour leur positions scientifiques et médicales concernant le Covid et ont dernièrement été visés directement dans un blog de France Soir « Covid-19 (diagnostic, traitements, vaccin) : panorama d’une escroquerie » signé sous le pseudonyme « Le médecin résistant ».

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mercredi 15 septembre 2021

SALLES DE CONSOMMATION À MOINDRES RISQUES : DES DÉPUTÉS PRÔNENT LA PÉRENNISATION DE L'EXPÉRIMENTATION

 LCP

ASSEMBLEE NATIONALE


par Soizic BONVARLET, le Mardi 14 septembre 2021 






La mission-flash menée par Caroline Janvier (La République en marche) et Stéphane Viry (Les Républicains) a commencé ses travaux en juillet et effectué plusieurs auditions avant de se rendre dans les salles de consommation à Paris et à Strasbourg. Les co-rapporteurs pointent l'efficacité des ces lieux en termes de réduction des risques, tout en insistant sur la nécessité d'inscrire leur existence dans un dispositif de soins plus global.

Caroline Janvier (La République en marche) l'a précisé dès son préambule, il ne s'agit ni pour elle, ni pour son collègue Stéphane Viry (Les Républicains), de prendre part à la polémique liée au projet adopté en Conseil de Paris, d'inaugurer une nouvelle salle de consommation à moindres risques (SCMR) dans le 20ème arrondissement. Et pour cause, l'ouverture de ce type de lieux, communément appelés "salles de shoot", doit selon les députés impérativement se faire dans un travail de concertation avec les élus de terrain et les acteurs de l'État, en tenant compte de la spécificité de chaque territoire. Si les deux co-rapporteurs se retrouvent sur le bien-fondé de ces salles destinées aux usagers de drogues, elles ne peuvent être efficientes qu'"au cas par cas", selon le député Les Républicains, qui estime nécessaire la recherche d'un "consentement territorial", et se refuse à une quelconque "ingérence dans une volonté politique de la Ville de Paris".

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Sortie du film "L'affaire collective" d'Alexander Nanau

Documentaire nommé aux Oscars en 2021 dans les catégories Meilleur Film Étranger et Meilleur Documentaire.

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Synopsis

Après un tragique incendie au Colectiv Club, discothèque de Bucarest, le 30 octobre 2015, de nombreuses victimes meurent dans les hôpitaux des suites de blessures qui n’auraient pas dû mettre leur vie en danger. Suite au témoignage d’un médecin, une équipe de journalistes d’investigation de la Gazette des Sports passe à l’action afin de dénoncer la corruption massive du système de santé publique. L’Affaire collective suit ces journalistes, les lanceurs d’alerte et les responsables gouvernementaux impliqués, et jette un regard sans compromis sur la corruption et le prix à payer pour la vérité.

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« On a nos humeurs, mais le positif l’emporte largement » : l’aventure de la vie en communauté


Ce soir-là, autour de la grande table de la salle à manger, c’est salade de tomates au menu. On est au milieu de la Beauce, dans une bâtisse logée entre quatre champs de céréales. L’été prend fin, la piscine gonflable a verdi, la vigne a roussi, la chaudière est en panne pour la deuxième fois de l’année. La rentrée de cette longère qui dénombre vingt-deux couchages, où l’on vit en communauté, sera ponctuée de travaux. Dans l’immédiat, parce qu’il n’y a pas d’eau chaude, ensuite parce qu’il y a l’étage à finir et une deuxième salle de bains à fabriquer.

Sur fond d’un album de Supertramp, les trois acheteurs, la petite trentaine et amis depuis une dizaine d’années, racontent l’histoire de cette maison qu’ils habitent à plusieurs – le nombre varie selon les disponibilités des proches. « On avait fait le tour du quotidien en ville. Tous les week-ends, on cherchait à quitter Paris, à passer du temps avec les copains à la campagne, à avoir de la place », commence Jonathan, 32 ans, employé d’une start-up parisienne. « On a un groupe d’amis fort et on voulait un projet qui accueille tout le monde », continue Martin, architecte, même nombre d’années au compteur.

Santé : promesses et dangers du big data

LE 15/09/2021

À retrouver dans l'émission

LA GRANDE TABLE IDÉES

par Olivia Gesbert

Dans "Ma santé, mes données" (Premier Parallèle, 2021), la journaliste scientifique Coralie Lemke aborde les données de santé. Déterminantes en recherche scientifique pour créer les traitements de demain, elles n'en demeurent pas moins des informations intimes et prisées par de nombreux acteurs. 

Les applications TousAntiCovid et Doctolib ont été téléchargées par de nombreux français pour prendre leur rendez-vous de vaccinations anti-Covid. 13.07.21.
Les applications TousAntiCovid et Doctolib ont été téléchargées par de nombreux français pour prendre leur rendez-vous de vaccinations anti-Covid. 13.07.21. Crédits :  Olivier Morin - AFP

Notre numéro de sécurité sociale, la date de notre dernière vaccination, les interventions chirurgicales que nous avons subi lors de notre dernier passage à l'hôpital : nos données de santé sont intimes mais aussi précieuses. 

C'est paradoxal car dans le cabinet du médecin, on compte sur le secret médical. On se livre complètement, on pense toujours avoir ce triangle du secret entre nous, le médecin et l’assurance maladie. En vérité, le secret médical n’existe plus aujourd’hui. (Coralie Lemke)

Il n'est pas rare que ces données soient stockées sur des serveurs mal protégés, les exposant aux cyberattaques, mais leur vulnérabilité est aussi symptomatique d'une importante faille juridique. Nouvel "or noir" du XXIème siècle, ces données intéressent de nombreux acteurs.

Pour l'espionnage et la stratégie géopolitique, notamment en pleine crise sanitaire, ces données intéressent les Etats. Pour contourner les exigences méthodologiques coûteuses des essais cliniques, elles intéressent les laboratoires pharmaceutiques : 

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Les sept bonnes façons de marcher quand on a la maladie de Parkinson

Publié le 14 septembre 2021

CHRONIQUE

Pascale Santi

Une étude néerlandaise montre que, s’il existe sept stratégies pour surmonter les problèmes liés à la marche, elles restent souvent méconnues des patients.

Dix mille pas et plus. Les troubles de la marche sont fréquents dans la maladie de Parkinson. Pour surmonter les difficultés, les patients usent d’imagination pour trouver des stratégies dites de compensation.

Philo Frédéric Gros : «Crier à la honte, cela fait trembler le système »

par Anastasia Vécrin et Robert Maggiori  publié le 17 septembre 2021 à 19h41

Pour le philosophe, cet affect complexe qu’est la honte ne se résume pas à la tristesse, il est, quand il prend la forme d’une colère collective, une étincelle, un explosif, pour dénoncer les violences sexuelles, l’inaction face au changement climatique, la fortune des puissants... 

La honte n’est pas un sentiment qui jouit d’une bonne réputation, parce que, quelles qu’en soient les formes – de la culpabilité à la timidité, de la pudeur à la vergogne ou au sentiment d’humiliation – elle implique toujours une retenue, un triste repli sur soi, une sorte de douloureuse passivité. Mais ce n’est pas ainsi que la conçoit le philosophe Frédéric Gros qui, après s’être intéressé à la désobéissance, inverse à présent le sens de la honte. Dans la Honte est un sentiment révolutionnaire (éd. Albin Michel, 2021), le professeur d’humanités politiques à Sciences-Po Paris soutient que la honte est l’affect majeur de notre époque. «C’est une honte !» ; «La honte doit changer de camp !» : loin de n’être que tristesse, elle porte en elle une colère qui, quand elle se conjugue, devient une force politique active, «révolutionnaire».

Véronique Nahoum-Grappe : « Les talibans tentent d’éliminer les femmes du social »

Publié le 15 septembre 2021

TRIBUNE

Le nouveau pouvoir de Kaboul vise « l’exclusion sociologique » des femmes mais aussi « l’effacement de l’identité de genre » dans l’imaginaire collectif officiel, alerte l’anthropologue dans une tribune au « Monde ».

Tribune. Zarifa Ghafari, première femme afghane élue maire, expliquait le 4 septembre, dans les colonnes du Figaro Madame, que les talibans « tentent de faire disparaître l’identité des femmes, de les faire disparaître de la société. Ils les effacent même des murs en recouvrant leurs visages sur les affiches. Ils refusent qu’elles travaillent, qu’elles étudient et même qu’elles sortent ». Elle définit ce que le pouvoir taliban tente de faire aux Afghanes : les exclure de tout enseignement et de tout travail rémunéré, éliminer leur image physique distinctive partout dans l’espace public. Chassées des institutions sociales, elles doivent l’être aussi du monde du dehors et ne plus être reconnues en tant que femmes dans les rues, ni même figurées sur un mur.

Cynthia Fleury, repenser le soin

LE 14/09/2021

Tracts, le podcast | Que serait une société qui ne se soucierait pas du soin ? Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, ne l'envisage pas. "Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien", déclare l'auteure du Tracts "Le Soin est humanisme". Comment les humanités peuvent-elles habiter le temps du soin ? Comment comprendre le sens de notre vulnérabilité ? 

Cynthia Fleury, en 2016.
Cynthia Fleury, en 2016. Crédits :  Jean-Marc ZAORSKI - Getty

En observant les "corps fatigués" et "esprits abîmés" des citoyens lors de la crise des Gilets Jaunes et, aujourd'hui, subissant les conséquences de la pandémie, Cynthia Fleury a décelé la "trace d'une vraie usure", révélatrice d'une crise de la subjectivité, d'un manque de soin de soi et d'autrui et d'un défaut de considération pour le soin dans notre Etat de droit.

Or le soin, estime la philosophe et psychanalyste, professeure titulaire de la chaire Humanités et Santé au Conservatoire national des arts et métiers et directrice de  la chaire de philosophie à l'hôpital Sainte-Anne du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, se trouve au fondement de notre humanisme. Dans ce Tracts, Cynthia Fleury défend une conception politique du soin. "Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien, constate-t-elle. Les humanités doivent prendre racine et promouvoir une vie sociale et politique fondée sur l’attention créatrice de chacun à chacun."

L’Etat social de droit ne tient que par la mise en place d’un ethos du soin. On a vu à quel point lorsque tout s’écroule, à cause d'une catastrophe, de l'inédit, du réel dans sa dimension d'ébranlement, les choses classiques s'effondrent. Mais il y a une chose qui ne s'écroule pas, c'est l'ethos. C'est-à-dire les valeurs, les gestes solidaires, la culture, le capital social… Tout ça ne s'écroule pas, car ce n'est pas que matériel, c'est quelque chose qui tient par l'implication des individus. Cynthia Fleury

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Ceija Stojka du paradis rom perdu à l’enfer des camps

par Elisabeth Franck-Dumas   publié le 14 septembre 2021

A Paris, la galerie Christophe Gaillard expose l’œuvre de l’artiste autrichienne qui fut déportée à 10 ans par les nazis.

Dès le perron de la galerie l’on aperçoit leurs grosses feuilles maladroites, leurs pétales de feu. Des tournesols, présents ici dans des soliflores à divers stades de floraison ou de dépérissement, l’artiste rom autrichienne Ceija Stojka, disparue en 2013 et découverte en France grâce à l’expo que lui consacra la Maison Rouge à Paris en 2018, écrivit dans un poème qu’elle était «la fleur du rom». La galerie Christophe Gaillard à Paris a eu la délicate idée d’en semer dans les salles – délicate parce que cette scénographie évoque d’un même mouvement fragilité et flamboyance, mais aussi parce que ce qui réconforte dans l’œuvre, malgré la noirceur sans appel de nombre de toiles, c’est un rapport à la nature solaire et vital.

Les toiles sulfureuses de Georgia O'Keeffe exposées au Centre Pompidou

Centre Pompidou  Jusqu'au 6 décembre 2021

C'est une icône aux Etats-Unis, plus connue que Hopper outre atlantique. Georgia O’Keeffe est ce que l’on appelle une légende, une mythologie. Georgia O’Keeffe n’est autre que l’artiste femme la plus chère au monde avec un record de 44 millions de dollars pour une œuvre, la première femme à avoir été exposée au MoMA à New York, celle qui a précédé par son succès l’iconique Jackson Pollock avant la Seconde Guerre mondiale. Alors comment se fait-il qu’il ait fallu 35 ans après sa mort pour enfin lui dédier une rétrospective d’envergure à Paris ? Le Centre Pompidou réunit ici une centaine de ses œuvres, venues du monde entier, car le musée parisien ne possède qu’une seule de ses œuvres. Un immense chantier donc pour faire venir ces toiles ici, et proposer au public une lecture – ou une relecture – inédite du travail de l’artiste. L’Histoire de l’art a retenu de Georgia O’Keeffe ses fleurs géantes, ses pétales charnels, ses pistils exubérants. Et pour cause, quelle flamboyance ! Pourtant, ces œuvres sont loin d’avoir fédéré la critique… Lorsque surgissent ces toiles en 1923, la révolution freudienne est en cours. C’est le scandale. Son exposition affole le monde de l’art qui y voit l’expression provocante du désir féminin, comme autant d’images érotiques et de symboles sexuels à peine dissimulés… Une hypothèse radicalement réfutée par l’artiste qui accusera ses détracteurs de projeter sur ses toiles leurs propres obsessions… Voici qui donne un peu le ton de la personnalité d’une artiste immense au caractère bien trempé. Au-delà de ses fleurs tentaculaires, nous plongeons ici dans un univers hors-norme, qui balaie plus de 60 ans de création, découvrant au fil de ses œuvres la naissance du modernisme américain. Ses gratte-ciels news yorkais nous donneraient le vertige, ses tourbillons floraux nous hypnotisent autant qu’ils nous intriguent, ses paysages lunaires du Nouveau-Mexique nous invitent à la contemplation. Une seule constante dans son travail : une énergie vitale nourrie par la lumière, la couleur et la sensualité. Georgia O’Keeffe nous laisse un héritage vivace et intense, une peinture inclassable qui caresse les contours de l’abstraction sans jamais totalement y succomber. Une artiste qui toute sa vie durant, sur presque 100 ans, continuera à suivre les seuls codes qu’elle s’édictera, en éclairant l’Histoire de l’art de ses visions audacieuses.

  • Georgia O'Keeffe, Inside Red Canna, 1919
  • Georgia O'Keeffe, Series I White & Blue Flower Shapes, 1919
  • Georgia O'Keeffe, Black Hills with Cedar, 1941-1942
  • Georgia O'Keeffe, Jimson Weed White Flower No. 1, 1932
  • Georgia O'Keeffe1994.54
  • Georgia O'Keeffe, Black Door with Red, 1954
  • Georgia O'Keeffe, Oriental Poppies, 1927
  • Georgia O'Keeffe, Pelvis with Distance, 1943
  • Georgia O'Keeffe, Ram’s Head, White Hollyhock-Hills (Ram’s Head and White Hollyhock, New Mexico), 1935
  • Georgia O'Keeffe, Red, Yellow and Black Streak, 1924
  • Georgia O'Keeffe, The Shelton with Sunspots, N.Y., 1926

Georgia O'Keeffe, Inside Red Canna, 1919
© Christie's Images

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Qui ne connaît pas les fleurs de Georgia O’Keeffe, ces courbes organiques à la beauté ineffable et à l’ambiguïté certaine ? Ses toiles subjectives participèrent incontestablement à la renommée internationale de celle que l’on surnomme la « mère du modernisme américain » et signèrent assurément l’un des chapitres les plus brûlants de l’Histoire de l’art. Riche d’une centaine de peintures, dessins et photographies, l’exposition – première rétrospective française entièrement dédiée à l’artiste – embrasse ainsi l’ensemble de sa carrière artistique, de ses premiers vertiges cosmiques à ses gratte-ciels new-yorkais des années 20, jusqu’au Nouveau Mexique, sa terre d’adoption dans laquelle elle s’établit définitivement après la Seconde Guerre mondiale. Figure à part de l’abstraction américaine, Georgia O’Keeffe développa tout au long de sa vie une œuvre solitaire, tournée vers une observation aigüe de la nature et de ses grands espaces. Lectrice de Kandinsky, l’artiste qui fut la première femme à intégrer les expositions du MoMA caressa les contours de l’abstraction sans jamais totalement y succomber. Dotée d’un caractère indépendant, elle restera en marge de tous les mouvements, préférant développer un univers qui lui est propre, à la fois sensuel, contemplatif et biomorphique.

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