blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 2 avril 2024

Extrême droite Brigitte Macron était un homme : itinéraire d’un fantasme, des complotistes français aux agités trumpistes

par Maxime Macé et Pierre Plottu   publié le 15 mars 2024

Par la voix de la trumpiste Candace Owens, l’extrême droite américaine s’est emparée de la fake news selon laquelle Brigitte Macron serait née homme. Donnant une nouvelle viralité à cette théorie issue d’un média proche d’Alain Soral et popularisée via la chaîne YouTube d’une médium.

Brigitte Macron serait un homme. Ce fantasme complotiste pourrait faire sourire, s’il n’empoisonnait pas la vie de la femme du président de la République et de ses proches, harcelés depuis des années par les sphères conspirationnistes et leurs «enquêteurs» autoinstitués. Au point que le chef de l’Etat a réagi en personne, le 8 mars en marge de la cérémonie consacrant l’entrée du droit à l’IVG dans la Constitution, dénonçant «ces fausses informations et ces scénarios montés avec des fadas, des gens qui finissent par y croire et vous bousculent dans votre intimité». Ces élucubrations sont aussi la matière d’un livre-enquête à paraître le 22 mars aux éditions Studiofact, l’Affaire Madame par la journaliste de l’Obs Emmanuelle Anizon. Elles connaissent ces temps-ci un nouveau souffle, relayées par la puissante alt-right américaine, nouvel avatar de l’extrême droite locale.

Le portrait Juan-David Nasio, psychédélices

par Sabrina Champenois   publié le 29 mars 2024

A 81 ans, le psychiatre, psychanalyste et essayiste franco-argentin a publié 35 livres, fait de la radio et continue d’étoffer allègrement sa patientèle.

Suspendu au mur, portrait au crayon qui a appartenu à Françoise Dolto, le patron Sigmund F. darde son regard perforant. Bah, même pas peur. Hormis la statue du commandeur, tout est doux voire doudou dans le cabinet en rez-de-chaussée du XVIe arrondissement parisien. «Si vous y étiez, vous sentiriez tout de suite l’ambiance chaleureuse aux lueurs jaunes et orangées», décrit Juan-David Nasio dans son dernier livre, le trente-cinquième. Tout de même, on ajouterait «baroque». Il y a pétarade de couleurs : saumon, rose, mauve, vert, bleu, rouge, brun. Des fleurs aussi, un peu partout jusqu’en motifs de rideaux. Et des tableaux chamarrés. Et des pense-bêtes où sont notés des noms et des numéros de téléphone, d’une écriture charnue. Et des babioles. Et des cartes de remerciements. Et des catalogues d’exposition de peinture. Et des livres et figurines pour enfants. Et plein de stylos, de feutres… Seul le divan, massif, en bois foncé, est sentencieux. Mais une fois qu’on y a posé manteau, sac et parapluie, il vire au canapé lambda. Juan-David Nasio laisse faire, pas du genre à sacraliser le meuble qui symbolise sa profession. «A tort, écrit-il d’ailleurs. […] Il m’est même arrivé de faire une séance en marchant avec mon patient le long du quai de la Seine parce qu’il était impossible ce jour-là de se parler à cause du bruit assourdissant d’un marteau-piqueur qui terrassait le trottoir devant ma fenêtre.»

Le billet de Sabrina Champenois La pilule pour se muscler sans faire de sport, indéniable progrès… et promesse de dérives

par Sabrina Champenois   publié le 25 mars 2024

Un laboratoire américain l’annonce pour dans cinq ans, ce qui constitue un grand espoir pour les personnes atteintes d’atrophie musculaire. Mais on voit d’ici le mésusage qui pourrait en être fait.

La promesse porte pour l’heure le doux nom de SLU-PP-332. «Les souris traitées avec le SLU-PP-332 ont montré une amélioration de leur endurance sur un tapis roulant pour rongeurs, indique un article du magazine américain FortuneLe traitement a également augmenté le nombre de fibres musculaires résistantes à la fatigue chez les animaux, ont constaté les chercheurs.» Mais ne nous emballons pas, «les nouvelles générations que nous avons développées devraient, je l’espère, arriver en clinique un jour dans les cinq prochaines années, précise le pilier du projet, Bahaa Elgendy, docteur en chimie médicinale et professeur agrégé d’anesthésiologie à la faculté de médecine de l’université Washington à Saint-Louis (Missouri). Le passage de l’animal à l’homme prend beaucoup de temps. Nous devons effectuer beaucoup plus d’essais précliniques, ce qui est essentiel pour garantir la sécurité.» Le SLU-PP-332 est in progress depuis une décennie, et fait régulièrement objet de points d’étape très commentés. Et pour cause.

De quelle GPA parle-t-on en France ?

par Jérôme Courduriès, anthropologue, professeur des universités, université Toulouse Jean-Jaurès  

publié le 21 mars 2024

La première question à se poser est de savoir si on souhaite ou non autoriser la GPA en France ? questionne l’anthropologue Jérôme Courduriès. Et si oui dans quel cadre. Si l’on se réfère aux dispositions adoptées dans les autres pays autorisant la GPA, les réponses juridiques diffèrent mais peuvent nourrir le débat.
 

Une gestation pour autrui éthique est-elle possible ? «Je suis, à titre personnel, favorable à une GPA éthique.» Il aura suffi d’une petite phrase prononcée par le patron des socialistes Boris Vallaud, dans la magazine Têtu début mars, pour relancer le débat au sein du parti. «Ce qui n’est pas éthique, c’est l’absence de cadre législatif et réglementaire. Il y a des GPA qui se produisent dans des conditions de marchandisation du corps, et le meilleur rempart contre cela c’est de légiférer», affirmait le député des Landes. Une position qui ne fait pas l’unanimité.

En 1994, à l’occasion de l’adoption de la première loi de bioéthique, la France a prohibé la gestation pour autrui (GPA) sur son sol. Et, alors que presque tous les autres sujets relevant de la bioéthique ont depuis fait régulièrement l’objet de nouvelles discussions, on nous dit que le sujet de la GPA est clos une fois pour toutes.

Parce qu’elle concerne un domaine où l’état des savoirs, les pratiques juridiques et les techniques médicales évoluent rapidement, et que de nouvelles questions se posent régulièrement à propos des usages du corps humain, le Parlement a prévu que la loi de bioéthique soit révisée périodiquement. Ces révisions ont eu lieu en 2004, 2011 et 2021, et en vingt-sept ans, la loi a connu bien des évolutions sur plusieurs questions.

TRIBUNE Il ne peut exister de GPA «éthique»

par Gabrielle Siry-Houari, maire adjointe du XVIIIe arrondissement de Paris, bureau national du PS  

publié le 21 mars 2024

La lutte pour les droits des femmes suppose d’affranchir leur corps de l’assignation reproductive, qui est l’une des raisons principales de leur domination, rappelle un collectif d’élus socialistes.

Une gestation pour autrui éthique est-elle possible ? «Je suis, à titre personnel, favorable à une GPA éthique.» Il aura suffi d’une petite phrase prononcée par le patron des socialistes Boris Vallaud, dans la magazine Têtu début mars, pour relancer le débat au sein du parti. «Ce qui n’est pas éthique, c’est l’absence de cadre législatif et réglementaire. Il y a des GPA qui se produisent dans des conditions de marchandisation du corps, et le meilleur rempart contre cela c’est de légiférer», affirmait le député des Landes. Une position qui ne fait pas l’unanimité.

A la suite du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, plusieurs personnalités de gauche et de la majorité ont été interrogées sur la question de la gestation pour autrui (GPA) et se sont montrées ouvertes à une «GPA éthique». Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et de la Famille, jugeait même souhaitable de «sortir du tabou de la gestation pour autrui» tout court. Nous ne le répéterons jamais assez : la lutte pour les droits des femmes suppose d’affranchir leur corps de l’assignation reproductive, qui est l’une des raisons principales de leur domination.

Témoignages «Pourquoi se sont-ils acharnés ?» : la famille de Luis Bico, atteint de troubles psy et tué par la police, sort du silence

par Fabien Leboucq   publié le 28 mars 2024

L’homme de 47 ans, souffrant de schizophrénie bipolaire, est mort après un refus d’obtempérer dans le Loiret en 2017. Alors que la Cour de cassation doit se pencher sur l’affaire le 4 avril, sa famille regrette le manque de discernement des forces de l’ordre.

Sept ans de silence s’effritent dans le salon blanc d’un lotissement propret de la banlieue d’Orléans. Pauline Bico reçoit chez elle, avec ses parents, Casimir et Christelle Vendeiro-Bico. Pour la première fois, ils racontent une vie entre gentillesse et hôpital psychiatrique : celle de Luis Bico, leur oncle, frère et beau-frère. Ils décrivent aussi sa mort, dans sa voiture en bas de chez lui, sous les balles de la police, le 19 août 2017 à Châlette-sur-Loing (Loiret). Quelques mois plus tôt, une loi assouplissait le cadre légal dans lequel les policiers peuvent utiliser leur arme, notamment en cas de refus d’obtempérer. Ce texte, l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure, est un refrain de ce dossier. Le juge d’instruction l’a retenu dans son ordonnance de non-lieu, disculpant en août 2022 l’adjoint de sécurité Steven R., auteur de douze tirs dont deux mortels. Citant la même loi, la cour d’appel d’Orléans a confirmé cette décision en juin. Le 4 avril, la Cour de cassation se penchera sur cette affaire, et nourrira la maigre jurisprudence de cette loi.

lundi 1 avril 2024

mercredi 3 avril 2024 – Rencontre avec Florence Guignard

 

Ce livre de dialogue entre deux psychanalystes de générations différentes constitue un outil de transmission, à l’adresse à tous les praticiens « psy ».

Il propose un regard personnel sur la théorie psychanalytique contemporaine ainsi que sur sa pratique avec des patients de tous les âges de la vie.

Il fait également état des changements sociétaux actuels et en observe les effets dans une réflexion d’allure anthropologique.

Florence Guignard, psychanalyste franco-suisse de renommée internationale, est connue pour ses nombreuses publications scientifiques et pour son combat en faveur de la psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent.

Elle a formé de nombreuses générations de psychanalystes et de psychothérapeutes, d’adultes et d’enfants.

Lire la suite ...


Déprimante psychiatrie

 Par Mikkel Borch-Jacobsen.

Publié en mars 2024

L’histoire de la psychiatrie est un cimetière de conceptions fantaisistes, aux conséquences souvent dévastatrices. En Europe et aujourd’hui plus encore aux États-Unis.

Desperate Remedies de Andrew Scull, Belknap Press, 2022

Desperate Remedies, sous-titré « Psychiatry’s Turbulent Quest to Cure Mental Illness », est un livre déprimant. Son auteur, Andrew Scull, est un éminent sociologue et historien de la psychiatrie et plus largement de la folie. Dans l’un de ses précédents livres, Madness in Civilization, il brossait une très ambitieuse histoire culturelle de la folie qui concurrençait par son ampleur l’Histoire de la folie à l’âge classique de Michel Foucault. Dans un autre, Hysteria, il suivait les métamorphoses de cette étrange « maladie » à travers les âges et les « thérapies » le plus souvent aberrantes mises en œuvre pour la contrôler. Dans un autre encore, Madhouse, il racontait l’histoire édifiante du Dr Henry Cotton, un influent psychiatre américain du début du XXe siècle qui s’était convaincu que la folie était causée par des infections focales et pratiquait à la chaîne des ablations d’organes qui mutilaient les patients sans pour autant les guérir.

Deux cents ans d’histoire et aucun progrès ?

Desperate Remedies prolonge cette dernière dénonciation de l’hubris psychiatrique, en l’étendant cette fois-ci à la psychiatrie américaine dans son ensemble et même, faut-il comprendre, à la psychiatrie en général depuis ses débuts européens. Scull nous en avertit dès les premières lignes de sa préface : « Dans ce livre, j’ai tenté de fournir une évaluation sceptique de l’entreprise psychiatrique – de son impact sur ceux qu’elle traite et sur la société dans son ensemble. [...] Je me suis concentré sur la thérapie des maladies mentales et sur les professionnels qui l'ont développée. » La psychiatrie, discipline médicale qui a émergé au début du XIXe siècle avec la prétention d’étudier et de traiter ce qu’elle présentait comme des maladies mentales, n’a en fait jamais réussi, dit Scull, à en percer les causes et encore moins à les guérir : « Deux siècles après la naissance de la profession psychiatrique, les racines des formes les plus graves de troubles mentaux restent toujours aussi énigmatiques. »

Deux cents ans d’histoire et aucun progrès ? Toujours dans sa préface, Scull raconte comment « un producteur hollywoodien qui avait un temps envisagé de faire un film basé sur l’un de mes livres m’a expliqué que celui-ci fournissait une très bonne matière pour un premier et un second acte. “Mais où est donc le troisième acte ?”, m’a-t-il demandé. Il voulait dire par là : “Où est le happy end ?” » Hollywood étant Hollywood, on soupçonne qu’en fait ce producteur demandait plutôt à Scull : « Où est l’histoire ? » Où est, autrement dit, la bonne vieille intrigue aristotélicienne avec un début, un milieu et une fin, heureuse ou non ? 

Lire la suite ...


Affaire Gérard Miller : « Une distinction entre pratique analytique et exercice d’un pouvoir s’impose »

Publié le 30 mars 2024

Alors que le psychanalyste est accusé d’agressions sexuelles par plus de soixante femmes, Alexandra Buresi-Garson, Juliette Niderman-Nguyen et Stéphanie Pechikoff, psychanalystes et psychologues cliniciennes, rappellent, dans une tribune « au Monde », les fondements éthiques de leur profession.

La soixantaine de témoignages et les plaintes déposées contre le psychanalyste Gérard Miller nous ont abasourdies. Nous sommes psychanalystes, psychologues cliniciennes exerçant depuis vingt ans en centre médico-psycho-pédagogique et en cabinet. Nous voulons prendre la parole, car, à en juger par le silence actuel des psychanalystes, cette affaire laisse sans voix et nous fait éprouver, comme à notre consœur Clotilde Leguil, dans un entretien accordé au Monde le 17 février, un profond malaise. Une distinction entre pratique analytique et exercice d’un pouvoir s’impose.

Nous n’entendons pas nous substituer à la justice, qui doit « faire son travail ». Cependant, nous pensons que nous aussi avons à « faire notre travail » face aux effets de ces témoignages, dont la résonance sociétale majeure, en lien avec #metoo, interroge l’éthique analytique.

Canguilhem, ou les malades avant la maladie

Vendredi 29 mars 2024

Provenant du podcast

Avec philosophie

Que nous apprend Canguilhem sur la maladie ? ©Getty - RLT_Images

Canguilhem, philosophe et médecin, a déployé une importante réflexion sur les apports réciproques de ces deux disciplines. Surtout, sa pensée invite à entendre l'aspect dual de la médecine, tout à la fois science et art. Quelle est son approche de la médecine ?

Avec

Philippe Barrier Philosophe et docteur en sciences de l'éducation

Céline Lefève Professeure de philosophie et chercheuse à l’UMR SPHere à l’Université Paris Cité

"Avec Philosophie" s'interroge cette semaine sur le lien entre philosophie et médecine. Dans ce cinquième et dernier épisode, Géraldine Muhlmann et ses invités s'intéressent à Canguilhem.

Lire la suite et écouter le podcast ...


Le désarroi des parents d’enfants hyperactifs : « Une maman m’a demandé un jour si je n’avais pas peur de droguer mon fils »

Par   Publié le 30 mars 2024

Le TDAH, trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, est difficile à vivre pour les jeunes qui en sont atteints mais aussi pour leurs parents, qui s’interrogent sur les réponses à apporter : la consommation d’un médicament psychostimulant, le méthylphénidate, a plus que doublé en dix ans. 

« Un petit monstre. » C’est ainsi que Luc (le prénom a été modifié), le fils de Myriam Molinier, était qualifié tout petit. Et même de « fou », comme a lâché le père de Myriam un jour. Luc représentait le cauchemar de tout parent. Un enfant de 4 ans qui, d’un coup, peut se mettre à faire voler les chaises de la cuisine puis à s’acharner dessus pour tenter de les casser. Des fugues, la honte des crises en public, une famille à bout, un divorce à la clé… « On encaisse autant que l’enfant. On nous dit qu’il est capricieux, mal élevé, on n’a plus d’amis parce que personne ne veut supporter un gamin qui ne tient pas en place », confie, depuis la Loire, Myriam Molinier, 52 ans, gérante de Neurodiff’Formation, une société qui vise à transmettre des connaissances sur les troubles neurodéveloppementaux.

Histoire «Aliénés», une histoire des fous




par Sylvain Venayre   publié le 27 mars 2024

L’historien Anatole Le Bras a épluché les archives pour partager des récits personnels, permettant de mieux comprendre à quoi ressemblait la vie des internés et de leurs familles au XIXe siècle.

Albin Le Gouallec naît dans l’arrière-pays de Lorient, le 3 décembre 1839. Il grandit dans la ferme de ses parents, en compagnie de ses trois sœurs. Bientôt, apparaissent des symptômes bizarres. Il court, il coupe des arbres, il se déshabille. Pour revenir de la grand-messe, le dimanche, il ne suit pas la route ordinaire, met ses sabots sous un bras, son chapeau sous l’autre et marche seul au milieu de l’hiver. Parfois, il va pêcher avec un râteau. Peut-être tout cela provient-il du trop grand effort qu’il aurait fait, un jour, pour soulever une pierre sur la lande de Kerquiton.

Contre la casse de la psychiatrie

Contre la casse de la psychiatrie

Jeudi 18 avril, rassemblement sur 2 sites :

➡️ 9h, Lanrua, Redon (35)

➡️ 9h, EPSYLAN, Blain (44)

A l’appel des syndicats CGT d’EPSYLAN et du CHI Redon-Carentoir.

De nombreuses délégations des hôpitaux psy des régions Bretagne et Pays de la Loire seront présentes ✊✊

  • Syndicatcgt Chsblain
  • Sud Syndicat Blain
  • Syndicat CGT CHGR
  • CGT Hôpital Saint-Nazaire
  • Cgthopsy Saint-Avé
  • Syndicat Chu Nantes
  • CGT CESAME
  • Syndicat SUD CH Cholet
  • Sud santé chu nantes
  • CGT EPSM de la Sarthe
  • CGT Daumezon - Bouguenais
  • Cgt Gourmelen EPSM du Finistère Sud
  • Sud CHGR


Biographie Frantz Fanon, monsieur 100 000 révoltes

par Philippe Lançon   publié le 27 mars 2024

Dans une nouvelle biographie minutieuse, le journaliste Adam Shatz retrace les combats de cette figure de l’anticolonialisme, notamment sur les fronts de la psychiatrie et de l’Algérie, sans en taire les contradictions.

La vie de Frantz Fanon est courte, mais ses biographies sont longues. Il faut dire que l’auteur des Damnés de la Terre, mort en 1961 et à 36 ans d’une leucémie, a eu plus de vies qu’il n’y a de masques dans un carnaval vénitien. Seulement, ces vies ont consisté à abattre les masques et elles n’ont rien eu d’une fête ni d’une comédie. A chaque étape et sur chaque plan, elles ont été vécues à fond, sur fond de tragédies : racisme, Guerre mondiale, univers psychiatrique, guerre d’Algérie, Afrique à peine et mal décolonisée. Ecrivain ? Pamphlétaire ? Psychiatre ? Théoricien ? Soldat ? Militant ? Révolutionnaire ? Porte-parole et ambassadeur du FLN ? Noir ? Français ? Martiniquais ? Algérien ? Héritier récalcitrant puis ouvertement critique de Césaire, Senghor, Richard Wright ? Fanon a été tout cela, intensément. Il a ainsi créé un modèle qui continue d’aimanter les mouvements de libération et d’émancipation de toutes sortes, modèle dont il est l’exemplaire à peu près unique : l’Arlequin inflammable et entier. Chacune de ses parties devient le tout ; chacune prend feu et veut changer la vie ; autrement dit, la renverser et la brûler, pour qu’elle renaisse. Il détestait «la vie larvaire, ramassée, désuète» de la classe moyenne. Il était impatient, susceptible, orgueilleux. On l’appellerait volontiers «monsieur 100 000 volts», si l’expression n’avait été prise par le chanteur Gilbert Bécaud. Fanon a électrocuté la conscience d’un monde occidental qui, soixante-trois ans après sa mort, est plus que jamais remis en cause sur la base de constats qu’il avait faits plus vite et plus violemment que la plupart des autres.

Maison-Blanche, asile pour femmes abandonnées

Mardi 19 mars 2024

Provenant du podcast

LSD, la série documentaire

Hôpital de Maison-Blanche - François Teste

L'histoire de l'aliénisme puis de la psychiatrie — mais c'est la même chose — est très riche au 20ᵉ siècle. Toujours expérimentale et tâtonnante, parfois contestable, et témoin précieux de son temps.

À la fin du 19ᵉ siècle, on décide de bâtir à quelques encablures de Paris, à Neuilly-sur-Marne, un asile d'aliénés, pour équiper le département de la Seine-et-Oise d'un nouvel établissement susceptible d'accueillir les malades mentaux. Le projet initial prévoit d'y hospitaliser 700 femmes, et 500 hommes, malades alcooliques. Finalement, l'asile ouvrira en 1900, accueillant exclusivement des femmes, et la capacité de l'établissement s'approchera des 3 000, durant le siècle dernier.

Lire la suite et écouter le podcast ...


Stop à la médecine spécialisée à deux vitesses

Publié le 22 février 2024

Dépassements d’honoraires Stop à la médecine spécialisée à deux vitesses

Alors que la convention tarifaire entre les médecins libéraux et l’Assurance maladie est en train d’être renégociée, l’UFC-Que Choisir rend aujourd’hui publics des chiffres alarmants sur l’ampleur des dépassements d’honoraires pratiqués par les médecins de huit spécialités libérales, qui entraînent une inacceptable inégalité territoriale d’accès à la médecine, et même un intolérable renoncement aux soins pour de nombreux citoyens. En conséquence, l’UFC-Que Choisir appelle plus que jamais les pouvoirs publics à mettre un terme à cette envolée du prix des soins.

Lire la suite ...


dimanche 31 mars 2024

Au Québec, l’humour inclusif, ça s’apprend

Par  (Montréal, correspondante)  Publié le 30 décembre 2023

Faire rire, c’est du boulot. A quelques jours de la présentation de leur spectacle de fin d’année, le 12 décembre au Club Soda, l’un des cabarets mythiques de Montréal, les étudiants de l’Ecole nationale de l’humour (ENH) peaufinent leurs sketchs. Dans une salle de répétition plongée dans l’obscurité, pour se mettre dans l’ambiance du grand soir, un couple roucoule sur une mielleuse chanson d’amour au son d’un ukulélé désaccordé. Quand, brutalement, la jeune femme rompt le charme et plante son conjoint déconfit. « Je suis lesbienne », s’exclame-t-elle en s’enfuyant avec sa « blonde »(« copine », en québécois).

L’effet de surprise fonctionne, mais, sur scène, les apprentis humoristes Audrey Saurette et Frédéric Madore réfléchissent à une manière de muscler leur chute. « Et si tu la poursuivais avec ton ukulélé, en susurrant “tu es sûre que c’est pour toujours ?” », propose un de leurs camarades. Le duo retourne en coulisses, refait son entrée et teste la nouvelle version. Adoptée à l’unanimité sous les éclats de rire et les applaudissements des deux professeurs qui encadrent la jeune troupe.

La « cuvée 2024 » des étudiants, qui sortiront de l’école en juin, est, pour la troisième année d’affilée, paritaire : six garçons et six filles entre 21 et 41 ans. La directrice, Louise Richer, fondatrice, en 1988, de ce conservatoire de l’humour unique au monde pour le diplôme d’Etat qu’il délivre, n’est pas peu fière d’avoir accompagné ce lent mouvement de féminisation d’un milieu longtemps considéré comme un boys club misogyne. Dans les années à venir, ces douze élèves sont appelés à devenir la relève sur les planches québécoises, dans une province où l’humour est devenu, à l’image de leurs sketchs, moins une morsure portée à la société qu’une introspection des tourments de chacun.

Affaire Gérard Miller : « Une distinction entre pratique analytique et exercice d’un pouvoir s’impose »

Publié le 31 mars 2024

Alors que le psychanalyste est accusé d’agressions sexuelles par plus de soixante femmes, Alexandra Buresi-Garson, Juliette Niderman-Nguyen et Stéphanie Pechikoff, psychanalystes et psychologues cliniciennes, rappellent, dans une tribune « au Monde », les fondements éthiques de leur profession.


La soixantaine de témoignages et les plaintes déposées contre le psychanalyste Gérard Miller nous ont abasourdies. Nous sommes psychanalystes, psychologues cliniciennes exerçant depuis vingt ans en centre médico-psycho-pédagogique et en cabinet. Nous voulons prendre la parole, car, à en juger par le silence actuel des psychanalystes, cette affaire laisse sans voix et nous fait éprouver, comme à notre consœur Clotilde Leguil, dans un entretien accordé au Monde le 17 février, un profond malaise. Une distinction entre pratique analytique et exercice d’un pouvoir s’impose.