Les lettres que Adolf Wölfli, Jeanne Tripier et Aloïse adressaient à d'impossibles destinataires prennent vie sur scène dans «Ecrits d'Art Brut à voix haute» à Neuchâtel
Ce sont des chants d’amours, des récits de voyages fantastiques, des lettres de rages farouches, des recettes hallucinées. Ce sont les rigoureuses descriptions de vols consignées par Gustav Mesmer, pourtant ancré au sol avec ses vélos à voiles.
Les écrits de l’Art Brut ont été créés dans la nuit et l’enfermement asilaire. Ni reçues, ni envoyées, ces correspondances de l’impossible étaient jugées délirantes et interceptées par les autorités médicales. Ces textes sont portés au jour au musée d’Ethnographie de Neuchâtel par Lucienne Peiry et son équipe. Ecrits d’Art Brut à voix haute est une représentation qui mêle lecture, théâtre, conférence et projection d’œuvres.
Adolf Wölfli, La baleine Karo et le diable Sarton 1er, 1922. (Détail)Olivier Laffely,
Qui oserait défendre aujourd'hui une position pareille ?
Évidemment personne. Non pas qu'il n'y a plus personne pour croire à la lutte des classes aujourd'hui. Seulement, dans les années 60, années de révolution et de mise en cause radicale du capitalisme et de la société de consommation, tout était possible. Cependant, l'affirmation de Franco Basaglia est fausse. Les fous subissaient le pouvoir des classes dominantes, mais ce n'est pas pour autant que la lutte des classes produisait la folie. La déduction de Basaglia est rapide, comme l'est aujourd'hui celle des psychiatres qui croient que la schizophrénie est une maladie du cerveau. Ce n'est pas parce que le traitement biologique par les médicaments est très efficace pour soigner la schizophrénie que la schizophrénie est une maladie biologique du cerveau.
Franchir le porche d’entrée de l’hôpital Sainte-Anne (Paris XIVe), c’est encore, dans l’imaginaire collectif, entrer «chez les fous», dans un univers fantasmatique où résonnent les cris des «agités», les bruits secs des serrures fermées à double tour, où surgissent les images de couloirs interminables, de dortoirs surpeuplés, de chambres d’isolement, de camisoles de force, d’électrochocs… Malgré la violence des premiers traitements, l’hôpital Sainte-Anne représente en réalité l’épicentre des avancées majeures qui ont marqué l’histoire de la psychiatrie française, depuis les débuts de l’aliénisme au XIXesiècle jusqu’à aujourd’hui. Sous le titre «L’hôpital Sainte-Anne, pionnier de la psychiatrie et des neurosciences au cœur de Paris», ce livre publié chez Somogy éditions d’Art raconte cette épopée.
Electrochocs historiques
Parmi les électrochocs qui ont secoué l’histoire de la psychiatrie dans l’enceinte de Sainte-Anne, la psychanalyse qui a fait ici son entrée dans l’hôpital, notamment avec Lacan. Dans les années 1950, c’est ici qu’ont été utilisés pour la première fois les neuroleptiques, révolutionnant la thérapeutique au niveau mondial. Ici, aussi que médecins et chercheurs ont fait évoluer la pédopsychiatrie, la neurologie, la neurochirurgie, etc. C’est ici, enfin, que l’art trouva sa place dans l’univers hospitalier avec, dès 1946, la première «Exposition d’œuvres de malades mentaux». Celle-ci donna le coup d’envoi de la constitution progressive de la «Collection Sainte-Anne» qui aboutit à la création d’un musée intra-muros (Musée d’art et d’histoire de l’Hôpital Sainte-Anne).
La chercheuse Jennifer Doudna a estomaqué les participants du congrès technologique d’Austin, en détaillant son travail sur Crispr-cas9, un outil de modification de l’ADN, et son potentiel.
LE MONDE| |Par Bernard Monasterolo (envoyé spécial à Austin, Texas (Etats-Unis)
Jennifer Doudna, sur scène, lors du festival South by Southwest samedi 11 mars à Austin, au Texas. DR
Il fallait faire preuve d’une certaine pugnacité pour assister à la « keynote » (présentation) de la biologiste Jennifer Doudna, à Austin, lors de ce second jour du festival technologique SXSW, samedi 11 mars. En termes d’attente tout d’abord, car rarement une file aura été aussi longue devant la Ballroom D du Convention Center, tellement longue qu’elle courait sur deux étages de l’immense bâtiment. Et deux salles gigantesques complémentaires retransmettant en direct la conférence sur un écran avaient été ouvertes pour accueillir tout le monde.
Les problèmes de santé mentale sont l’une des principales causes d’absentéisme au travail et de retraite anticipée. Il s’agit d’un sujet qui questionne et concerne de nombreux acteurs. C’est pourquoi, du 13 au 26 mars 2017, les semaines d’information sur la santé mentale (SISM) s’articulent autour du thème « Santé mentale et travail ».
Comment promouvoir la santé mentale et le bien-être au travail ? Quels sont les bienfaits du travail ? Comment prévenir les risques psycho-sociaux ? Comment accéder à un emploi lorsque l’on vit avec des troubles psychiques ? Burn-out, bore-out… Comment réagir face à ces nouvelles maladies ? Les 28èmes semaines d’information sur la santé mentale (SISM), du 13 au 23 mars 2017, sont l’occasion de répondre à ces questions et de sensibiliser le grand public et les professionnels sur la santé mentale au travail. Environ 1 000 manifestations (conférences, animations, ciné-débats, concerts, expositions, spectacles, ateliers) se tiendront dans toute la France… Les échanges promettent d’être riches autour d’une thématique qui concerne tout un chacun.
La visite à domicile d’un patient souffrant de maladie mentale requiert une vigilance redoublée et obéit au respect de bonnes pratiques spécifiques. Piqûre de rappel sur les règles à observer pour les IDEL qui se rendent au domicile de patients notamment pour s’assurer qu’ils prennent correctement leur traitement et qu’ils ne mettent ainsi par leur vie ni celle d’autrui en danger.
Un grand nombre d’infirmiers se sont rassemblés ce mercredi 15 mars 2017 devant le siège du ministère de la santé publique à Bab Saadoun avant de se diriger vers la place de la Kasbah dans le cadre d’un sit-in observé en signe de protestation contre le laxisme adopté par le gouvernement dans l’adoption du nouveau statut relatif au secteur de la santé. Les infirmiers revendiquent l’adoption dans les plus brefs délais de ce statut en vue de protéger les employés de la santé ainsi que tous les cadres médicaux et para-médicaux. Lire la suite ...
Sophie se sait victime d’un trouble répertorié, la compulsion d’acheter. Un jour où elle décide de se débarrasser d’une partie des objets inutiles qui s’entassent chez elle, un coup de téléphone de son père la stoppe net dans son élan. Elle sort et achète huit aspirateurs… Les troubles obsessionnels compulsifs affectent des millions de gens, à des degrés divers. Cela va de l’inquiétude face à un tiroir mal fermé à la syllogomanie (l’accumulation compulsive d’objets), en passant par la trichotillomanie (se triturer sans cesse les cheveux), l’irrésistible envie de rejouer sans cesse au même jeu vidéo, voire un penchant irrépressible à l’altruisme...
La DGCS présente les résultats de son enquête sur l'habitat inclusif, qui montre la diversité de cette offre et son déploiement sur la majeure partie du territoire. Plusieurs freins sont toutefois identifiés tels que l'absence d'un modèle économique viable et réaliste ainsi qu'un flou juridique.
À mi-chemin entre le domicile et l'établissement, l'habitat alternatif ou inclusif se développe sur le territoire métropolitain mais de façon disparate. La Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) dévoile uneenquêtemenée fin 2016 auprès des conseils départementaux et des associations et fédérations porteuses de projet. Un travail qui "confirme le vif intérêt de telles organisations qui répondent aux besoins spécifiques des personnes handicapées, des personnes âgées et des personnes atteintes de maladies neurodégénératives et à leur souhait de vivre le plus possible en dehors de toute institution, dans la cité, tout en s'entourant d'un cadre sécurisant", précise l'administration par communiqué.
Venez assister à la 39ème édition du Festival International de Films de Femmes du 10 au 19 Mars 2017 à Créteil
• Crédits : Karine Saporta
Depuis 1979, le Festival International de Films de Femmes défend le cinéma des réalisatrices du monde entier.
Luttant contre toutes formes de discrimination, de race, de sexe, de culture, de classe sociale, il assume son double héritage envers le féminisme et l’action culturelle, en plaçant l’interrogation sur l’image et les modes de représentations au centre de ses réflexions.
Est-ce un trouble du développement avec lequel on naît ? Le professeur Pierre Delion, pédopsychiatre à Lille nous parlera des controverses autour du « packing », de la psychanalyse et des propositions d’approches comportementales.
Le cri . Un tableau d'Edvard Munch (1863-1944)
• Crédits : Josse/Leemage - AFP
Pierre Delion est l’auteur avec Patrick Coupechoux de : Mon combat pour une psychiatrie humaine (Albin Michel, 2016) .
600 000 personnes seraient atteintes d’un trouble majeur du développement parmi lesquels l’autisme tient une bonne place. La génétique serait identifiée dans 30% des cas avec des mutations de novo mais d’autres facteurs seraient identifiables, des facteurs liés à l’environnement comme les pesticides, l’acide valproïque, et même les vaccinations. Mais ce dernier point c’est révélé être une escroquerie qui a abouti à l’interdiction d’exercer de son promoteur l’anglais Andrew Wakefield.
Les 2es RSP ont eu lieu le 23 novembre dernier à Montpellier, dans le cadre du Congrès français de psychiatrie. L’objectif est de réunir dans un même lieu et au même moment les professionnels des soins en psychiatrie, soignants et médecins. Cette année, c’est plus de 500 soignants qui ont bénéficié d’une journée de formation continue dédiée à leur pratique clinique .
QUI SOMMES-NOUS ?
Créée en 1995, la revue Santé mentale est un mensuel d’information et de formation destiné aux soignants en psychiatrie. Sa ligne éditoriale est résolument centrée sur une clinique pluridisciplinaire exigeante qui prend aussi en compte les compétences des usagers. Elle allie une certaine forme de vulgarisation à une rigueur théorique et pratique.
Elsa, 18 ans, est hospitalisée suite à une tentative de suicide. Elle vit un chagrin d’amour dévastateur. L’équipe met en place avec son accord un protocole rigoureux pour sécuriser sa chambre durant la nuit : retrait des chaussures à lacets, ceinture… Mais un objet en particulier vient faire obstacle à la mécanique et Christophe est désemparé.
Les larmes de la jeune femme coulent sans discontinuer. Assise en tailleur contre le mur, elle tient sa tête entre ses mains. Je distingue à peine son visage derrière une longue chevelure en bataille, mais j’entends ses sanglots. Ses soupirs. Ses longs silences. À mesure que sa détresse emplit la petite chambre, ma poitrine se serre.
Après de longues minutes sans un mot, elle lève lentement les yeux vers moi et me supplie : « S’il vous plaît… » Puis elle se replie à nouveau sur elle-même. Me laissant seul avec ma peur et mes doutes.
Une odeur si précieuse
Elsa, 18 ans, est hospitalisée dans le service depuis quelques jours. Son histoire est dramatiquement simple. Elle vient d’être abandonnée par « l’homme de sa vie ». Elle n'a pu se résoudre à attendre les « dix de retrouvés » et s’est effondrée, au point d’avaler tous les médicaments de la pharmacie familiale.
LE MONDE| |Par Marie Maurisse (Genève, correspondance)
Campagne pour la légalisation du cannabis, à Zurich, en 2004. RICHARD A. BROOKS / AFP
A quelques centaines de mètres de la gare Cornavin, à Genève, les employés de la boutique Tabac 21 s’activent. Il faut mettre en rayon les bouteilles de soda et nettoyer le sol. Sur la vitrine de l’échoppe est apposée une affiche vert et blanc : « Cannabis 100 % légal en vente ici ». Le drapeau national y côtoie la feuille de chanvre, produit que plusieurs buralistes suisses se sont mis à vendre depuis le début du mois de mars.
Derrière son comptoir, le gérant Resa Mohamadi ouvre une petite boîte blanche qui contient 5 grammes d’herbe à l’odeur puissante. Le client peut ainsi voir à quoi ressemble ce fameux produit, dont quatre variétés sont proposées. « Parfois, les gens m’expliquent qu’ils en ont besoin pour des raisons médicales mais dans la moitié des cas, cela ressemble à une utilisation récréative, explique-t-il. Si cela me pose un problème ? Pas du tout, parce que c’est tout à fait légal ! »
De fait, selon une ordonnance de 2011, le ministère de l’intérieur définit le cannabis comme une « plante de chanvre ou parties de plante de chanvre présentant une teneur totale moyenne en THC de 1,0 % au moins ». Le THC (tétrahydrocannabinol) est la principale substance psychotrope du cannabis. Par défaut, la législation suisse considère donc que du cannabis n’est pas une drogue tant que son taux de THC est inférieur à 1 % et peut être vendu légalement.
Art brut, Art naïf, Art singulier, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cet art sorti des rêves et des mains de ceux qui l'exécutent. Sans formation, ces artistes "hors normes" créent sans relâche, au fond de leur jardin, dans une cellule de prison, durant des jours et des nuits. La création pour certains est un besoin vital. A l'image d'Anselme Boix-vives, un épicier catalan, qui après la mort de sa femme a composé 7000 tableaux. "Ce qui les définit c'est une forme de résistance par rapport à la société et à la réalité. Ils emmagasinent une souffrance intérieure qu'ils expriment par le biais de la créativité", analyse Anne Stilz.
Né à Paris le 5 décembre 1935, Michel Guibal, psychiatre et psychanalyste, excellent clinicien de la folie, grand lecteur d’Artaud et des surréalistes, est mort à Paris le 10 mars 2017. Issu d’un milieu populaire, il poursuit d’abord des études médicales, songeant à devenir chirurgien puis il s’oriente vers la psychiatrie. En 1964, élève de Henri Ey à l’hôpital de Bonneval, il découvre l’univers asilaire et décide d’aller plus loin dans sa carrière. Trois ans plus tard, il passe le concours des hôpitaux psychiatriques de la Seine et se retrouve à l’hôpital Sainte Anne.
La même année, il assiste à une tragédie qui le marquera toute sa vie : le meurtre d’Yves Bertherat, à l'âge de 35 ans, par un malade mental. Poète, membre du comité de la revue Esprit, Bertherat était l’un des psychiatres les plus brillants de sa génération et l’événement sera répercuté dans toute la presse : « Le dimanche 15 octobre 1967 à 7 heures du matin, à l’hôpital de Perray-Vaucluse, un malade a blessé à coups de révolver un infirmier ; quelques instants plus tard il a tiré sur le Dr Y. Bertherat, Médecin-chef intérimaire du service, l’atteignant dans la région cardiaque de deux balles, puis il a blessé un de ses camarades ; il a ensuite retourné l’arme contre lui-même. »
L'association Jean-Louis Mégnien de lutte contre la maltraitance et le harcèlement à l'hôpital a enregistré à ce jour plus de trois cents signalements, majoritairement de médecins mais aussi de personnels soignants et administratifs, répartis sur l'ensemble des établissements publics de l'Hexagone.
Créée en 2016 par trois PU-PH à la suite du suicide du Pr Mégnien, cardiologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou (Assistance publique – hôpitaux de Paris), l'association recense depuis plusieurs mois les cas de maltraitance et de harcèlement moral dans le secteur public hospitalier. En février, une centaine de cas et l'identification de douze nouveaux lieux de conflits ont été portés à sa connaissance.