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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 22 décembre 2011

Chongoroi
Hôpital de Chongoroi en quête de 100 travailleurs 

Chongoroi (Angola) - L’hôpital municipal de Chongoroi,dans la province de Benguela, dans le littoral-ouest angolais, est en quête d’environ 100 cadres, pour divers secteurs de l’institution, a déclaré lundi, le directeur de service Infirmier, Joaquim Cipriano.

Selon lui, les 120 travailleurs affectés dans cet établissement médical sont insuffisants pour répondre à la demande de la population, soulignant qu'en outre, le manque du personnel de la Pharmacie, d’Hygiène hospitalière et de médecins spécialistes comme priorités.

Le nombre du personnel sollicité résoudra le problème, a poursuivi JoaquimCipriano, car l’hôpital de Chongoroi reçoit non seulement les malades de la municipalité, mais aussi ceux de provinces voisins notamment de Huila et de Namibe.

Les gènes de l’intelligence remis en question

Avec l'explosion des analyses génétiques, de nombreux travaux ont associé des variations dans plusieurs gènes impliqués dans le fonctionnement du cerveau avec le niveau d'intelligence. Prochainement publiée par la revue Psychological Science,une étude internationale revient sur ces "gènes de l'intelligence" : elle a essayé de retrouver leur lien avec le QI en utilisant trois jeux de données indépendants qui totalisent presque 10 000 personnes. En bref, ces chercheurs ont suivi le traditionnel et indispensable chemin de la science : répliquer l'expérience pour voir si l'on aboutit au même résultat.
Pour schématiser, ce genre d'études fonctionne de la manière suivante. On relève certaines variations génétiques dans une population et on regarde si elles ont un impact statistiquement significatif sur les capacités cognitives générales (CCG) des participants, mesurées par différents tests. Il s'agit sans doute d'une définition très restrictive de l'intelligence, mais c'est celle sur laquelle ces chercheurs se sont mis d'accord depuis longtemps.
Les auteurs de l'article à paraître dans Psychological Science se sont concentrés sur 12 variations génétiques et les ont donc traquées dans trois échantillons de populations pour laquelle il existait également une évaluation chiffrée précise de ces CCG. Ils ont tout d'abord travaillé sur les données d'une étude longitudinale dans le Wisconsin qui a suivi des milliers de personnes depuis 1957. Au total, les chercheurs disposaient des données sur ces 12 variations pour 5 571 personnes. Résultat : aucune corrélation significative avec le QI et ce pour toutes les variations ! Le deuxième échantillon comptait un peu moins de monde (1 759 personnes) et était extrait de la Framingham Heart Study, une étude célèbre qui surveille depuis 1948 la santé de milliers d'habitants de la ville de Framingham, dans le Massachusetts, censée être représentative de la population américaine. L'objectif premier consiste à s'intéresser aux maladies cardio-vasculaires et à leurs causes, mais des prélèvements à des fins génétiques ont également été effectués. Sur les 12 variations retenues, 10 étaient documentées et 1 seule s'est avérée liée à une augmentation statistiquement significative des capacités cognitives. Pour le troisième et dernier échantillon, l'étude est allée chercher des données en dehors des Etats-Unis en choisissant de piocher des informations dans le registre des jumeaux suédois. Là encore n'étaient disponibles que 10 des 12 variations génétiques. Résultat : aucune corrélation avec les CCG pour aucune d'entre elles. Le seul gène s'approchant d'un résultat significatif était le même que pour l'échantillon de Framingham mais... la corrélation avec l'intelligence marchait dans l'autre sens, dans le sens d'un QI plus bas !
Comme le disent très bien les auteurs de cette étude dans leur conclusion,"le contraste entre le résultat attendu de la littérature et le résultat que nous avons effectivement obtenu dans notre enquête est frappant". Sur 32 vérifications, 31 ont échoué et la seule variation génétique qui ait réussi à franchir l'obstacle n'a pu le faire que sur un seul des trois tests... Autant dire que les expériences qui ont permis, à une certaine époque, d'affirmer que les 12 variations génétiques en question étaient significativement liées à une amélioration du QI étaient toutes des "faux positifs". Comme le suggère l'article, ces résultats erronés sont très probablement dus au fait que "les études originales que nous avons cherché à répliquer ne disposaient pas d'échantillons de taille suffisante".
Il ne faut pas en conclure pour autant que rien, dans les capacités cognitives, ne se transmet de manière génétique. En compilant et analysant des centaines de milliers de données, les auteurs de cette étude confirment que les variations génétiques sont responsables de près de la moitié des variations de QI entre individus, un chiffre déjà avancé par un article paru dans Molecular Psychiatry en octobre. Mais contrairement à ce que l'on constate dans certaines maladies génétiques comme la myopathie de Duchenne, l’hémophilie ou la mucoviscidose, il ne faut pas chercher l'action d'un gène unique. Tout comme dans le cas de la taille d'un individu pour laquelle intervient tout un cocktail de gènes, la part génétique de l'intelligence est le produit de nombreux facteurs, chacun intervenant probablement de manière modeste en parallèle avec l'éducation, l'affection et l'attention des proches, le milieu socio-culturel, etc.
"A l'époque où la plupart des résultats que nous avons essayé de répliquer ont été obtenus, lit-on dans la conclusion de cette instructive étude, les travaux sur des gènes candidats à l'explication de traits complexes étaient courants dans la recherche génétique. De telles études sont désormais rarement publiées dans les revues importantes. Nos résultats ajoutent le QI à la liste des caractères qui doivent être approchés avec une grande prudence dès lors qu'il s'agit d'évaluer des associations génétiques. (...) Les associations de gènes candidats avec des traits étudiés par la psychologie ou d'autres sciences sociales doivent être considérées comme des tentatives tant qu'elles n'ont pas été répliquées dans plusieurs grands échantillons. (...) La dissémination de faux résultats en direction du public risque de créer une perception incorrecte de l'état des connaissances dans le domaine, spécialement pour ce qui est de l'existence des gènes "de quelque chose"." Par conséquent, quand certains journaux (scientifiques ou pas) titreront sur le gène de l'infidélité (très élégamment baptisé "gène de la salope" par Fox News), sur celui dela prise de risques financiers ou sur celui de la délinquance violente, méfiez-vous un peu...
Pierre Barthélémy

Jean Maisondieu : "Il faut que la pyschiatrie soit mieux intégrée aux politiques de lutte contre l'exclusion"

Le psychiatre Jean MaisondieuMercredi 14 décembre, pour la troisième conférence des « Bruits de la Rue », lieu d'échanges et groupe de réflexion pluridisciplinaire attaché à mieux comprendre ce qu'est, aujourd'hui, la précarité sous toutes ses formes, l'invité était le psychiatre Jean Maisondieu. Il a a rappelé combien il est urgent, en cette période de crise économique, de décloisonner la façon de penser le social. Notamment, en commençant par cesser de réduire la psychiatrie au simple traitement des maladies mentales. Il a accepté de répondre aux questions d'Aqui!fr à l'issue de sa conférence très applaudie à l'amphithéâtre Léon Duguit de l'université de Bordeaux IV.

Aqui! : Qu'est-ce que l'autruicide, qui est au coeur de vos analyses de l'exclusion ?
Jean Dieumaison : Au sens propre, cela signifie l'assassinat d'autrui. Au sens figuré, c'est une capacité à tuer l'autre symboliquement. Cela se traduit par un manque de considération, dont souffre une personne, qui est atteint dans sa dignité, par le regard que porte les autres sur elle, mais aussi par le regard qu'elle porte sur elle-même. Dans un contexte de déni de fraternité (inconscient ?), notre aptitude intra-individuelle à l'individualisation passe par la tentative de nous désaliéner de l'autre semblable. Pour se débarrasser de l'autre dont la présence indispose, il n'est pas nécessaire de le tuer : il suffit de nier son humanité en ne le reconnaissant pas comme son semblable. Meurtre sans cadavre, l'autruicide est particulièrement difficile à appréhender. La dérive autruicidaire guette pourtant notre société, jusque dans la relation médecin-malade.Cela provient aussi de l'idéologie actuelle du travail qui nous dit : "je ne vaux pas pour ce que je suis, mais pour ce que je produis". 
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Le Point - Publié le 15/12/2011 à 01:51

Affaire Agnès. Un magistrat peut-il anticiper le risque de récidive ?

CLAUDE ASKOLOVITCH

Avoir un gosse devant soi, deviner son destin tragique et admettre qu'on n'y pourra rien, tout juge que l'on est."Je sais qu'un jour il sera jugé pour meurtre ou pour viol", assure Sabine Orsel, responsable de l'Union syndicale des magistrats (USM), quand elle se souvient de Clément, connu dans un ancien poste de juge des enfants. Un gosse marqué, suivi dès l'âge de 3 ans, placé. Violences, vols, incarcération, centres éducatifs fermés - Clément a tout fait, jusqu'à frôler le pire avant 15 ans."Enfermé, il détruisait les sanitaires, les autres internés finissaient par le détester parce qu'on leur coupait l'eau ; on l'a placé dans un centre d'une réputation impeccable ; après dix jours, il est entré dans la chambre d'une fille, a commencé à la déshabiller de force. Si personne n'était intervenu, il la violait."
Pourquoi parler de Clément quand la France aujourd'hui n'a peur que de Mathieu, cet ado de 17 ans, violeur et meurtrier présumé d'Agnès, 13 ans, au Chambon-sur-Lignon ? Parce que les drames ne sont pas seulement imprévisibles. Mathieu, violeur présumé en attente de procès pour une agression antérieure, pourtant placé dans un lycée-collège mixte, illustrerait, selon le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, les "dysfonctionnements" d'un système promis à la réforme sans fin. En réalité, un fonctionnement normal ne garantit rien. Il y a à Nîmes un juge d'instruction et un expert psychiatre qui ont estimé Mathieu réinsérable. Contrairement à Clément le prédestiné, Mathieu était entouré d'une famille concernée. Le jeune homme était suivi. La récidive, en matière de viol, est ultraminoritaire. Rien n'était écrit mais le pire est arrivé."Nostradamus n'existe pas", dit Gérard Rossinelli, vice-président du syndicat des psychiatres hospitaliers. Il expose la nuance entre la fragilité psychiatrique d'un individu, décelable par un praticien, et sa dangerosité criminelle : "Là, nous ne savons pas l'appréhender. Un simple entretien individuel avec un criminel présumé ne permet certainement pas de poser des prédictions !" Cette incertitude accompagne tous ceux qui font écran entre la société et ceux qui la menacent.
Dérapage. Ils sont juge des enfants, juge d'instruction, juge des libertés et de la détention, juge d'application des peines. Ils ont la clé d'une liberté pour des individus potentiellement dangereux, pas encore jugés ou déjà condamnés. Ils peuvent se nourrir ou se couvrir d'un avis d'expert. Ils sont aussi tenus par la loi. Le principe général fait prévaloir la liberté sur la détention."Il faut deux juges pour mettre quelqu'un en détention - un juge d'instruction et un juge des libertés et de la détention, par exemple -, mais un seul pour libérer quelqu'un", dit Mathieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature. La justice des mineurs pense réinsertion : il était important que Mathieu reprenne une scolarité ! Les détentions sont limitées dans le temps, et chacun fait ce qu'il peut."Clément va revenir chez lui bientôt, avec deux petites soeurs qu'il peut mettre en danger, dit Sabine Orsel.Les psychiatres se sont refusés à le déclarer malade, pour ne pas se charger de lui."
Conclusion ? Les juges gèrent contraintes et contradictions. On vit avec l'inquiétude de mal faire."Mettre quelqu'un sous mandat de dépôt ou l'en faire sortir, c'est un choix qui vous ronge", confie Bonduelle. Lui, juge d'instruction, se souvient d'une affaire qui l'accompagnait jour et nuit. Des jeunes gens, accusés de viols et d'actes de barbarie, incarcérés avant leur procès."Certains menaçaient de se suicider en prison, tentaient des passages à l'acte. Et, en même temps, la gravité des faits, leurs antécédents justifiaient leur détention." Bonduelle a tenu sa position. Il aurait pu avoir tort. Cela ne signifie rien. La justice n'est pas une science exacte. Elle reflète aussi les inégalités sociales."J'ai déjà laissé des violeurs avérés en liberté avant leur procès - où ils ont été condamnés, se souvient Sabine Orsel.Des fils de notables ayant dérapé dans une soirée arrosée. Ils étaient devenus étudiants, ils avaient conscience de leur acte, le risque de récidive n'existait pas."
Les magistrats se plaignent de leur solitude au moment de la décision. Mais la collégialité, réclamée par les syndicats, ne supprimera pas la malchance."Je sais juger des faits passés, affirme Henri Ody, vétéran du siège, délégué de l'USM à Caen.Mais je ne sais pas prédire l'avenir d'un individu." C'est pourtant la demande - contradictoire - de la société et du politique : stigmatisée pour sa cruauté à Outreau, la justice est soupçonnée d'imprévoyance au Chambon-sur-Lignon. Savoir, prévoir. Punir par anticipation. Ne pas se tromper. Michel Mercier, ministre de la Justice, veut "améliorer l'étude de la dangerosité d'un individu". Un débat de fond : contre la psychiatrie française, réputée intuitive et empirique, certains réclament un aggiornamento anglo-saxon ; la méthode "actuarielle", faite de statistiques qui détermineraient le potentiel explosif d'un individu."Je refuse le scientisme bêta, dit le psy et criminologue Roland Coutanceau.Mais l'aveu d'impuissance est aussi insatisfaisant. En délinquance sexuelle, il y a des facteurs dans un premier passage à l'acte qui méritent que la société et la justice soient prudentes pour la suite - s'il y a eu séquestration ou usage d'une arme, par exemple. N'en faisons pas une norme, mais gardons-le à l'esprit."
Tout-répressif. La tentation de la norme existe pourtant. L'affaire du Chambon, c'est une première, est venue effacer des clivages idéologiques. L'opinion politique est allée un cran plus loin vers le tout-répressif. Des responsables socialistes ont réagi aussi vite que la droite sarkozyste, et dans des termes comparables. Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, a réclamé des centres d'éducation fermés pour des mineurs "dans la situation" de Mathieu : précisément ce que veut François Fillon. La gauche lorgne sur le modèle canadien et son fichier national de délinquants sexuels. C'est oublier que Mathieu, quand il a entraîné Agnès dans la forêt du Chambon-sur-Lignon, n'avait pas encore été jugé, restait un innocent judiciaire et n'aurait pu être inscrit sur aucun fichier.

Un fait divers = une loi

Lorsqu'un fait divers fait irruption dans l'actualité, les gouvernements - surtout de droite - ont le réflexe d'annoncer une réforme censée éviter qu'une telle horreur ne se reproduise. Ce fut le cas à la suite des affaires Guy Georges, Bodein, Fourniret, du pédophile Francis Evrard, de l'assassinat de la joggeuse Nelly Crémel, d'Anne-Lorraine Schmitt dans le RER ou de Laetitia Perrais en 2011. En sept ans, cinq lois sur les criminels sexuels ont été adoptées. Trois mesures ont ainsi été décidées après le meurtre d'Agnès. Une modification des procédures d'évaluation de la " dangerosité " des " criminels violents ". Les chefs d'établissement devront être informés des faits reprochés à un élève au moment de l'inscription. Dans l'attente du jugement d'un mineur, le ministère public préconisera son placement en centre d'éducation fermé.


De la variabilité du diagnostic en psychiatrie

Ses auteurs observent en effet une évolution des diagnostics dans le temps. Au départ, ladistribution des diagnostics était la suivante :L’un des reproches souvent faits aux psychiatres concerne la (prétendue ?) labilité de leurs diagnostics. On dit ainsi que l’OMS aurait constaté, dans une étude ancienne, la variabilité importante des pathologies avancées, chez des patients réexaminés par des professionnels différents. Réelle ou fantasmée, une telle subjectivité des psychiatres dans l’énoncé d’un diagnostic a alimenté le rejet des « étiquettes » nosographiques par les adeptes du mouvement antipsychiatrique. Comme le souligne l’éditorialiste de The American Journal of Psychiatry, les « efforts pour améliorer la validité des diagnostics psychiatriques » doivent donc faire l’objet d’une attention constante. Mais l’évaluation de la stabilité des diagnostics est une démarche rarement entreprise, en raison notamment des difficultés logistiques (nécessité d’un « groupe stable d’investigateurs sur une longue période »). William Coryell  commente les constatations d’une étude prospective[1] de ce type examinant la stabilité des diagnostics au long d’un suivi de dix ans, chez 470 sujets vus à l’origine pour des « troubles psychotiques » (psychotic disorders).
29,6 % de troubles schizophréniques ou apparentés ;
21,1 % de troubles bipolaires avec caractéristiques psychotiques ;
17 % de dépression sévère avec caractéristiques psychotiques ;
2,4 % de psychose induite par une drogue, le solde étant étiqueté « autres psychoses ».

Mais dix ans après, la distribution de ces diagnostics a évolué : près de la moitié des patients (49,8 %, soit 20 % de plus) sont alors considérés comme schizophrènes ; le nombre de diagnostics de troubles bipolaires a augmenté dans une moindre mesure (24 %, soit 3 % de plus) ; celui des dépressions sévères avec caractéristiques psychotiques a baissé (à 11,1 %), et celui de psychose induite par une substance s’est au contraire accru (ayant presque triplé pour atteindre 7 %). Globalement, une modification du diagnostic a concerné « à un moment ou à un autre » plus de la moitié des patients (50,7 %). Si « la plupart des diagnostics » initiaux de schizophrénie ou de troubles bipolaires (respectivement 89,2 % et 77,8 %) sont conservés à 10 ans avec « une stabilité remarquable », on constate que la « reconnaissance » d’une schizophrénie intéresse, une décennie plus tard, un tiers supplémentaire de patients (+32 %). Ces décalages diagnostiques reflètent des modifications perçues cliniquement. En particulier, 15 % des sujets considérés au départ comme « bipolaires » sont étiquetés ensuite « schizophrènes », en général du fait de l’augmentation de la symptomatologie négative et d’une pauvreté de leur socialisation. L’auteur de l’éditorial remarque aussi que les symptômes d’hypomanie et les antécédents familiaux de troubles bipolaires peuvent aider à reconnaître plus tôt les sujets bipolaires. En définitive, comme le risque de « mauvais diagnostic » (risk of being misclassified) à un stade précoce de la maladie est réel, « y compris plus de deux ans après la première hospitalisation », les auteurs de l’étude citée, Bromet et al., conseillent de « réévaluer le diagnostic à chaque moment du suivi. »
[1] Evelyn J. Bromet & al. : « Diagnostic shifts during the decade following first admission for psychosis » Am J. Psychiatry 2011; 168-11: 1186–1194.


Dr Alain Cohen

William Coryell : Diagnostic instability : how much is too much ? Am J Psychiatry, 2011; 168-11: 1136–1138

Freud, Wittgenstein, Lacan ; la sublimation en acte

Théâtre de l’action
Le travail de Wittgenstein est un lieu de rencontre privilégié avec la psychanalyse de Freud et Lacan. En effet, à partir de 1919 il critique Freud sur la base d’une lecture somme toute assez restreinte (L’interprétation des rêves (1900), Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient (1905)) et Lacan, héritier auto désigné de Freud, commente Wittgenstein à partir du Tractatus logico-philosophicus. Ici, la philosophie et la psychanalyse s’observent et s’interpellent. Si Freud, Wittgenstein et Lacan ne se sont pas rencontrés, ils sont en dialogue à travers le thème de la sublimation. Nous retiendrons les diverses acceptions de ce concept : déplacement libidinal, solution au refoulement de pulsions, symptôme d’une dénégation (Freud, 1910, pp.63, 79, 114)[1], transgression du principe de réalité, dérivation perverse, symptôme de l’amour courtois (Lacan, 1986), mise en retrait, évitement d’exigences intenables, transpositions dans le champ de l’esthétique (Wittgenstein, 1966). Pour Freud et Lacan, ce concept central non défini dans la Métapsychologie (Freud, 1915), nourrit la théorie de l’inconscient, se nourrit de lui et évolue d’une façon notable. De son côté Wittgenstein en fait l’expérience dans sa pratique philosophique sans le conceptualiser. Cette dernière sublimation que nous dirons « philosophique » se rapproche de la sublimation quasi physico-chimique des sentiments dont parlait déjà Nietzsche dans Humain, trop humain. En effet, pour lui, dans chaque sentiment humain se trouve un reste sublimé du sentiment opposé :
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VENDREDI 2 DÉCEMBRE 2011


Analytique de la chair

Guy-Félix Duportail
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Novembre 2011 – Cerf – “Passages”
Mon corps est-il un objet parmi d'autres dans l'espace ou bien crée-t-il l'étendue qu'il perçoit jusqu'à l'écho des étoiles ? À quelle spatialité suis-je assujetti pour être relié « de l'intérieur » au monde et aux autres corps qui m'entourent ? Les dimensions de l'espace sont-elles des coordonnées de la matière morte ou sont-elles des variations modales de mon esprit ? C'est à la découverte de la spatialité du corps vivant que nous invite Guy-Félix Duportail dans son « Analytique de la chair ».
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Investissements d'avenir : candidature de Lyon pour un institut hospitalo-universitaire (IHU) dédié au cerveau et à la santé mentale (CESAME)

En Europe, 1 personne sur 3 est frappée d'une pathologie en lien direct ou indirect avec le cerveau.

Le projet Lyonnais d'institut hospitalo-universitaire (IHU) CESAME se propose de répondre à ce défi. Candidat au programme « Investissements d'avenir » (Grand Emprunt), il revendique un rapprochement entre les connaissances du cerveau, les maladies cérébrales et les activités mentales opérant ainsi une réelle ouverture des neurosciences à la santé mentale et à la société. Le projet s'appuie sur des compétences internationalement reconnues et diversifiées.

Largement soutenu par les mondes académique, hospitalier et industriel, le projet CESAME dispose de tous les atouts pour la création d'un pôle d'excellence hospitalo-universitaire apte à développer des thérapies innovantes rapidement transférables vers la pratique médicale. Il fédère d'ores-et-déjà un tissu industriel désireux de s'associer à sa démarche de valorisation économique. Son budget s'élève à 248 MEuros.

Le leitmotiv de CESAME : « Un cerveau pour la vie »

« C'est la première fois qu'un centre dédié aux liens entre cerveau et santé mentale va réunir maladies neurologiques et maladies psychiatriques sous une même bannière», affirme François Mauguière, Directeur de la Fondation Neurodis et porteur du projet CESAME.

Le nouvel IHU Cerveau et Santé Mentale appréhende en effet le cerveau dans ses quatre dimensions et en tant qu'organe unique :

   * « plastique » en constante évolution au cours de son développement et des apprentissages,
   * « opérationnel » pour percevoir, agir, se souvenir, décider,
   * « émotionnel » pour s'ouvrir à l'autre et s'épanouir,
   * « social » pour comprendre la société, s'y adapter et contribuer à son évolution... pour toute la vie.

L'Institut CESAME déclinera ainsi 4 axes thématiques :

   * développement neural, dégénérescence et réparation cérébrale,
   * dysfonctionnement des réseaux neuronaux et remédiation,
   * neuro-protection, réadaptation et interfaces cerveau-machine,
   * psychopathologies, troubles cognitifs, santé mentale et société.

Porté par le Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur Université de Lyon et initié au sein de la Fondation Neurodis, le projet d'institut hospitalo-universitaire CESAME a été déposé le 5 novembre 2010 auprès de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR).

Caractérisé par son originalité et l'unanimité qu'il a rapidement faite parmi tous ses partenaires (industrie, collectivités locales, structures à vocation sociale ou économique), CESAME s'appuie sur une masse critique forte, doublée d'une grande diversité de compétences dans le domaine

   * de la neurologie,
   * de la psychiatrie,
   * des neurosciences et
   * des sciences humaines et sociales.

Il associe les 3 universités lyonnaises.

Son siège sera établi sur le Neurocampus Lyon Santé Est, au coeur d'un périmètre de 100 hectares qui rassemble toute l'excellence de la recherche, des soins et de l'enseignement. En effet, ce lieu compte déjà :

   * le premier Hôpital Universitaire européen consacré à la neurologie et la neurochirurgie,
   * le Centre Hospitalier Psychiatrique Le Vinatier,
   * la plate-forme d'imagerie multimodale CERMEP,
   * des plates-formes technologiques, ainsi que
   * l'ensemble des structures de recherche en neurosciences de Lyon.

Un CESAME mérité pour Lyon


La valeur du dossier de candidature et la différenciation de Lyon reposent sur :

   * le positionnement historique en matière de neurosciences et l'expertise scientifique de 34 équipes de recherche d'excellence impliquées,
   * l'engagement de plus de 30 partenaires industriels de la pharmacie, de l'imagerie et des technologies médicales mais aussi de la simulation, des jeux, de la robotique, et de l'ingénierie cognitive, ainsi que le soutien des Pôles de compétitivité Lyonbiopôle et Imaginove, et de l'Alliance pour la Recherche et l'Innovation dans les Industries de Santé (ARIIS),
   * la synergie avec les recherches et actions en sciences humaines et sociales.

Largement ouvert sur le monde extérieur, et en adéquation avec les politiques nationale et européenne de recherche, l'IHU CESAME, qui prône le rapprochement entre connaissances du cerveau, maladies cérébrales et activités mentales, pourrait se concrétiser en une réponse originale à des enjeux stratégiques.

Le budget s'élève à 248 MEuros dont 80 MEuros pourraient être mobilisés dans le cadre du programme Investissements d'avenir (Grand Emprunt).



Freud : le père de la psychanalyse, héros de BD
06/12/2011

Plus de 70 ans après la mort du père de la psychanalyse, Corinne Maier et Anne Simon mettent en images avec Freud (Dargaud) la vie de celui que beaucoup considèrent comme l’un des hommes les plus importants du XXe siècle.



Les auteurs en un clin d’œil : Essayiste et psychanalyste, Corinne Maierest l’auteur de plusieurs best-sellers comme Bonjour paresse et No Kid.Anne Simon a de son côté reçu le prix Jeunes Talents au Festival de bande dessinée d’Angoulême en 2004.



Pourquoi on aime ce livre : Connu pour avoir été le premier à s’être penché sur les méandres de l’esprit humain, Sigmund Freud n’en est pas moins un personnage historique secret et mystérieux. Bien loin des essais et des biographies traditionnelles, avec cette BD, Corinne Maier et Anne Simon offrent au lecteur une plongée amusante et colorée dans le Vienne du début du XXe siècle. Reprenant un à un les cas les plus marquants de la carrière de Freud, elles parviennent à redonner vie au géant, retracent son ascension vers la gloire avec humour et second degré. En effet, à des années lumières du personnage sombre et austère que l’on imagine souvent, le Freud de Maier et Simon est un petit homme drôle, spirituel et charismatique. Ainsi lorsque ses livres brûlent dans les autodafés nazis, il se réjouit non sans ironie : "Quel progrès ! Au Moyen Âge, ils m’auraient brûlé. A présent, ils se contentent de brûler mes livres ! ".



Car, c’est aussi ça Freud : un témoin de la montée du nazisme, mort en 1939, juste avant de voir l’Europe sombrer comme il l’avait prédit. Et un homme engagé : "Ma langue est l’Allemand, mon œuvre est allemande mais, vu la montée de l’antisémitisme, je préfère me dire juif" déclarait-il à la radio allemande en 1938.   



Le regard critique : Irréprochable pour ce qui est des faits et des dates, Freud a toutes les qualités d’une biographie exemplaire mais manque parfois d’une touche d’imagination et de folie.



La page à corner : La psychanalyse n’est pas qu’affaire de médecins, c’est toute son époque qu’elle aura marqué. Les surréalistes, à commencer par Magritte et Dali, sont ainsi connus pour avoir puisé une partie de leur imaginaire dans les travaux du docteur Freud. C'est de leur esthétique onirique que s'inspire Anne Simon lorsqu'elle met en images la représentation freudienne du cerveau humain (p.42). 


Emma Aurange