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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 8 avril 2020

Caroline Eliacheff : "Les gens ont des ressources, parfois des ressources qu'ils ne connaissaient pas"

Le 06/04/2020

Peut-on en sortir grandi, tant individuellement que collectivement ? Pour en parler nous recevons Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste.

La vie confinée soulève le problème de l'isolement et de la perception de la pandémie
La vie confinée soulève le problème de l'isolement et de la perception de la pandémie Crédits : sestovic - AFP

Les épreuves communes peuvent aussi révéler le meilleur, comme l’ont prouvé de nombreuses inventions collectives. Les applaudissements de 20h pour soutenir les soignants, la confection artisanale de masques, l’adaptation de l’activité de certaines entreprises... Elles mettent en lumière la plasticité ainsi que la résilience dont peut faire preuve l’être humain.

Caroline Eliacheff : "Parents, foutez la paix aux enfants !"

06/04/2020


Tandis que le débat sur l'école à la maison mobilise la communauté éducative, la psychanalyste Caroline Eliacheff, invitée des "Matins", bouscule le discours dominant sur le défi imposé aux parents de faire la classe : selon elle, la qualité de la relation parent/enfant doit passer avant le reste.

 Crédits : RichVintage - Getty

Ecole à la maison, comment faire ? Et comment faire au mieux ? Cette question, depuis que les écoles sont fermées en raison de l'épidémie de Covid-19, tous les parents, mais aussi les spécialistes de l'éducation, les enseignants et les psychologues se la posent. Le défi que représente l'encadrement des devoirs scolaires par des parents qui n'y sont pas préparés engendre dans de nombreuses familles une source de stress supplémentaire en cette période où le confinement met déjà les relations intra-familiales à rude épreuve. Au risque d'aggraver souvent des tensions déjà existantes, notamment avec les adolescents. A rebours des discours qui imposeraient à tous les parents de faire toujours plus et toujours mieux quels que soient leurs moyens, voire de se substituer aux enseignants, la pédopsychiatre et psychanalyste Caroline Eliacheff, invitée des Matins de France Culture au micro de Guillaume Erner ce lundi, vient faire entendre un discours dissonant, afin de déculpabiliser les parents, de rendre à chacun la fonction qui lui incombe, et de remettre en tête de la liste des priorités la qualité de la relation entre parents et enfants.
En tant que pédopsychiatre et psychanalyste, que pensez-vous du dispositif qui a été mis en place depuis le début du confinement et qui demande aux parents d'encadrer le travail scolaire de leurs enfants ?
Caroline Eliacheff : Pour les parents qui peuvent s'y consacrer facilement, ou qui arrivent à le faire sans trop de difficultés, pourquoi pas ? Mais je voudrais dire aux parents que, s’ils n’y arrivent pas, s’ils s’énervent, il vaut mieux lâcher l’école plutôt que d’engueuler ses enfants. Les parents ne sont pas des maîtres, et encore moins des maîtres d’école. Et je pense qu'ils ont autre chose à faire que de faire la classe. Dans cette situation de confinement, c’est avant tout la qualité de la relation avec l’enfant qui doit être privilégiée. Et passer avant les devoirs scolaires. C’est pourquoi j’ai envie de dire "Foutez la paix aux enfants !"

mardi 7 avril 2020

Pierre Zaoui. Comment ça va, avec la catastrophe ?

Mis en ligne le 07/04/2020

Pony Wave © Mario Tama/Getty Images/AFP
Œuvre du street artist Pony Wave à Venice, en Californie, le 21 mars 2020. © Mario Tama/Getty Images/AFP

Au temps du coronavirus, Catherine Portevin, cheffe de la rubrique “Livres” de “Philosophie magazine” a relu “La Traversée des catastrophes”, manuel de survie écrit par Pierre Zaoui au temps du sida. Ce qui l’a conduit à entamer avec lui un dialogue par e-mail, comme on prend des nouvelles d’un ami. Par fragments et par éclats, le philosophe cherche à nommer l’événement que nous vivons, entre tragédies et passions joyeuses.

Pierre, comment vas-tu ? Avant, on posait cette question sans y penser. Aujourd’hui, c’est comme si on demandait : es-tu bien vivant ? Comment ça va la vie avec la mort pas loin ?
Pierre Zaoui : Tu connais la blague : « Moshe, en un mot, comment vas-tu ? — Bien ! — Et en deux mots ? — Pas bien. » C’est toujours la même chose : le moi étant multiple et feuilleté, il n’y a pas de réponse univoque à cette question. C’est d’autant plus criant en pleine épidémie. Si, donc, je voulais être parfaitement sincère, il faudrait que je te fasse une réponse incroyablement éparpillée. 
En tant que corps organique, je tousse, je crache, je suis essoufflé, j’ai un peu de fièvre, presque plus d’odorat, mais avec ma bronchite chronique de fumeur, c’est habituel, donc je ne peux pas savoir si j’ai contracté le Covid-19 ou pas, et je m’en fous complètement. En tant qu’apprenti philosophe, ça va, on est plutôt bien loti, y a pas à se plaindre : le confinement au milieu des bouquins et au creux du poêle, pour parler comme Descartes, on connaît, c’est un peu notre mode de vie ordinaire. Et apprendre à mourir ou s’en moquer, on connaît encore mieux. En tant que spinoziste, ça va – et il faut que ça aille : pas question de céder à la mélancolie, je persévère autant que je peux dans mon être et tâche autant qu’il est possible de chasser les passions tristes par des passions joyeuses pour moi-même comme pour mes proches. En tant que citoyen, j’ai plutôt envie de vomir : l’annonce de tous ces morts de plus en plus nombreux chaque matin, les témoignages de cet admirable personnel hospitalier qui en chie des ronds de chapeau, ça ronge. En tant que père et enseignant, j’étais très serein parce que cette épidémie ne semblait pas toucher les plus jeunes – je suis un peu plus en alerte depuis la mort de cette jeune fille de 16 ans le 24 mars, puis de trois adolescents de 12, 13 et 14 ans en Belgique, en Grande-Bretagne et au Portugal, parce qu’il est sûr que si des jeunes commencent à mourir, là, ça ne va plus aller du tout. En tant que fils, mes deux parents sont morts, et on a nécessairement une perception très différente de cette épidémie selon que ses parents sont encore vivants ou non (quoique mon cochon de fils à qui je faisais la remarque il y a peu m’ait répondu : « Non, je ne vois pas la différence… Pour moi, ça fait longtemps que je considère que mes parents aussi sont morts. » Ah ! la canaille…). En tant que vieil anar qui déteste spontanément les interdits et les restrictions de liberté, ça me gonfle sévère. En tant qu’homme de gauche old school, c’est-à-dire sensible avant tout à la question sociale, je suis plus inquiet (pour l’instant) du désastre social qui s’annonce que de la crise sanitaire. En tant qu’universitaire qui est entré dans cette épidémie après trois mois de conflit social, je suis très dubitatif : d’un côté, c’est formidable – suspension de la réforme des retraites, suspension de la privatisation d’ADP [Aéroports de Paris], promesse d’augmentation des moyens de l’hôpital public et de la recherche… En même temps, comment croire encore notre président et notre gouvernement ? Etc. etc.

Coronavirus : la protection de l’enfance au bord de l’implosion

Texte par :Romain HOUEIX Publié le : 
Plus de 300 000 enfants font l’objet d’une mesure de protection en France (illustration).
Plus de 300 000 enfants font l’objet d’une mesure de protection en France (illustration). © Damien Meyer, AFP
Le confinement instauré pour enrayer l’épidémie de Covid-19 représente un danger supplémentaire pour les 350 000 jeunes qui font l'objet d'une mesure de protection de l'enfance en France, dont la moitié en foyers ou en famille d'accueil. Les professionnels du secteur font au mieux pour parer à l’urgence et au quotidien. Témoignages.

"On ne fait plus de travail de fond. On se contente de gérer le quotidien et le scolaire avec les moyens du bord", alerte Laura*, éducatrice spécialisée dans la protection de l’enfance en Île-de-France, interrogée par France 24. Dans la Mecs (Maison d'enfants à caractère social) où elle est en poste, le confinement mis en place le 17 mars pour enrayer la propagation du Covid-19 sur le territoire français a bouleversé le quotidien. 

Coronavirus : la mobilisation des médecins du travail

Une ordonnance du 2 avril vise à faciliter la mission de ces praticiens en leur accordant temporairement de nouveaux droits, explique dans sa chronique la journaliste du « Monde » Anne Rodier.

Anne Rodier Publié le 8 avril 2020

« Depuis le confinement, les médecins du travail se sont réorganisés pour répondre à toutes sortes de questions des salariés et des entreprises »
« Depuis le confinement, les médecins du travail se sont réorganisés pour répondre à toutes sortes de questions des salariés et des entreprises » Roy SRoy Scott/Ikon Images / Photononstop
Chronique « Carnet de bureau ». Pour faciliter la lutte contre l’épidémie due au coronavirus, une ordonnance publiée jeudi 2 avril a élargi le rôle des médecins du travail. Les 4 500 praticiens qui travaillent au sein des services de santé au travail interentreprises (SSTI) sont chargés de 15 millions de salariés. La baisse générale de l’activité économique en a libéré un certain nombre, qui se sont portés volontaires pour venir en aide aux centres hospitaliers.

Coronavirus : les établissements psychiatriques du Puy-de-Dôme se sentent abandonnés

France Bleu Pays d'Auvergne — Wikipédia
Par , France Bleu Pays d'Auvergne 
Dans le Puy-de-Dôme, les hôpitaux psychiatriques se réorganisent pour accueillir leurs malades atteints du Covid-19. La clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche et l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand ont préparé des lits confinés mais manquent de matériels de protection

La Clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche se tient prête
La Clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche se tient prête © Radio France - Dominique Manent

Pour l'instant, les patients en psychiatrie sont très peu touchés par le coronavirus (cinq malades selon le dernier bilan de l'ARS pour la région Auvergne-Rhône-Alpes). Pour autant, les établissements psychiatriques, comme l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand, et la clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche, ont pris très tôt la mesure de la situation. Le problème, c'est le manque cruel de masques.

Le naufrage annoncé du grand plan pour l’hôpital

Hôtels hospitaliers, partenariats public-privé, «fond de partage»... Les solutions envisagées par Emmanuel Macron pour l'hôpital, en pleine pandémie, sont placées sous le signe de la rentabilité et du néolibéralisme, «à l’heure où l’hôpital public mérite qu’on lui consacre des moyens». Un collectif de psychiatres, médecins et chercheurs alertent: l'idée des navires-hôpitaux «pourrait faire sourire si la situation n’était pas aussi dramatique».

« Les soignants vont aller moins bien après cette crise » : le Pr Galam encourage l'entraide confraternelle

07.04.2020
« Prendre soin de soi et de ses confrères, ça se travaille ». À ce leitmotiv, qui figure en exergue du DIU « Soigner les soignants », le Pr Éric Galam, qui l’a initié il y a 5 ans à l’université Paris-Diderot ajouterait volontiers un indispensable complément aujourd’hui. Pour soutenir les confrères libéraux pendant l'épidémie de coronavirus, « il ne faut surtout pas limiter la vigilance aux seuls aspects psy même si l’on ne peut que saluer les initiatives qui se développent ici et là », prévient le généraliste, également conseiller de la commission nationale d’entraide de l’Ordre des médecins.

Psychiatrie Le maintien des activités des centres médico-psychologiques est encouragé

Publié le 07/04/20

Un maintien voire un renforcement de l'activité des centres médico-psychologiques (CMP) est recommandé en temps d'épidémie par le groupe ressource de la Conférence des présidents de CME de CHS.
Le groupe ressource de la Conférence des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de CH spécialisés (CHS) estime important de maintenir voire d'intensifier l'activité des centres médico-psychologiques (CMP). Dans un document mis à disposition le 6 avril (à télécharger ci-dessous), le groupe cite en exemple : les entretiens, les consultations non programmées, les visites à domicile notamment pour patients vulnérables...

Coronavirus. « À nous tous de garder le lien » selon le pédopsychiatre havrais Alain Fuseau

  PUBLIÉ LE 

Membre de la cellule de crise du Covid-19 au Groupe hospitalier du Havre, Alain Fuseau, pédopsychiatre, revient sur le quotidien des hôpitaux havrais, sur l’attention à porter aux ados et à tous en cette période de confinement, sur le moral des soignants et la nécessité de maintenir des liens forts.


Rencontre avec Alain Fuseau, pédopsychiatre, directeur de Maison de l’adolescent, président de la Commission médicale du Groupe hospitalier du Havre et membre de la cellule de crise du Covid-19.
Comment fonctionne la cellule de crise du Groupe hospitalier du Havre ?
Dr Alain Fuseau « La cellule de crise se réunit quotidiennement, le matin à 9 h, et traite de tout ce qui a trait à la pandémie. Elle est restreinte – nous sommes une petite dizaine dans cette enceinte –, elle traite de l’actualité du Covid-19, de l’état de nos patients, du nombre de lits disponibles, de notre capacité à ouvrir des unités, car la question est de toujours pouvoir anticiper la cinétique de l’épidémie de façon à ce que nos actions soient les plus efficaces possible et surtout qu’il n’y ait pas de blocage. »

 

Coronavirus : les établissements psychiatriques du Puy-de-Dôme se sentent abandonnés

https://www.francebleu.fr/img/logo-france-bleu-seo.jpg

Dans le Puy-de-Dôme, les hôpitaux psychiatriques se réorganisent pour accueillir leurs malades atteints du Covid-19. La clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche et l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand ont préparé des lits confinés mais manquent de matériels de protection.
La Clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche se tient prête
La Clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche se tient prête © Radio France - Dominique Manent
Pour l'instant, les patients en psychiatrie sont très peu touchés par le coronavirus (cinq malades selon le dernier bilan de l'ARS pour la région Auvergne-Rhône-Alpes). Pour autant, les établissements psychiatriques, comme l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand, et la clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche, ont pris très tôt la mesure de la situation. Le problème, c'est le manque cruel de masques.

Ils et elles sont en première ligne et racontent leur quotidien, loin de la com’ gouvernementale


PAR SÉVAN MELKONIAN
Ils et elles sont soignants, infirmiers, sapeurs-pompiers, inspecteurs du travail, employés d’Amazon... En première ligne face à l’épidémie de coronavirus, ils racontent et alertent. Une nouvelle série vidéos de Basta !.

6e épisode - Un employé dans l’entrepôt d’Amazon de Brétigny-sur-Orge témoigne : « Nous n’avons aucune protection »

Le 3 avril, le ministère du Travail a mis en demeure l’entreprise Amazon de prendre les mesures nécessaires dans ses entrepôts pour que les normes sanitaires soient respectées et que les salariés puissent travailler en toute sécurité avec les protections adéquates. Parmi les entrepôts visés, celui de Brétigny-sur-Orge (Essonne), où on dénombre déjà quatre cas avérés de coronavirus, dont un dans le coma. Sylvain, employé dans cet entrepôt d’Amazon, nous raconte comment la direction met en danger les travailleurs en bafouant le droit du travail : « À Amazon Brétigny, lorsque nous venons sur le site avec nos propres protections personnelles, la direction nous dit que l’on va faire peur aux gens et qu’on ne peut pas venir travailler comme ça. Ils nous les font enlever. Nous n’avons aucune protection. La direction nous force à prendre des congés payés si on vient travailler avec masques et gants. Des gens risquent leur vie. »
Basta ! vous en parlait :
- Amazon : champion de l’emploi précaire, expert en évasion fiscale et gros pollueur, selon un rapport
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"Nous avons beaucoup d'appels de personnes sans antécédents" : face au coronavirus le Samu du Nord ouvre une cellule d'urgence psychologique

franceinfo:   Solenne Le Hen  publié le 

Depuis le début du confinement, les appels au Samu pour des crises d'angoisse et des suspicions d'infarctus se sont multipliés, ici à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon (Rhône), le 19 mars 2020.  (JEFF PACHOUD / AFP)

Des voix s'élèvent pour mettre en lumière les oubliés de la crise sanitaire

Publié le 06/04/20

Des tribunes pour les personnes polyhandicapées et les "héroïnes oubliées" des Ehpad et du domicile, des initiatives solidaires et inclusives... La rédaction d'Hospimedia a sélectionné des événements marquants de la semaine écoulée.
[Dans la presse] Fragiles, particulièrement vulnérables face au coronavirus mais oubliées. Marie-Christine Tezenas du Montcel et Monique Rongières, secrétaire générale et présidente du Groupe polyhandicap France, alertent sur la situation "tragique" des personnes polyhandicapées. Distanciation sociale impossible, manque de moyens de protection et de professionnels en établissements... "Il faut trouver des solutions, et vite", lancent les deux responsables, qui appellent les pouvoirs publics à agir. "[...] Il suffit d'une signature de votre part pour leur donner l'accès aux masques autant que de besoin, pour sauver sans attendre leur vie si fragile et si précieuse."
Lire la tribune dans La Croix

« L’épuisement, le stress, l’anxiété viendront plus tard » : une psychiatre pour soigner les soignants

Par Catherine Vincent  Publié le 7 avril 2020

RÉCIT Paroles de soignants (5/5). Frédérique Warembourg, 45 ans, psychiatre au CHU de Lille et responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique du Nord, raconte au « Monde » ce que le personnel médical lui dit de la crise sanitaire.

Mardi 24 mars. La semaine dernière, j’ai mis la psychiatrie ambulatoire entre parenthèses. J’ai fait annuler toutes les consultations programmées et je me suis concentrée sur la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP). Lors d’un événement grave ayant un impact collectif – un attentat, un accident du travail dans une entreprise, un suicide dans une institution –, les CUMP ont pour rôle d’apporter leur soutien. Dans la crise sanitaire actuelle, les soignants qui ont en charge des patients atteints par le Covid-19 vont en avoir besoin. La période est très anxiogène pour eux, surtout en réanimation. Leur service a été totalement réorganisé, ils vont voir des gens mourir et, le soir, lorsqu’ils rentrent chez eux, ils se demandent s’ils ne vont pas ramener le virus à la maison. Mon mari et mes deux adolescentes sont confinés et, tous les soirs, moi aussi, j’ai cette inquiétude.

En quelques jours, la plate-forme téléphonique d’écoute a été mise en place, avec un numéro unique. Nous reprenons également les appels « psy » du SAMU, pour le soulager un peu. Il y a dix postes, six pour les soignants, quatre pour la régulation SAMU. Les psychologues, les psychiatres, les infirmiers de psychiatrie du CHU qui se sont portés volontaires se relaient pour répondre aux appels. Les postes sont espacés de plus d’un mètre les uns des autres, il y a du gel hydroalcoolique et des lingettes pour les désinfecter. On s’attend à ce que le nombre des appels augmente progressivement. Mais encore faut-il que les soignants en prennent le temps ! On sait bien que dans le feu de l’action, on a du mal à se poser. A se préserver nous-mêmes, alors que c’est essentiel.

Saint-Lizier. "C’est une nouvelle psychiatrie" : les patients internés préservés

Publié le 
Le Dr Nicole Beydon et l’infirmier Corentin Basso font un point sur la situation à l’unité psy du Chac./Photo DR.
Le Dr Nicole Beydon et l’infirmier Corentin Basso font un point sur la situation à l’unité psy du Chac./Photo DR.
Le Centre Hospitalier Ariège Couserans (Chac) abrite en ses murs l’unité d’hospitalisation psychiatrique du département. Plus de 80 patients y sont soignés à l’abris du monde extérieur et désormais du Covid-19.
Mesures sanitaires et de confinement obligent, les 80 patients du pôle psychiatrique du Chac sont confinés dans les différents pavillons de l’établissement. Ce sont, en tout, près de 400 soignants qui se relaient pour que le quotidien soit adapté sans que les patients ne perdent leurs repères. Interview du Docteur Nicole Beydon, chef du pôle et de Corentin Basso, infirmier.

Coronavirus : « En France, l’obligation de porter le masque serait une révolution »

A Paris, le 18 mars.
A Paris, le 18 mars. FRANCOIS MORI / AP
Tribune. Une équipe de chercheurs de l’université de Hongkong vient de montrer dans un article publié dans la revue mensuelle Nature Medicine, le 3 avril, que le port du masque chirurgical réduisait de façon significative le risque de transmission du coronavirus par la toux ou par la simple respiration. Le même jour, l’Académie nationale de médecine en France recommande que le port du masque « grand public » ou « alternatif » soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement.
Si ces deux avis scientifiques étaient suivis, cela impliquerait une véritable révolution dans l’espace public en France. Le gouvernement français a en effet affirmé, au début de la crise du Covid-19, que les masques chirurgicaux devaient être réservés au personnel hospitalier et qu’ils ne protégeaient pas le reste de la population, celle-ci devant plutôt utiliser les « gestes barrières » comme se laver les mains ou tousser dans son coude.
Les responsables asiatiques, comme le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, George Gao, ou le doyen de la faculté de médecine de Hongkong, Gabriel Leung, affirmaient depuis plusieurs semaines que cette position, partagée par la plupart des Etats en Europe et en Amérique, était une erreur. La position française sur les masques ne tient pas seulement à une pénurie d’équipements due aux coupes budgétaires dans la préparation aux pandémies.
Elle s’explique également par une définition de l’espace public comme un lieu dans lequel le citoyen moderne se présente à visage découvert. Cet idéal des Lumières réalisé par la Révolution française s’est construit contre les masques dont l’aristocratie s’ornait dans les salons. Il s’est ensuite renforcé lorsque les autorités coloniales de la IIIe République ont imposé le retrait du foulard sur les photographies d’identité en Afrique du Nord.

Coronavirus : « Il est arrivé à ma mère ce qu’elle craignait le plus »

   Séparation, solitude, annonce de la mort par téléphone, funérailles impossibles… Plusieurs proches de victimes de l’épidémie racontent leur sentiment d’impuissance.
Par  Publié le 7 avril 2020
SEVERIN MILLET
Tout est allé si vite. Nathalie Bourson se souvient pourtant de chaque scène, au quart d’heure près. De ce coup de téléphone reçu mardi 24 mars au matin, « à 6 heures moins le quart ». De cet infirmier qui l’informe alors de la mort de son père, Georges Caux, 89 ans, au centre hospitalier de Compiègne (Oise) : « Il l’a annoncé gentiment, comme il pouvait, pour dire qu’il l’avait trouvé décédé à 5 h 10. » De ce sac-poubelle contenant « les affaires » de Georges ; quelques vêtements qu’elle est allée récupérer, le jour même, à l’hôpital. Sans voir son père, « mis dans une housse, à la morgue ».
Nathalie se souvient aussi des premières quintes de toux de Georges, le jeudi 19 mars, moins d’une semaine avant. Lui, répétant : « De toute façon, c’est une bronchite, c’est rien, ça va passer. » Mais le samedi, la fièvre est apparue. « Je n’ai pas percuté tout de suite », dit sa fille. Assistante maternelle, 56 ans, Nathalie vient tous les jours chez ses parents. Eux habitent à Saint-Vaast-de-Longmont ; elle à Verberie, deux communes voisines, au sud de Compiègne. Ginette, 86 ans, la femme de Georges, souffre d’Alzheimer. En décembre 2019, elle se fracture le col du fémur. Georges prend soin d’elle, mais fatigue. Alors Nathalie multiplie les visites.