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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 27 avril 2018

La montagne escarpée

Auteurs: Léane et Pioc

On aime à la folie !
« C’est une aventure intérieure, une découverte de soi, un périple en terres hostiles… » prévient la quatrième de couverture de cette bande dessinée exceptionnelle dont l'héroïne principale estla psyché de Jason, sombre étudiant aux idées torturées, plongé dans le vortex d'un mal inconnu : la schizophrénie ! Jason livre un combat de tous les instants avec cette chose qui grouille et qu'il ne sait nommer. Il y a tour à tour espoir et découragement, désir de répit et descente aux Enfers. Qu'est-il arrivé à Jason ? Comment va-t-il s'extraire de ce cauchemar ? L’écriture de Léane est proprement sidérante et l’illustration de Pioc (qui quitte là son graphisme joyeux pour rentrer dans une œuvre grave et à dimension artistique !) la rend « criante » de vérité.… Les deux artistes-auteurs ont chacun dans leur coin vécu ces moments douloureux où tout s’effondre autour de soi et, pire, à l’intérieur. Ils ont su magnifiquement nous les décrire. C’est une œuvre rare !
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REVUE SANTE MENTALE

N° 227 AVRIL 2018



N° 227 - Avril 2018

SOINS PSYCHIATRIQUES AUX PERSONNES DÉTENUES

Toutes les pathologies psychiatriques sont surreprésentées en prison, et un quart des détenus souffrant de troubles psychiatriques présentent une comorbidité addictive. Face à une pénalisation accrue de la folie, quels sont les enjeux éthiques et cliniques pour la psychiatrie ? Comment soigner et penser la rencontre avec l’autre dans des contraintes de temps et d'espaces maximales ? Comment établir des frontières claires avec le judiciaire pour négocier les conditions du soin psychique ?
Prisons : l'enjeu majeur des soins psychiatriques
Les pays européens voient augmenter de façon inédite la prévalence des troubles mentaux en milieu pénitentiaire. La détention aggrave les troubles de ces populations...
Auteur(s) : Pierre Thomas, Professeur de psychiatrie, CHU de Lille
NOMBRE DE PAGES : 6

« EST-CE QU'ILS PARLENT DE MOI ? »


Ismaël, un jeune patient autiste, lutte depuis plus d’un an contre un cancer. Les soignants de l’Hôpital de jour lui rendent visite et l’accompagnent dans son douloureux parcours.

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JE SUIS SCHIZOPHRÈNE


Un nouvel écrit de Lana, publié sur son excellent blogschizo
"Il est mal vu de dire « je suis schizophrène ». A présent, on préfère dire « je souffre de schizophrénie », j’ai une schizophrénie », « personne avec schizophrénie ».
On nous a trop longtemps réduit à notre maladie, c’est vrai. Pour autant, la schizophrénie ne fait-elle pas partie de nous?
Quand je dis « je suis libraire », ça n’englobe pas tout ce que je suis. Mais c’est une partie de ce que je suis. Je ne me réduis pas à ça, mais je le suis bel et bien.

Ce matin sur France culture Agnès Buzyn ministre de la Santé


La ministre de la santé soutient, épaulée par des patients psychiatriques de service, qu'avec les GHT (groupements hospitaliers de territoire) la psychiatrie cessera d'être isolée des disciplines somatiques, ce qui sera un progrès. Il est prévu d'ici quelques années qu'un hôpital sur deux en France soit fermé ...


La ministre de la santé était interviewée ce matin sur France Culture vers 8h30. Lien à partir duquel vous pouvez avoir le podcast de cette interview : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-2eme-partie ).
La thèse qu'elle a soutenue est qu'en effet la psychiatrie a été jusque-là négligée mais que désormais avec l'intégration des établissements psychiatriques dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT), le raccord de la psychiatrie avec les disciplines somatiques va pouvoir se faire, ce qui va améliorer la situation et mettre fin à l'isolement de la discipline psychiatrique.

Du marasme actuel de la pédopsychiatrie en France

Univadis
  • Dr Alain Cohen
  •      
« - Quand on voit l'état de la pédopsychiatrie, c'est à se taper la tête contre les murs ! -Tu peux y aller, ils sont prévus pour ça ! ». Émanant du dessinateur de presse Jiho, ces légendes humoristiques illustrent un article que le quinzomadaire Lien social (la revue des travailleurs sociaux) consacre au triste état actuel de la pédopsychiatrie en France.

Etre ou ne pas être (sur les réseaux sociaux)

Faut-il disparaître des réseaux sociaux pour préserver sa vie privée ou pas  ? Pour illustrer ce débat qui agite la Toile, « L’Epoque  » a imaginé un dialogue de spécialistes, une fiction fondée sur des faits réels.

LE MONDE  | Par 

Laurent Bazart
Depuis quelques semaines, Damien voit passer dans les médias des nouvelles alarmantes : des gens importants annoncent qu’ils vont quitter les réseaux sociaux. Tous fichés, espionnés, exposés, géolocalisés, exploités, manipulés : trop c’est trop, ils jurent qu’ils vont entamer un sevrage de Twitter, cesser de publier les images de leur chien sur Instagram, boycotter Snapchat, LinkedIn… Certains veulent même effacer leurs données de Facebook – bonne chance les amis, personne ne sait comment faire, en réalité c’est sans doute impossible. On peut se rendre invisibles des autres utilisateurs, mais Facebook garde tout, pour l’éternité, dans des data centers grands comme des paquebots, cachés dans les forêts de l’Oregon et les steppes de Laponie.

Debout les morts… numériques !

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Jean-Dominique Séval 25/04/2018


Une femme en pull chiné regarde un écran d'ordinateur

Après la fin de la civilisation de l’écrit, la fin de l’école de masse et la fin du respect de la vie privée, voici le quatrième volet de la série sur les « parenthèses refermées » par la révolution numérique. Jean-Dominique Séval, directeur général adjoint de l’IDATE Digiworld, think tank européen spécialisé dans l'économie numérique, explore cette fois la fin de l'acceptation de la mort... Avec les nouvelles technologies, notre rapport à celle-ci est bouleversé : alors que nos données, mises en ligne tout au long de notre vie, nous survivent, nous devons inventer une nouvelle manière de cohabiter avec nos défunts.
Y-a-t-il une vie après la mort ? Bien sûr que oui, c’est même une évidence. Depuis l’aube de l’humanité, il est clair que d’une manière ou d’une autre, la vie d’un être humain ne s’éteint pas avec un cœur qui aurait cessé de battre. De la résurrection des corps à la survivance d’âmes immatérielles en passant par les souvenirs des défunts portés par les vivants, les représentations de la « vie d’après » forment un continuum de croyances qui, sans doute, aident à vivre ici-bas. La fragilité des vies humaines, qui ne laissaient que peu de survivants au-delà de quarante ans jusqu’à début du XXe siècle, y est sans doute pour beaucoup…
Après plus de deux millénaires de remises en causes et d’audaces pré-athéistes, la « mort de Dieu », signature d’un XIXe siècle finissant, est allée de pair avec une acceptation de la mort comme fin définitive, sans espoir de retour… aidée par un allongement continu de la durée de vie jusqu’à aujourd’hui. La vie après la mort était en passe de rejoindre, du moins en Occident, le grand catalogue des histoires que se racontaient nos ancêtres.    

Allonnes : l'hôpital psychiatrique privé de médicaments

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Par Yann Ledos    27/04/2018

Depuis le premier janvier, l'Agence régionale de santé ne règle plus les factures de médicament de l'établissement psychiatrique d'Allonnes. / © Luc Nobout / IP3
Depuis le premier janvier, l'Agence régionale 
de santé ne règle plus les factures de 
médicament de l'établissement psychiatrique 
d'Allonnes. / © Luc Nob

La guerre ouverte entre l'hôpital du Mans et l'hôpital psychiatrique d'Allonnes se poursuit. Dernier épisode en date, l'ARS, l'Agence régionale de santé, refuse d'honorer les factures de médicament de l'établissement spécialisé. La commission médicale d'Allonnes s'insurge dans un communiqué.

Au départ du pugilat entre les deux principaux établissements de santé de la Sarthe, il y a la réforme du système hospitalier.

En effet, l’article 27 de la Loi de santé, voulue par Marisol Touraine, rend obligatoire la création de Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) en remplacement des Communautés Hospitalières de Territoire (CHT), jusqu’alors facultatives. Dans ce cadre, les deux structures auraient dû "fusionner" au 1er juillet 2016, date de mise en place de la réforme.


Duo Day, changement de regard ou opération de com sur le handicap ?

Par Inès El Kaladi — 

Sophie Cluzel et Edouard Philippe, le 6 avril.
Sophie Cluzel et Edouard Philippe, le 6 avril. Photo Philippe Lopez. AFP

Portée par la secrétaire d'Etat aux handicapés, l'opération nationale de ce jeudi a été étrillée par certains militants.

Musique entraînante, format carré et montage efficace : c’est dans une vidéo et à grand renfort de hashtags et d’émojis que la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, a présenté le Duo Day. Importée en France par des Esat (établissements ou services médico-sociaux accueillant des travailleurs handicapés), l’initiative consiste à créer des binômes entre personnes valides et handicapées afin de «construire des ponts» entre elles. Pour la première fois cette année, elle a été déployée à l’échelle nationale par le gouvernement.

Coup de projecteur sur l’art brut

LA DIAGONALE DE L’ART

 

Le film Eternity Has No Door Of Escape réussit le tour de force de parcourir tout le spectre de l’art brut en remontant à sa préhistoire, et en témoignant de sa capacité à irriguer le champ de l’art contemporain.

Si l’art brut, aujourd’hui, est parfaitement intégré à la scène contemporaine, avec une reconnaissance institutionnelle et médiatique très éloignée de l’esprit de sa « découverte » par Jean Dubuffet au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il n’avait pas encore fait l’objet d’un film à la hauteur de sa singularité esthétique et métaphysique. Seul le documentaire Rouge ciel, réalisé par le collectionneur Bruno Decharme en 2009, proposait une fresque inspirée, en forme d’un brassage d’archives et de témoignages clés, de Dubuffet à Thévoz. Le mérite d’Arthur Borgnis, en filmant Eternity Has No Door Of Escapeest d’avoir réussi le tour de force de parcourir tout le spectre de cette création, bien au-delà du seul pré carré auquel l’avait attaché Dubuffet, en remontant à la préhistoire de l’art brut, et surtout à son incroyable capacité actuelle d’irriguer le champ de l’art contemporain.


À Mayenne. Des patients de psychiatrie sur la scène d'Un Singe en été

26/04/2018


Marionnettes et objets seront au cœur du spectacle présenté par les patients du pôle santé mentale en ouverture d’Un Singe en été, dans le cadre du dispositif culture et santé.
Marionnettes et objets seront au cœur du spectacle présenté par les patients du pôle santé mentale en ouverture d’Un Singe en été, dans le cadre du dispositif culture et santé. | Ouest-France

Des patients du pôle santé mentale de l'hôpital de Mayenne présenteront un spectacle de théâtre d'objets vendredi 22 juin 2018, en ouverture du festival Un Singe en été. Cette action est menée par plusieurs acteurs culturels, coordonnés par le centre culturel le Kiosque.

Avec assurance, Marie-Françoise s’approche d’un tourne-disque et le met en marche. Elle commence à danser, à chantonner sur un air d’Alain Souchon. De l’autre côté de la scène, une marionnette, manipulée par deux autres comédiens, s’avance pour la rejoindre. Au sol, une série d’objets – un dinosaure, une chaussure d’enfant – rappellent le thème du spectacle : le passage du temps. Ensemble, Marie-Françoise et la poupée esquissent quelques pas, main dans la main, puis sortent de la scène sous les applaudissements.


Première greffe de pénis et de scrotum (sans testicules) réussie sur un blessé de guerre américain

Dr Lydia Archimède
| 24.04.2018





greffe penis
« Nous sommes optimistes quant aux résultats de cette greffe qui devrait permettre à cet homme jeune de recouvrer des fonctions urinaires et sexuelles quasi normales », a déclaré le Pr Andrew Lee, directeur du département de chirurgie plastique et reconstructrice à l'école de médecine de l'université Johns Hopkins.

Jacques Van Rillaer : De Freud et Lacan aux TCC

  • 28 AVR. 2018
  •  
  • PAR 
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    Brève présentation de ma carrière de psychologue, dont le fait le plus marquant est le passage de la psychanalyse aux TCC. Les motifs de cette réorientation sont ici expliqués. Le texte reprend en partie mon chapitre “Gérer des hasards qui nous conditionnent” dans "Les psys se confient", ouvrage coordonné par Chr. André (Odile Jacob, 2015, p. 329-341).

    À la fin des humanités, en 1962, j’avais le projet de devenir prêtre et d’entrer dans l’Ordre des Dominicains. Mes parents m’ayant supplié de différer cet engagement d’au moins un an, j’ai choisi les études qui semblaient les plus utiles pour "aider mon prochain" : la psychologie. Deux ouvrages m’avaient amené à cette conviction : La guérison par l’esprit de Stéphane Zweig, un ami fidèle de Freud, et Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne du psychanalyste Pierre Daco.
    Divers événements — dont un des plus importants fut des lectures sur l’Inquisition — provoquèrent ma réorientation : je décidai de devenir psychothérapeute plutôt que Frère prêcheur. À l’époque, qui pensait psychothérapie pensait psychanalyse. Dès ma deuxième année d’études à l’université de Louvain, je me suis adressé à la Société belge de psychanalyse (affiliée à l’Association psychanalytique internationale) pour entamer une analyse didactique. La présidente m’a répondu que je devais d’abord être licencié en psychologie. L’année suivante, j’apprenais qu’un de mes professeurs, Jacques Schotte, allait fonder l’École belge de psychanalyse, qui se rattacherait à l’École freudienne de Paris, créée par Jacques Lacan en 1964. Dans l’École lacanienne, les règlements étaient moins «obsessionnels» [1] que chez les «annafreudiens». La porte était grande ouverte aux étudiants en psychologie, aux philosophes, aux théologiens et alii. Je pus commencer une analyse didactique dès ma troisième année de psychologie, chez Winfried Huber, qui avait effectué la sienne à Paris chez Juliette Favez-Boutonnier. J’ignorais la véritable raison de la création de l’École lacanienne : la décision de l’Association internationale de ne plus valider les didactiques effectuées chez Lacan, à cause de son obstination à pratiquer des séances courtes et ultra-courtes de didactique, en dépit de plusieurs rappels à l’ordre durant plus de dix ans [2].
    lacan-lv-schotte
    Lacan et Schotte lors de la conférence de Lacan à l'université de Louvain en 1972

jeudi 26 avril 2018

Mai 68 au cinéma

Grands soirs et petits matins 

de William Klein

mai 68 au cinéma
Une passionnante chronique de mai 68.
Mai 68. Les symboles de l'autorité sont contestés par des millions de grévistes et d'étudiants.

William Klein filme au jour le jour assemblées, débats improvisés, manifestations, barricades, bagarres de rues, palabres, utopie en marche, espoirs, résignations, malentendus.

Filmé en noir et blanc, caméra au poing, c'est le docment le plus précieux, le plus juste et le plus troublant sur la grande rébellion française du XXème siècle.

Ludivine Bantigny vous présente "1968 : de grands soirs en petits matins"

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Voir la vidéo ...

mercredi 25 avril 2018

Remboursement des consultations chez le psychologue : le « oui, mais » des professionnels

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L’Assurance maladie expérimente, dans quatre départements, un système de prise en charge totale de consultations chez un psychologue pour les personnes souffrant de troubles en santé mentale légers à modérés. Mais les psychologues auraient aimé être plus consultés dans la mise en oeuvre du projet. 

Des consultations chez le psychologue remboursées par l’Assurance maladie ? Cette idée, défendue depuis de nombreuses années par les professionnels du secteur, est expérimentée depuis février dernier dans le Morbihan. Elle doit s’étendre, en mai prochain, aux Bouches-du-Rhône et à la Haute-Garonne puis, à l’automne, aux Landes, pour une période de quatre ans.


Drogue et sureffectif de patients : le cocktail explosif de l'hôpital psychiatrique Marchant

25/04/2018

Environ 70 employés ont manifesté. / Photo DDM, G.R.Environ 70 employés ont manifesté. / Photo DDM, G.R.

De la drogue qui circule librement, des boîtiers censés assurer leur sécurité qui ne fonctionnent plus : les personnels de l’hôpital Marchant n’en peuvent plus. Ils ont manifesté mercredi, devant l’établissement, à l’appel de la CGT et de Sud.

Dans le même temps, se tenait un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail exceptionnel, où les salariés ont pris la parole pendant une heure pour exprimer ce qu’ils vivaient, avant que les syndicats représentatifs n’expriment leurs revendications devant la direction.


« Les infirmiers en pratique avancée ne prendront la place de personne », clament des médecins enthousiaste

Sophie Martos
| 25.04.2018



INFIRMIERE
Crédit Photo : S. Toubon

Dans une tribune publiée le 23 avril par le « Figaro », plusieurs syndicats de carabins (ANEMF), d'internes (ISNI, ISNAR-IMG), de médecins généralistes remplaçants (ReAGJIR) et salariés (USMCS), d'étudiants infirmiers (FNESI) et de paramédicaux libéraux en exercice (SNIIL) prennent la défense des infirmiers en pratique avancée (IPA), nouveau métier en plein boom qui fait de plus en plus réagir le monde de la santé, notamment les médecins généralistes. Les représentants des maisons (FFMPS), des centres (FNCS) de santé et des patients (Fédération française des diabétiques) sont également signataires du texte intituté : « Les infirmiers dits de pratique avancée seront-ils le nouveau visage de notre système de santé ? ».

Alzheimer, une épreuve familiale

« Le Monde » publie des extraits de « La tête qui tourne et la parole qui s’en va », dans lequel Béatrice Gurrey, grand reporter au quotidien, raconte le bouleversement qu’a été la découverte d’Alzheimer chez ses parents.

LE MONDE  | Par 

Grand reporter au « Monde », Béatrice Gurrey témoigne du bouleversement qu’a constitué la découverte de la maladie Alzheimer chez ses deux parents. Des premiers troubles à la quête d’un établissement adapté, elle livre, dans « La tête qui tourne et la parole qui s’en va », le récit d’un drame qui désarme les proches de centaines de milliers de malades. Parution le 26 avril 2018.


Bonnes feuilles. Septembre 2014. Dans la salle d’attente du docteur L., le généraliste de mes parents à Aix-en-Provence, mon père regarde fixement une photo de gratte-ciel, à New York. Il murmure, pour lui-même, de sa voix cassée : « Il y avait des crocs de boucher. Des carcasses qui pendaient partout. » Dans la chambre froide il y a soixante-dix ans ? Dans la ferme de ses grands-parents ? Je ne pose pas de question.

Pour rien au monde il n’aurait voulu devenir boucher. Mais il aimait acheter la viande. Le client qui ne s’en laisse pas conter, qui veut de la joue de bœuf, de la bavette, de l’araignée et taille le bout de gras avec le commerçant, en connaisseur. Du bon côté du comptoir réfrigéré.

L’heure est venue où il ne peut plus faire semblant. Paraître. Etre cet homme élégant qui a habité un grand appartement dans le 7e arrondissement de Paris, qui chassait en Irlande, en Sologne et roulait en belles caisses. Ce monstre de volonté, déjà père et étudiant le soir aux Arts et Métiers. Cet Alsacien entêté, obsédé par la réussite, que la vague des « trente glorieuses » a déposée à ses pieds. Ce beau gars que les femmes regardaient.

Le Dr L. procède au mini mental state examination, constitué d’une batterie de questions simples. Nous sommes cinq : le médecin, mes parents, mon mari et moi. Pierre commence.
« En quelle année sommes-nous ?
— En 1991.
— En quelle saison ?
— Une saison de chasse.
— Quel mois ?
— Août. »