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mercredi 27 avril 2011

Données sociales hospitalières 2008. Les recrutements ne compensent pas les départs

18.04.11

La DGOS vient de publier les données sociales pour 2008 des établissements publics de santé. Une année qui se caractérise par davantage de recrutements, une hausse des départs pour le personnel non médical, une stabilisation du poids de ce personnel dans les rémunérations et moins de projets de recompositions.

La "synthèse annuelle des données sociales hospitalières-année 2008", publiée par la DGOS, constitue le rapport de l’enquête "bilan social 2008" réalisée par la direction auprès de 140 Établissements publics de santé (EPS) comptant plus de 300 agents. L’objectif de cette synthèse, rappelle la DGOS dans son avant-propos, est de proposer un outil d’auto-évaluation pour les établissements et de disposer de données fiables sur la structure du personnel, sa mobilité, ses absences, sa rémunération ou encore ses conditions de travail. Ainsi, au 31 décembre 2008, le personnel soignant et éducatif représente plus de deux tiers des effectifs avec 65,4% en Équivalent temps plein (ETP) des EPS. Les cadres de catégorie A occupent une place importante, et notamment dans la catégorie de personnel non médical, où ils sont les plus nombreux, en raison de la réforme du statut des infirmières. De fait, en 2008, cette catégorie continue à progresser sensiblement pour passer de 18% en 2007 à 18,4%. Par ailleurs, est-il indiqué dans la synthèse, les grands établissements (plus de 3 000 agents) représentent 40% des personnels des établissements. Mais "pour la première fois depuis 2005", la proportion de ces grands établissements diminue et passe de 41% à 40% au bénéfice des établissements de 1 000 à 3 000 agents.
Les recrutements ne compensent pas les départs
Après avoir sensiblement reculé de 2004 à 2006, le taux de recrutement poursuit sa hausse, comme en 2007, mais de façon moins importante pour atteindre 8,3% en 2008. Et, est-il précisé, ce taux " ne suffit plus à compenser le taux de départ". L’écart entre les deux s’accentue même pour passer de 0,5 point en 2007 à 0,9 point en 2008.

Après avoir sensiblement reculé de 2004 à 2006, le taux de recrutement poursuit sa hausse, comme en 2007, mais de façon moins importante pour atteindre 8,3% en 2008. Et, est-il précisé, ce taux "ne suffit plus à compenser le taux de départ". L’écart entre les deux s’accentue même pour passer de 0,5 point en 2007 à 0,9 point en 2008. Dans le détail, le taux de départ du personnel hospitalier continue à augmenter sensiblement et de façon régulière depuis 4 ans. Il concerne majoritairement le personnel non médical, où la mobilité est la plus importante dans toutes les catégories professionnelles. Une tendance qui s’aggrave même en 2008, comme le prouve le différentiel de 1,8% entre les départs et les recrutements pour le personnel technique, par exemple. À l’inverse, les recrutements continuent à être "plus importants que les départs dans les établissements de 500 à 1 000 agents et de 100 à 300 agents" pour le personnel médical. Les départs à la retraite restent la première cause de départ du personnel (34,3%). Viennent ensuite les fins de contrat des personnels non titulaires (17,2%), les mises en disponibilité (15,4%), les départs vers un autre hôpital (14,1%) et les démissions (9,1%).
Stabilisation à 71% du poids du personnel non médical dans les rémunérations
Par rapport à l’année 2007, est-il souligné dans la synthèse, la part du budget qui est consacrée aux fonctionnaires du personnel non médical "varie peu", avec un pourcentage s’établissant à 71,2% en 2008 contre 71,1%. Par conséquent, le poids du personnel non médical dans les rémunérations semble se stabiliser autour de 71%. Même constat pour la part relative aux personnels médicaux qui perd un point. Cette diminution, est-il expliqué, se fait "au profit des personnels de remplacement (+0,7 points)", avec un doublement de la part du budget consacrée à ces personnels depuis 13 ans. De plus, l’externalisation complète de certaines fonctions entraîne un versement à des entreprises extérieures représentant 1,5% du montant total des rémunérations, soit "son plus haut niveau depuis 1996". Les auteurs de la synthèse notent que ce sont les grands établissements (plus de 3 000 agents) qui font le plus appel à ces entreprises extérieures même si le recours au personnel extérieur y a fortement diminué depuis le milieu des années 1990.
Moins de projets de recompositions
55% des établissements interrogés ont un projet de recomposition, qu’il soit envisagé, en cours ou réalisé. Avec 32% engagés dans une opération de restructuration et 27% dans un projet allant dans ce sens, ces opérations "semblent marquer le pas après une période d’intense recomposition des établissements" entre 2000 et 2003. Cependant, si ces projets n’atteignent pas les niveaux de ces années, les projets de recomposition demeurent en progression constante. Les grands établissements (plus de 3 000 agents) sont principalement les plus nombreux à poursuivre les restructurations même si leur pourcentage connaît une diminution importante pour passer de 52% en 2007 à 28% en 2008. La synthèse mentionne aussi le fait que peu d’établissements de moins de 3 000 agents "sont engagés dans un projet en 2008". Par ailleurs, en matière de conséquences pour le personnel, "la majeure partie de ces opérations" n’en a pas puisque 60% des projets sont conçus avec un maintien des effectifs. Toutefois, avec les projets à venir, la majorité des recompositions aboutit à un redéploiement du personnel. Et, est-il précisé, "l’ampleur des redéploiements est plus importante que celle des variations d’effectifs". Sur les 11 restructurations achevées, dans les établissements de plus de 3 000 agents en 2008, 5 ont impliqué un redéploiement de 15 agents en moyenne. Pourtant, les cellules d’accompagnement ne figurent que dans une minorité de projets : seulement 19% des opérations en cours et dans 11% des opérations achevées.
Géraldine Tribault

À télécharger :


lundi 25 avril 2011

La culture de la peur devient un principe de gouvernement


Il s'agit transcription d'une partie de l'émission le Journal 3D de Stéphane Paoli sur France Inter du 27 mars 2011 à 12h00. Bon c'est un peu long, je ne sais pas qui aura le courage de tout lire. Mais cela ne fait rien, cette transcription je l'ai surtout faite pour moi, pour bien comprendre, je suis très très lent à la comprenette. Mais puisque c'est fait j'en fait profiter ceux que cela pourrait intéresser.

Stéphane PAOLI :
Jean-Christophe Dollé , merci d'être là, vous êtes comédien, auteur, metteur en scène et vous avez mis en scène une pièce qui a pour titre « ABILIFAIE LEPONAIX  ». cette pièce sera d'ailleurs présentée prochainement au festival d'Avignon elle est éditée aux éditions « l'Ecarlate ». c'est une pièce que vous avez écrite et mise en scène à partir de témoignages de malades ou de familles de malade et où il est question de la schizophrénie, on verra toute à l'heure comment vous avez traité cet aspect là des choses.

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Écouter l'émission sur France Inter ici

N’ayez pas peur des fous !
Michel Janva

22 avril 2011  

Communiqué des Aumôniers des Établissements Publics de Santé Mentale du Nord Pas-de-Calais :

"N’ayez pas peur des fous ! Tel est le message pascal des Aumôniers des hôpitaux psychiatriques de votre région : la mort-résurrection du Christ n’est-elle pas folie comme le disait Paul ? Nous sommes souvent dans le vendredi saint quand nous nous faisons compagnons de ceux et celles qui souffrent de fortes névroses ou de psychoses. Il arrive aussi que nous vivions la joie d’Emmaüs mais la maladie mentale demeure une réalité qui nous laisse impuissants. Ce que nous ne pouvons cependant admettre c’est de laisser penser que les personnes atteintes de troubles psychiques puissent être a priori dangereuses. C’est un mensonge qui ne correspond à aucune réalité contrairement à ce que pourrait laisser croire la mise en exergue de certains crimes commis récemment par des personnes souffrant de schizophrénie.

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Pascal Janin, aumônier de l'EPSM : « ne pas stigmatiser les malades »
24.04.2011

COUP DE GUEULE

Pascal Janin, l'aumônier de l'Établissement public de santé mentale (EPSM) de Bailleul, ... a cosigné, hier, avec d'autres aumôniers de la région, un communiqué regrettant l'évolution de la prise en charge des patients.

Une adresse au gouvernement, mais aussi aux chrétiens en ce week-end pascal.


Qu'est-ce qui vous a conduit à signer ce communiqué ?


« C'est ce qui se passe aujourd'hui : la stigmatisation des patients. Dire que les personnes schizophrènes sont dangereuses, c'est idiot. Mais c'est aussi par solidarité avec les soignants. Il y a un nouveau projet de loi relatif à la prise en charge des patients dont nous craignons qu'il soit synonyme de disparition de la psychiatrie de secteur, c'est-à-dire une même équipe qui prend en charge la personne avant, avec la prévention, pendant et après l'hospitalisation. Avec la diminution des moyens, on veut aller plus vite et on médicamente beaucoup. » Un communiqué à la veille de Pâques, ce n'est pas un hasard ?


« Non. Nous nous adressons aussi à nos frères chrétiens en leur disant : "N'ayez pas peur des fous !" Car Jésus aussi avait été traité de fou. Nous nous adressons à des citoyens qui sont aussi des chrétiens et, dans la communauté chrétienne, on doit savoir être accueillant vis-à-vis de personnes qui ont parfois un comportement différent. » Dans ce contexte, comment décririez-vous la situation de l'EPSM de Bailleul ?

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L'hôpital sans la charité

20.04.11

Ce livre est dédié "à tous les futurs malades", et c'est sur l'histoire de ceux qu'il a croisés et de soignants que Laurent Sedel, chirurgien, s'appuie pour démontrer pourquoi notre système de santé part à la dérive. On y croise Yvon, sans-abri sans couverture sociale, dont aucun centre de convalescence ne veut et qui reste des mois à l'hôpital, privant d'un lit d'autres patients.
Il y a aussi Samir, 25 ans, travailleur tamoul qui a laissé s'aggraver un panaris pour ne pas payer les 6 euros de franchise chez le médecin généraliste et doit subir une lourde opération. Un exemple qui montre la dérive comptable du système. Nul ne sait si l'instauration de franchises médicales permettra une réelle économie pour la Sécurité sociale.

Il y a encore Salima, rencontrée il y a vingt ans, qui avait subi une greffe de moelle pour traiter une leucémie et à laquelle l'auteur avait posé des prothèses de hanche. Il se demande si dans un système "de moins en moins solidaire" des cas semblables, "machines à perdre de l'argent" pour les hôpitaux, seront toujours vus d'un bon oeil. Il y a aussi Henriette, aide-soignante, trois enfants, 43 ans, qui prend sa retraite mais n'abandonne pas son métier : elle va faire de l'intérim et gagner plus en travaillant moins.

Laurent Sedel, ancien chef du service orthopédique et traumatologique de l'hôpital Lariboisière (Paris), dénonce les dysfonctionnements du système de santé en décrivant le quotidien d'un hôpital. Le ton est sans retenue, ce qui parfois irrite, mais le livre a le grand mérite de rendre compréhensible un fonctionnement hospitalier difficile à appréhender pour les non-initiés (notamment la tarification).

Absurdités

Les absurdités se révèlent criantes : multiplication des réunions sur la qualité des soins et les "événements indésirables", qui aggravent la pénurie de personnel dans les services ; obligation, pour la pose de deux prothèses de hanche, d'opérer en deux fois, car la tarification d'une double intervention n'existe pas dans la grille, ce qui permet à l'hôpital de gagner plus avec deux opérations, mais coûte plus cher à la collectivité, etc.

Ce que décrit avant tout M. Sedel, c'est l'accroissement des pressions. Pressions dues aux gains, qui ont pour conséquence la réalisation d'actes inutiles pour équilibrer les budgets ; pressions dues à la peur aussi, source d'une multiplication des examens afin de se protéger d'un éventuel procès.

L'intérêt du récit tient aux quarante ans d'exercice de son auteur car, des épisodes anciens aux plus récents, c'est l'évolution de l'hôpital qu'il dessine : comment la logique comptable s'y est imposée, comment, aussi, le principe de précaution et la "médecine défensive" ont émergé.

Parfois brouillon, souvent militant, l'ouvrage cherche à alerter sur le risque du système à deux vitesses à l'américaine, avec les pauvres, les urgences et les cas complexes pris en charge par l'hôpital public, et le reste, solvable et rentable, par le privé. Dans le prologue et l'épilogue, l'auteur a opté pour des fictions provocantes.

On y voit un patient refoulé de l'hôpital public qui, ne pouvant payer les dépassements d'honoraires du privé, se voit proposer une opération à l'étranger ou un crédit. On y voit aussi un grand assureur se féliciter d'avoir pris le pouvoir sur le système de santé, un formidable marché. Et l'auteur de conclure : "Face à une catastrophe possible, sinon annoncée, soyons vigilants, sinon optimistes."
Laetitia Clavreul

Toronto

La prison en attendant une place en santé mentale
Agence QMI 
18/04/2011

Un tribunal de l'Ontario soutient qu'un accusé souffrant de maladie mentale peut être incarcéré « durant une période de temps raisonnable » en attendant l'ouverture d'un lit dans un hôpital psychiatrique, une décision qui est dénoncée par un avocat.

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Les mineurs délinquants menacent-ils la société française ?

 A l’issue du Conseil des ministres de mercredi dernier, le ministre de la Justice a annoncé qu’il déposait au parlement un « Projet de loi sur la participation des citoyens au fonctionnement de la justice pénale et le jugement des mineurs ». La question des jurés en correctionnelle est beaucoup discutée ces jours-ci. Mais n’oublions pas le second volet : la justice des mineurs. Une fois de plus, cette dernière est sur la sellette et, une fois de plus, un loi entend réformer c’est-à-dire durcir la fameuse Ordonnance de 1945 (qui, à force, ne ressemble plus guère à ce qu’elle était en 1945…).

Le processus est bien rodé : depuis la loi Perben I de 2002, il a fonctionné en moyenne une fois chaque année, sans compter les initiatives parlementaires inabouties (la dernière émane du groupe de la « droite populaire »). Et, à chaque fois, le premier argument est le même : les statistiques policières indiquent que le nombre de mineurs « mis en cause » par les forces de l’ordre ne cesse d’augmenter. Or cette affirmation est une sorte de vraie-fausse information, et à tout le moins une vérité totalement tronquée. Pour trois raisons.

LA VRAIE-FAUSSE AUGMENTATION DES MINEURS DÉLINQUANTS

Primo
, si le nombre de mineurs « mis en cause » par la police et la gendarmerie ne cesse effectivement d’augmenter (il a doublé entre 1990 et 2010), c’est également le cas des majeurs, et dans des proportions à peu près équivalentes. Ce n’est donc en rien une spécificité des mineurs.

Secundo
, personne ne semble remarquer le véritable cercle vicieux que traduisent ces statistiques. En effet, lorsque l’on élargit la définition de la délinquance et que l’on donne des consignes pour poursuivre toutes les infractions même les plus bénignes, la conséquence fatale est une augmentation des procédures réalisées par les policiers et les gendarmes (les procès-verbaux). Or la statistique policière est précisément un comptage de ces procédures administratives, et non une sorte de sondage permanent sur l’état réel de la délinquance. Dès lors, plus l’on poursuit la délinquance des mineurs, plus elle augmente dans cette statistique, mais cela ne veut pas forcément dire qu’elle augmente dans la réalité.

Tertio
, cet argument pseudo-statistique parle d’un volume mais ne dit rien de la nature de cette fameuse délinquance des mineurs. A partir de chiffres, l’on peut fantasmer tout et n’importe quoi quand aux types d’actes délinquants réellement constatés chez les mineurs. Et de fait, l’évocation de ces chiffres, appuyés par quelques faits divers, suffit généralement pour embrayer sur des affirmations relatives à l’aggravation perpétuelle de cette délinquance, affirmations qui sont purement gratuites.

On peut pourtant aller plus loin avec les statistiques institutionnelles. Le volume annuel des condamnations publié par le ministère de la Justice permet en effet de se faire une idée assez précise de la partie de la délinquance des mineurs qui est poursuivie devant les tribunaux, c’est-à-dire celle qui correspond aux affaires les plus graves (rappelons que les parquets traitent de façon autonome les affaires les moins graves, par le biais des mesures alternatives aux poursuites : rappels à la loi, réparations, médiations…). Le dernier volume, publié en février 2011, correspond à l’année 2009. Sa lecture renseigne d’abord sur la nature et la gravité des infractions commises par les mineurs, ensuite sur leur âge.

QUELLE DÉLINQUANCE ? DE QUELLE GRAVITE ?

Sur la gravité d’abord, ce que donnent à voir les condamnations est fort éloigné de l’image renvoyée par des faits divers qui, répétons-le toujours, ne sont pas représentatifs de la vie quotidienne dans l’ensemble de la société française. Les mineurs condamnés pour des crimes ne représentent que 1 % du total des mineurs condamnés (tableau 1 ci-dessous). Il s’agit essentiellement de viols, et les recherches permettent de préciser : de viols intrafamiliaux et de viols collectifs. A contrario, donc, 99 % des mineurs ont été condamnés pour des actes moins graves. De quoi s’agit-il ? D’abord, encore et toujours de vols, pour une petite moitié d’entre eux. Viennent ensuite des violences volontaires, des destructions-dégradations, des infractions à la législation sur les stupéfiants, des délits liés à la circulation routière, des confrontations avec les représentants des autorités (forces de l’ordre, enseignants, contrôleurs des transports, etc.).

Tableau 1 : mineurs condamnés en 2009 par type d’infractions
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Note : ITT = incapacité totale de travail

En entrant dans le détail de cette statistique judiciaire, on peut ensuite tenter d’évaluer la gravité de ces actes délictueux. Et l’on constate alors qu’à chaque fois que l’on dispose d’éléments suffisamment détaillés, ils indiquent systématiquement que les mineurs sont les plus nombreux dans les catégories d’infractions les moins graves. Ainsi, ils sont condamnés dans 17 % des cas pour des violences, mais il s’agit 9 fois sur 10 des coups les moins graves (avec ITT inférieure à 8 jours). De même, lorsqu’ils sont condamnés pour des violences sur des personnes représentant l’autorité publique, il s’agit en réalité 8 fois sur 10 d’« outrages » c’est-à-dire d’injures ou de gestes obscènes (par opposition aux violences physiques). De même encore, lorsqu’il sont condamnés en matière de stupéfiants, il s’agit en réalité 8 fois sur 10 de simple usage ou de détention (et non de revente ou de trafic). Au total, voilà qui recadre un peu les discours généralement affolés qui dominent le débat public.

L’AGE DU CAPITAINE

En 2009, les mineurs représentent 8,7 % de l’ensemble des personnes condamnées par les tribunaux français. Mais il y a mineurs et mineurs, nous dit-on. Et surtout ils seraient « de plus en plus jeunes et de plus en plus violents ». Telle est bien la rengaine des discours politiques dont l’objectif est toujours le même ces dernières années : faire régresser la majorité pénale à 16 ans, sanctionner de la façon la plus précoce et la plus rapide possible. Or ce punitivisme est sérieusement relativisé par l’examen de la statistique judiciaire des condamnations. Pour deux raisons.

Premièrement, s’agissant des plus jeunes (les mineurs de moins de 13 ans, ceux pour qui la Loppsi 2 prévoit des couvre-feux plus symboliques qu’autre chose ), on se demande quel est véritablement le problème. En 2009, la justice française a condamné 1 870 mineurs de moins de 13 ans pour des infractions pénales (essentiellement du vandalisme, des bagarres et des petits vols), ce qui ne représente que 3,4 % des mineurs condamnés et seulement 0,3 % de l’ensemble des personnes condamnées. Insistons sur ce dernier chiffre : 0,3 %. Comment peut-on dire que les mineurs de moins de 13 ans représentent un problème important de délinquance dans la société française ? Cela relève du fantasme ou de l’hypocrisie.

Tableau 2 : la répartition par tranche d’âge des mineurs condamnés
tableau 2

Deuxièmement, le tableau 2 montre que si la délinquance des jeunes de 16 à 18 ans est bien la plus sanctionnée, celle des 13-15 ans n’est pas très loin derrière. Certes, les jeunes de 16 à 18 ans sont davantage sanctionnés pour des infractions qui concernent l’ordre public (stupéfiants, circulation routière, conflits avec les représentants des autorités). Leur délinquance est donc plus visible. Mais en quantité, les jeunes de 13 à 15 ans n’ont pas grand chose à leur envier, même s’ils se concentrent plutôt sur les vols et les bagarres, ce qui est typique de la petite délinquance des jeunes adolescents.

Dès lors, on comprend l’engrenage de la politique sécuritaire : après s’être attaqués aux 16-18 ans, on ne voit pas pourquoi ses partisans ne continueraient pas en demandant ensuite que l’on traite les 13-15 ans comme leurs aînés. Comme toujours, ils prendraient à témoin des faits divers dramatiques mais non représentatifs de la vie quotidienne. Comme toujours, ils mettraient en avant les cas réels mais en nombre limités de jeunes multi-réitérants en très grande difficulté, cumulant les infractions et mobilisant tous les professionnels (policiers ou gendarmes, magistrats, éducateurs, psychologues). Ne finiraient-ils pas alors - eux ou leurs successeurs - par réclamer la garde à vue prolongée, la comparution immédiate, les peines planchers et la prison pour des gamins de 13 ans ?

SORTIR DE LA LOGIQUE D’EXCLUSION

L’idéologie sécuritaire nous enferme dans un cercle vicieux de répression sans cesse accrue face à un monde juvénile qui est par définition instable et turbulent. L’on pourra toujours trouver qu’il y a encore trop de problèmes et pas assez de tranquillité, c’est un véritable puits sans fond. Alors quoi ? Sommes-nous réellement incapables de gérer la délinquance des préadolescents et des adolescents autrement que dans cette surenchère punitive déshumanisée ? Il est urgent de s’entendre sur une autre voie. Les professionnels ne manquent pas d’outils juridiques répressifs mais plutôt de moyens pour faire correctement leur métier et mettre à exécution les décisions qu’ils croient bonnes. Ce n’est pas d’une énième réforme du code pénal dont policiers, gendarmes, magistrats, éducateurs et psychologues ont besoin, mais des moyens (en personnel, en temps, en place disponible dans les structures, en possibilité d’insertion professionnelle, etc.) de prendre correctement en charge les cas difficiles chez les mineurs délinquants. Enfin, si l’on veut réellement préparer positivement l’avenir, il faut cesser de désigner la jeunesse délinquante comme un ennemi de la société. Il faut au contraire avoir le courage et la responsabilité d’affirmer que ces jeunes qui ont dévié et qui ont fauté n’en restent pas moins nos jeunes, les enfants de notre société, que nous avons donc collectivement une obligation morale à trouver des réponses dont l’objectif n’est pas de les exclure le plus vite possible mais au contraire à les ré-inclure pleinement parmi nous dès que possible.
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Pour aller plus loin :
* Véronique Le Goaziou & Laurent Mucchielli, La violence des jeunes en questions, éditions Champ social (voir la présentation ici).
* Francis Bailleau, « Jeunes et politiques publiques. Comment juger et punir les mineurs ? », Agir et Penser-Les Rencontres de Bellepierre (à lire ici).
* Laurent Mucchielli & Marwan Mohammed, « Délinquance juvénile », in Agnès Van Zanten (dir.), Dictionnaire de l’éducation, Presses Universitaires de France (à lire ici ).
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Illustration : Tim Pearce, Los gatos - flickr - licence cc

Les professionnels de l’enfance “irrégulière”
19 mars 2011

Par Jean Claude Farcy

Parution de la Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », N° 12, 2010,
Autour de l’enfant : la ronde des professionnels, XIXe-XXe siècles
(sous la direction de Samuel Boussion).

Présentation

Un des trait marquants de l’enfance irrégulière et de son traitement depuis le XIXe siècle est la progressive agrégation de nombreux acteurs qui surveillent, jugent, soignent, pansent, observent, rapportent, instruisent, éduquent… Ce numéro de la Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » confronte des études sur quelques-uns d’entre eux. Il est l’occasion de faire un état des connaissances, de lancer des pistes de recherche, de questionner des professions moins ou pas étudiées jusque-là, mais aussi de comparer des dynamiques professionnelles ainsi que des modes de professionnalisation qui varient d’un pays l’autre.

Sommaire ...

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Droit d'option
Un infirmier sur trois a fait le choix de la catégorie A selon le SNPI

15.04.11 

Après avoir consulté 80 établissements hospitaliers publics dont l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), concernant les choix statutaires des infirmiers dans le cadre du droit d'option infirmier (passage en catégorie A ou maintien en B), le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) annonce qu'une infirmière sur trois a fait le choix de la catégorie A, souligne à Hospimedia Thierry Amouroux pour le SNPI.

Les infirmiers avaient jusqu'au 31 mars pour se prononcer, et bon nombre d'entre eux semblent s'être décidés dans les quinze derniers jours du délai légal, ajoute-t-il. Ceux qui n'ont pas fait connaître leur choix (soit 1 sur 3) resteront en catégorie B. Ce sont donc 2 infirmiers sur 3 qui ne passeront pas en A.

Alors que le SNPI encourageait les infirmiers de moins de quarante ans à choisir le passage en catégorie supérieure, il semblerait que la majorité d'entre eux ait préféré suivre leurs aînés et rester en B.

L'avenir s'annonce compliqué, selon Thierry Amouroux. Dans les hôpitaux publics, trois statuts coexisteront pour des infirmiers assurant les mêmes fonctions. Ceux recrutés depuis le 1er décembre 2010, en catégorie A, partiront à la retraite à 62 ans, ceux recrutés avant décembre 2010, qui ont choisi la catégorie A, prendront leur retraite à 60 ans et leurs collègues recrutés également avant décembre 2010, restés en B partiront à la retraite entre 55 et 57 ans.
L.W. 

 
La psychologie peut-elle complètement guérir les violeurs ?

Philippe Bilger - Blogueur associé
20 Avril 2011

Philippe Bilger revient sur ce fait divers récent : une fillette a été enlevée puis violée par un individu déjà condamné pour des faits similaires. Pourtant, le jour même de l'agression, il sortait d'une consultation psychiatrique obligatoire.

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